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La pièce — une adaptation de l’œuvre du Syrien Mamdouh Odouane, Al kabdh ahla Tarif el Hadi (arrestation de Tarif el Hadi) — tente de dépeindre les rapports entre un pouvoir policier et paranoïaque face à des citoyens pauvres, mais astucieux. LeRevoilà le théâtre amateur !
La pièce — une adaptation de l’œuvre du Syrien Mamdouh Odouane, Al kabdh ahla Tarif el Hadi (arrestation de Tarif el Hadi) — tente de dépeindre les rapports entre un pouvoir policier et paranoïaque face à des citoyens pauvres, mais astucieux. Les événements tournent autour de Rabah, rass el mehna (la source du malheur), personnage insaisissable qui brille par son absence/présence. La quête commence par une plainte déposée par Baya, la logeuse et l’amoureuse de Rabah, mais l’affaire très vite la dépasse. Vacillant entre l’absurde et le ridicule, Basta s’ouvre sur un espace où deux policiers, personnages idiots et zélés, courent dans tous les sens, à la recherche du «faiseur de troubles», «poseur de bombes» et «probable espion». Les deux brigadiers, un gros et un chétif, incarnant l’autorité, afin de plaire à leurs supérieurs, se mettent à la chasse d’un fantôme aux têtes multiples : blanc, brun, grand, petit, yeux verts, bleus et marrons, il est Monsieur tout le monde et il est personne. Décrit par les autorités comme un voleur, dépravé et opposant politique, œuvrant contre la sécurité nationale et manipulé par la main de l’étranger, Ribouh n’est en réalité qu’un humble citoyen qui a des loyers impayés et des rêves de smicard. Et pourtant, quand il refait surface, les policiers refusent de le croire : «Nous avons 40 rass el mahna au commissariat et nous attendons de toi, Baya, que tu les valides…» hurlait le policier. Même si la trame manque parfois de précision, la pièce, dans son audace sociale et politique, dans sa résistance au tabou et à l’autocensure, dans sa grande ambition, est à saluer. Le jeu des acteurs témoigne d’une passion inébranlable. Leur humour est léger, à travers leurs corps, voix et pas, ils réussissaient à faire rire un public hétérogène. L’excellente Hadjer Serraoui, dans le rôle de Baya, a réussi à séduire un public conquis par l’authenticité de son jeu, son charisme. La pièce a aussi marqué le grand retour de Azouz Daara (membre du mythique GAC), qui, après 30 ans d’absence, décide de retourner à son premier amour, le théâtre, jouant le rôle de Rabah et aidant à la réalisation et à l’adaptation de la pièce. «Récapitulons !», comme dirait Seif El Islem Boukarrou, excellent dans le rôle du brigadier. Produite par l’association Numidia-Arts et réalisée par Kamel-Eddine Ferrad, Basta est une pièce qui honore le théâtre amateur et nous rappelle son âge d’or à Constantine. Samedi passé, les comédiens jouaient pour la troisième fois, une troisième représentation dont les recettes ont été versées au profit de l’association Waha d’aide aux cancéreux. Cette pièce, qui, par manque de moyens, a été répétée dans le salon d’une villa, s’impose comme «une volonté de continuer à produire de l’art au profit de l’art. Elle est la preuve qu’on peut créer, et ce, malgré l’absence des moyens», se confiait Lounis Yaou, président de l’association Numidi-Arts, à El Watan. A noter que la pièce se jouera le 29 mai à Constantine, le 4 juin à Jijel et le 14 juin à Mila. Dans l’attente de la confirmation des autres wilayas, l’association envisage de prendre part au Festival du théâtre professionnel de Guelma. Read more