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Aboud Hichem va lui aussi lancer d’ici peu sa chaîne de télévision à partir de l’étranger. Amel TV, c’est son nom, émettra selon toute vraisemblance à partir de Paris. Dans sa présentation officielle, l’ancien directeur de Mon Journal et DQuand le pouvoir veut tout contrôler
Aboud Hichem va lui aussi lancer d’ici peu sa chaîne de télévision à partir de l’étranger. Amel TV, c’est son nom, émettra selon toute vraisemblance à partir de Paris. Dans sa présentation officielle, l’ancien directeur de Mon Journal et Djaridati a promis que cette télé sera indépendante, transparente et ne sera rattachée à aucune chapelle politique, idéologique ou financière. Est-ce possible à l’heure où le pouvoir médiatique est instrumentalisé de partout ? C’est le défi que l’ex-officier du DRS veut relever en s’engageant à mettre la chaîne au service de la liberté d’expression et du combat démocratique. C’est aussi le discours tenu avant lui par tous les managers des télés privées qui sont venues remplir le paysage télévisuel algérien à partir de l’étranger mais qui, pour la plupart, n’ont jamais pu aller au bout de leurs ambitions quatre années après leur existence. A part El Magharibia qui a carrément opté pour un service propagandiste qui, à la longue, a fini par lasser à force de distiller la même diatribe et de faire entendre les mêmes voix, toute la panoplie des chaînes offshore a sombré dans le mercantilisme le plus étroit en laissant de côté le plus important des principes, l’engagement politique pour mieux aider les citoyens à s’ouvrir à la démocratie. On aura beau chercher parmi la trentaine ou la quarantaine de télés en activité, aucune d’elles ne se sent préoccupée par cette motivation alors qu’elles se disaient prêtes à contrer le programme démagogique des chaînes officielles. Il faut dire que le pouvoir n’a pas laissé faire en se croisant les bras. S’il a été contraint d’ouvrir le champ audiovisuel, il a en revanche tout manigancé pour que les médias privés ne représentent pas un danger pour lui, autrement dit pour avoir le contrôle à distance de ces nouveaux partenaires fraîchement débarqués sur un territoire conquis. Il a donc fait parler ses armes habituelles : la corruption, le chantage, l’intimidation et la répression. A toutes les postulantes de choisir : céder à l’asservissement ou disparaître. C’est un système qui a bien marché puisque dans le lot, nombreuses sont les chaînes qui ont accepté de rentrer dans le rang alors que les plus téméraires ont subi la sanction extrême. Sans aucun scrupule, on les a forcé à baisser rideau, et KBC la tété d’El Khabar en sait quelque chose. Mais c’est par la sélection que le pouvoir a donné le ton à sa politique dite d’ouverture. Il n’a retenu dans le tas que cinq chaînes pour leur délivrer une autorisation qui fait office d’agrément officiel provisoire qu’il faut renouveler chaque année. En contrepartie, ces heureuses élues qui semblent se contenter de leur sort doivent faire attention au contenu de leurs programmes politiques. La devise est simple : on vous tolère mais ne franchissez pas les limites. Parmi les télévisions qui ont bénéficié d’un bureau à Alger, on relève surtout celles qui se sont précipitées pour faire carrément allégeance avant de devenir les porte-parole officieux des gouvernants. On a du mal à imaginer une telle posture alors que les Algériens rêvaient de voir fleurir des télévisions indépendantes qui allaient les sortir de l’indigence démagogique et de la morosité auxquelles les avaient habitués les chaînes étatiques. La réponse à la question que tout le monde se posait sur le pourquoi d’une telle soumission ne tarda pas à venir : en un laps de temps, les directeurs de ces télés ont connu une ascension sociale vertigineuse. Un enrichissement qui dépasse l’entendement et qui semble, de toute évidence, la récompense à un «larbinisme» sans limite qui ne fait plus honte de nos jours. Juste pour situer le niveau des retombées de cette soumission, on parle de l’acquisition de plusieurs biens immobiliers en Algérie et à l’étranger, et de l’amplification des comptes bancaires en dinars et en euros. Toute cette richesse acquise facilement, en se proclamant plus royaliste que le roi dans une position qui détruit dans les faits toute réflexion pouvant accompagner le citoyen à se libérer des carcans du totalitarisme, donne une idée sur les libertés accordées aux chaînes qui acceptent de jouer des rôles subalternes au profit d’un régime inique qui n’a en réalité jamais souscrit au principe d’une réelle ouverture démocratique du champ audiovisuel. Car ouvrir véritablement ce champ médiatique signifie qu’il accepte que le débat contradictoire investisse l’espace et que la critique devienne une donnée importante dans la construction du pays. On est loin du compte et ce que nous voyons dans ces télés satellites conforte tout le rejet que les citoyens éprouvent à leur égard. A titre de comparaison, les télévisions publiques sont restées «fréquentables» et trouvent encore le moyen d’améliorer leurs scores d’audience devant des concurrentes dont le bricolage est devenu le principal argument. Faut-il jeter la pierre seulement à ces télés privées de manière générale pour n’avoir pas pu s’organiser en conséquence et apporter une réponse plus viable aux défis qui les attendaient ? A celles particulièrement qui s’adressent aux téléspectateurs algériens à partir de l’étranger en n’ayant même pas le strict minimum pour réaliser un travail correct, à savoir une représentation dans le pays ? Ce serait pour le moins inéquitable, car la faute d’un tel désordre incombe, on l’a déjà dit, aux tenants du système qui ont tout saboté au départ de l’opération et qui, pour gérer le fait accompli, ont encore accentué les difficultés en polluant le paysage télévisuel. Quand on sait que quatre années après avoir lancé le processus d’ouverture, toutes les télés privées sont encore régies par le droit étranger, on se demande à quoi ont servi toutes les promesses proférées pour leur changer de statut et les rendre complètement algériennes. Ces gages, le ministre de la Communication actuel, à l’intar de ses prédécesseurs, continue de les tenir mais sans conviction. La raison est qu’il ne peut rien faire tant que le régime tient à sa politique de tout contrôler. Read more