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Dans le cadre du Mois du patrimoine, qui s’étale du 18 avril au 18 mai, l’association Héritage Algérie a choisi de fixer les projecteurs sur un patrimoine qui se meurt, le conte populaire. C’est pourquoi elle a programmé des ateliers au niveau dAssociation Héritage Algérie : «Le conte populaire est en danger»
Dans le cadre du Mois du patrimoine, qui s’étale du 18 avril au 18 mai, l’association Héritage Algérie a choisi de fixer les projecteurs sur un patrimoine qui se meurt, le conte populaire. C’est pourquoi elle a programmé des ateliers au niveau de trois wilayas, Béjaïa, Bouira et Boumerdès. Le parachèvement de ces journées itinérantes s’est déroulé donc à la maison de la culture Rachid Mimouni de Boumerdès, sous l’intitulé «Le conte populaire algérien, un héritage à protéger et à promouvoir», avec comme slogan : «Notre patrimoine, notre avenir». Le président de l’association, M. Djeridene, a ouvert les ateliers en rappelant les précédentes activités de son groupe . Il y eut d’abord le souci de frapper les esprits en usant de l’image comme vecteur de communication, en cette ère où celle-ci prédomine : «Notre héritage est fragile et la meilleure façon de le protéger aujourd’hui c’est l’image.» Puis, ce fut au tour des musées nationaux de requérir l’attention à travers un concours national qui a voyagé à Médéa, Tlemcen, Annaba et d’autres wilayas encore. Enfin, cette troisième préoccupation de l’association s’est portée sur le conte populaire pour que des solutions soient dégagées afin de sauver ce patrimoine dont «l’intérêt pour l’éducation des enfants» n’est plus à prouver. Les causes, selon l’exposé de M. Djeridene, sont relatives à «la rareté des conteurs, aux fausses idées, aux dangers des nouvelles technologies et à la mondialisation culturelle». L’orateur a défini, génériquement, le conte comme «un récit de fiction qui se ressource du fonds culturel de la communauté source, véhiculant ainsi les croyances, les attitudes et les valeurs de ladite société». Le conteur peut accompagner son récit de gestes et de rythmes et y associer de la poésie populaire qui débute ou s’achève avec des formules rituelles religieuses (Que le salut de Dieu soit sur son messager) ou de la mémoire collective inspirée du vécu (Il était une fois dans les anciens temps). Les thèmes des contes sont variés. Ils portent sur l’histoire, le social jusqu’au monde animal et font appel à l’imaginaire, l’anecdotique ou le légendaire. Enfin, M. Djeridène a résumé les objectifs de ces ateliers sur le conte populaire comme une occasion «de sensibiliser sur l’importance qu’il revêt dans le développement psychologique de l’enfant et le respect des étapes d’apprentissage et de préparation à la vie sociale, dans la nécessité de mettre en valeur le conte dans les manuels scolaires et dans l’urgence de former des conteurs». Pour sa part, M. Zeggane, écrivain et ex-inspecteur de français, a insisté sur le caractère du conte «comme création anonyme issue de la mémoire collective et création individuelle, celle du conteur», avant de conclure que le conte populaire «est un rêve collectif». Il rappellera qu’il existe plusieurs types de conteurs en Algérie: le professionnel, à l’exemple de Mohamed Seddik, qui vit de cette vocation, l’écrit sous les plumes d’un Bourayou ou d’un Boudia, ou encore d’une Taos Amrouche ou Nora Aceval, qui ont produit chacun un recueil de contes, et l’amateur quand le conteur exerce occasionnellement (fêtes, événements) en parallèle d’un autre métier. Le conte débute souvent par des formules propiatoires pour chasser les mauvais esprits et invoquer la bénédiction divine. Dans la société algérienne, les femmes conteuses sont majoritaires, mais elles se caractérisent par leur exercice dans un espace clos souvent familial et interviennent comme gardiennes de la tradition, sans exclure que l’impact du conte «peut prendre en charge l’éducation sexuelle des jeunes gens qui apprendront que cette dernière est entretenue dans un cadre exclusif et réglementaire, le mariage». Des thèmes comme l’amour, proscrit socialement, sont tolérés dans les contes. Il y a également l’impact politique, où on aborde des histoires qui mettent en scène des hiérarchies, des rivalités ou encore des inégalités sociales sous le joug d’un gouvernant, d’un roi ou d’un vizir. Il s’agit parfois de conflits de générations, quand la Loundja et son prince charmant rétablissent une injustice commise par un parent âgé. L’écrivain Mohamed Zeggare conclura son intervention sur les dangers des moyens audiovisuels qui isolent l’individu et surtout l’enfant de sa société. Lien que le conte populaire tisse puis renforce, d’où l’urgence de remédier au plus tôt à sa disparition progressive. Les ateliers se sont achevés par la diffusion de vidéos et d’images de contes et de conteurs. Puis un questionnaire a été distribué à l’assistance. Enfin, il est attendu des recommandations sur la manière de protéger et de promouvoir ce patrimoine culturel qu’est le conte populaire. Read more