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Voilà enfin quelqu’un qui parle du grand El Hadj M’hamed El Anka. Et qui rehausse l’image d’El Hadj. Cette géniale idée émane du metteur en scène Fellous Mahfoud. Il a déjà monté une dizaine de pièces théâtrales, c’est un ancien de laPlanche de salut du «Cardinal»
Voilà enfin quelqu’un qui parle du grand El Hadj M’hamed El Anka. Et qui rehausse l’image d’El Hadj. Cette géniale idée émane du metteur en scène Fellous Mahfoud. Il a déjà monté une dizaine de pièces théâtrales, c’est un ancien de la télévision (ENTV), il présentait des émissions sur l’astronomie. L’initiative de Fellous Mahfoud est, en fait, le prolongement, voire l’extension d’un vieux projet. Celui d’un long métrage sur la vie du grand maître, El Hadj M’hamed El Anka, celui qui a révolutionné la musique chaâbie. Le projet avait germé il y a une vingtaine d’années. C’est dire le long labeur de Fellous Mahfoud. L’écriture du texte lui prendra 10 ans. Un travail méticuleux, précis et exhaustif. Ses recherches ont reposé sur celles de Bachir Hadj Ali, Rabah Saâdallah ou encore du Dr Messaoudi, de précieuses références. Mais après le projet de film, une fiction, Fellous Mahfoud a eu cette lumineuse idée. Et il eut ce… coup de théâtre. Transposer cela sur les planches, en faire une pièce théâtrale. Il l’a intitulée Cheikh M’hamed El Anka, El Medah (le troubadour), qui sera jouée en soirée les vendredi 8 et samedi 9 juin , à la salle Ibn Zeydoun, à Alger. Appel aux directions de la culture et aux théâtres régionaux Une sorte de «fiction» du 4e art — dont le texte et les dialogues sont de Fellous Mahfoud —, romancée, subjective, narrative, chronologique et surtout commémorative. «L’adaptation du film à la pièce, la confrontation du scénario au texte théâtral auront été difficiles. El Hadj M’hamed El Anka est un personnage shakespearien…», avouera Fellous Mahfoud. Cette pièce intervient cinq mois avant la célébration du 40e anniversaire de la mort d’El Hadj M’hamed El Anka, le 23 novembre 1978, à l’âge de 71 ans. On est tenté de poser ce questionnement : mais pourquoi cet anachronisme ? Eh bien, Fellous Mahfoud et son collectif ont tout simplement anticipé. Ils s’y prennent dès maintenant pour faire partager le plaisir de la pièce théâtrale dans l’ensemble des wilayas du pays. Car, pour le metteur en scène Fellous Mahfous, El Hadj M’hamed El Anka n’appartient pas uniquement à La Casbah, à Alger, mais à toute l’Algérie. Et que le chaâbi est un style de dimension nationale. Ainsi table-t-il, sans prétention, sur une quarantaine de représentations à travers le pays, et ce, jusqu’à la date anniversaire de sa disparition, le 23 novembre 2018, sur une scène nationale à Alger. D’ici là, le spectacle sera rodé, pour la clôture. Mais, pour ce faire, il lance un appel aux directions de la culture des wilayas et aux différents théâtres régionaux pour qu’ils soutiennent la pièce Cheikh M’hamed El Anka, El Medah, en l’accueillant et en lui réservant un espace. La légende du chaâbi, El Hadj M’hamed El Anka, mérite cela, non ? Épigones, ces clones du maître L’argument, le pitch ? La pièce dont les comparses sont interprétés par des comédiens professionnels retrace la vie du cheikh M’hamed El Anka, l’évolution du medh, les signes avant-coureurs de ce qui sera plus tard le style chaâbi. Le montage et la mise en scène se déclineront sous forme de tableaux. Tout en respectant une chronologie s’articulant autour de la naissance d’El Anka, La Casbah, sa jeunesse, ses mentors, Cheikh Nador, Si Saïdi, Oulid Lekhal, Ibnou Zekri, le musicien émérite Saïd El Larbi… Une fresque émaillée de grandes dates historiques ayant marqué le début du siècle lors de la colonisation française de l’Algérie… D’ailleurs, El Hadj M’hamed El Anka purgera un mois de prison pour son soutien au mouvement de libération nationale. La transition des actes est assurée par un narrateur déclamant de la poésie populaire chantée (chiîr el melhoun) ainsi que celle de grands poètes tels que Sidi Lakhdar Benkhlouf, Si Kaddour El Alaoui, M’barek Soussi et Mustapaha Toumi qui n’est autre que celui qui écrira le chef-d’œuvre Sobhan Allah Ya L’tif pour El Hadj M’hamed El Anka, dans les années 1970. Ainsi que les épigones, les clones, qui ont fait école de son vivant et après sa mort. Le metteur en scène Fellous Mahfoud, qui mit 10 ans pour écrire le texte de Cheikh M’hamed El Anka, El Medah, insiste pour que son initiative soit perçue comme un travail de mémoire et contre l’oubli. Et tel un hommage : «Cette pièce de théâtre permettra au public de comprendre le sens du combat culturel de ce grand maître de la musique chaâbie, qui était alors engagé contre le colonialisme et l’occupation française. A travers cette commémoration, nous avons voulu célébrer El Anka, durant toute l’année et non pas uniquement lors d’une simple journée. El Anka, c’est plus qu’un héritage. C’est un patrimoine immatériel oral qu’a laissé le ‘‘Cardinal’’. Nous voudrions faire connaître cette icône aux jeunes, au public… El Anka était beaucoup plus un medah-troubadour et puis, il y eut le chaâbi. Le pur chaâbi, c’est Cheikh Nador et le vrai chaâbi est celui d’El Anka. Il avait créé un style musical… Mes références dans ce projet, ce sont Rabah Saâdallah, qui était mon collègue, il a été le rare auteur à écrire un petit livre sur El Hadj M’hamed El Anka, Bachir Hadj Ali, qui était poète et journaliste à Alger Républicain, le Dr Messaoudi qui fait de petites choses sur lui, le Centre d’anthropologie d’Oran ayant réalisé quelques recherches sur El Hadj… Et puis, j’ai écrit une narration fictive. J’ai décrit El Anka comme je le vois et le ressens… Et surtout en respectant et en tenant compte des témoignages sur lui… Dans un film, le scénario nous confère toute cette liberté. Par contre, la transposition au théâtre est difficile.» Salle Ibn Zeydoun Riadh El Feth - Alger Vendredi 8 et samedi 9 juin à 22h45 Read more