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Ce troisième roman, qui vient de paraître aux éditions ApIC, nous emmène au pays des rêves, théâtre d’un coup de foudre amoureux. Le récit dépeint, sur un ton humoristique et cru, le quotidien et la vie amoureuse d’un jeune complètement allumUne ode à la vie simple et belle !
Ce troisième roman, qui vient de paraître aux éditions ApIC, nous emmène au pays des rêves, théâtre d’un coup de foudre amoureux. Le récit dépeint, sur un ton humoristique et cru, le quotidien et la vie amoureuse d’un jeune complètement allumé, qui finit par rencontrer le grand amour, non pas dans la réalité mais dans ses rêves. «Ali, un libre penseur, tombe amoureux d’une femme qui n’existe pas. Ou si, mais dans ses rêves ! J’ai voulu écrire cette histoire sous forme d’une comédie», a précisé Akram El Kebir, journaliste à El Watan, lors d’une séance dédicace organisée jeudi dernier à la librairie Arts et culture d’Oran. Entre émotion, humour et aventure, ce roman offre un récit frais, servi par une écriture simple et délicate. L’écriture est fougueuse, sincère, drôle et à laquelle le lecteur adhère immédiatement. L’intrigue, qui se déroule en 2016 à Oran, dépeint le portrait d’un jeune bouquiniste, tourmenté de désirs inassouvis. Ali est un trentenaire timide et à la personnalité bien complexe. Il incarne un rapport souple avec le monde et le bonheur de vivre sans se prendre la tête. On le suit avec plaisir quand il plaque sa bouquinerie et son modeste studio à Saint-Eugène pour un boulot beaucoup mieux rémunéré et un confortable appartement à Akid Lotfi. Sa vie change radicalement, car il se marie avec Nadya, envers qui il a eu un premier coup de foudre. Ce dernier a alors tout pour réussir et croquer la vie à pleines dents : un boulot plutôt bien rémunéré, un confortable appartement et surtout une belle, intelligente et sympathique épouse. Quelle mouche le pique alors de s’isoler souvent, pour dormir, insensible aux interrogations et aux remarques de sa femme très attentionnée ? «C’est que sa femme est emplie d’un certain conservatisme, ce qui contraste avec son hédonisme, lui qui aime se retrouver avec ses potes au Grand bar de St-Eugène. Mais avec Nadya, ce genre de virées, il ne doit même pas en rêver !» Au détour d’une conversation, sa femme lui reproche de s’être, par exemple, moqué du côté religieux d’un invité de haut rang social en «blaguant sur la direction de La Mecque et d’avoir balayé d’un revers de la main les obligations religieuses, en disant qu’après tout, qu’il est prêt à faire la vaisselle dans l’Au-delà. Et le pire de tout, il n’a rien trouvé de mieux que de tenter de culpabiliser ceux qui vont mériter le paradis». Alors que le couple bat de l’aile et entre en brouille, Ali fait un rêve. En plein sommeil, il tombe, cette fois, amoureux d’une femme secrète et mystérieuse, fille de Morphée, ou plutôt Nejwa, la nymphette aux yeux verts qui envoûte ses nuits. Ce rêve s’impose alors comme un échappatoire à la vie trop rigoureuse que lui impose son épouse. Depuis, il passe ses jours à «attendre la nuit pour rejoindre cette créature du pays des rêves. Il se retrouve ainsi partagé entre le concret et l’abstrait, le matériel et l’immatériel, le conscient et le subconscient. Sa vie est partagée entre deux femmes : Nadya, son épouse légitime et son amante, fruit d’un rêve». Ali aime dormir pour être «au pays du paradis, au bord de l’eau dans une ambiance festive». Le lecteur ne s’ennuie jamais tant l’écriture est rythmée, fraîche et pleine d’humour. Le lecteur voyage, également au pays des rêves ou plutôt au paradis. Gêné d’être trop heureux en secret, il passe aux aveux devant sa femme. C’est alors la rupture ! Après un divorce douloureux, «Nadya s’émancipe, abandonne ses principes moralisants et son conservatisme rigoriste pour s’adonner à une vie joyeuse, où ni le remords ni la culpabilité n’ont droit de cité». Mais ce revirement est venu très tard. Une idée vient à l’esprit de Ali : «passer le restant de sa vie à dormir et plonger dans un coma profond, duquel il ne se réveillerait pas de longues années durant. Ainsi, il pourrait se prélasser, du matin au soir, dans mon rêve, sur la fameuse belle plage paradisiaque, aux bras de Najwa.» Il avale alors sans compter des somnifères. Il se retrouve à l’hôpital, plongé dans un coma profond. Dans ce roman anticonventionnel par excellence, le récit met en scène l’affrontement d’une femme conformiste (Nadya) et d’un homme qui est diamétralement à l’opposé. C’est une satire mordante sur les stéréotypes sociétaux. Voilà une comédie puissante, émouvante, parfois glaçante, toujours absolument fascinante. Grâce à un style sec de l’auteur, le lecteur est tout de suite saisi par la plénitude, la rondeur de cette prose, le talent de mener de front l’action romanesque, l’analyse psychologique, l’art d’inscrire les destins individuels dans un contexte sociétal bien complexe et la formidable vitalité de la phrase qui presse les multiples réalités qu’il décrit avec une gourmandise jubilatoire. Avec un mélange d’érudition et d’humour, l’auteur nous livre un livre intelligent et incisif, un brûlant plaidoyer pour abroger les interdits sociétaux les plus arbitraires. Tel un beau mirage, les ultimes rebondissements de ce roman rendent la chute encore plus saisissante. En tournant la dernière page, la chute est une belle ode à la vie. Read more