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Le plus grand exportateur de pétrole du monde, soutenu par la Russie, vient d’amorcer un virage à 180°, annonçant l’éventuel abandon des quotas de production qui aidaient jusqu’ici à soutenir les cours. Après avoir soutenu mordicus une politiqIncertitudes sur le marché pétrolier
Le plus grand exportateur de pétrole du monde, soutenu par la Russie, vient d’amorcer un virage à 180°, annonçant l’éventuel abandon des quotas de production qui aidaient jusqu’ici à soutenir les cours. Après avoir soutenu mordicus une politique favorisant la hausse des cours du pétrole, les Saoudiens décident de retourner la veste, plaidant désormais ouvertement en faveur d’un assouplissement des limitations de la production de brut. Ils marquent ainsi leur second revirement depuis 2014. Durant cette année, alors que l’industrie du schiste connaît un boom fulgurant aux Etats-Unis, l’Arabie Saoudite avait décidé de mener la guerre aux producteurs américains en laissant chuter les cours dans l’espoir de peser sur leur trésorerie. Plus tard, alors que les cours chutent à moins de 30 dollars le baril en janvier 2016, les Saoudiens décident de changer de fusil d’épaule soutenant l’idée d’une coopération entre les producteurs pour rééquilibrer le marché. C’est que les déficits du royaume s’accumulaient, les réserves fondaient comme neige au soleil et les dépenses risquaient de devenir à terme pénibles à supporter. Le plus grand exportateur de pétrole du monde, soutenu par la Russie, vient d’amorcer un virage à 180°, annonçant l’éventuel abandon des quotas de production qui aidaient jusqu’ici à soutenir les cours. En six semaines seulement, l’Arabie Saoudite est passée de la politique de soutien aux prix à une tentative d’enrayer la hausse des cours qui avaient bondi à plus de 80 dollars le baril de brent la semaine dernière. Le revirement saoudien risque de brouiller les perspectives du marché pétrolier, mettre à rude épreuve les profits et les actions des majors ainsi que la rentabilité du baril de schiste. En tout cas, à la lumière des récents développements sur le front de la géopolitique, certains pays consommateurs disent craindre des conséquences sur la sécurité des approvisionnements en pétrole. Les menaces de sanctions «les plus dures de l’histoire», proférées par la Maison-Blanche à l’adresse de l’Iran et du Venezuela, ont aidé la tension à monter d’un cran sur le marché pétrolier. Officieusement, la perspective de renoncement à la politique de réduction de l’offre se veut une réponse à une éventuelle défection de l’Iran et du Venezuela. Cité par les agences russes lors d’un forum économique à Saint-Pétersbourg, le ministre saoudien de l’Energie, Khaled Al Faleh, a jugé que les pays producteurs auront «bientôt la possibilité de libérer l’offre». C’est la première fois que l’Arabie Saoudite s’exprime aussi clairement sur la hausse de la production. Côté russe, l’idée de l’assouplissement des règles taraudait l’esprit des responsables russes depuis bien longtemps, même s’ils se sont toujours gardés de la défendre ouvertement. Le ministre russe, Alexandre Novak, a indiqué vendredi à l’issue d’une rencontre avec son homologue saoudien qu’il «est indispensable d’assouplir le niveau (de production, ndlr), cela doit se faire à partir du troisième trimestre». Son président, Vladimir Poutine, a jugé vendredi «équilibré» un baril autour de 60 dollars, contre plus de 80 dollars récemment, estimant qu’un prix supérieur causait des difficultés aux pays consommateurs, alors que Moscou et Riyad ont évoqué une possible hausse prochaine de production. «Nous n’avons pas intérêt à une hausse des prix sans fin, 60 dollars nous conviennent», a-t-il déclaré, alors que Riyad veut un prix du pétrole proche de 70 dollars le baril. De l’avis des deux partenaires, les baisses importantes de la production de l’Opep de ces derniers mois les poussent à penser que les stocks mondiaux vont baisser au second semestre de l’année. D’où la nécessité de lever le pied sur les freins. Faute de quoi, l’approvisionnement du marché accuserait le coup. Des observateurs estiment néanmoins qu’un récent tweet du président américain Donald Trump a mis la sérénité des Saoudiens en déroute. Le 20 avril dernier, le président américain avait reproché presque ouvertement à l’Opep d’être à l’origine de la hausse des cours pétroliers. «On dirait que l’Opep est à nouveau à l’œuvre (…). Les prix du pétrole sont artificiellement très élevés !» a-t-il tweeté. Une phrase suffisante pour mettre la pression sur l’Arabie Saoudite qui, elle seule, a consenti l’essentiel de l’effort de réduction de l’offre de l’Opep. Mais dans ce jeu de pression, il n’y avait pas que les Etats-Unis. Car, d’autres grands acheteurs de brut saoudien ont également fait pression sur Riyad pour changer de cap, bien qu’un peu plus diplomatiquement que Trump. Une confidence : «Nous étions en réunion à Djeddah, lorsque nous avons lu le tweet», a déclaré vendredi le secrétaire général de l’Opep, Mohammad Barkindo, dont les propos ont été répercutés par Bloomberg. «Son Excellence Khalid Al Falih m’a dit que nous devions probablement répondre», s’était-il confié à Bloomberg. «Nous, membres de l’Opep, sommes toujours fiers d’avoir les Etats-Unis comme amis.» Quoi qu’il en soit, l’avenir de l’accord de limitation de la production devrait être au cœur de la prochaine réunion de l’Opep et de ses partenaires, fin juin à Vienne. L’Arabie Saoudite, la Russie et les Etats-Unis pourraient jouer sur des terrains distincts en faveur d’un renoncement à la politique de réduction de l’offre pétrolière. Read more