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La promptitude avec laquelle l’Arabie-Saoudite et la Russie ont affiché, avant-hier, leur disponibilité à revenir sur leur accord de limitation de la production pétrolière ne manque pas de susciter d’ores et déjà quelques appréhensions quant à l«L’enjeu est de stabiliser les prix»
La promptitude avec laquelle l’Arabie-Saoudite et la Russie ont affiché, avant-hier, leur disponibilité à revenir sur leur accord de limitation de la production pétrolière ne manque pas de susciter d’ores et déjà quelques appréhensions quant à l’évolution des prix du brut. Interrogé à ce propos, Abdelmadjid Attar, ancien ministre des Ressources en eau et spécialiste des questions énergétiques, nous explique qu’une telle orientation pourrait s’avérer plutôt judicieuse, dès lors que l’objectif visé est de stabiliser l’offre et le marché de l’or noir et non de revenir à des niveaux de prix trop élevés. Dans les faits, précise-t-il, les cours pétroliers ont augmenté ces dernières semaines des suites des réductions des stocks, mais aussi et surtout à cause des décisions du président américain de rompre avec l’accord sur le nucléaire iranien. Aussi, ajoute-t-il, le marché est devenu trop prudent, anticipant un peu prématurément les tensions dans le Golfe et les risques sur les exportations pétrolières de l’Iran, d’où la hausse du baril à un niveau de près de 80 dollars. Or, ces derniers jours, les prix, observe notre interlocuteur, ont commencé à reculer en raison surtout des positions russe, chinoise et européenne sur le dossier iranien. Opposées à celles de Trump, ces positions favorables à l’Iran ont ainsi tempéré la tendance à la spéculation, d’où le recul des prix sur les marchés, relève Abdelmadjid Attar. Dans ce contexte, explique-t-il, l’OPEP et la Russie, dont l’entente sur la limitation de la production visait un prix du baril à quelque 70 dollars d’ici la fin de l’année, redoutent de voir les cours aller trop au-delà de ce niveau pour deux raisons essentielles. D’abord, indique-t-il, ceci risque de favoriser les bulles spéculatives, avec pour conséquences probables d’éventuelles chutes drastiques des cours qui viendraient succéder à des hausses trop fortes, sur un marché qui serait instable. Ensuite, poursuit l’ancien ministre, avec des cours pétroliers élevés, «le schiste risque de couler à flots, ce que la Russie, mais surtout l’Arabie Saoudite redoutent particulièrement, car cela leur ferait perdre à terme d’importantes parts de marché». Dans le cas d’un pays mono-exportateur qui dépend essentiellement de l’or noir comme l’Arabie Saoudite, ces craintes, souligne en définitive notre interlocuteur, sont d’autant plus évidentes que le gaz de schiste commence réellement à concurrencer le pétrole dans de nombreux domaines, à commencer par la génération d’électricité. D’où, selon lui, l’attitude des grands pays de l’OPEP et de la Russie de vouloir revenir sur leur accord de limitation de production pour se contenter d’un prix du baril stable à quelque 70 dollars. Read more