Algeria



Kader Meddour : Le poète aux multiples facettes

Accro à la fascination, Kader Meddour, 62 ans, est attiré dès son jeune âge par la métaphysique et la nature avant de s’amarrer à la langue des vers. Poète composant dans les deux langues (berbère et français), cet ancien  enseignant originaire
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Kader Meddour : Le poète aux multiples facettes

Accro à la fascination, Kader Meddour, 62 ans, est attiré dès son jeune âge par la métaphysique et la nature avant de s’amarrer à la langue des vers. Poète composant dans les deux langues (berbère et français), cet ancien  enseignant originaire d’Aït Daoud, commune de Yataffen, dans la région des Ath Yenni, a commencé à clamer ses premiers «isefra» à l’âge de 11 ans, à la manière du légendaire barde Si Mohand Ou M’hand, son idole de toujours. «J’ai fait mes premiers pas dans l’univers de la poésie sans pour autant comprendre à l’époque le fond des choses», confesse le poète. Happé par la magie des mots, il s’investit particulièrement dans l’écriture poétique, en publiant son premier recueil en 2006, intitulé Tayerza Swalen. «J’ai traité tous les thèmes basés sur une pédagogie que le lecteur retrouvera d’ailleurs dans mes ouvrages. J’ai subi profondément une influence de par ma profession d’enseignant de langue française. Mon travail est destiné au large public qui, à son tour, apportera son jugement fondé sur l’œuvre elle même», dit t-il. Même l’amour est traité avec tact et pudeur. La plupart de ses thèmes se rattachent à la société  kabyle, d’où il puise son inspiration. Dans la préface du recueil, Lynda Hantour écrit à propos de l’art du langage chez le poète des Ath Yenni : «Dans Tayerza Swalen, Meddour Kader nous apporte sa propre approche à travers diverses interprétations sur divers sujets, tels l’amour, la culture, les maux de la société. Une touche particulière qui a pour objectif de faire évoluer la poésie, l’approfondir, la sortir du classique et de monter le fond de la langue et non pas seulement la forme.» Outre la poésie écrite sortie aux éditions Le Savoir (Tizi Ouzou), Kader Meddour a produit un CD sous le titre Isefra Ntafrara (poèmes de l’aurore), dans lequel il compile le «best-of» de ses poèmes. L’éducateur à la retraite compte également à son actif un manuscrit de contes algériens qui attend sa publication, ainsi que des légendes chinoises, japonaises et allemandes, entre autres, adaptées en kabyle avec la rime, mais aussi des textes de Victor Hugo, Beaudelaire, La- martine, la lettre d’Abraham Lincoln adressée au professeur de son fils, en version berbère. «J’ai adapté en kabyle 115 fables de La Fontaine et j’ai créé 1400 proverbes, en plus de 1300 énigmes rimées. Je ne trouve pas l’aide nécessaire, notamment des sponsors pour éditer mes manuscrits. C’est vraiment difficile de s’en sortir à compte d’auteur», nous a déclaré M. Meddour. Parmi ses autres centres d’intérêt, l’écriture du scénario et le théâtre. En 2005, il prend part à Azeffoun à un atelier de formation cinématographique, en compagnie de collégiens de Yataffen. «Nous avons réalisé cinq courts métrages. Avec mon ami Benali Arab, on a filmé 60 vieux de notre région, dont des centenaires qui nous ont parlé des traditions de la société kabyle. J’écris en parallèle des pièces de théâtre pour aider des troupes de la région et j’assure l’animation pendant les galas à Iboudrarène, Ouacifs et à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou». Kader Meddour a travaillé par ailleurs sur un montage poétique puisé de 120 chansons, dont celles interprétées par Zerrouki Allaoua, Idir, Mohand Saïd Ouvelaïd.

Cherif Kheddam de A à Z

Six années déjà se sont écoulées depuis la disparition de l’artiste auteur-compositeur-interprète kabyle, Cherif Kheddam, qui est décédé le 23 janvier 2013, à Paris, des suites d’une longue maladie. L’auteur de la célèbre chanson A Lemri (O
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Cherif Kheddam de A à Z

Six années déjà se sont écoulées depuis la disparition de l’artiste auteur-compositeur-interprète kabyle, Cherif Kheddam, qui est décédé le 23 janvier 2013, à Paris, des suites d’une longue maladie. L’auteur de la célèbre chanson A Lemri (O Miroir) a laissé derrière lui une œuvre intemporelle. Algérie : l’amour de Cherif Kheddam pour la patrie est exprimé de différentes manières. Par la formation des chanteurs dans son émission de la radio Chaîne 2 «Ighanayen ouzzeka» (chanteurs de demain) et son engagement dans le Mouvement national. Ses œuvres sont également traversées par son amour des gens du pays. A titre d’exemple, Tsghenigh thamourth iw (je chante mon pays) et Ldzayer atsahloudd (Algérie, tu t’en sortiras), deux titres composés dans des périodes différentes, mais qui forment un hymne au pays. Des chansons mélodieuses qui ont souvent subjugué ses fans, notamment avec sa distribution musicale envoûtante. Il s’agit des textes intemporels qui immortalisent aussi ce maître pétri de valeurs nationalistes. Boumessaoud, dans la commune d’Imsouhal, daïra d’Iferhounen, wilaya de Tizi Ouzou, est le village natal de Cherif Kheddam, qui a vu le jour dans cette bourgade de la Kabylie profonde le 1er janvier 1927. C’est là aussi qu’il repose en paix depuis son décès, le 23 janvier 2012. Ce petit bourg perché et qui fait face aux majestueux monts du Djurdjura est exemplaire de part son organisation et la dynamique de ses habitants, qui ont réussi à décrocher le prix du village le plus propre de la wilaya de Tizi Ouzou, en 2016, lors d’un concours sur la protection de l’environnement Rabah Aïssat, organisé par l’Assemblée populaire de la wilaya de Tizi Ouzou. Le village a été embelli mais garde toujours l’architecture des anciennes maisons, comme celle de Cherif Kheddam qui est devenue un patrimoine historique. L’association culturelle du village compte, selon ses membres, préserver l’œuvre du défunt qui restera un patrimoine immense, notamment pour la chanson kabyle. Compositeur et auteur de chansons dont plusieurs sont devenues, au fil du temps, des succès majeurs. Cherif Kheddam composait pour d’autres grands artistes, à l’instar de Nouara, et ce, parallèlement à ses productions. Il a marqué toute une génération par son talent et son audace artistiques. «Il avait consacré près de 60 ans de sa vie à composer des œuvres aussi immortelles les unes que les autres. Plus qu’un genre, ce maître a fondé une école qui hisse la musique algérienne et celle kabyle en particulier aux plus hautes cimes de l’art. Ses créations concilient authenticité et modernité avec une ouverture à l’universel faite autant d’affirmation que d’échanges. En audacieux précurseur, Cherif Kheddam avait, tout au long de sa carrière, abordé de nombreux thèmes sensibles au regard des archaïsmes sociaux. Il avait su rallier le consensus en couplant harmonieusement quête de progrès et juste respect des valeurs. Novateur persévérant, il a indéniablement contribué à l’évolution en profondeur de sa société», témoigne, dans une contribution à la presse, Abdelmadjid Bali, ancien producteur radiophonique. Djaout : le journaliste écrivain et poète Tahar Djaout, assassiné par les forces du mal le 2 juin 1993, a traduit merveilleusement la célèbre chanson de Cherif Kheddam A Lemri (O Miroir), en français. Ce travail est d’une qualité inestimable tant l’auteur des Chercheurs d’Os a fidèlement gardé l’empreinte originelle du texte. Enfance : Cherif Kheddam a passé son enfance, dans des conditions difficiles, au village Boumessaoud, où il étudiait à l’école coranique, et ce, avant de partir continuer ses études à la zaouïa de Boudjellil, chez Cheikh Oubelkacem, du côté de Tazmalt, à Bejaïa. Il était courageux et plein de volonté. Il faisait le trajet du village jusqu’à Boudjellil, sur une distance de dizaines de kilomètres, pour étudier à la zaouïa. Enfant, il était déjà doué pour l’art. Il est issu d’une modeste famille, dont il est l’aîné d’une fratrie de trois filles et un frère. France : en 1947, Cherif Kheddam a quitté l’Algérie pour partir en France où il a exercé, notamment, dans une entreprise de peinture jusqu’à 1961. Outre son travail, il suivait également des cours de solfège. C’est en France qu’il rencontre les grands noms de la chanson orientale comme Mohamed Abdelwahab. Et c’est dans le contexte de l’émigration que Cherif a commencé à pratiquer la musique et le chant . Sa première chanson Yellis n tmurt iw (Fille de mon pays), il l’a enregistrée en juillet sur un disque 78 tours, grâce au concours d’un ami français, libraire de profession. La diffusion du disque par la RTF (Radio-Télévision française) lui assura un certain succès. Malgré ce premier succès, Cherif kheddam chante dans des conditions toujours difficiles. Il mène deux activités diamétralement opposées : le travail dur de l’ouvrier et la création artistique qu’il tentera de maîtriser pleinement. Jeunesse : l’artiste a évoqué les souvenirs de jeunesse dans plusieurs de ses chansons. Lukan Stughl temzi (si jeunesse pouvait revenir) est l’un des textes consacrés à ce thème. Il a également réservé une grande partie de son répertoire aux conditions sociales de la classe juvénile de sa génération, cernée par la misère. Hommage : a l’occasion de la commémoration du 6e anniversaire du décès du maître Cherif Kheddam, l’association culturelle du village Boumessaoud, portant le nom de l’artiste défunt, prépare, en collaboration avec la direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou, un riche programme pour rendre un vibrant hommage à cet homme qui a sorti cette bourgade de l’anonymat. Des activités commémoratives seront au menu pour revisiter le parcours et l’œuvre de l’artiste disparu. Icône : il était le père spirituel de grands artistes, à l’image de Lounis Aït Menguellet, Idir, Nouara et Ahcène Abbassi. Cherif Kheddam était aussi une icône incontestable de la chanson kabyle. Il reste toujours un repère et un modèle à suivre pour la génération montante. Géant : il était l’un des géants de la chanson kabyle de sa génération, comme El Hasnaoui et Slimane Azem. Cette figure emblématique à la voix mélodieuse et auteur de textes intemporels restera toujours dans la mémoire de ses fans. Cherif Kheddam servira indubitablement de modèle à la génération d’aujourd’hui qui puisera dans son parcours artistique des exemples à suivre pour aller de l’avant. Sa notoriété dépasse les frontières car il a révolutionné la musique kabyle. Il a chanté et fait chanter de beaux textes. Kabylie : l’artiste puise toujours ses sources d’inspiration dans les montagnes de Kabylie qu’il cite dans ses textes. Il admire la beauté des villages et villes. Il l’a chantée, d’ailleurs, dans Vgayet thelha (Béjaïa est belle) où il décrit, avec des mots subtils, la splendeur de cette région. Avant sa mort, il passait des moments de retrouvailles avec les citoyens de son village. Même avec sa petite santé, il ne ratait pas l’occasion d’y revenir. Le village lui servait de lieu pour se ressourcer. Luth : ce chanteur de légende demeurera le maître incontesté de cet instrument de musique à cordes pincées. Il a acheté son premier luth en 1957. «J’ai acheté en 1957 un vieux luth qui date de 1915. Je joue également de tous les instruments à cordes, à part le violon, et un peu le piano», avait-il déclaré. «Je me suis mis à apprendre le solfège, à fréquenter des musiciens, à connaître les modes, à écouter l´oriental, l´occidental», avait-il ajouté lors de son dernier concert magistral donné à Alger. Moderne : il a modernisé la chanson kabyle et est le premier qui lui a introduit des partitions. Ce poète et musicien de talent demeurera un monument de la chanson kabyle car son œuvre est un véritable trésor pour la culture amazighe. Son nom restera gravé à jamais dans le cœur de ses fans qui gardent de lui l’image de cet homme d’un esprit éclairé, doté de talents versatiles et d’une imagination fertile. Nouara : le nom de la diva de chanson kabyle, Nouara, est toujours associé à celui de son maître Cherif Kheddam. Cette artiste, à la voix magique, pure et cristalline, a accompagné Dda Cherif dans plusieurs chansons interprétées avec beaucoup d’harmonie, de symbiose esthétique et d’affinités. D’ailleurs, on ne peut pas parler de Cherif Kheddam sans citer Nouara qui a enregistré, en 1964, sa première chanson, Ayen ur tezrid (Ce que tu ignorais), avec le défunt artiste. «Sans lui, je ne serais pas Nouara», nous a souvent confié cette dame charismatique de la chanson kabyle lors de ses galas, notamment à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Orchestre : cherif Kheddam dans sa posture de chef d’orchestre coordonne merveilleusement le jeu des instruments. Il assure toujours, avec beaucoup d’harmonie, la cohérence des intonations par sa magique gestuelle, en imposant, notamment, une pulsation commune. Il oriente, comme un maestro, l’interprétation des œuvres comme le virtuose des notes et l’orfèvre des mots. Dda Cherif «avait toujours la partition dans la tête et non pas la tête dans la partition». Son orchestre est composé d’un très grand nombre de musiciens et d’une chorale constituée de grandes célébrités de la chanson kabyle, comme Ali Ideflalen et Malika Yami. Publications : plusieurs livres ont été consacrés à la vie et l’œuvre de cet artiste. On peut citer, entre autres, celui de Saïd Sadi intitulé Cherif Kheddam. Abrid iggunin. Le chemin du devoir ; celui de Tassadit Yacine sous le titre Cherif Kheddam ou L’amour de l’art. Le cousin de l’artiste, Tayeb Kheddam, a écrit également un ouvrage sur la vie et l’itinéraire de Dda Cherif dans le domaine artistique. Qualités : dans son livre intitulé Cherif Kheddam. Abrid iggunin. Le chemin du devoir, Saïd Sadi a qualifié Dda Cherif d’homme «humble, courageux, bosseur besogneux, mélomane averti, réservé, militant et attachant». Grâce à ses qualités humaines associées à un talent incontestable, l’artiste «fut le quatrième pilier qui a porté la plateforme politique et doctrinale sur laquelle prendra appui la jeunesse estudiantine qui a lancé le Mouvement culturel berbère (MCB), en ouvrant, pour les nouveaux chanteurs, l’école musicale qui a marié l’esthétique et le combat». Radio : en 1963, il rentre de France et il anime une émission pour les jeunes talents «Ighennayen Uzekka» (Les artistes de demain) à la RTA (Radio et télévision algériennes). Il s’agit d’une émission qui était très appréciée par les auditeurs, car son animateur a réussi à dénicher plusieurs artistes auxquels il donnait des conseils et des orientations pour se lancer dans une carrière artistique florissante. D’ailleurs, des chanteurs très connus sont passés par cette émission. Puis, il a assuré plusieurs autres fonctions à la RTA jusqu’à sa retraite en 1988. Sa relation avec la radio ne se limite pas seulement à la RTA puisqu’il a également composé pour Radio Paris, puis pour l’ORTF, plusieurs morceaux exécutés par le grand orchestre de la radio sous la direction de Pierre Duvivier. Scène : la dernière apparition sur scène du maestro en Algérie remonte à 2005, lors d’une soirée grandiose organisée à la Coupole du complexe olympique Mohamed Boudiaf, à Alger. Cherif Kheddam avait subjugué les milliers de personnes venues apprécier et savourer les beaux morceaux de musique de ce maître qui a désenclavé la musique kabyle par son empreinte indélébile. Tahar Boudjeli est le producteur et manager de Cherif Kheddam qu’il l’a toujours qualifié de «ténor de plusieurs générations et représenté une idole et un élément de l’inconscient collectif. Un vrai mythe». «Il avait toujours comme souci majeur d’encourager et d’encadrer les nouvelles générations, pour assurer la relève. Avec ta disparition Dda Cherif, c’est un grand monument qui s’en va, mais tu resteras immortel, à jamais gravé dans nos mémoires», avait déclaré lors de l’enterrement de Dda Cherif qui était l’un des rares artistes kabyles qui ont des managers. Universel : la notoriété du fils de Boumessaoud est ancrée dans sa tradition, celle du chant kabyle, qui sait le sublimer pour en faire un langage universel. Ce chanteur a rencontré des musiciens aussi variés et talentueux que Jean Ferrat, Charles Aznavour et des sommités du Moyen-Orient, à l’image de Mohamed Abdelwahab, Farid El Atrache, Fayrouz et tant d´autres dont il admirait les voix et les mélodies. Il a adopté un style tout novateur qui a enrichi davantage la chanson kabyle. Vedette : Cherif Kheddam est un artiste vedette qui n’a jamais joué à la vedette. Sa simplicité et son humilité ont fait de lui un homme d’une modestie inouïe. World Music : comme le chanteur Idir, qui est nommé dans l’hexagone comme la star de la World music, Cherif Kheddam est également un autre Algérien qui s’est distingué par les formes musicales modernes adaptées à son œuvre et qui dénotent de la richesse de son répertoire. Dda Cherif a fait connaître la chanson kabyle à l’extérieur du pays. Yellis n tmurt iw (Fille de mon pays) : est la première chanson enregistrée sur un disque 78 tours qui a rencontré un franc succès. Et ce, avant de se lancer dans la production artistique avec d’autres textes dont la teneur musicale est envoûtante. Il a, d’ailleurs, chanté, entre autres, A tilawin (Les femmes), Bgayet telha (Béjaïa est belle), Sligh i yemma (J’ai entendu le cri de ma mère), Anda lulegh (Ma région natale), Leghourva (l’émigration), Nadia, Leḥbab (Mes amis), Ledjerh mazalith (la blessure est toujours béante), Tirga ufennan (Le rêve de l’artiste). C’est en 1956 qu’ il a commencé à faire parler de lui avec la sortie d’un disque où l’on trouve des textes qui donnent au public des frissons comme A Yeliss Netmouthiou, Lemri. Dda Cherif a chanté avec une musique où se distingue cette touche de raffinement dont manquait le patrimoine local. Il a abordé plusieurs thèmes, comme l’amour, l’exil et la misère sociale. Zenith : lors d’un concert qu’il a donné en 2005, l’assistance présente dans la salle du Zenith de Paris s’est régalée avec une prestation magistrale de l’artiste qui avait remis au goût du jour ses belles mélodies. En 1996, à Paris aussi, Cherif Kheddam avait tenu la palme, celle d’agrémenter le public d’un spectacle mémorable au Palais des Congrès. La présence de Matoub Lounès avait agréablement surpris l’assistance. C’était la rencontre de deux géants de la chanson kabyle.  

Les femmes et les guerres d’Orient

Comment dire l’Orient qui était autrefois la Mecque des voyageurs, artistes et écrivains, devenu aujourd’hui rouge, un théâtre de guerres fratricides, de violences et de terrorisme ? Leïla Sebbar essaie de peindre cet Orient métamorphosé à traver
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Les femmes et les guerres d’Orient

Comment dire l’Orient qui était autrefois la Mecque des voyageurs, artistes et écrivains, devenu aujourd’hui rouge, un théâtre de guerres fratricides, de violences et de terrorisme ? Leïla Sebbar essaie de peindre cet Orient métamorphosé à travers douze nouvelles publiées chez Elyzad Editions en Tunisie, cet autre pays qui lui est si cher et où sont réédités certains de ses ouvrages. Après La Seine était rouge, Leïla Sebbar publie L’Orient est rouge, des nouvelles qui sont centrées sur les guerres contemporaines en Orient. Les personnages principaux sont primordialement des femmes. Les unes sont victimes de ces guerres, alors que les autres ont choisi d’être des soldats de Dieu. La première nouvelle Femmes d’Alger, filles de joie emmène le lecteur dans un musée, La Maison des Arts, où est exposée une toile qui attire la colère d’un prédicateur religieux. Le tableau représente trois femmes d’Alger, belles et sensuelles, dans un harem, servies par une femme à la peau noire. Le prédicateur envoie ses soldats avec kalachnikovs pour détruire cette toile en leur criant : «Dieu n’a pas permis que la création artistique existe avant le Livre et la parole du Livre. Vous savez tous cela. Que l’œuvre illicite doit être détruite. Mais là, dans cette maison labyrinthique, vous devez arrêter à ces trois femmes dans une chambre orientale. Votre cible, ces Femmes d’Alger.» (p10). Dans cette nouvelle, l’auteure fait référence à la toile «Femmes d’Alger dans leur appartement» d’Eugène Delacroix (1798-1863), peintre qui inspira par la suite Assia Djebar (Femmes d’Alger dans leur appartement) et Tahar Ben Jelloun (Lettre à Delacroix). Le prédicateur poursuit : «Un infidèle s’est obstiné à les peindre (...). Jusqu’où iraient-ils ces adorateurs du soleil qui se disent chrétiens.» (pp10-11). Loin des images de terrorisme qui menacent l’art, Leïla Sebbar offre des réflexions sur cette toile en particulier, et sur d’autres œuvres orientalistes qui ont causé un essaim de polémiques quant à la représentation dévalorisante de la femme algérienne et sa réduction à un corps de plaisirs. L’auteure de La Jeune fille au balcon nous rappelle, à travers une autre nouvelle, Kahena la reine berbère qui lutta contre l’invasion arabe. Mais le personnage de cette nouvelle n’est pas une guerrière bercée par l’amour de la patrie ; c’est une jeune fille qui rêve d’être un soldat de Dieu. Elle rejoint Daech et épouse un kamikaze qui donne la mort à des innocents dans une attaque terroriste. «Maman, maman… il est mort. Il est mort en héros, je le sais. J’aurais voulu mourir avec lui. Maman… au Bataclan. Des mécréants sont morts. Il a réussi. Je l’admire» (p28), dit Kahena avec joie à sa mère. Dans cette nouvelle, Leila Sebbar s’inspire des attentats de novembre 2015 qui ont déchiqueté Paris et Saint-Denis. La nouvelle Les trois sœurs relate l’histoire de trois jeunes filles qui décident d’aller chez un religieux qui leur apprend Le Coran, la vie du Prophète et le Paradis. Un jour, elles sont enlevées par des soldats pour servir dans les maquis terroristes parce qu’elles sont «jeunes, jolies, sachant lire et écrire les versets du Livre. Un butin précieux» (p51). Dans la nouvelle Fille criminelle, une fille fugue pour rencontrer l’homme qui l’initiait sur internet à la guerre au nom de Dieu. Celui-ci n’hésite pas de faire d’elle une odalisque, un objet de plaisirs pour ses amis, eux aussi soldats de Dieu. «Je veux aller en Syrie avec vous. Je veux me battre là-bas, sous vos ordres, pour le nouveau califat» (p64), dit-elle à son amant-maître. Leïla Sebbar, dans sa nouvelle Le jour où elle a parlé, s’inspire des révolutions qui ont ébranlé le monde dit arabe, connues communément sous le nom de Printemps arabe. La fiction raconte le quotidien d’une jeune fille muette, solitaire, qui descend un jour dans la rue pour participer à la révolution. «On a regardé, on a entendu plusieurs fois un mot étranger ‘‘dégage !’’ hurlé par les hommes et les femmes.» (p93)Ce jour-là, la jeune fille a parlé. L’auteure de Fatima ou les Algériennes au square s’inspire dans sa nouvelle Le poète assassiné de la poétesse légendaire Al Khansaa. C’est l’histoire d’une femme qui est enfermée par des soldats de Dieu parmi d’autres femmes. On les insulte, frappe, viole. Elle pleure son frère, un poète assassiné dont elle cherche le cadavre. La dernière nouvelle La vagabonde de Palmyre est un hommage à cette cité historique, greffée par diverses influences, ce musée d’histoire à ciel ouvert, qui a été mutilée par les terroristes en 2015. La fiction relate le destin tragique d’une femme dont le mari s’est installé en Turquie, un fils instituteur assassiné et un autre fils devenu guerrier pour rejoindre le Paradis. Seule, elle se réfugie dans la cité de ruines, Palmyre. «Une explosion. Deux, trois explosions…Elle ne les compte plus. Depuis son arrivée à Palmyre, où elle s’est réfugiée» (p127), sur ces phrases chargées de violence, s’ouvre la nouvelle. Ainsi, les nouvelles sont cousues par un fil commun : le destin des femmes pendant les guerres d’Orient. Les personnages sont très souvent dépourvus de noms : une façon de rendre universel ce danger qui guette les femmes, qu’elles soient victimes ou guerrières ; le lecteur peut s’identifier et s’investir librement dans les textes. Beaucoup de thèmes sont récurrents et certains constituent des mythes personnels pour Leïla Sebbar, comme le corps, la femme, la langue et l’exil. «Mourir en terre étrangère, non. Mourir dans la langue de l’ennemi, non» (p103), dit un personnage déchiré par la mort de sa mère. En effet, l’auteure a consacré deux célèbres textes aux mystères de la langue et qui sont la clef de son œuvre : Je ne parle pas la langue de mon père et L’arabe comme un chant secret. Férue de poésie arabe, l’écrivaine insère çà et là des vers traduits de la poésie arabe. L’histoire est omniprésente : on rencontre à la fois Eugène Delacroix, Gérard de Nerval, Zénobie la reine de Palmyre et l’amoureux d’Istanbul, Pierre Loti… Certaines nouvelles sont inspirées de faits réels : les attaques du Bataclan, la fusillade des juifs à Paris, la destruction de ruines à Palmyre. Çà et là se glissent des réflexions et des critiques de l’auteure sur des thèmes cruciaux, comme l’orientalisme, la guerre, la religion, pour dénoncer ces images rouges qui menacent la condition féminine et souillent l’Orient, terre de beauté et de soleil. Les nouvelles sont brèves, racontées souvent au présent pour mieux actualiser les thèmes. Nourrie de labyrinthes sémantiques, l’écriture est simple, aiguisée, dit beaucoup avec peu de mots. Enfin, dans ce recueil de nouvelles, Leïla Sebbar peint le nouveau monstre qui menace le deuxième sexe : les guerres contemporaines d’Orient. C’est aussi un cri pour dénoncer ces images sanglantes qui ont dénaturé cette région du soleil, autrefois carrefour des civilisations.

Abderrahmane Krimat L’homme à la caméra

Certains Algérois connaissent sa grande silhouette dégingandée dont l’œil en éveil vit derrière une caméra. Mais avant d’œuvrer parmi les Algérois (Rêves et cauchemars, 2017, La présence de l’absent, 2014), de leur poser la question sous-jace
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Abderrahmane Krimat L’homme à la caméra

Certains Algérois connaissent sa grande silhouette dégingandée dont l’œil en éveil vit derrière une caméra. Mais avant d’œuvrer parmi les Algérois (Rêves et cauchemars, 2017, La présence de l’absent, 2014), de leur poser la question sous-jacente à tous ses films - le rapport entre tradition et modernité -, Abderrahmane Krimat a d’abord été connu des Touareg nomades (Une simple visite, 2009), des Kabyles, (Tadjmaât, 2011 repris en 2013). Ce sont donc différents visages d’une Algérie en transition que le documentariste laisse venir et auxquels il donne une forme empreinte d’empathie et toujours plus complexe avec le temps. Les matériaux de base : tradition et/ou modernité ? Appartenant à la génération qui avait vingt ans dans les années 90’, A. Krimat s’en souvient comme d’un cauchemar ; il y a en cela l’amertume d’un moment de vie irrémédiablement volé, une jeunesse qui a survécu aux traumas mais en intériorisant la défaite de l’humanité et la question sur laquelle elle bute inlassablement : comment cela a-t-il été possible ? D’où, comme un leitmotiv lancinant, cette question posée : qu’a-t-on perdu ? qu’a-t-on gagné dans la modernité. Ce questionnement insistant depuis 2009 n’a rien perdu de sa pertinence dans la phase actuelle. Dans les années 90’, le premier texte porte sur le mérite et l’ingratitude La motivation d’une simple visite est du même ordre : les Touareg nomades ne sont pas suffisamment considérés étant donné leurs apports à la civilisation conçue comme modèle de culture universalisable : le film à travers les séquences consacrées à l’eau ou aux pâturages donne à voir cet aspect essentiel du nomadisme qu’est l’économie des moyens . Mais c’est aussi un autre aspect que porte le documentaire : la sédentarisation, l’achat d’un appartement marque la fin d’un mode de vie séculaire. Comment elle est justifiée par les Touareg nomades eux-mêmes ? Comment pensent-ils ce passage à la modernité ? A. Krimat leur laisse la parole : pas de voix off. Avec Tadjmaât, c’est un espace social en voie de disparition qui est analysé : Tajmaât, c’est cette forme d’assemblée parfaitement démocratique en ce qu’elle met tous les vieux d’un village sur le même pied d’égalité pour administrer la commune, rendre la justice, mais qui, dans le même temps, exclut les femmes ou les jeunes. Le renoncement à ce passé, à un pouvoir patriarcal masculin, semble inéluctable mais A. Krimat pose néanmoins la question de ce qui peut en être sauvé, notamment l’idée d’une démocratie locale entre pairs (sans exclure ni les femmes ni les jeunes). L’association est-elle un moyen de dépasser l’individualisme contemporain ? Un des personnages dit : «Autrefois, la vie avait un sens, il y avait le respect et la fraternité». Dans La présence de l’absent, A. Krimat s’intéresse à la génération née dans les années 70’ ; il pose la question de savoir comment le passé nourrit le présent ; le présent est défini comme le fait de «garder ce qui est vital et vivant et de s’éloigner du mort et du mortel» : ainsi, une jeune designer qui a fait fortune depuis explique comment elle garde certains motifs, éléments de tradition pour les réintroduire dans une économie aux standards internationaux, tandis que le compositeur et chanteur Louhi Ouahcen explique, de son côté, l’adaptation à la musique enregistrée. Les individus choisis dans ce film représentent différents socio-styles, ne partagent pas la même vision du passé ni de l’avenir : conservateurs, partagés ou ouverts, ils incarnent différents points de vue par rapport à la modernité et la tradition. Dans le quatrième film Rêves et cauchemars, ce sont tous les traumatismes de l’Algérie et du monde qui hantent le documentariste comme ils hantent la conscience collective : intériorisés par différentes générations, les traumas posent la question non seulement de leur reconnaissance, condition sine qua non d’un dépassement (au cœur du film, un colloque porte sur cette question), mais aussi celle d’une identité, du choix d’un avenir dans le présent surdéterminé d’une situation post-coloniale. Définitivement, progrès technologique et progrès dans l’humanité ne vont pas de pair. Mille et une raisons battent en brèche l’union rêvée ; le chacun pour soi, l’égoïsme prennent trop de place dans la modernité sans qu’aucune alternative solide surgisse. L’affirmation d’un style : la prégnance du sonore Pour autant, il ne suffit pas de poser des questions ; même si le documentaire a comme vocation d’informer et de témoigner, sa force est aussi d’émouvoir par le montage. L’esthétique des films de Abderrahmane Krimat se reconnaît au soin qu’il y apporte tant du point de vue des plans que de la place du sonore : tout compte, aussi bien le cadrage, les couleurs que le son. Le cadre délimite la réalité : dans les premiers films, la présence du documentariste est seulement sensible dans les choix qu’il fait : pénétrer sous la tente, assister à une assemblée, laisser un personnage s’exprimer dans les lieux qu’il habite, tout est donné au spectateur sans jugement. Pour A. Krimat, «il n’y a pas de vérité dans l’art». Le compte-rendu qu’il fait de l’Algérie actuelle est ce qui compte. Mais ce compte-rendu dans son objectivation de la réalité n’est pas exempt d’effets propres au dépouillement. Formé à la photographie, A. Krimat affectionne les plans fixes : sa caméra s’attarde sur les paysages naturels ou urbains, comme ce point de vue insolite sur Alger. Mais ce sont aussi les images de la Kabylie, chaînes de montagne et villages accrochés aux arêtes ou des longues steppes, plans resserrés sur les tentes et les tissages des couvertures qui, en même temps qu’ils contextualisent le propos, informent la sensibilité du spectateur. A. Krimat insère aussi dans le film les photographies de Maude Grübel dans la Présence de l’absent. D’un film à l’autre, le documentariste se sert de chutes pour illustrer le propos qu’il tient tant la question du rapport entre tradition et modernité le hante. L’homme à la caméra se montre ainsi dans Rêves et cauchemars en train de travailler sur sa table de montage car c’est là que s’élabore son point de vue dont on peut suivre l’évolution, peut-être même à son insu : si l’on considère les quatre films produits, on peut percevoir l’adieu progressif à la nostalgie d’un passé où la vie aurait été plus solidaire et la confrontation à un présent dans toute sa diversité : de cela, La présence de l’absent est le plus emblématique puisque trois points de vue s’y alternent : conservateur, en passe d’intégrer la modernité (le musicien Louhi Ouahcen) non sans regretter le rôle que joue l’argent dans les studios d’enregistrement, la modernité assumée de la jeune designer. Les images qui accompagnent cette interrogation sur ce que l’Algérie prend de la modernité, ce sont celles de la mer, les filets sur le port de pêche, les petites barques traditionnelles et les cargos patientant pour entrer dans le port, avec les conteneurs provenant de tous les pays du monde. La mondialisation est donnée comme un constat, la mer est à la fois lieu de rêves et d’imaginaires que la beauté des images ancre dans les mémoires. A côté de l’image visuelle, l’image sonore s’impose de plus en plus dans le montage: dans Rêves et cauchemars, le choix des musiques montre un goût éclectique : Chopin, Beethoven mais aussi quelques extraits de touchia de chaâbi. Pour autant, là n’est pas le plus caractéristique du montage sonore : on retient plus volontiers les chansons graves de Louhi Ouahcen, mais aussi et sans doute surtout les poèmes de Abderrahmane lui-même : la voix particulière du réalisateur porte des textes dont les rythmes sont ceux des slameurs : forme d’expression particulièrement actuelle mais qui n’est peut-être pas sans rapport avec le goût pour la poésie telle qu’elle était pratiquée en Kabylie, poésie populaire traduisant les sentiments au quotidien Poésie et fond sonore A. Krimat a commencé à écrire avant de passer à l’image : son premier texte en 1992 exprime le désarroi de sa génération, celui de 2017 exprime aussi le sentiment d’un temps volé ; c’est le compositeur L. Ouhacen qui lui avait demandé de lui écrire un morceau en français pour une chanson en kabyle. Le slam comme récitation rythmée donne un tonalité particulière à certaines séquences, qu’elles soient d’ouverture, Alger une nuit d’orage, de transition, sur une route enneigée de Kabylie ; il crée et scande les moments forts qui alternent la beauté de la récitation dans le vide et ceux où le slam se moule sur le rythme des images. Sombre, pressé de vivre, le timbre de la voix d’A. Krimat porte les questionnements de l’Algérie contemporaine : «Dis ! Dis à ceux avides de nouvelles, insatiables d’explications. Dis que tu conjugues le singulier au multiple ; que l’apparente similitude débusque toujours un univers contrasté. Tel que je le suis, tels que le sont mes semblables/Dis leur que je pèse toujours sur ce siège, les kilomètres avalés alourdissent un cœur blessé, une plume qui ne parvient plus à se faire l’interprète d’un monde, d’un environnement devenu étranger aux mots mêmes. Les images défilent et se confondent, entre le superficiel et le profond, certaines arrivent subitement ou doucement en même temps, d’autres se dissipent brusquement ou lentement. Les visages et les voix racontent au mieux cette réalité qui se refuse aux mots. Ils sont dans ce film un fragment de ce que je suis, ce que je vois et vis. Un morceau de ma vie, façonnée dans un plan, tissée en calligraphie, à la poésie la fin correspond/Dis-leur que je vis un réel formé par deux fictions.» Dans cette jonction se mêlent modernité et tradition, douleur et jouissance construction et destruction.  

La Grappe rouge, ou la lutte de la paysannerie prolétaire

Après avoir édité son premier ouvrage intitulé De Robba à l’arbre de fer, j’écris mon nom, paru en 2013 aux éditions Edilivre, le docteur Driss Reffas vient de signer un second opus consacré aux luttes de la paysannerie prolétaire dans la régio
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La Grappe rouge, ou la lutte de la paysannerie prolétaire

Après avoir édité son premier ouvrage intitulé De Robba à l’arbre de fer, j’écris mon nom, paru en 2013 aux éditions Edilivre, le docteur Driss Reffas vient de signer un second opus consacré aux luttes de la paysannerie prolétaire dans la région de Sfisef (ex-Mercier Lacombe) dans les années 1940. La Grappe rouge, roman (114 pages) édité par Dar El Qods, est une rétrospective des luttes sociales ayant marqué l’Algérie de l’entre-deux-guerres, où la population rurale était en grande partie une sorte de sous-prolétariat voué aux travaux les plus rudes et aux conditions de vie des plus misérables. «Pourtant, cette paysannerie prolétarisée, peu qualifiée et souvent surexploitée, ne se manifesta ni dans les luttes du mouvement syndical, où sa place était particulièrement marginale, ni sur les lieux de travail, comme en témoigne la relative rareté des conflits sociaux enregistrés à cette époque», souligne, en préface, Hani Abdelkader, écrivain et archiviste. Vivant sous les oppressantes dispositions du Code de l’indigénat, qui leur interdisait toutes velléités revendicatives, ces ouvriers de l’entre-deux-guerres et leurs luttes sociales restent mal connus à ce jour, explique M. Hani. «D’où l’intérêt de ce témoignage que nous exhume le docteur Reffas sous la forme vivante d’un redoutable roman historique. En respectant les noms de personnes, les dates et les événements, l’auteur restitue aussi fidèlement que possible la vie difficile des ouvriers préparant et exécutant les fameuses grèves de 1937 dans ce petit coin d’Algérie qu’était alors Mercier Lacombe», ajoute-t-il. L’auteur met, en effet, en exergue le rôle prépondérant des militants du PCA et des syndicalistes de l’époque à faire apparaître un engagement anticolonialiste chez les ouvriers agricoles, qui défièrent, en cette année 1937, la puissante caste des propriétaires terriens coloniaux et annoncèrent, à Sfisef, les prémices du mouvement de Libération nationale. Mercier Lacombe a connu, durant les années 1930, une activité politique intense, qui a mis mal à l’aise l’administration coloniale, rappelle Dr Reffas. «De l’ENA au PPA, beaucoup de militants discrets ont réussi à inculquer le sentiment nationaliste à une frange oppressée, malgré le handicap de l’analphabétisme. Les manifestations du 2 mars 1937 et la tentative de mise en place de l’équipe de football du Croissant Club de Mercier Lacombe (CCML), à laquelle le maire s’opposa en 1934 pour ne pas concurrencer le club européen, le MLS, qui a vu le jour en 1932, a laissé apparaitre un engagement politique mûr», révèle-t-il. Pour M. Hani, ce livre, en dépit de toutes les insuffisances dont il peut souffrir, vient donc combler une lacune dans l’histoire locale des luttes des ouvriers agricoles au plus fort de la domination coloniale en Algérie. «La Grappe rouge constitue, de fait, un matériau de travail pour les historiens algériens souvent handicapés par l’indisponibilité des archives, la rareté des publications et l’absence de témoignages», témoigne-t-il.                                  

Espagne : Les Amazighs de Valence célèbrent Yennayer

Dimanche  14  janvier 2018 (2968) , l’association culturelle «Timlilith» a organisé la fête de Yennayer,  dans la grande salle de concert « Agora Live», située dans la localité de Aldaia , à Valence . «Yennayer» 2
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Espagne : Les Amazighs de Valence célèbrent Yennayer

Dimanche  14  janvier 2018 (2968) , l’association culturelle «Timlilith» a organisé la fête de Yennayer,  dans la grande salle de concert « Agora Live», située dans la localité de Aldaia , à Valence . «Yennayer» 2968 correspondant à l´année  2018  a pris tout son sens, pour les amazighs de Valence  et leurs invités qui ont accueillis la nouvelle année berbère dans la gaieté et la convivialité.   Espagne De notre correspondant   Le passage obligatoire à la nouvelle année se veut être une journée qui augure, suivant la culture ancestrale des Amazighs, le labeur et la prospérité. Yennayer est le premier jour de l’an berbère du calendrier agraire utilisé depuis l’antiquité par le peuple Amazigh à travers l’Afrique du Nord. En cette occasion , les Amazighs établis à Valence, à l´initiative des membres de l ´Association «Timlilith », notamment, Abderrahmane Mammeri, Amar Lasmi , Massinissa Abrous, Baden Henni, Amar Boukhennoufa, Amar Mokhtari, Rabah Oukli, n´ont pas manqué à ce rendez-vous annuel incontournable qui reste plus qu’une célébration traditionnelle. Sur fond de musique, ils ont tout d´abord savouré un délicieux couscous bien préparer par les femmes à la maison que les organisateurs ont tenu à inscrire au menu du jour, vu la symbolique de ce plat traditionnel. «Nous sommes vraiment contents. C’est un jour spécial qui représente un pan de notre identité et de notre patrimoine et qu’il faudra surtout préserver», nous a déclaré Abderrahmane Mammeri, président de l’association culturelle «Timlilith. L´inauguration de cet événement a été marquée par la chorale infantile » formée par une quinzaine d´enfants«, qui a interprété la chanson » Vava Inouva« de Idir. Ils ont aussi su bien profiter de cet événement, puisque une aire de jeux a été spécialement réservée pour eux. En profitant de cette bonne ambiance, ils ont peints leurs visages avec des symboles berbères, et ont écrit des mots en caractères berbères »Tifinagh". Par ailleurs, la projection d´un reportage sur « yennayer » qui retrace les différentes manières de célébrer cette événement en Algérie a provoqué la curiosité surtout des invités de plusieurs nationalités venus assister à cette fête ancestrale. Une chorale constituée dans sa majorité de femmes a repris des chansons de Idir et Cherif Khedam. Plusieurs musiciens d´expression kabyle établis à Valence, comme Mahfoud , Henni, Djamel, Amar, Rabah, Belaid ont interprété plusieurs chansons dont certaines du défunt Matoub Lounes. Une fois la fête terminée, les convives se sont quittés, en espérant qu’un prochain rendez-vous aussi chaleureux puisse contribuer à retrouver cette ambiance festive.

Une voix, des convictions

Dolores  O’Riordan était  une chanteuse irlandaise. Alors, âgée de 23 ans, leader du groupe The Cranberries, elle  avait  fait sensation avec un titre contre la bêtise humaine, la guerre et ses dommages collatéraux, Zombie. Elle est décédée brus
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Une voix, des convictions

Dolores  O’Riordan était  une chanteuse irlandaise. Alors, âgée de 23 ans, leader du groupe The Cranberries, elle  avait  fait sensation avec un titre contre la bêtise humaine, la guerre et ses dommages collatéraux, Zombie. Elle est décédée brusquement, à  46 ans, à Londres, lundi. Le monde de la musique est choqué par la mort prématurée d’une des plus belles voix féminines, Dolores O’Riordon, l’égérie de la formation irlandaise pop-rock, The Cranberies. Elle a été retrouvée morte dans un hôtel, à Park Lane, lundi à 9h, selon les services de police de Westminster, à Londres (Royaume-Uni). Jusqu’à hier, les causes de son décès demeuraient inconnues et inexpliquées. Les membres de sa famille sont dévastés par cette nouvelle et ont demandé le respect de leur vie privée dans cette période très difficile. Après le groupe U2, leur compatriote, The Cranberries est aussi célèbre en Irlande. Et un titre issu de leur album, No Need to Argue, allait booster leur carrière, en 1994. C’est Zombie (mort-vivant. Edité chez Island Records. Le fameux label musical du grand Chruis Blackwell, ayant découvert un certain Bob Marley. Zombie, un hymne de paix Une chanson engagée. Un coup de gueule anti-belliqueux, antimilitariste et pacifique. Un hymne à la paix. C’est un titre dénonçant un attentat perpétré par l’Armée républicaine irlandaise provisoire dans un centre commercial, à Warrington, le 20 mars 1993, tuant Tim Parry, 12 ans, Jonathan Ball, 3 ans, et blessant des dizaines de personnes. Dolores, bouleversée, leur rendra hommage. Les paroles sont explicites, poignantes. Dolores O’Riordon, à travers une voix plaintive et rageuse, condamne les marchands de canons et les desseins politico-politiques : «Une autre tête pend modestement/Un enfant est pris lentement/et la violence a entraîné un tel silence A qui la faute ?/mais tu vois que ce n’est pas moi/que ce n’est pas ma famille/dans ta tête / Ils se battent/avec leurs tanks et leurs bombes/leurs bombes et leurs fusils/dans ta tête ils pleurent/mort-vivant/qu’y a-t-il dans ta tête ? /le cœur brisé d’une mère/se ravive. C’est le même vieux thème depuis 1916/dans ta tête ils meurent…» La chanson Zombie a été écrite, à l’origine, en version guitare acoustique, mais elle a ensuite été transposée avec des riffs électriques, plutôt agressifs. Car dramatiques. «Ça explosait de partout» «Je me souviens qu’à l’époque, il y avait des bombes partout. Les temps étaient troubles et très graves… Je me souviens, j’étais en tournée au Royaume-Uni, au moment de la mort de l’enfant, et d’en être vraiment affectée et triste à propos de tout cela. Ces bombes qui expolosaient partout dans des endroits aléatoires. Ça aurait pu être n’importe qui, tu sais ? C’est une chose difficile à chanter, mais quand vous êtes jeune, vous n’y réfléchissez pas à deux fois. Vous le saissisez et vous le faites. En vieillissant, vous développez plus de peur et vous devenez plus inquiet, mais quand vous êtes jeune, vous n’avez pas peur…» se souviendra Dolores O’Riordon à propos. U2, Kadoline sous le choc Sous le choc, les réactions sur Twitter ont fusé. Les membres du groupe pop-rock irlandais U2 posteront : «Nous pensons à la famille de Dolores O’Riordon en ce moment. De l’Ouest est venue cette tempête de voix. Dolores avait une telle force de conviction, mais elle pouvait parler de la fragilité en chacun de nous. Bono, The Edge, Adam et Larry». Ceux de Kodaline consigneront : «Absolument choqués par la disparition de Dolores O’Riordon. Les Cranberries nous avaient témoigné notre premier grand soutien. Nous avons tourné avec eux à travers la France il y a quelques années. Nos pensées vont vers sa famille et ses amis…»

«Le public de mon pays m’a donné de l’amour et j’ai craqué…»

Nawell Madani, en interview, est tout sauf cette délirante, hilarante et impertinente stand-upper. C’est une artiste qui dégage beaucoup de générosité, vous faisant la «bise» et  vous offrant un selfie à la fin de l’entretien. - Vous avez étre
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«Le public de mon pays m’a donné de l’amour et j’ai craqué…»

Nawell Madani, en interview, est tout sauf cette délirante, hilarante et impertinente stand-upper. C’est une artiste qui dégage beaucoup de générosité, vous faisant la «bise» et  vous offrant un selfie à la fin de l’entretien. - Vous avez étrenné la première édition d’«Alger, mon humour» du 11 au 14 janvier en vous produisant quatre fois, dont deux shows consécutifs, et déclaré que votre prestation était gratuite. C’est un présent. . .? Oui, c’est vrai. Je l’ai fait gracieusement pour le public. Parce que, si vous voulez, on n’avait pas vraiment d’aide financière. On a été soutenus par l’ONDA (Office national des droits d’auteur), Aigle Azur (compagnie aérienne) et l’hôtel Sheraton, qui a essayé de nous aider comme il pouvait. Mais tout n’a pas été pris en charge. Et pour que le spectacle existe et offrir une qualité avec autant de personnes. Des techniciens, danseurs, humoristes, comédiens, cameramen, cadreurs, DJs Le réalisateur est un grand, c’est celui qui «goupille» l’émission Alkaline sur France 2. Il a fallu beaucoup d’argent. Donc, la billetterie plus des fonds personnels couvraient tout cela. Pour  que ça puisse exister. Tous les artistes  et les techniciens ont été payés. Mais moi, ma performance est gratuite. Et on va revenir encore plus fort. - Nawell, à la fin de votre premier show, vous avez fondu en larmes, chaudes larmes… Certains ont même  pleuré de bonheur… Trop émouvant... Vous avez vu mon public. Il était beau. Il y a eu un moment où j’étais en fusion avec lui. Je n’avais plus envie de le quitter. - Trois heures de spectacle. Le public en a eu pour son argent… (Rire) Oui, exactement, voilà. On s’est donné à fond. On a vraiment  essayé de partager humainement. Ils m’ont donné beaucoup d’amour. Et j’ai craqué. C’était plus fort que moi. Je voyais des visages. Il y avait ma mère,  des personnes âgées, des femmes voilées qui riaient. Elles étaient contentes d’être là. Il y a des femmes qui sont venues me voir en me confiant : «Fadjitili ghoumti» (Vous êtes une bouffée d’oxygène, un appel d’air..). Il y a eu  aussi cette dame qui m’a dit qu’elle souffrait d’un cancer et que c’est peut-être la dernière fois qu’elle allait rire avec ses enfants. Et cela, ça n’a pas de  prix. Une autre m’a avoué que depuis le décès de son époux, il y a deux ans, elle ne sortait plus en soirée, aux spectacles. Et ce sont ses enfants qu’ils l’ont sortie. Et qu’elle n’avait pas regretté  de venir me voir à l’Opéra d’Alger. «J’ai oublié de vivre et tu m’as redonné envie d’y croire encore, Nawell» m’a-t-elle remerciée. Quand vous recevez de tels témoignages, surtout émanant de vos concitoyens, cela vous touche profondément et davantage. Aussi, m’embrassaient-elles sur la tête, m’enlaçaient, me disaient qu’elles étaient fières de moi : «Enti bent bladi» (Tu es une fille du pays), que j’étais comme leur propre fille, que j’étais la bienvenue, que j’étais chez moi. «Reviens-nous», me répétait-on. Ils ont beaucoup d’amour. Merci du fond du cœur. - Comme «grande sœur»,  vous avez donné  leur  chance à des humoristes du «bled»… (Sourire). Oui. Sans prétention. J’ai invité  l’humoriste  Chouchou, qui nous vient de Sidi Bel Abbès. Et surtout le quiproquo allusif du sketch du début du show. Faire de l’humour (et faire l’amour). - Vous voulez ouvrir une école de danse, chorégraphie, d’expression pluridisciplinaire contemporaine… Oui, absolument. Quand on voit les jeunes danser toute la journée dans les quartiers… Il y a de jeunes filles qui veulent apprendre. Il y a un tel engouement. Ce matin, on a organisé un atelier (workshop), elles étaient très nombreuses à y prendre part et à exhiber du talent. C’était bourré à craquer. On l’a fait  pour un dinar symbolique. Avec le concours du danseur et chorégraphe de Madonna, Brahim Zaïbat. On l’a fait pour montrer qu’il y a des jeunes qui veulent s’exprimer artistiquement. Et nous, à  notre niveau, nous  avons envie d’être dans la transmission. - Dans vos sketchs, vous usez  d’un humour «hardcore», soft et déjanté  tout  en traitant de vrais sujets de la société arabo-musulmane. Les libertés individuelles, la femme considérée comme infrahumaine, le charlatanisme, l’hypocrisie islamisante, l’islamophobie… C’est notre réalité. C’est la vraie vie. Monter sur scène et mentir au public, je ne fais pas ce métier-là alors. Je suis comme vous. Vous êtes journaliste, vous retracez la réalité, vous essayez d’être connecté au réel, au quotidien. Je ne monte pas sur scène pour mentir sur mon histoire ou bien sur ce que je vis au quotidien. Ma vie, elle a été telle que je le raconte sur scène. Et c’est la vie de beaucoup d’Algériens. S’ils ne se reconnaissaient pas dans mes sketchs, ils ne riraient pas. Il y a un truc de reconnaissance, de ressemblance, d’identification… - Avec votre show de la première édition «Alger, mon humour», vous exhibez toute la capacité d’une éventuelle création d’une comédie musicale, par exemple «très raï», aux côtés du grand chorégraphe et danseur Brahim Zaïbat. Broodway… Oui, c’est une excellente idée. Inch’Allah, pourquoi pas !

Musique kabyle : Nouvel album de Mahdi Ammad

Le chanteur algérien d’expression kabyle, Mahdi Ammad, vient d’enrichir sa discographie d’un nouvel album intitulé A win yesazzal tmaâ. Un album vient de sortir à la maison d’édition Kenza Diffusion basée à Tizi Ouzou. Composé de neuf chanso
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Musique kabyle : Nouvel album de Mahdi Ammad

Le chanteur algérien d’expression kabyle, Mahdi Ammad, vient d’enrichir sa discographie d’un nouvel album intitulé A win yesazzal tmaâ. Un album vient de sortir à la maison d’édition Kenza Diffusion basée à Tizi Ouzou. Composé de neuf chansons aux sonorités variées et dont les thèmes développés collent à la réalité de la société algérienne, le produit mis dans les bacs est un cri du cœur poétique et musical pour faire changer les choses dans l’optique de «dessiner» les contours d’un monde meilleur, basé sur l’amour, la fraternité et l’entraide. Tagarfa, Abogato, wine isinan meqbouledh arouh, ourkhedim el khir, aqlagh goudra nentar, bqa aâla khir, tel une abeille, Mahdi butine plusieurs thèmes,  mettant des mots sur les maux pour composer une partition musicale dans un style tantôt mélancolique, tantôt joyeux. Peu bavard, Ammad Mahdi a choisi de  s’investir pleinement dans son travail de création artistique, loin des feux de la rampe et des Salons officiels. Comme tous ses anciens condisciples dans l’univers de la chanson, il s’initie à la musique dès son jeune âge avec une guitare de fortune. Très influencé par Cheikh El Hasnaoui, Slimane Azem, Cherif Kheddam Très influencé par les pionniers de la chanson kabyle que sont Cheikh El Hasnaoui, Slimane Azem, Zerrouki Allaoua, Cherif Kheddam, Sid Messaoudi, Akli Yahiatène, entre autres, l’artiste originaire du village Akaoudj (Aït Aïssa Mimoun), dans  la wilaya de Tizi Ouzou, se lance alors dans une carrière artistique studieuse au début des années 1980, multipliant albums, clips et spectacles. Fervent défenseur de l’amazighité, Mahdi Ammad, qui compose et chante dans sa langue maternelle, a toujours plaidé la cause des siens lors de ses sorties artistiques  aux quatre coins du pays et à l’étranger, où il se fait inviter par la communauté berbérophone.  Auteur consciencieux, estimé pour son travail et sa modestie, Ammad Mahdi ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.  

Samedi soir, l’Olympia était algérienne

De la scène au public, la salle mythique de l’Olympia a été, l’espace d’une soirée, celle du samedi 13 janvier, aux couleurs de l’Algérie, pour célébrer le rire et l’humour. Kamel Abdat, Abdelkader Secteur, Melha Bedia (sœur du comédien R
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Samedi soir, l’Olympia était algérienne

De la scène au public, la salle mythique de l’Olympia a été, l’espace d’une soirée, celle du samedi 13 janvier, aux couleurs de l’Algérie, pour célébrer le rire et l’humour. Kamel Abdat, Abdelkader Secteur, Melha Bedia (sœur du comédien Ramzy), Farid Chamekh, Mohamed Nouar, Réda Seddiki et Wahid ont animé cette soirée, qui a été accompagnée en seconde partie d’un concert de Amazigh Kateb, en pleine forme, et qui a donné toute la mesure de son talent, et de son groupe musical Gnawa Diffusion. Les humoristes, hormis Abdelkader Secteur, appartiennent globalement à la nouvelle génération algérienne et franco-algérienne. Ils ont, chacun dans son style, présenté l’Algérie telle qu’elle est, avec ses tabous, ses contradictions, ses interdits, mais aussi tout ce qui fait qu’elle est profondément aimée. La France n’a pas été épargnée non plus. Un fil conducteur commun : la déconstruction des clichés de quelque bord qu’ils viennent, des idées reçues, des préjugés, par la dérision. Les messages sont les mêmes : l’amour et la fraternité, le respect des uns et des autres dans ce qui caractérise et est propre à chaque être humain. Kamel Abdat, fin connaisseur de la société algérienne — qu’il parodie en kabyle, en arabe dialectal et en français —, nous affirme qu’il devient difficile d’aborder certains sujets sensibles : «d’un côté, il y a la censure officielle, de l’autre, celle des islamistes», déplore-t-il. Son sketch sur l’islamiste qui a détruit la statue de Aïn El Faouara, à Sétif, a fait polémique. Et de constater qu’en Algérie, «il y a deux publics, un public tolérant et permissif, et un public avec lequel il faut prendre des précautions». Ces contraintes, l’artiste les ressent particulièrement depuis un an, contrairement à la Tunisie où il se produit régulièrement et où il a collaboré pour la chaîne de télévision Nessma. La littérature qu’il enseigne à l’université d’Alger est sa grande passion, avec le théâtre. Ces deux passions sont personnalisées par Kateb Yacine, qu’il affectionne particulièrement. Réda Seddiki, 26 ans, né à Tlemcen d’une mère architecte et d’un père enseignant, est arrivé en France il y a quatre ans pour un master en mathématiques appliquées. C’est dans ce pays qu’il donne la pleine mesure de son talent d’humoriste. Une fois son diplôme universitaire obtenu, il préfère la scène. L’humoriste travaille minutieusement ses textes, forcément, il est très attiré par la littérature. Son répertoire, il le puise dans le quotidien de la société algérienne, la littérature algérienne et étrangère sont une importante source d’inspiration pour lui. Il aime les auteurs qui font de l’humour, comme Amin Maâlouf ou Hanoch Levin, un dramaturge israélien. Il aurait aimé travailler avec le défunt Abdelkader Alloula. Réda Seddiki s’est produit en Algérie. Il est en ce moment à la Nouvelle Scène, à Paris. Il est l’auteur et l’interprète de Lettre à France, qui s’est développée en Deux mètres de liberté. Abdelkader Secteur n’est plus à présenter. Star de la soirée, le public était plié de rire à son écoute. Youyous, applaudissements, répliques ont accompagné la prestation des artistes sur scène. Une ambiance bon enfant, joyeuse et festive portée par un public familial, toutes générations confondues, des grands-parents aux petits-enfants. Des organisateurs comblés prêts à renouveler l’initiative Le succès de cette soirée a comblé ses initiateurs, surpassant leurs prévisions les plus optimistes de la vente des 2000 places, de la salle clôturée trois jours avant le spectacle jusqu’à l’accueil extrêmement enthousiaste qui lui a été réservé. A telle enseigne que Jean-Marc Dumontet, producteur du Festival du rire de Paris, et Billal Chegra, cheville ouvrière et initiateur du projet, s’engagent à rééditer la soirée l’année prochaine et de l’élargir à d’autres artistes. Billal Chegra, directeur artistique de France Algérie histoire d’en rire, a indiqué que des pourparlers sont en cours pour réaliser une initiative similaire en Algérie. A rappeler que cette soirée était inscrite dans la troisième édition du Festival d’humour de Paris (du 10 au 22 janvier 2018 en 10 soirées avec 100 artistes), représentant une nouveauté dans sa programmation. Cette soirée à l’Olympia, le producteur de spectacles, Jean-Marc Dumontet, la voulait comme «un marqueur de confiance et de volonté de mettre en lumière» la culture algérienne à partir de l’humour (El Watan du 19 décembre 2017). Le producteur affirmait, à la faveur d’une conférence de presse, le 16 décembre dernier, qu’il considère que «l’humour et le spectacle c’est le partage», que «la culture sert à créer des liens». Et d’ajouter : «Je veux banaliser notre relation avec l’Algérie, ce pays frère.» Après avoir fait le constat que «nos deux pays se regardent sans se regarder. On n’arrive pas à panser les plaies. On va tous y contribuer». Et «l’humour est un vrai vecteur fédérateur qui réussit parfois là où le politique échoue. C’est une belle opportunité». Billal Chegra, directeur commercial de Jean-Marc Dumontet Productions relève qu’«il y a une vraie culture de l’humour algérien», mais qu’«elle est méconnue en France». D’où cette résolution de mieux la faire connaître des Français. La soirée du 13 janvier a été en ce sens un premier pas. Au-delà de cette soirée, «notre volonté est d’ouvrir un créneau pour l’humour algérien» aux humoristes algériens qui viendraient en France «dans un de nos théâtres», précise Jean-Marc Dumontet, «Nous sommes en train de tisser une histoire au long cours». Et de caresser l’idée d’un festival du rire en Algérie. Baisser de rideau avec cette promesse des organisateurs.

Musique : Concert espagnol à l’Opéra d’Alger

L’ambassade d’Espagne et l’Institut Cervantès d’Alger organisent, en collaboration avec le ministère de la Culture algérien et la fondation Echanges culturels en Méditerranée (Ecume), un concert de musique du XXe siècle, avec le duo Icarus (saxo
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Musique : Concert espagnol à l’Opéra d’Alger

L’ambassade d’Espagne et l’Institut Cervantès d’Alger organisent, en collaboration avec le ministère de la Culture algérien et la fondation Echanges culturels en Méditerranée (Ecume), un concert de musique du XXe siècle, avec le duo Icarus (saxophone et guitare).  C’est ce que nous avons appris auprès du service de presse de l’Institut Cervantès. Le concert, qui aura lieu vendredi prochain à 19h, à l’Opéra d’Alger, sera animé par Alfonso Padilla López (saxophone), soliste international et professeur au Conservatoire supérieur de musique «Manuel Castillo», à Séville, (Espagne), et Alberto Plaza Fernández (guitare). Disciple du guitariste José Tomás, Premier prix au concours international «Francisco Tárrega», Plaza est professeur au conservatoire «Ana Valler» à Utrera (Espagne). Au programme, Jaques Ibert (Entracte), Ramón Humet (A night piece), Patrick Roux (Soledad), José Maria Sanchéz (Verdú Mizu no oto), Maurice Ravel (pièce en forme de habanera) et Manuel de Falla Danse de «La vida Breve». Sont invités à cette édition des artistes issus des institutions musicales membres du Réseau des écoles supérieures de musique de la Méditerranée, créé en 1987, des musiciens d’Alger, Marseille, Séville et Gênes, qui se retrouveront à Alger et interpréteront des œuvres de compositeurs et poètes connus ou à découvrir, a-t-on indiqué de même source. «Des invitations sont disponibles au niveau de l’Institut Cervantès d’Alger (quota limité). Des tickets seront également en vente au niveau de l’Opéra d’Alger le soir du spectacle à 800 DA», a-t-on précisé à l’Institut Cervantès.

Numéro spécial Aït Menguellet

A l’occasion des cinquante ans de poésie et de chants Lounis Aït Menguellet, la revue Tamazight Tura compte consacrer un numéro spécial à sa vie et à son œuvre. Selon le coordinateur de l’édition, l’universitaire Saïd Chemakh, les textes peuv
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Numéro spécial Aït Menguellet

A l’occasion des cinquante ans de poésie et de chants Lounis Aït Menguellet, la revue Tamazight Tura compte consacrer un numéro spécial à sa vie et à son œuvre. Selon le coordinateur de l’édition, l’universitaire Saïd Chemakh, les textes peuvent porter sur l’analyse de sa poésie, des témoignages sur son action et son œuvre, l’analyse des traductions de ses textes du berbère vers le français, l’arabe, l’anglais, ainsi que des hommages (en prose ou sous forme de poèmes), et autres textes. «Les textes doivent être uniquement en tamazight (berbère). Ceux/celles qui veulent participer, mais ne maîtrisant pas le tamazight, doivent autoriser la rédaction de la revue à traduire leurs textes», a-t-on précisé. La date d’envoi des articles et contributions est fixée au 20 mars 2018. Lounis Aït Menguellet, qui a célébré en 2017 ses 50 ans de carrière artistique, s’est vu décerner en octobre dernier, par l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, un doctorat honoris causa, en signe de reconnaissance pour son parcours poétique et artistique et la promotion de la chanson algérienne d’expression kabyle depuis plus d’un demi-siècle.

Une station pour booster la culture amazighe

Membre de l’association des Amis du Mont Chenoua aux côtés des autres membres militants de la cause amazighe, à l’image du défunt Omar Nefsi, Kader Bouchlaghem était l’un des paroliers du groupe musical Ichenouyène, tout en animant une émission
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Une station pour booster la culture amazighe

Membre de l’association des Amis du Mont Chenoua aux côtés des autres membres militants de la cause amazighe, à l’image du défunt Omar Nefsi, Kader Bouchlaghem était l’un des paroliers du groupe musical Ichenouyène, tout en animant une émission à la Radio algérienne Chaîne 2 intitulée «L’arc-en-ciel», d’une part, et d’autre part, l’infatigable universitaire devient poète à ses moments de liberté. L’ex-directrice de la radio locale de Tipasa, Yasmina Samet, l’embauche pour animer l’émission «Tamazight» en 2010. «La part de tamazight dans le programme de la radio de Tipasa représentait 4% du programme total en 2010, nous déclare Omar Houmat, l’actuel directeur de cette radio, à présent, enchaîne-t-il, la langue tamazight a atteint le taux de 30% du programme global de notre radio, nous continuons à introduire le tamazight partout dans nos émissions, tout en maintenant le cap, pour permettre à nos auditeurs de s’intéresser à tout ce qui se passe dans leur wilaya, en tamazight et en arabe». On n’a pas attendu la décision politique pour nous manifester Kader Bouchlaghem avait semé aussi le tamazight au sein de la radio locale de Boumerdès. Il avait formé la jeune journaliste Djamila Benmeddah pour perpétuer son travail. «Les ondes de la radio locale constituent l’un des outils importants pour faire accepter et introduire le tamazight dans tous les foyers, nous dira Kader, notre langue nationale doit faire partie de notre environnement d’abord et ensuite il faut se projeter vers l’avenir et ne pas confiner le tamazight juste pour célébrer Yennayer et faire la fête, le folklore. Le tamazight ne doit pas être banalisé. Il faut encore piocher afin de lui permettre d’accompagner les Algériens dans la recherche scientifique et dans le développement économique et social. Il y a des étapes à franchir pour se hisser au niveau des attentes de tout le peuple algérien, de surcroît aux militants de la cause amazighe, qui avaient souffert et ceux qui avaient succombé dans la lutte pour que notre langue soit reconnue», conclut Kader Bouchlaghem. Durant la décennie 1990, les associations culturelles de diverses wilayas du pays convergeaient vers Tipasa, aux côtés des associations culturelles de la wilaya, afin de participer aux semaines des arts et cultures chenouies, une manifestation organisée entre les mois de mai et juin de chaque année. Tipasa, Cherchell, Gouraya, Koléa avaient abrité ces manifest ations pour développer la culture berbère. La création du Mouvement culturel chenoui (MCC), en dépit des réunions, n’avait pas pu voir le jour. La célébration de Yennayer par les militants de la cause amazighe à Tipasa n’avait pas attendu la décision politique pour se manifester. Le sage intellectuel et universitaire, Kader Bouchlaghem, est devenu un témoin du tamazight à Tipasa. Une référence que les auditeurs de la radio locale de Tipasa continuent à écouter, tel un phare qui reflète ses faisceaux lumineux dans l’obscurité pour les marins au milieu de la mer. La wilaya avait instruit toutes ses APC pour célébrer officiellement avec faste Yennayer cette année.  

Passion, attraction touristique

Ignoré de beaucoup d’Algériens, le musée d’El Ménéa a été construit en 1985 pour garder le produit de ce qui est devenu une passion locale, la collecte de vestiges préhistoriques ou ethnographiques : entre 2013 et 2017, le musée a ainsi reçu 93
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Passion, attraction touristique

Ignoré de beaucoup d’Algériens, le musée d’El Ménéa a été construit en 1985 pour garder le produit de ce qui est devenu une passion locale, la collecte de vestiges préhistoriques ou ethnographiques : entre 2013 et 2017, le musée a ainsi reçu 93 dons de la part de la population locale. Le musée Augérias A El Ménéa, le premier musée a été créé pendant la colonisation par le capitaine Augérias. Installé dans une petite ferme aujourd’hui disparue, il a été conçu sur le modèle du cabinet de curiosités destiné à mettre en valeur le pittoresque local. Il comportait une salle des trophées, une salle ethnographique et une salle de préhistoire. Les quelques photographies qui nous sont parvenues ne nous permettent pas d’avoir une idée très précise de la muséographie à l’intérieur, mais en revanche, elles en montrent la particularité : le programme du musée figurait sur les murs d’enceinte de la fermette. En effet, y étaient représentés un homo erectus, un hippopotame et un crocodile, rappelant un Sahara qui, loin de mériter son nom actuel, devait être plutôt comparable à une savane. Le sort de ces premières collections est inconnu : ont-elles été emportées? Certains éléments figurent-ils dans les collections de l’actuel musée national? Il semble que ce qui a subsisté, c’est la passion pour les trouvailles dans la région. C’est à participer à un récit de la préhistoire qu’est convié le visiteur lorsqu’il franchit le seuil du nouveau musée fondée par le père Blanc, René Leclerc, disparu il y a quelques années seulement et dont la photographie orne l’église du Père Charles de Foucault et l’ouvroir de broderie des Sœurs, tant il fut actif et respecté comme un marabout. Trois peintures donnent le ton en symbolisant trois grandes périodes : la première met en scène des amanites géantes, la deuxième des dinosaures (diplodocus et tyrannosaure), la troisième l’apparition de l’humain tel qu’on le comprend actuellement : c’est donc un récit rationnel, orienté vers l’avènement de l’humain, laissant de côté le chaos ou les hasards de l’évolution. La peinture qui figure cette dernière période est à mi-chemin entre l’évocation d’un âge d’or par sa composition et le souci tout pédagogique de figurer les occupations associées à l’imaginaire de la préhistoire : la représentation des activités-chasse, pêche, cueillette, fabrication d’ustensiles- y coïncide en effet avec celle d’un paysage domestiqué, pacifié. Le souci pédagogique persiste dans le reste du parcours : la présentation combine le découpage chronologique avec l’illustration de chaque période. Le visiteur parcourt les grandes périodes de la préhistoire telles qu’elles ont été établies scientifiquement, du paléolithique supérieur au néolithique. Chaque période est représentée par de beaux échantillons, les vitrines associent aux témoins de la vie animale les premiers outils témoignant de l’activité des hommes: outre des trésors de la paléontologie, comme des griffes ou des phalanges de tyrannosaures, un morceau de bassin de diplodocus, le paléolithique inférieur par des bifaces, des hachereaux, des pointes de flèches, le paleolithique moyen par des pontes, racloirs, grattoirs du mousterien, le paléolithique supérieur par des lames, l’aiguillage pour le tissage, des œufs d’autruche décorés, le néolithique par haches taillées, des meules, des poteries, des pointes de flèches. Les objets et les panneaux explicatifs sont complétés par des gouaches commandées à un artiste local, Rahmani, elles permettent de visualiser les animaux évoqués par les restes de leurs ossements, les dinosaures, le crocodile, dans ce qui est supposé être leur environnement. La salle d’ethnographie, quant à elle, est en cours de réaménagement: une part importante est donnée à la broderie dont El Ménéa est un centre important : l’école de broderie, qui a succédé à l’ouvroir des Sœurs perpétue les motifs traditionnels, notamment celui de la mosquée que figurent des compositions abstraites mais rigoureusement construites. Le Sud, passion des préhistoriens, passion aussi des ethnographes, devient de nos jours une passion pour le touriste.  

Conférence «L’homo detritus. Les déchets à l’heure de l’anthropocène»

Institut français d’Alger 7, rue Hassani Issad -Alger   Lundi 15 janvier à 18h Conférence «L’homo detritus. Les déchets à l’heure de l’anthropocène» Par Baptiste Monsaingeon, chercheur à l’Ifri. Membre du Conseil scientifique de l
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Conférence «L’homo detritus. Les déchets à l’heure de l’anthropocène»

Institut français d’Alger 7, rue Hassani Issad -Alger   Lundi 15 janvier à 18h Conférence «L’homo detritus. Les déchets à l’heure de l’anthropocène» Par Baptiste Monsaingeon, chercheur à l’Ifri. Membre du Conseil scientifique de l’exposition Vies d’ordures au Mucem à Marseille, il a notamment participé à la première expédition dédiée à l’identification de concentrations de débris plastiques en Atlantique Nord. Stockés dans des décharges, éparpillés à la surface des océans ou dispersés en particules invisibles dans l’atmosphère, les déchets sont désormais des traces indélébiles de notre présence sur terre autant que des symptômes de la crise du monde contemporain. Après les avoir enfouis et brûlés, il est devenu impératif de les réduire, de les réutiliser, de les recycler. Entrée libre.

Hommage à Djamel Allam

Le chanteur Djamel Allam a été honoré, jeudi, à Tizi Ouzou, dans le cadre la soirée d’animation organisée par la direction de la culture en collaboration avec la radio locale et l’APC. L’artiste a eu droit à un vibrant hommage dans une ambianc
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Hommage à Djamel Allam

Le chanteur Djamel Allam a été honoré, jeudi, à Tizi Ouzou, dans le cadre la soirée d’animation organisée par la direction de la culture en collaboration avec la radio locale et l’APC. L’artiste a eu droit à un vibrant hommage dans une ambiance de convivialité et de retrouvailles. Ainsi, au programme de cette soirée, un gala animé par une pléiade de chanteurs au théâtre régional Kateb Yacine, où l’assistance s’est régalée avec de beaux morceaux de musique et de chants interprétés, entre autres, par Ali Meziane, Ali Ideflawene et la jeune artiste qui monte, en l’occurrence Célia Ould Mohand qui a subjugué le public composé de familles, d’officiels, dont le wali Mohamed Boudarbali, le maire Ouahab Aït Menguellet ainsi que plusieurs responsables et élus locaux. La directrice de la culture, Nabila Goumeziane, a estimé que cet hommage est amplement mérité par Djamel Allam qui a contribué, par ses productions artistiques, à l’enrichissement du patrimoine culturel amazigh. Arezki Azzouz, directeur de Radio Tizi Ouzou, qui a diffusé en direct cette soirée, a rappelé les qualités artistiques de Djamel Allam. Ce dernier a, à son tour, tenu à remercier les initiateurs de cette rencontre. «Je suis vraiment très touché par ce geste. Je tiens à remercier vivement tous ceux qui ont initié cet hommage. Je suis également très reconnaissant envers mon public de Tizi Ouzou. Ce moment restera mémorable pour moi», a déclaré Djamel Allam avant de fredonner quelques-unes de ses belles mélodies qui ont créé une ambiance particulière dans la salle. Par ailleurs, notons qu’outre cet hommage, la célébration de Yennayer à Tizi Ouzou s’est déroulée de manière grandiose, notamment avec plusieurs festivités à travers les quatre coins de la wilaya. La direction de la culture a préparé une semaine d’activités pour marquer le Nouvel An amazigh qui a été également fêté à Aïn El Hammam, Larbaâ Nath Irathen, Azazga, Timizart, Azeffoun, Tigzirt, Draâ El Mizan, Maâtkas, entre autres.                  

Chant lyrique : La soprano Faïrouz Oudjida à l’Opéra d’Alger

La soprano algérienne, Faïrouz Oudjida,  se produira le 16 janvier à l’Opéra d’Alger dans un récital unique, où elle revisitera les classiques de la musique occidentale et berbéro-arabe. Vivant au Canada depuis 2010, la soprano Faïrouz Oudjida
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Chant lyrique : La soprano Faïrouz Oudjida à l’Opéra d’Alger

La soprano algérienne, Faïrouz Oudjida,  se produira le 16 janvier à l’Opéra d’Alger dans un récital unique, où elle revisitera les classiques de la musique occidentale et berbéro-arabe. Vivant au Canada depuis 2010, la soprano Faïrouz Oudjida s’est produite il y a un peu plus d’une année au palais de la Culture d’Alger, dans le cadre des Journées scientifiques et culturelles de la diaspora algérienne du Canada.  Mais «c’est l’opéra d’Alger qui convient à une soprano comme elle», souligne sa productrice, Sara Nacer, de SN Production. Depuis cette date, le focus a été mis sur l’institution culturelle inaugurée en octobre 2016 et baptisée du nom de l’ancien président du Conseil  constitutionnel, Boualem Bessaïeh - un don de la Chine à l’Algérie, d’une valeur de 36 millions de dollars américains. Elle a été invitée par le wali d’Alger, qui l’a découverte lors de sa visite en juin dernier à Montréal. «Quand le wali d’Alger était à Montréal [12e Congrès mondial Metropolis, NDLR], on avait discuté des possibilités d’échange et de coopération entre la wilaya et la diaspora. Il y avait un côté artistique. Nous lui avons parlé d’une artiste dont le rêve est de se produire à l’Opéra d’Alger. Il a été tout de suite favorable», rappelle Abdelghani Cheriaf,  consul d’Algérie à Montréal. La soprano, qui a passé toute son enfance à Hassi Messaoud, dans le Sud algérien, où travaillait son père, a préparé un programme qui ravira les oreilles les plus exigeantes. Elle va revenir sur l’ensemble de sa carrière, en commençant par son répertoire classique (l’école italienne, russe…).  «C’est en artiste universelle qu’elle se produira à Alger», explique sa productrice. D’ailleurs, le récital devrait démarrer très fort, avec un air de l’Opéra Tosca, que peu de sopranos sont capables de toucher. La deuxième partie du récital ira puiser dans le patrimoine arabe et berbère. Des choix conscients, puisque la soprano revendique toutes ces cultures. Beaucoup se rappellent sa reprise magistrale de la chanson Ssendu de Iddir, qui vient de se produire à Alger dans un concert mémorable, après 39 ans d’absence. Elle partage avec lui «un amour incroyable du pays», souligne son entourage. Faïrouz Oudjida reprendra aussi une partie de son récital Faïrouz chante Faïrouz, donné à Montréal en octobre 2017 dans le cadre du Festival du monde arabe. Elle y a rendu un hommage à la diva libanaise. Elle sera accompagnée du pianiste canadien Dominic Boulianne. Lauréat du Prix du conservatoire de musique de Montréal, il a l’habitude d’accompagner les stars québécoises du chant lyrique, comme Nathalie Choquette et Marie-Josée Lord. Il a travaillé aussi avec le Maestro Kent Nagano à l’Orchestre symphonique de Montréal. Faïrouz Oudjida a fait ses preuves avant son arrivée au Canada. Elle a été la soliste de l’Orchestre symphonique national (Algérie) pendant plusieurs années. Elle a parfait sa culture musicale à Milan (Italie), entre autres. Elle obtient le prix du président de la République pour les jeunes talents. En 2015, c’est la fondation Club Avenir, un organisme qui promeut l’excellence dans la diaspora algérienne du Canada, qui lui décerner un Prix d’excellence. Mais la meilleure reconnaissance, dit-on, vient des pairs. Et c’est en ces mots fort élogieux que la décrit Martin Dubé, chef de chant à la Julliard School of Music de New York et à l’Opéra de Philadelphie : «La soprano Faïrouz Oudjida a une voix riche, ronde et pleine. Elle a un charme, une grâce et un timbre des plus chauds, nous rappelant les grandes chanteuses italiennes. Emotions et plaisirs seront au rendez-vous dès les premières notes de Faïrouz.»           

Inasliyen pour fêter Yennayer

La Maison de la culture de Béjaïa a eu la très bonne idée de programmer le groupe Inasliyen pour ce vendredi  12  janvier  à 17h, à l’occasion de Yennayer, désormais journée chômée, payée et chantée. Une occasion pour le grand public de dé
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Inasliyen pour fêter Yennayer

La Maison de la culture de Béjaïa a eu la très bonne idée de programmer le groupe Inasliyen pour ce vendredi  12  janvier  à 17h, à l’occasion de Yennayer, désormais journée chômée, payée et chantée. Une occasion pour le grand public de découvrir, ou redécouvrir, ce groupe mythique, pionnier de la musique moderne kabyle de bonne qualité. «Nous avons travaillé trois ans pour monter le spectacle que nous allons donner ce vendredi», précise Ravah, qui s’est entouré de jeunes musiciens. Un retour sur scène, mais aussi à la composition puisque le groupe enregistre en studio en ce moment son prochain album, même si, au fond, Ravah, le fondateur et chanteur du groupe, avoue qu’il ne s’est jamais réellement arrêté depuis près de 50 ans. En effet, c’est à la fin des années 60’, à El Biar, quartier situé sur les hauteurs d’Alger, que naît le premier embryon du groupe Inasliyen autour de Ravah Hammouche et de ses neveux. Originaire d’El Kseur, la famille Hammouche baigne dans une culture musicale familiale faite de guitares et de tourne-disques. C’est donc tout naturellement que le groupe se forme autour de cousins, frères et neveux, qui se répartissent les tâches et les instruments. Ravah fait surtout du chaâbi, mais, de plus en plus séduit par la musique moderne, il compose sa première chanson, Thagmats, sur le texte d’un neveu, Idir Madjid. Inasliyen participe à un concours de musique au cinéma Le Rex, à El Biar, et obtient le premier prix. Encouragé par ce premier succès, le groupe se lance définitivement. Après Thagmats, d’autres compositions suivent, et en 1970, le groupe effectue enfin son premier enregistrement au studio Oasis, ce label qui a également produit Idir et beaucoup d’autres. Il s’agit de deux chansons, Idurar, et Thagmats, qui sont aussitôt déposées à la radio. En 1972, d’autres compositions voient le jour. Le groupe fait un passage chez Mohamed Belhanifi et son incontournable «Ighenayen uzekka». En 1979, Inasliyen enregistre à la salle El Mougar, sur un Nagra, mais la bande n’est toujours pas commercialisée. «Nous sommes le groupe qui a fait le plus de places publiques à Alger entre 1985 et 1986. On allait volontiers vers le public, mais au début c’était assez difficile d’imposer notre style», se souvient Ravah. En 1979, Inasliyen est le premier groupe kabyle à se produire au TRC (Théâtre régional de Constantine) mais il faudra attendre 1983 pour qu’arrive sur le marché le fameux album Tafsut U Mazigh, enregistré dans un petit studio en France et payé avec l’argent des premiers spectacles. «Le propriétaire du studio nous a fait un prix parce que notre musique lui plaisait bien», se rappelle Ravah. Lorsque l’album sort en Algérie, il fait un véritable tabac. Inasliyen a produit un son et un style nouveaux. Sa musique s’inspire des mélodies du terroir, mais les arrangements sont audacieux et le mandole de Raveh apporte une touche originale. Guitares, piano, hautbois, mandole, le groupe innove dans le domaine du son et produit un son propre à lui. Servi par d’excellents musiciens, le groupe introduit également la polyphonie. «Je crois que c’est la beauté des mélodies bien harmonisées, le chant et puis le mandole de 12 cordes de Ravah qui ont donné ce cachet spécial», dit Kamel Mohamed, guitariste et membre du groupe actuel. Dès ses premières compositions, Inasliyen s’est imposé comme l’un des portes flambeaux de la revendication identitaire berbère. Tout au long de sa carrière, le groupe restera fidèle à cet engagement. En 1986, l’Algérie fait venir de grandes stars de la chanson pour la grande Fête de la jeunesse qu’elle organise. Graeme Allwright, le chanteur engagé qui s’est fait connaître par la reprise de certains standards de la country américaine, de Dylan et de Leonard Cohen, fait partie du lot. Fidèle à ses principes, Allwright a demandé à ne pas être payé. En revanche, il veut rester un peu plus en Algérie et s’imprégner de la musique populaire algérienne. C’est un groupe algérois qui est chargé de l’accompagner. Au bout de quelques jours, la collaboration entre le chanteur et le groupe s’arrête faute d’avoir les mêmes atomes crochus. Un groupe de hard rock est désigné pour remplacer le premier désigné, mais Allwright ne trouve toujours pas son compte. Mourad, chanteur du groupe Inasliyen, qui activait à l’époque dans le comité des fêtes, le contacte et lui présente les musiciens de son groupe. Le courant passe bien entre les deux. Cette fois-ci Graeme Allwright a trouvé chaussure à son pied. Inasliyen passe en première partie du spectacle, avant de revenir accompagner le célèbre troubadour en deuxième partie. La Télévision algérienne, bien sûr, ne montre que la deuxième partie. A ce propos, d’ailleurs, Ravah est éloquent : «On a souvent été filmés mais jamais montrés à la télé.» Même le clip monté par Aziz Smati sur Issiakhem n’a pas trouvé grâce aux yeux de la Télévision algérienne. Issiakhem, est pourtant une personnalité culturelle qu’on ne peut soupçonner de subversion politique. En 1992, le groupe enregistre Issiakhem, avec le producteur et musicien bien connu Saâd Kazem, mais, longtemps attendu par les fans, l’album ne sera jamais commercialisé. Des titres cultes comme Tilufa et Idurar, cinquante années de carrière et jamais un passage à la télévision. C’est pour ça qu’il faut aller écouter Inasliyen. C’est aussi parce que c’est de la très bonne musique.

Nawel Madani, la grande sœur

A la veille de ses shows affichantdéjà complet à l’Opéra d’Alger, cette fin de semaine, l’humoriste, comédienne et réalisatrice, Nawell  Madani, qui n’est plus à présenter, a fait une B.A. Une bonne action, quoi. Et ce, en regroupant des st
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Nawel Madani, la grande sœur

A la veille de ses shows affichantdéjà complet à l’Opéra d’Alger, cette fin de semaine, l’humoriste, comédienne et réalisatrice, Nawell  Madani, qui n’est plus à présenter, a fait une B.A. Une bonne action, quoi. Et ce, en regroupant des stand-uppers du «bled» dans un établissement très couru à Hydra. Le restaurant Le Perchoir, sis au désormais «Le 48». Où un arbre a poussé depuis et commence à prendre racine. L’Arbre à dire. La librairie des éditions Barzakh. Ainsi, Nawell Madani, en grande sœur et en guise de mise en bouche (à oreille), a voulu encourager, soutenir et révéler les jeunes talents du stand-up algérien. Et il en regorge. Nawel Madani leur a donné leur chance en se produisant dans un lieu public, le restaurant Le Perchoir. Histoire d’aller plus haut. Et s’il vous plaît, gratuitement et sans aucune contrepartie ou autre condition. Pour le «fun». Le gérant de cet établissement a vraiment apprécié ce happening très «show» au cœur. Donc, au menu de la carte : rire et sourire. Une deam team au «Perchoir» C’est devant le «beautiful people» et dans une ambiance conviviale, familiale et à la bonne franquette que toute une nouvelle génération a dévoilé un pur talent. Mimi (Amiar Mariam), venue d’Oran, a fait dilater la rate avec l’histoire de la drague en Algérie. Mais à travers l’humour, elle a révélé la violence faite aux femmes et leur détresse humaine. Car traitées telles des proies. Ania, d’Alger, possède un humour très fin et cynique sur la monotonie des gens bien nés ; Lina Boudraâ, dont c’était le baptême du feu, a été hilarante avec le sketch sur L’intelligence des pipelettes (tkar’idj). Choucou, de Sidi Bel Abbès avec La promiscuité, l’austérité (takachouf), Zahrou, d’Oran, avec ses amourettes, Amine Moussaoui, de Tipasa, avec son analogie entre les bébés algérien et français, la cuisine turque et le kitsh des «condoléances» dansantes de Bollywood, Didine, d’Alger, avec sa smala et sa débrouillardise, Abdelhak Zorgane, de Sétif, avec ses injonctions répétitives (chouf chouf…), ou encore Zinou, d’Oran, en chauffeur de salle drolatique, ont tous fait pouffer, sourire, tordre et se bidonner de rire la clientèle. Et pour couronner le tout, et bien cela a été filmé par une équipe de Canal Plus, s’étant déplacée spécialement pour Nawel. «Alger Mon Humour» C’est au prestigieux Opéra d’Alger que se tiendra la première édition de «Alger mon humour», une édition qui a su rencontrer son public, 7000 spectateurs sur 4 représentations. L’initiative de Keral Productions, le producteur, Farid Benlagha, en partenariat avec l’Office national des droits d’auteur (ONDA), le Sheraton Alger, la compagnie aérienne Aigle Azur et l’humoriste, comédienne, productrice et désormais réalisatrice Nawell Madani, célèbre l’humour sous toutes ses formes. Les shows de Nawell Madani à l’Opéra d’Alger seront l’occasion de découvrir son nouveau spectacle. Accompagnée par une troupe de danseuses et danseurs, son spectacle plein d’humour sera rehaussé par la présence exceptionnelle d’invités surprises. Cet événement, qui mêle des sensibilités et des talents, sera suivi le troisième jour par la projection en avant-première en Algérie du nouveau film de Nawell Madani, une comédie, C’est tout pour moi, avec François Berléand. Nawell Madani a pris un soin particulier à inscrire son pays d’origine dans sa longue tournée. Son attachement profond à l’Algérie fait d’elle une des plus belles ambassadrices. La preuve, cette générosité et ce présent inespéré offert au restaurant Le Perchoir. C’est sûr, les spectacles de Nawell seront «show».

«La banlieue, c’est la France, alors qu’on la désigne comme un territoire extérieur…»

D’abord, qui est Karim Bouhassoun ? J’ai 38 ans et suis né en France dans un quartier populaire de la région parisienne de parents originaires de l’Ouest algérien, près de Mostaganem, à Hadjadj Sidi Ali. Des racines familiales dont je suis extr
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«La banlieue, c’est la France, alors qu’on la désigne comme un territoire extérieur…»

D’abord, qui est Karim Bouhassoun ? J’ai 38 ans et suis né en France dans un quartier populaire de la région parisienne de parents originaires de l’Ouest algérien, près de Mostaganem, à Hadjadj Sidi Ali. Des racines familiales dont je suis extrêmement fier. Militant de la lutte contre les inégalités, je me suis engagé tôt dans le combat contre le «décrochage» scolaire, puis auprès de chefs d’entreprise, d’associations et d’élus. Ma passion pour les livres m’a transporté jusqu’à la Sorbonne, où j’ai étudié la philosophie, et à sciences Po, à Paris. J’ai eu la chance d’avoir des fonctions très formatrices par la suite, comme conseiller des grands groupes dans leurs fusions, ou des ministères dans leurs stratégies de communication. Depuis 2014, je suis conseiller politique de la présidente de la région Bourgogne-Franche-Comté. J’ai eu la chance de redécouvrir l’Algérie avec un regard adulte, après la décennie noire. Nous nous sommes engagés à lancer des passerelles avec quelques amis élus, d’abord en organisant des voyages d’élus français en Algérie, comme en 2012. J’ai eu la chance également de croiser la route de l’ambassadeur Xavier Driencourt, avec qui nous avons co-écrit, avec Rachid Arhab, qu’on ne présente plus, et Nacer Safer, un ancien sans-papiers algérien vivant en France depuis 12 ans, Quatre nuances de France (Salvator, 2016, Paris), préfacé par Jean-Louis Debré et Jean-Pierre Chevènement. Qui est d’ailleurs paru en Algérie chez Frantz Fanon sous le titre Quatre nuances de France, Quatre passions d’Algérie. C’est une thèse sur la banlieue. En quoi pourrait-elle intéresser les lecteurs algériens ? Quand je parle de banlieue, je parle des quartiers prioritaires de la «politique de la ville». Ce sont près de 1300 territoires qui regroupent 5 millions de Français. Ces territoires où un habitant sur deux est fils d’immigré concentrent les inégalités. Ce qui en fait une bombe à retardement sociale. Chômage de masse, oisiveté, pauvreté, exclusion, délabrement urbain, stigmatisation, insécurité. Pour être plus précis, le taux de pauvreté est 3 fois plus élevé que la moyenne nationale. Décrire ces territoires, au-delà des chiffres, est aisé : de grands ensembles construits à la hâte dès les années 60, à la périphérie, délaissés par les investisseurs, les classes moyennes, les services publics… comme une société parallèle pauvre dans un pays riche, et qui incarnent les pires cauchemars de la classe moyenne française. C’est un message aux élites que vous adressez ? La banlieue, c’est la France, alors que tout semble la désigner comme un territoire extérieur. C’est une chance pour la France si on comprend qu’il faut y investir. France Stratégie, un organisme rattaché au Premier ministère, chiffre à 150 milliards d’euros, soit 7% de la richesse nationale, le manque à gagner des discriminations diverses et variées en France. La banlieue en est le cœur. Je dis aussi à nos élites que les banlieues n’ont pas de représentants et qu’elles ne peuvent donc pas monnayer de moyens et politiques dédiés dans les négociations nationales. On n’a pas entendu un seul mot, alors qu’un nouveau quinquennat porteur d’espoirs s’ouvre, dans trois moments fondateurs du mandat présidentiel en 2017 : le discours du président de la République devant le Congrès (l’Assemblée nationale et le Sénat réunis) ; le discours de politique générale du Premier ministre devant l’Assemblée nationale, et enfin lors de la conférence nationale des territoires, qui fixe le cadre partenarial entre l’Etat et les collectivités territoriales, qui ont, et c’est méconnu en Algérie, une grande autonomie. L’Etat a donc une responsabilité «parentale» envers les banlieues, c’est-à-dire qu’il n’a pas d’opposition constituée dans les banlieues et celles-ci n’ont pas d’élus, elles sont donc livrées à elles-mêmes. L’ambassadeur de France en Algérie,Xavier Driencourt, dit de vous que vous incarnez un «modèle de méritocratie républicaine». Qu’est-ce qui vous différencie des autres personnes qui ont la même histoire récente ? C’est heureux d’entendre cela. ça me touche beaucoup. Mais pour un Karim qui réussit sciences Po et qui prend la plume, combien d’anonymes sont restés sur le bord du chemin ? En France, 150 000 jeunes quittent le système scolaire chaque année sans qualification. Je pense que l’échec et la détermination sont la meilleure des écoles, quel que soit le milieu social auquel on appartient. J’ai subi une succession d’échecs qui, finalement, m’ont permis de me raccrocher au train des études. Si on remonte plus haut, sûrement aussi, et en toute sincérité, une éducation parentale équilibrée qui a laissé la part du lion à l’éducation scolaire dans notre éducation tout court. Ma mère et mon père avaient en quelque sorte donné une «délégation de service public» aux instituteurs pour tout ce qui ne concernait pas notre vie privée. Cela est resté. Enfin, j’ai une passion, la chose publique, que j’ai découverte assez tard. Le drame est que beaucoup de nos jeunes que je rencontre dans les collèges aujourd’hui ne croient pas à l’école comme levier de la réussite, ou pire, ils n’extériorisent pas de projets. Alors qu’il faut un cap pour avoir un projet de vie.  

Le cri du cœur de Karim Bouhassoun

Que veut la banlieue ? Manifeste pour en finir avec une injustice française… est un intéressant ouvrage écrit par Karim Bouhassoum, jeune militant de l’insertion par la culture, de parents émigrés originaires de Hadjadj Sidi Ali, près de Mostaganem.
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Le cri du cœur de Karim Bouhassoun

Que veut la banlieue ? Manifeste pour en finir avec une injustice française… est un intéressant ouvrage écrit par Karim Bouhassoum, jeune militant de l’insertion par la culture, de parents émigrés originaires de Hadjadj Sidi Ali, près de Mostaganem. Ce livre, édité en septembre 2017 par la maison L’Harmattan et préfacé par le journaliste écrivain Rachid Ahrab, se veut être une introspection sans détour sur la réalité des quartiers populaires qui forment une zone presque à part dans l’Hexagone, un no man’s land auquel l’auteur, pour y être né et y avoir vécu avant de connaître une brillante ascension universitaire qui le mènera à la Sorbonne et à Sciences Po, accorde une vision pragmatique plus en rapport avec sa dimension sociale et culturelle. Pour Karim, la banlieue, en raison de sa marginalisation par le pouvoir politique et des inégalités sociales qui la caractérisent, reste une injustice française au sens le plus profond du terme. Politiquement, elle n’intéresse l’establishment que quand elle produit des drames. Socialement, elle est toujours à la traîne, ses habitants vivant dans une précarité préoccupante. Que veut la banlieue ? prend ainsi le contour d’un cri de cœur pour réveiller les consciences sur un vrai phénomène de déperdition, et surtout d’un défi démocratique, à l’heure où le péril des extrêmes est devenu omniprésent dans une France qui perd de plus en plus ses repères.  

«Yennayer, un symbole et une histoire»

La direction de la culture organise une semaine de festivités pour célébrer Yennayer, et le mouvement associatif se mobilise pour marquer l’événement dans plusieurs communes de la wilaya. La première célébration de Yennayer après son officialisat
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«Yennayer, un symbole et une histoire»

La direction de la culture organise une semaine de festivités pour célébrer Yennayer, et le mouvement associatif se mobilise pour marquer l’événement dans plusieurs communes de la wilaya. La première célébration de Yennayer après son officialisation revêt un cachet particulier, cette année, notamment avec la mobilisation des institutions publiques pour marquer le premier jour de l’an berbère. D’ailleurs, à Tizi Ouzou, la direction de la culture a mis sur pied, en collaboration avec l’université Mouloud Mammeri, le Haut-Commissariat à l’amazighité, le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques, ainsi que le mouvement associatif, un programme d’activités qui s’étale sur une semaine de festivités. Des artisans, universitaires, auteurs, peintres, comédiens, entre autres, venus d’une vingtaine de wilayas du pays, notamment Tlemcen, Ghardaïa, Tipasa, Bouira, Chlef, Bordj Bou Arréridj, Oum El Bouaghi, Boumerdès, Illizi, Tamanrasset, Adrar, Tindouf, Tébessa, Blida, Khenchela, Souk Ahras, Alger, Sétif et Batna, prennent part à ce rendez-vous. Placée sous le signe «Yennayer, fête nationale pour l’un des repères de l’identité algérienne», cette célébration porte notamment sur le marché de Yennayer. De la poterie, la vannerie, le tapis, la forge et des produits agricoles (huiles, miel, figues sèches, légumes secs et plantes médicinales) sont mis en vente, à l’occasion, à la placette de l’actuel musée de la ville et au niveau de celle de l’ancienne gare routière. La maison de la culture Mouloud Mammeri abrite également une exposition de livres de sculpture, peinture, calligraphie, et des photographies et objets traditionnels mises en place par des associations et organismes publics. L’ouverture de cette semaine culturelle a été faite dimanche, avec, à la clef, un séminaire sous le thème «Yennayer, un symbole et une histoire plusieurs fois millénaire». La première journée de cette rencontre a été animée par Slimane Hachi, chercheur, anthropologue et directeur du CNRPAH d’Alger, Abdenour Abdeslam, écrivain, Brahim Tazarart, éditeur et auteur Saïd Chemakh, enseignant à l’université Mouloud Mammeri, et Hamid Bilek, archéologue et ancien cadre au HCA. D’autres infrastructures, relevant du même secteur ont été également mobilisées pour marquer l’événement, comme la bibliothèque centrale de la ville de Tizi Ouzou, qui abrite une exposition de livres sur Yennayer, tout comme la Cinémathèque, qui a programmé la projection de plusieurs productions, comme les films Na Taous, de Sid Ali Mazif, Arezki l’indigène, de Djamal Bendedouche, La Langue de Zahra, de Fatima Sissani, L’Insoumis, de Liazid Khodja et Rachid Benallal, Fadhma n’Soumer, de Belkacem Hadjadj et La montagne de Baya, de Azzedine Meddour. Le théâtre régional Kateb Yacine est aussi au rendez-vous avec le nouvel an berbère puisque des pièces théâtrales y sont au menu. Lors de la cérémonie d’ouverture de la semaine de Yennayer 2968, qui s’est déroulée en présence des représentants du wali, du président de l’APW, Youcef Aouchiche, du maire Ouahab Aït Menguellet, des députés et sénateurs, Nabila Goumeziane, directrice de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou, a estimé que «cette année, la célébration de ce grand jour revêt un caractère historique après son officialisation par le président de la République qui l’a décrétée journée nationale, chômée et payée, au grand bonheur de l’ensemble du peuple algérien. Ainsi, ce premier jour de l’an amazigh est l’un des puissants dénominateurs communs, pour le peuple algérien, qui consolide notre histoire et notre culture», a-t-elle déclaré, avant d’ajouter qu’il est de tradition, «qu’il soit célébré dans un esprit de partage, de communion, de solidarité et beaucoup de joie dans notre pays et même à l’échelle nord-africaine». La direction de la jeunesse et des sports n’est pas en reste des festivités de Yennayer, puisque des activités sont aussi au programme dans ses établissements à travers les différentes communes, comme Maâtkas, Ouaguenou, Aït Aïssa Mimoun, Iboudrarene et Assi Youcef. Par ailleurs, le mouvement associatif se mobilise aussi pour perpétuer cette tradition millénaire par des festivités et de par le rituel repas de couscous au poulet. La même tradition sera perpétuée dans des communes comme Makouda, Timizart, Aïn El Hammam, Larbaâ Nath Irathen, Azazga, Draâ El Mizan, Ouadhias, Tigzirt et Boghni.  

Un roman historique

Populariser de grandes figures de l’histoire ou faire revivre des époques lointaines et contribuer ainsi à la construction d’un récit national, telle est la vocation du roman historique. Dans le cas de l’Algérie, si la période de la guerre de Lib
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Un roman historique

Populariser de grandes figures de l’histoire ou faire revivre des époques lointaines et contribuer ainsi à la construction d’un récit national, telle est la vocation du roman historique. Dans le cas de l’Algérie, si la période de la guerre de Libération est abondamment traitée, il y a peu de récits du côté algérien sur cette période charnière qu’a été la conquête, les transformations qu’elle a induites sur tous les plans : catastrophes, au sens étymologique du terme, bouleversement total, qui n’ a rien épargné, ni les structures politiques, ni les structures sociales, ni les structures religieuses. Documenter l’histoire du XIXe siècle à partir d’un point de vue algérien Cette relative pénurie de récits du point de vue algérien -qu’ils soient des sources premières ou des fictions historiques- est sans doute ce qui explique la décision des éditions Casbah de faire paraître à l’occasion du Salon du livre 2017 le roman de Mohamed Sadoun, Débâcle. Le titre, associé à une couverture reproduisant le tableau d’un peintre orientaliste, Prosper Baccuet, «Vue de Miliana en Afrique du Nord» (huile sur toile, 1848), indique davantage le point de vue de l’éditeur que celui du romancier, les deux se superposant sans s’exclure : si le premier est intéressé par un roman reposant sur une documentation solide et qui pallie un manque, le  second s’interroge sur les choix tels qu’ils ont pu être vécus par des tribus n’ayant pas encore la conscience d’être une nation. Du côté algérien,  on ne disposait que de rares points de vue sur la conquête, il s’agissait essentiellement de ceux des deux grandes figures de la résistance, Ahmed Bey et  Abdelkader : le premier mène le combat au nom de la fidélité à l’Empire ottoman qui, malgré ses appels réitérés, ne lui envoie aucune aide, le second incarne l’aspiration à un Etat moderne. Dans le roman de Mohamed Sadoun, la sympathie pour le second transparaît  : l’auteur voit en lui celui qui cherche à «dépasser le cadre des tribus et des confréries pour construire quelque chose de nouveau» et aussi celui qui «recommande de donner une grande part à l’instruction de tous.» Ailleurs, c’est la foi raisonnée de l’Emir que l’auteur pointe, le représentant d’un islam de raison. Le choix des événements auxquels se réfère M. Sadoun participe aussi d’un point de vue algérien : il va des exactions de Bugeaud, aux faits les plus marquants : le traité de la Tafna, la bataille d’Isly, l’exil de certaines tribus au Maroc puis leur retour en Algérie, les transformations des villes, les «villages nègres», le senatus consulte, qui rend provisoirement les terres avant qu’elles ne soient à nouveau confisquées. Un point de vue sur l’histoire du XIXe siècle On ne trouvera pas de psychologie dans le roman de Mohamed Sadoun, les personnages incarnent des rôles qui prennent sens dans l’histoire. Ce qui n’empêche pas l’auteur d’éprouver une empathie pour les individus qui ont disparu, tués, condamnés, réduits à la misère et à l’exil, en proie aux épidémies. C’est en historien de son temps, sensible aux processus de la colonisation, à la mise en œuvre d’un système à la fois de destructions et de pillages et dans le même temps d’instauration d’un ordre privilégiant l’exploitation des hommes et la rentabilisation des ressources que l’auteur écrit ; le système colonial s’insinue dans toute la vie : il se traduit par la multiplication des implantations villageoises, la paupérisation des indigènes, réduits à vendre  leur force de travail aux nouveaux occupants, l’apparition des usines qui permettent à certains de connaître un relatif confort dans un monde où la seule issue est l’assimilation par la fréquentation de l’école, quand celle-ci est accessible. Historien de son temps, Mohamed Sadoun l’est aussi quand le point de vue rétrospectif qui est le sien permet de faire voir l’étendue du désastre pour l’Afrique du Nord, Egypte comprise : il montre aussi bien les retournements du royaume chérifien lui-même, soumis aux pressions des Anglais, des Espagnols et des Français, que les difficultés de la Tunisie, analogues dans le fond -si ce n’est dans la forme- à celle de l’Algérie. La défaite d’Orabi Pacha en 1882, qui aboutit à la mainmise de la Grande-Bretagne sur l’Egypte est aussi la fin de tout espoir pour le monde arabe, de l’Atlantique au Moyen-Orient : pour l’auteur, le XIXe siècle est celui de la catastrophe pour des sociétés traditionnelles, qui auront combattu avec courage mais n’auront pu s’opposer à la collusion entre colonisation et capitalisme.  

«Une fête inscrite dans la société»

- Pouvez-vous nous parler de la symbolique de Yennayer ? La fête de Yennayer fait partie du calendrier agraire en usage chez toutes les populations sédentaires en Afrique du Nord. Elle existe depuis la haute Antiquité. Elle correspond, d’ailleurs, au n
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«Une fête inscrite dans la société»

- Pouvez-vous nous parler de la symbolique de Yennayer ? La fête de Yennayer fait partie du calendrier agraire en usage chez toutes les populations sédentaires en Afrique du Nord. Elle existe depuis la haute Antiquité. Elle correspond, d’ailleurs, au nouvel an du calendrier julien, qui était en vigueur dans toute la Méditerranée. Etant dans l’ensemble géopolitique musulman, les populations nord-africaines n’étaient pas concernées par la réforme du pape Grégoire XIII, en 1582. Nous ne sommes pas le seul peuple à avoir gardé Yennayer comme nouvel an. La Russie n’a adopté le calendrier grégorien qu’en 1918 et la Grèce en 1923. Les Berbères, qu’ils soient berbérophones ou arabophones, ont toujours fêté le début de Yennayer comme étant une des portes de l’année. - Quelle lecture faites-vous de l’officialisation du Nouvel An amazigh ? L’officialisation de cette fête participe à l’intégration de l’Etat officiel dans la société qui en est son émanation. L’Etat a intégré le 1er janvier, jour de l’an universellement admis, et le 1er Moharram, jour de l’an musulman, il est tout à fait normal qu’il intègre une fête comme le jour de l’an amazigh, car en plus d’être une tradition, c’est une fête inscrite dans la société depuis plusieurs millénaires. - La célébration de cette date sera-t-elle, selon vous, désormais différente de celle des années précédentes ? La différence de la célébration de cette fête avec les années précédentes est dans cette partie de l’histoire et du vécu réel et sociétal amazighs qui sont désormais consacrés. La question n’est pas que la journée soit chômée et payée, mais qu’elle soit reconnue institutionnellement comme fête de tous les Algériens. Il s’agit d’une réconciliation de la culture officielle avec la culture vécue effectivement par la société. - Quelle était, selon vous, la place de la revendication de l’officialisation de Yennayer dans le combat identitaire ? Personnellement, je suis heureux de cette consécration, mais j’attends encore plus de l’Etat, à savoir le vote d’une loi organique pour la création de l’académie de la langue amazighe et la généralisation de son enseignement à travers tout le territoire national. Enfin, tout ce qui peut contribuer (enseignement, nouvelle technologie…) à ce que tamazight ne disparaisse pas dans 20 siècles est le bienvenu, surtout lorsqu’on sait que, selon le rapport de l’Unesco 2009, la moitié des langues en usage dans la planète sur les 6000 qui existent, vont disparaître d’ici 2050. Tout ce qui peut aider à la sauvegarde de la tamazight doit être capitalisé.                         

Confusion autour du projet de film Le Dina

La confusion règne depuis quelques jours autour du projet de long métrage consacré au Dina, du nom de ce premier bateau d’armes destinées à la Révolution  algérienne, et qui avait fait l’objet d’un film-documentaire remarquable de l’ENTV en 20
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Confusion autour du projet de film Le Dina

La confusion règne depuis quelques jours autour du projet de long métrage consacré au Dina, du nom de ce premier bateau d’armes destinées à la Révolution  algérienne, et qui avait fait l’objet d’un film-documentaire remarquable de l’ENTV en 2016, réalisé par Abderrahmane Hayane. Lors d’un récent séminaire consacré à «L’image de la Révolution algérienne dans la création artistique et littéraire», organisé à Mostaganem, le ministre de la Culture,  Azzedine Mihoubi, cité par le journal El Chourouk, avait déclaré lors de son discours qu’un accord avait été conclu avec des producteurs privés algériens et égyptiens pour la réalisation d’un film sur l’odyssée du navire Le Dina.  L’annonce de ce projet a surpris beaucoup de monde dans la grande famille du cinéma algérien par la rapidité avec laquelle il a été conclu, d’une part, par le montant alloué (considérable, selon certaines sources) et par, d’autre part, le choix de la société de production et du réalisateur, tous tunisiens, et non pas égyptiens. La surprise a été encore plus importante du côté de la famille détentrice des droits sur le livre que Nadir Bouzar -responsable de l’expédition  Le Dina - avait écrit à l’époque pour relater l’odyssée de ce yacht jordanien, réquisitionné par la Révolution algérienne, et seul document historique sur ce haut fait d’armes. La surprise a été, enfin, complète du côté du réalisateur du film-documentaire Le Dina, qui, sur les plateaux de la Télévision publique, lors de la diffusion de son documentaire et lors de l’avant-première de celui-ci à la Cinémathèque d’Alger en mai 2016, avait annoncé la mise en chantier du scénario du long métrage. Le projet du film, scénario écrit et plan de financement élaboré, avait alors été effectivement déposé par le réalisateur en janvier dernier auprès de l’ONDA, de l’ENTV et du ministère des Moudjahidine. Le FDATIC, (Fonds d’aide au cinéma national du ministère de la Culture), refusant de le réceptionner, les caisses du Fonds étant vides à l’époque. Bon nombre d’autres projets s’étaient vu opposer le même refus pour la même raison. La situation du FDATIC semble, cependant, s’être nettement améliorée financièrement depuis quelques mois, puisque 2 ou 3 projets, en suspens depuis quelques années, ont été récemment débloqués. Mais c’est assurément le projet «L’Odyssée du Dina», porté par la société de production tunisienne, connue pour ses émissions de variété, de jeux et de feuilletons diffusés sur les chaînes privées algériennes, qui a, semble-t-il, décroché le pactole au détriment de la famille Bouzar, détentrice des droits sur le livre le Dina, et du réalisateur, Abderrahmane Hayane, détenteur des droits sur le scénario du film. «l’Odyssée du Dina» raconte l’histoire d’une poignée d’hommes, pour la plupart non marins, qui avaient bravé les conditions climatiques de l’hiver 1955 à bord d’un petit yacht royal jordanien appartenant à la reine de Jordanie de l’époque, la reine Dina. Le navire avait été arraisonné quelque temps avant par des fidayine algériens à Tripoli, en Libye, convoyé vers l’Egypte, puis chargé de 23 tonnes d’armes d’origine irakienne, avant d’appareiller d’Alexandrie pour une traversée qui devait durer 7 jours. Ce fut finalement 32 jours de calvaire pour l’équipage du navire commandé par Nadir Bouzar, un haut fonctionnaire de l’administration française au Maroc, ayant fait défection pour rejoindre la résistance maghrébine au Caire dès 1953.

Chant lyrique : La Soprano Fairouz Oudjida à l’Opéra d’Alger

Et le rêve devient réalité pour la soprano algérienne Fairouz Oudjida.  La semaine prochaine, mardi 16 janvier plus précisément, elle se produira à l’Opéra d’Alger en un récital unique où elle revisitera les classiques de la musique occidental
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Chant lyrique : La Soprano Fairouz Oudjida à l’Opéra d’Alger

Et le rêve devient réalité pour la soprano algérienne Fairouz Oudjida.  La semaine prochaine, mardi 16 janvier plus précisément, elle se produira à l’Opéra d’Alger en un récital unique où elle revisitera les classiques de la musique occidentale et berbéro-arabe. Vivant au Canada depuis 2010, la Soprano Fairouz Oudjida s’est produite il y a un peu plus d’une année au Palais de la culture d’Alger dans le cadre des Journées scientifiques et culturelles de la diaspora algérienne du Canada.  Mais « c’est l’opéra d’Alger qui convient à une Soprano comme elle », souligne sa productrice Sara Nacer de SN Production.  Depuis cette date, le focus a été mis sur l’institution culturelle inaugurée en octobre 2016 et baptisée du nom de l’ancien président du Conseil  constitutionnel Boualem Bessaïh - un don de la Chine à l’Algérie d’une valeur de 36 millions de dollars américains. Mais entre le rêve et sa concrétisation, il a fallu attendre la visite à Montréal en juin dernier du Wali d’Alger pour mettre en branle la machine. A cette occasion, Abdelkader Zoukh a donné son accord pour que Fairouz Oudjida se produise à Alger. « Quand le wali d’Alger était à Montréal [12e Congrès mondial Metropolis, NDLR], on avait discuté des possibilités d’échange et de coopération entre la wilaya et la diaspora.  Il y avait un côté artistique. Nous lui avons parlé d’une artiste dont le rêve est de se produire à l’Opéra d’Alger. Il a été tout de suite favorable », rappelle Abdelghani Cheriaf. La Soprano qui a passé toute son enfance à Hassi Messaoud dans le sud algérien où travaillait son père, a préparé un programme qui ravira les oreilles les plus exigeantes. Elle va revenir sur l’ensemble de sa carrière en commençant par son répertoire classique (l’école italienne, russe…).  « C’est en artiste universelle qu’elle se produira à Alger », explique sa productrice. D’ailleurs le récital devrait démarrer très fort avec un air de l’opéra Tosca que peu de Sopranos sont capables d’y toucher.  La deuxième partie du récital ira puiser dans le patrimoine arabe et berbère.  Des choix conscients puisque la soprano revendique toutes ces cultures.  Beaucoup se rappellent sa reprise magistrale de la chanson Ssendu  de Idir qui vient de se produire à Alger dans un concert mémorable après 39 ans d’absence.  Elle partage avec lui « un amour incroyable du pays », souligne son entourage. Fairouz Oudjida reprendra aussi une partie de son récital Fairouz chante Fairouz donné à Montréal en octobre dernier dans le cadre du Festival du monde arabe. Elle y a rendu un hommage à la diva libanaise.   Elle sera accompagnée du pianiste canadien Dominic Boulianne.  Lauréat du  Prix du Conservatoire de musique de Montréal, il a l’habitude d’accompagner les stars québécoises du chant lyrique comme Nathalie Choquette et Marie-Josée Lord. Il a travaillé aussi avec le Maestro Kent Nagano à l’Orchestre symphonique de Montréal. Fairouz Oudjida a fait ses preuves avant son arrivée au Canada. Elle a été la soliste de l’Orchestre symphonique national (Algérie) pendant plusieurs années. Elle a parfait sa culture musicale à Milan (Italie), entre autres. Elle obtient le prix du Président de la République pour les jeunes talents.  En 2015, c’est la fondation Club Avenir, un organisme qui promeut l’excellence dans la diaspora algérienne du Canada, qui lui décerner un prix d’excellence. Mais la meilleure reconnaissance, dit-on, vient des pairs. Et c’est en ces mots fort sélogieux que la décrit Martin Dubé, chef de chant à la Julliard School of Music de New York et à l’Opéra de Philadelphie : « La soprano Fairouz Oudjida a une voix riche, ronde et pleine. Elle a un charme, une grâce et un timbre des plus chauds nous rappelant les grandes chanteuses italiennes. Émotions et plaisirs seront au rendez-vous dès les premières notes de Fairouz. » 

La voix des... sans-voix !

Véritable globe-trotter, très passionnée par l’aventure nomade, en quête de peuples minoritaires, opprimés, Aouatef Khalloqi, munie de sa caméra et de sa seule détermination, sillonne le monde pour dénoncer les injustices et nous mettre face à nous
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La voix des... sans-voix !

Véritable globe-trotter, très passionnée par l’aventure nomade, en quête de peuples minoritaires, opprimés, Aouatef Khalloqi, munie de sa caméra et de sa seule détermination, sillonne le monde pour dénoncer les injustices et nous mettre face à nous-mêmes. Primée pour ses reportages, la réalisatrice va aussi à la rencontre des minorités pour mettre en valeur leur savoir-faire, leur humilité, leur vie, tout simplement... Sollicitée fin décembre à Rabat, lors d’une formation de journalistes maghrébins sur le contexte migratoire mondial, Aouatef, le verbe facile et les arguments à bras-le-corps, a disséqué son reportage sur les Rohingyas de Birmanie. Pourquoi donc cet intérêt, la seule quasiment à en avoir parlé avec courage et sans fioritures, sommes-nous tentés de dire ? «Le massacre de ce peuple date de 2012, en côte occidentale de la Birmanie, mais aucun média n’en avait soufflé mot. Pour moi, c’était important qu’on puisse mettre la lumière sur ce peuple et c’est comme ça que je me suis intéressée aux Rohingyas». Un sujet qui fait partie de son engagement, celui de s’intéresser au sort des minorités ethniques. En perpétuelle traque de sujets originaux, l’infatigable auteure a écrit Voyage avec des femmes Ouïgoures. «Désir d’aller en Algérie pour écouter des femmes …» Des portraits de femmes appartenant à une minorité musulmane réprimée en Chine. Toujours sur les routes, Khalloqi donne la parole aux sans-voix, aux oubliés dans des documentaires courts, mais expressifs et pleins de découvertes. Mais au-delà des malheurs qu’elle révèle, Aouatef nous fait contempler le monde, sa splendeur, ses hommes, leur diversité, leurs luttes, leurs espoirs... dans des œuvres esthétiques qu’on ne se lasse jamais de voir et de méditer. Travaillant actuellement sur une série de documentaires promouvant l’autonomisation des femmes dans les zones rurales de l’Afrique du Nord, intitulée Mdaif’IN  (Nous sommes hébergés...), Aouatef souhaite dans ce projet aller à la rencontre de femmes algériennes originales, créatrices dont on ne parle pas ou peu. «J’ai vraiment un désir fou d’aller en Algérie pour écouter des femmes, montrer leur travail, mettre en valeur leurs œuvres...», dit-elle.  

Retour gagnant

Et le retour de l’enfant prodigue, le fils du pays, Idir, une légende vivante, cela se fête. Et pour cause ! Il a été célébré par un public venu massivement.» Le prix de la billetterie était entre 2000 (tribune) et 3000 DA (salle). Mina et Salah
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Retour gagnant

Et le retour de l’enfant prodigue, le fils du pays, Idir, une légende vivante, cela se fête. Et pour cause ! Il a été célébré par un public venu massivement.» Le prix de la billetterie était entre 2000 (tribune) et 3000 DA (salle). Mina et Salah, un couple avec un enfant, sont venus de Béjaïa avec d’autres membres de leur famille. Ils ont acheté une dizaine de tickets. Soit 30 000 DA. Mais quand on aime Idir...  on ne compte pas. La preuve, le concert a affiché «sold out» (complet). Lors de sa conférence de presse de mercredi, la veille du concert, Idir avait promis de revoir à la baisse les prix du ticket pour les prochaines dates de sa tournée, notamment le très attendu concert de Tizi Ouzou. C’est un concert-événement baptisé «Les retrouvailles», organisé par l’ONDA (Office national des droits d’auteur) et avec le concours de partenaires, tels que le FCE (le Forum des chefs d’entreprise), l’opérateur de téléphonie Ooredoo et Iris (entreprise spécialisée dans la fabrication des produits électroniques et électroménagers). Un événement étrennant l’année musicale 2018. Un signe de bon augure. Et le grand retour d’Idir, parmi les siens — scéniquement (car il n’a jamais vraiment quitté son pays. Il vient quatre à cinq fois en Algérie, dans les villages, son village en Kabylie, pour se ressourcer, voir sa famille, ses amis…) — après avoir fait languir ses admirateurs pendant une absence scénique qui aura duré près de 40 ans. Il ne peut retenir ses larmes Une certaine fébrilité se dégageait à l’intérieur de la Coupole. Un air de fête. Ils sont venus de Tizi Ouzou, Béjaïa, Bouira, Tigzirt et d’autres villes d’Algérie. Des fans de la première heure et ceux de la nouvelle génération. Grands et petits. De Tizi Ouzou ou de Constantine. Il fallait être de la «party» (fête). Un jeune, dans les tribunes vend des drapeaux amazighs à 1000 DA, puis, le marchandage aidant, il les cèdent à 500 DA, un autre vend des roses, des femmes arborent les fameuses robes traditionnelles kabyles, des petites filles sont drapées dans des foutas (drap traditionnel), un petit vieux exhibe fièrement son burnous blanc typique… L’apparition d’Idir provoqua une clameur publique, des cris de joie. Idir, un faux air de Woody Allen ou d’Elvis Costello — chaussant des lunettes de vue —, chapeau tyrolien noir, chemise bleu marine, pantalon anthracite, son inséparable et fidèle «compagne», sa guitare (Blackie, comme dirait Eric Clapton), en bandoulière, inaugure son récital avec Yelha Wurar issue de l’album Les chasseurs de lumières. Oui, un air de fête. Une «tamaghra» aux couleurs bleu, vert et jaune. Le public scande avec fierté : «Imazighen, imazighen (Berbères) !»  Idir ne peut retenir ses larmes. L’émotion le gagne. Retrouvailles lacrymales : «Vous ne pouvez pas imaginer ce que je ressens en revenant ici. Chanter devant les miens. Devant le public. Et bien, oui ! Bien sûr, nous sommes là aussi pour faire connaître tamazight. Il n’y a aucun souci. Pour la pratiquer. Pour l’instant, cela se passe bien. Hamdoulilah (Dieu merci) !  Sahitou ! En tout cas merci pour cet accueil. Je suis vraiment très touché, voilà !» Idir, accompagné par un big band — sous la férule du chef d’orchestre Mehdi Ziouèche ayant revisité, réarrangé et rafraîchi les chansons de ce concert spécial — constitué de sections cuivres, violons, percussions, guitares (notamment un banjo, mandole), claviers, un flûtiste, six choristes et surtout par sa fille Tanina, ayant un bon grain de voix — a offert une fête à tout casser. C’est lui qui régale en ponctuant sa setlist (programme) par des titres résumant l’album de sa vie.   Complainte de l’exil des aînés C’est qu’Idir parle avec son public, le taquine, le sollicite, le chauffe, joue avec lui, raconte des anecdotes. Comme lors des répétitions, il avait oublié les trois premières notes de… Avava Inouva. Il avait eu blanc. L’émotion. Ou bien quand il présente sa fille Tanina, il glisse en passant qu’elle est célibataire. Il est chez lui, à la maison, à la bonne franquette. Isefra est un moment d’une grande poésie. Il explique Ahgrib (L’immigré) : «Nos parents, nos aînés arrivent dans un pays dont ils ne connaissent ni la culture ni l’habitude… On les imagine là-bas dans leurs chambres d’hôtel (ou foyers), le soir après le boulot. Soit après l’usine, la mine… Minés par leurs angoisses, pensant chaque jour à une région qui s’éloigne un peu plus, à des enfants qu’ils ont fait et qu’ils n’ont pas vu grandir et surtout à toutes ces femmes (soupir) qui sont là-bas. Et dont le nouveau métier est l’attente. Elles attendent, elles espèrent… Des ‘‘Pénélopes attendant des Ulysses’’… Et cela (Aghrib), j’aimerais bien le partager avec vous, parce que c’est notre histoire aussi…» Et puis s’enchaînent Cfigh. Souvenirs, souvenirs, comme dirait Johnny Halliday. Ay Arrac Nney (A nos enfants), une lettre d’espoir, l’avenir, la lumière, la compréhension mutuelle, la richesse des différences et nul ostracisme. Tels sont les maîtres-mots d’Idir. Là, Idir chante en… accordant sa guitare. Sans complexe ni protocole. Lefhama (Tighri Bwgdud) est une invitation à la danse. Cela commence à trépigner, à vibrer. Tizi Ouzou se lève, se «soulève» Tizi Ouzou lève et soulève l’assistance. Tanina en duo avec Idir. Au nom du père et jamais sans ma fille. C’est imparable. «Tizi Ouzou élève des enfants fous de rêve/ Tizi Uzu anda teddi/anda-t rbe/tettmen-iw-arraw-im/ Tizi Ouzou se lève/ allant au bout de ses rêves/ Tizi Uzu anda tedîd/ andat nnif tettmenîd I warawim…» Tanina, tel père telle fille, montrera de qui elle tient. Elle interprétera un «achouik» (complainte) de la regrettée diva Chérifa. Ssendu, Idir la dédiera à sa mère, à toutes les mères, à toutes les femmes. Une chanson qu’il qualifiera d’actualité : «La violence dont sont victimes les femmes dans le monde… C’était la fin de la guerre, j’étais tout petit, mon père était en prison… J’ai toujours gardé les comptines, les ballades de ma mère en tête… Je voyais une femme qui racontait ses peines, sa mal-vie… Et j’ai compris une chose. C’est que ce n’est pas évident d’être une femme en général, dans n’importe quelle société, qu’elle soit moderne ou pas. La parité n’est pas pour demain… Je partage avec vous cette chanson. En vous demandant de bien penser à elle (sa mère)… Tous ensemble. Nous ne sommes pas des hommes ou des femmes mais des milliers de cœurs… De la tendresse…Je suis la femme, je reviendrai, Ssendu !» Mais avec Awah Awah, Tamacahut n tsekkurt, Azwaw — qui sera reprise en duo avec Mami (Au pays des merveilles) et Zwit Rwit — une autre cover par Khaled intitulée Wine El Harba Wine ré-écrite par Mohamed Angar et dont les paroles critiquaient le pouvoir du président Chadli Bendjedid alors, en 1988. La cassette sera saisie et censurée. Il reprendra le titre dans l’album Kenza (1999) en duo avec la chanteuse indo-britannique Amar, Idir transformera la coupole en discothèque géante. En dancefloor. «Alors, on danse», comme dirait Stromae. Les drapeaux amazighs claquent, les youyous fusent et les «accros» chantent mot à mot les paroles. Idir, ce vieux brisquard, a ouvert son cœur, sa porte comme disent les lyrics de Avava Inouva, avec générosité, sagesse et philosophie.  Idir, à l’issue de son tour de chant, s’est vu décerner un disque d’or pour l’ensemble de sa carrière, un burnous blanc et un coffret résumant sa discographie, et ce, par le directeur général de l’ONDA, Sami Bencheikh. Le première partie du concert «Retrouvailles» a été assurée par la chorale de son village natal. Des enfants ont rendu hommage au grand écrivain Da Mouloud Mammeri, à l’œuvre littéraire magistrale, La Colline oubliée, Ath Mimoun, à Slimane Azem à travers Ad ezzi ssaa (les temps changeront), à Michael Jackson de par l’hymne humaniste Heal The World, ainsi qu’une ode à Da Idir déclamée par un garçon venu de Aïn El Hammam. Le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, celui de la Jeunesse et des Sports, El Hadi Ould Ali, le directeur général de l’ONDA, Sami Bencheikh, et le président du FCE, Ali Haddad, étaient dans le carré frontal de la scène, VIP.  

La pièce El Manbaâ au TNA

Un an après son inauguration en mars 2016, le Théâtre régional de Mostaganem Si Djilali Benabdelhalim a participé au Festival national du théâtre professionnel où il a présenté, samedi dernier, une pièce écrite par Mustapha Kessaci, mise en scèn
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La pièce El Manbaâ au TNA

Un an après son inauguration en mars 2016, le Théâtre régional de Mostaganem Si Djilali Benabdelhalim a participé au Festival national du théâtre professionnel où il a présenté, samedi dernier, une pièce écrite par Mustapha Kessaci, mise en scène par Rabie Guechi. Au départ, c’était un florilège retraçant l’épopée du théâtre algérien qui a été monté, en avril 2017, spécialement pour la cérémonie d’ouverture de l’année «Mostaganem capitale de théâtre» avant qu’il ne soit réécrit et transformé en pièce théâtrale. Après l’avant-première d’El Manbaâ (La source), laquelle a été donnée au théâtre de Mostaganem, la semaine passée, devant un public curieux de voir comment le metteur en scène allait pouvoir gérer un si riche casting composé de comédiens phares du théâtre algérien d’aujourd’hui, la pièce était cette fois-ci sur les planches du TNA. La pièce commence avec un tableau où un orchestre d’opéra, dirigé par le maestro Chawki Bouzid, joue la symphonie Boléro de Maurice Ravel, une manière de caricaturer le 4e art algérien, dont la majorité des lieux de pratique sont des opéras datant de l’époque coloniale et non des théâtres. Au bout d’un moment, une certaine monotonie s’installe sur les planches tant la scène s’éternise. La symphonie interprétée gauchement mais volontairement donne une scène aussi tapageuse qu’ennuyeuse. N’était l’apparition in extremis de Ferri Mahdi, interprétant le rôle d’un responsable de la culture sur scène, la salle serait vidée de son public. Mais voilà la pièce relancée de plus belle. Le responsable de la culture, insensible au raffinement intellectuel du maestro et ne trouvant pas la symphonie à son goût et surtout pas celui de ses supérieurs, exige quelque chose dont le thème parle de la Révolution et de patriotisme, un spectacle populiste. On reconnaît d’ailleurs toute de suite l’écriture du jeune dramaturge engagé, auteur déjà de l’excellente pièce Ahder (Parle). Avec El Manbaâ, Kessaci continue d’écrire un théâtre de dénonciation et de révolte pour les libertés d’expression. Selfies Le maestro refuse de changer son travail au profit du goût du responsable et dénonce dans la foulée les salaires non payés de sa troupe. Mais il va très vite être sidéré par la réaction de ses musiciens lesquels, devant le responsable, se désolidarisent en se précipitant à prendre un selfie avec ce dernier. La distribution de la pièce El Manbaâ est composée de comédiens, dont la majorité sont membres d’un syndicat des artistes qui a vu le jour en août 2017, citant, entre autres, Mustapha Laribi, Yousuf Sehairi et Bouhdjer Boukchiche, lesquels ont a priori élus les planches comme haut lieu pour crier les souffrances de la famille artistique algérienne gagnée par le paupérisme et la marginalisation, pour dénoncer, avec toutefois de l’humour, les absurdités criantes d’un théâtre à l’agonie, où l’avenir commun des artistes du pays est relégué au dernier plan. Le second tableau rend hommage à la fameuse cafétéria Tontonville et sa mythique grande terrasse avoisinante au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi en dressant les portraits des artistes bohèmes en difficulté à rafler un cachet et à pouvoir joindre les deux bouts, suivi d’une série d’hommages aux grands hommes et femmes du théâtre national, notamment à Boudia, Kaki, Alloula, Medjoubi, Keltoum, Rouiched et Sirat Boumediène, dont le fameux passage dans la pièce Lajouad d’Alloula a été repris avec brio par le jeune comédien Bachir Boujemaâ. «Waslet el hafila w lejouad wasloul elyakin (le bus est arrivé à destination et les chevalier ont eu raison, ndlr)» une phrase forte en sens et qui fait allusion aux célèbres pièces Hafila tasir de Medjoubi et Lajouad de Alloula. La pièce bascule complètement par la suite dans un théâtre de conscience, traversé de l’idée que comprendre le présent et construire l’avenir nécessite de connaître le passé. Il semble, cependant, que cette production soit destinée à un public averti, ce que nous confirme d’ailleurs Kessaci, car il n’est pas aisé pour tous les spectateurs de distinguer ce qui se passe sur scène. Maelström On imite Sirat Boumediène sans dire que c’est lui. Rabie Guechie, dans sa mise en scène, aurait pu ajouter quelques détails afin d’informer le public, mais il s’est limité à des règles de base en employant un théâtre pauvre où c’est le comédien qui est mis en avant au détriment du décor et autres accessoires. La scène est un maelström où les vrais messages, les vraies dénonciations finissent par ne plus compter, tombant d’elles-mêmes, dérisoires, futiles, ridicules. El Manbaâ, cette source qui coule entre l’autocritique et les règlements de comptes, n’est qu’une triste réalité d’un théâtre algérien qui n’est pas encore prêt à s’adonner à la vraie créativité artistique en continuant à pleurer sur son sort. Dans cette actualisation mal ficelée et peu crédible de Rabie Guechi, ni les chants lyriques de Mohamed Himour et Samira Sahraoui ni les chorégraphies des danseurs ne font oublier la vacuité d’une proposition esthétique dont les spectateurs ne font qu’attendre le dénouement. Si la voix de Himour provoque toujours autant d’émotions et de souvenir d’un théâtre de Alloula chez le public, le comédien, en revanche, Chaker Boulemdais, dont le talent est indéniable, n’arrive toujours pas à divorcer d’avec son personnage de la pièce Torchaka, alors qu’on attendait à le voir enfiler un autre profil. La pièce rebondit dans son acte final sur la situation de l’artiste algérien avec un retour de l’orchestre devenu vieux depuis, toujours en attente que les autorités viennent prendre place parmi le public. Ils meurent un après un, remplacer par des photos, à l’image des hommages officielles qui n’arrivent qu’une fois l’artiste passe de vie à trépas. Victor Hugo, dont une pièce fut interdite par la censure sous Charles X, parce qu’elle présentait un roi faible, indigné, refusa une somme de quatre mille francs en dédommagement de son manque à gagner, ce qui fut aussitôt grand bruit dans les journaux d’alors. Mais les comédiens et comédiennes, marginalisés jusque-là et engagés dans cette pièce désormais, ne sembleraient manifestement pas être conscients des enjeux de leur entreprise. Les causes justes fâchent, mais qu’adviendrait-il de la symbolique de cette pièce, de son message, si elle recevait le grand prix, remis par le ministre de la Culture ? Aucune autre date ni tournée de cette pièce à gros budget n’est programmée jusqu’à présent.

Il faut reconnaître qu’il existe beaucoup de pannes dans le théâtre algérien

Le jeune metteur en scène et comédien Fouzi Benbrahim a fait sensation lors du 12e Festival national du théâtre professionnel d’Alger (FNTP), qui s’est déroulé du 23 au 31 décembre 2017. Il était en compétition avec deux pièces : La panne, pro
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Il faut reconnaître qu’il existe beaucoup de pannes dans le théâtre algérien

Le jeune metteur en scène et comédien Fouzi Benbrahim a fait sensation lors du 12e Festival national du théâtre professionnel d’Alger (FNTP), qui s’est déroulé du 23 au 31 décembre 2017. Il était en compétition avec deux pièces : La panne, produite par le Théâtre régional de Batna, et Suicide de la camarade morte du Théâtre régional d’El Eulma. Rencontre. - Parlez-nous de la pièce la Panne qui est une adaptation du célèbre texte du dramaturge suisse Friedrich Dürrenmatt (écrite pour le théâtre radiophonique en 1956 à partir d’un roman portant le même titre). Vous avez choisi la forme comique. Pourquoi ? Il y a d’abord l’histoire : un conducteur s’arrête dans un village après une panne de voiture. Il va retrouver une groupe de personnes qui vont le soumettre à un jeu qui ressemble à un procès lors d’un dîner. On comprend en filigrane que la panne ne concerne pas uniquement les moteurs des voitures, mais également l’homme et sa psychologie, son corps, etc. C’est une histoire humaine. Je cherchais ce texte depuis longtemps. Une fois trouvé, je l’ai remis pour adaptation à une jeune fille qui participait à un atelier d’écriture dramatique. Je me suis chargé ensuite de l’adaptation scénique. C’est une habitude chez moi de faire cette réécriture. J’ai choisi la satire. Mais, une satire bien étudiée. - Justement, pourquoi ce choix ? Je me retrouve bien dans ce genre de théâtre. Nous vivons quotidiennement le drame. Qu’on donne donc au spectateur l’occasion de se divertir un peu en assistant à un spectacle de théâtre. La comédie satirique est légère, mais s’appuie sur des techniques de mise en scène pointues. C’est une véritable science. Elle précise le moment où le comédien pose son pied, le moment de la réplique... - Les couleurs et l’éclairage sont déterminants parfois. Oui, et parfois, c’est en une fraction de seconde que cela se passe. L’éclairage a un rôle important. C’est l’un des éléments de spectacle que je maîtrise le mieux. Personnellement, j’aime mettre en scène les spectacles que je veux voir. Dans ce festival (FNTP), j’ai bien envie d’en voir un. J’ai l’impression que certains metteurs en scène n’ont pas encoce compris les règles du jeu et n’ont pas encore assimilé ce qui nous est demandé, nous, en tant qu’artistes. - Comment évolue le théâtre algérien aujourd’hui sur le plan du choix des textes, de la mise en scène, de l’esthétique ? Il faut reconnaître qu’il existe beaucoup de pannes dans le théâtre algérien et à tous les niveaux. Si les procédures administratives sont facilitées, vous vous retrouvez face à de mauvais textes, sinon à des comédies imposées par les théâtres. Tout cela peut relever du détail. L’important  ce sont les choix esthétiques et le spectacle à proposer au public. Nous travaillons dans un théâtre d’Etat. Il faut remplir les 400 places pour attirer ensuite davantage de spectateurs. - Le théâtre algérien semble avoir perdu une partie des éléments du spectacle et de la forja. Pourquoi ? Parce que beaucoup d’auteurs, de metteurs en scène, de scénographes et de comédiens croient pouvoir étonner les spectateurs dès le début. Pourquoi proposer des pièces que les gens ne comprennent pas ? Il n’y a donc que vous qui comprenez ce que vous faites ? Il n’y a pas mieux que la simplicité. La simplicité est un art très discipliné. L’audace n’est pas de proposer à un public des pièces incompréhensibles. L’audace est de bien maîtriser les instruments du spectacle sans perdre le rythme et la compréhension du public. Nous ne pouvons pas être mieux que le Box Office américain (cinéma). Les Américains proposent des films que tous les publics peuvent comprendre et suivre. Le film incompréhensible n’existe pas aux Etats-Unis. - Comment concilier entre le théâtre comme art et pensée et le théâtre comme divertissement et spectacle pouvant être bénéfique sur le plan commercial ? Il me semble qu’il faut cibler le public le plus large. D’où l’importance de choisir la bonne méthode pour s’adresser aux spectateurs. Il y a la méthode idéologique qui porte les idées qui sont dans le texte. Et, il y a la méthode esthétique qui donne de l’importance à la forme qui doit être étudiée. On ne choisit pas le burlesque en un claquement de doigts. C’est un genre qui n’est pas facile. L’élite, qui se déplace dans les salles, doit être émerveillée par l’intelligence qui se dégage de la mise en scène d’une pièce. Aristote nous a laissé beaucoup d’instruments qu’on peut utiliser dans un spectacle. Cette utilisation doit être soignée et intelligente. Il y a des niveaux d’intelligence. Il faut que le spectateur simple et le spectateur de l’élite trouvent les moyens de bien se divertir en regardant un spectacle. Le metteur en scène doit bien maîtriser l’esthétique, le rythme, la musique... Vous sollicitez souvent les éléments du patrimoine dans votre spectacle. Nous l’avons vu dans les deux pièces présentées au FNTP 2017. Pourquoi ? J’accorde beaucoup d’intérêt au patrimoine algérien tout en restant moderne. Je fais partie de la génération actuelle, mais j’adore Beggar Hadda, Cheikh Hamada, Mustapha Benbrahim, des diwans de la poésie populaire... Je viens de cette société. Je dois donc faire des recherches, mais ce que je propose sur scène, je le fais à ma manière. Je ne vais pas aborder Kateb Yacine comme le faisais lui. Il faut dire qu’aujourd’hui, il y a des jeunes qui ne connaissent pas Kateb Yacine, Abdelkader Alloula ou Azzeddine Medjoubi. Quand je m’adresse à eux en m’inspirant de Yacine, Alloula ou Medjoubi, je dois ajouter une touche moderne et juvénile. - Certains pensent qu’il existe des lignes rouges dans le théâtre algérien. Le croyez- vous ? Il existe certes des lignes rouges, mais elles ne sont pas nombreuses. Il y a deux ans, la pièce Zid Nzidek m’a valu quelques problèmes en raison de quelques insinuations politiques. Certains responsables avaient des appréhensions quant au recours au discours direct, alors que moi je refuse de recourir à cette méthode. Mon combat est pour le changement pour aller vers le meilleur, pas pour la destruction. Mon expérience est artistique et humaine aussi. Là, où je travaille, j’essaie de convaincre tout le monde de la nécessité de respecter les normes professionnelles sans leur donner de leçon ou d’imposer la discipline. Je pense qu’il existe parfois de la paresse dans notre milieu. Certains ont osé dire que je «monte» des pièces pour de l’argent. Ce n’est pas vrai. Etre payé signifie faire des efforts. C’est pour cette raison que je demande à ceux qui travaillent avec moi de fournir ces efforts pour mériter le salaire. Là aussi, il faut faire preuve d’intelligence. Certains metteurs en scène estiment que le courage et l’audace c’est de recourir au discours politique direct sur scène. Vous en pensez quoi ? Je suis contre cela. Je fais partie de quelques rares metteurs en scène algériens qui évitent le propos direct dans les spectacles de théâtre. J’utilise d’abord les éléments du spectacle, je laisse l’idéologie en dernier. A mon avis, il faut éviter de parler de «messages». Nous ne sommes pas des facteurs ! Un artiste doit faire preuve de créativité, proposer de belles formes. Il y a du contenu dans la pièce La panne, par exemple.  Le personnage voulait allumer les lampes à tout moment sans réussir. Les lampes se sont allumées à la fin du procès. C’est ce qu’on appelle la catharsis. Le personnage a décodé cette nécessité faite à l’homme d’affronter ses difficultés et essayer de réparer ses pannes. Désolé pour le mot, mais je pense qu’il relève de l’idiotie de proposer un discours direct sur scène. Les critiques doivent étudier cette situation pour faire la différence. Il faut également ouvrir le débat sur ce segment. J’ai vu des pièces mauvaises, voire dangereuses qui portent atteinte au goût du public. Améliorer la qualité des spectacle et élever le niveau des pièces passe par l’utilisation des décors, des lumières, des costumes, de la direction des comédiens, du choix des couleurs... Dans La panne, la pièce a commencé avant la levée du rideau. Les rideaux eux-mêmes étaient utilisés comme un élément des décors. J’ai constaté que certains metteurs en scène ne travaillent plus avec les comédiens. Ils lui donnent le texte et lui demandent de marcher sur scène. En ce qui me concerne, je travaille mot à mot avec mes comédiens, parfois lettre par lettre, pas à pas. Et je n’exagère pas. - Vous refusez l’improvisation. Totalement ! Au début des répétitions, on tente de l’improvisation, parce qu’il s’agit de laisser un peu de liberté aux comédiens. Nous allons à chaque fois dans le détail du texte. N’oubliez pas que je suis comédien à la base. Si vous ne maîtrisez pas bien les techniques de l’actorat, les comédiens peuvent vous induire en erreur si vous êtes metteur en scène. Les comédiens ne peuvent être parfaits sur scène qu’après avoir bien travaillé leur rôle. Il n’y a pas de hasard. Le comédien est l’élément central du spectacle. D’où l’intérêt que j’accorde à travailler avec les comédiens. Je veille à chaque fois à éviter qu’ils répètent des erreurs faites dans d’autres spectacles. A 90%, je choisis moi-même mes comédiens. Il m’arrive de choisir deux comédiens des théâtres régionaux où ils sont salariés. C’est une manière de leur donner une chance et de les former aussi. - Nous avons vu des pièces où des leçons étaient données à la société algérienne d’une manière crue. Dans d’autres, le discours est : «Vous méritez ce qui vous arrive !» Vous pensez que c’est là le rôle du théâtre ? Qui sommes-nous ? Nous faisons partie de cette société. Où vivons-nous ? Nous devons aborder les problèmes de notre société, les exposer d’une manière intelligente sur scène avec une charge esthétique, une charge émotionnelle et une charge psychologique. Il faut créer, ramener du neuf dans chaque tableau, ne pas ennuyer le public. Si nous ne faisons pas cela, le public ne se retrouvera pas dans ce qui est proposé au théâtre et fuira les salles. - Existe-t-il une place pour le théâtre commercial en Algérie ? Les lois ne le permettent pas. Il y a volonté d’aller vers le théâtre commercial, mais il n’y a pas encore d’acte concret. Il faut développer le théâtre privé et en finir avec le soutien de l’Etat. Il faut revenir aux guichets et rétablir la concurrence entre créateurs. Et que le meilleur reste ! Je suis freelance et j’essaie de me renouveler. Ceux qui travaillent dans le théâtre de l’Etat ne vont pas vers cette quête du renouvellement. J’ai eu à diriger 350 artistes sur scène pour le spectacle d’ouverture de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015». J’ai mis en scène le spectacle Hizia (à l’occasion du Festival du théâtre arabe à Oran en 2017) avec 60 artistes sur scène. Il s’agit de travaux artistiques historiques. Je cherche à mettre en scène un grand spectacle qu’une société de production artistique finance. Je veux monter le texte de Mouloud Mammeri, La mort absurde des Aztèques (écrit en 1973), adapté par Ali Abdoune. Les théâtres d’Etat ne veulent pas produire cette pièce, car elle exige beaucoup de moyens humains et techniques et porte certaines idées. Le secteur privé ne veut pas aussi prendre en charge ce spectacle, parce qu’il n’est pas assez commercial. J’estime que le TNA (Théâtre national algérien) à Alger doit produire de grands spectacles et leur assurer la promotion et la distribution. Des spectacles qui réunissent les meilleurs artistes algériens. Aujourd’hui, des comédiens débutants montent sur la scène du TNA. Ce n’est pas normal du tout. Un comédien doit d’abord se former dans les associations et les coopératives.  

Le Festival du théâtre professionnel demeure un pâle reflet de ce qu’il devrait être en réalité

Le Festival national du théâtre professionnel, la situation de l’artiste et la place du théâtre pour enfants sont, entre autres, les sujets que nous avons évoqués avec le dramaturge Khaled Bouali. D’autres étaient aussi dans le menu de cet artiste
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Le Festival du théâtre professionnel demeure un pâle reflet de ce qu’il devrait être en réalité

Le Festival national du théâtre professionnel, la situation de l’artiste et la place du théâtre pour enfants sont, entre autres, les sujets que nous avons évoqués avec le dramaturge Khaled Bouali. D’autres étaient aussi dans le menu de cet artiste exceptionnel, qui s’est mis longtemps à l’écart, et qui est revenu éclairer l’opinion public sur l’importance de l’art dans une société comme la nôtre. - Vous avez assisté à la 12e édition du Festival national du théâtre professionnel organisée du 23 au 31 décembre 2017 au TNA. Que pensez-vous des pièces présentées ? Franchement, mis à part quelques pièces, le reste demeure du bâclage. Je m’explique. D’abord, il y a reprise d’anciennes pièces très mal imitées. Ensuite, certaines d’entre elles restent floues parce qu’elles parlent de plusieurs sujets à la fois de façon superficielle, au lieu d’approfondir les différents aspects du problème fondamental traité par le sujet. Aussi, l’ensemble des pièces est hétéroclite, du moment qu’il rassemble des sujets concernant d’autres sociétés et des problèmes d’un autre temps, qui n’ont rien à voir avec la réalité algérienne. Du coup, le festival demeure un pâle reflet de ce qu’il devrait être en réalité. - Selon vous, comment devrait-il être ? Un espace véritable de création artistique et dramatique. Il devrait s’attaquer aux sujets les plus percutants et les plus représentatifs de l’actuel algérien, des problèmes sociopolitiques et donner une image de la société algérienne aux prises avec ses propres contradictions. L’une des pièces les plus réalistes est celle intitulée Kechrouda du metteur en scène Ahmed Rezzak. Elle nous place face à des problèmes actuels vécus par les citoyens. Elle met l’accent sur la misère de la classe prolétaire et sur les pressions permanentes auxquelles elle s’expose. Il y a aussi la pièce intitulée Suicide de la camarade morte, du théâtre régional d’El Eulma, mise en scène par le jeune Faouzi Ben Brahim et écrite par Mohamed Adlen Bekhouche ; elle met en exergue des situations dramatiques décrivant l’aliénation totale d’une société où les valeurs ont disparu. Il s’agit en fait d’une jeune personne qui, par désespoir, songe à se suicider et finit par se retrouver à l’hôpital psychiatrique, qui préfigure la société algérienne. Ce travail m’interpelle parce qu’il met l’accent sur la frustration générale de différentes franges de notre société. Mon souhait est justement d’encourager les jeunes talents, auteurs et metteurs en scène, qui apportent une nouvelle touche au théâtre algérien. - Donc, selon vous, le théâtre ne doit traiter que des sujets liés à la réalité de la société algérienne. Ne doit-il pas être créatif et traiter aussi des sujets en lien avec l’universalité ou avec la réalité des autres sociétés ? Je dirai que l’art théâtral devrait être représentatif de la réalité d’une société donnée. Cela dit, il ne faudrait pas réduire sa mission au milieu et à l’environnement où il apparaît. Il lui faut se pencher sur le passé, appréhender le futur et aspirer à l’universalité. En fait, l’art théâtral est le meilleur ambassadeur puisqu’il est le miroir où se reflètent la culture et la civilisation d’une société ou d’une autre. Et c’est à travers les arts, dont le théâtre est le père, qu’on peut mesurer le degré de l’évolution et l’épanouissement des sociétés humaines. Donc, on ne peut pas occulter le regard vers l’autre et l’ouverture sur le monde, au risque de friser la neurasthénie et l’enfermement sur soi. L’important reste l’expression de sa propre société pour donner une image juste et profonde de la réalité qu’elle vit. - Cela nous fait comprendre que vous défendez la promotion d’un théâtre algérien. Peut-on parler aujourd’hui de l’existence d’un théâtre proprement algérien, car beaucoup disent aussi que ni Alloula ni Kateb n’ont réussi à créer un théâtre algérien. Qu’en dites-vous ? C’est justement pour cela que je défends l’idée de promouvoir le théâtre algérien et c’est la raison pour laquelle j’encourage les jeunes auteurs et metteurs en scène à traiter, en premier lieu, des sujets du vécu et de la réalité algériens. J’aurais souhaité qu’il y ait au moins cinq ou six instituts d’art dramatique et chorégraphique où l’on enseigne tous les métiers et toutes les matières ayant trait à ces arts. Il faut aussi organiser un nombre plus conséquent de festivals, d’ateliers de mise en scène, d’art du comédien et d’écriture dramatique, ainsi que l’édification d’autres théâtres. Il est regrettable de constater qu’il n’existe qu’un seul théâtre à Alger, alors qu’il devrait y avoir au moins une douzaine, afin de réserver le théâtre national pour la représentation des œuvres dramatiques de valeur. - Qu’en est-il de la place du théâtre pour enfants et dans les milieux ruraux ? Je dirai que cette place est problématique. En fait, il n’existe pas ou presque pas de théâtre pour enfants. Le mieux serait d’insérer dans le programme de nos écoles primaires une matière à part entière pour le théâtre. Son enseignement représente non seulement une activité artistique et culturelle, mais surtout un espace où l’enfant peut s’exprimer et, par là, se divertir et révéler ses dons. Ce n’est que par ce moyen qu’on peut avoir de véritables auteurs dramatiques, de vrais comédiens et comédiennes, des metteurs en scène de renom et un vrai théâtre algérien. Par ailleurs, le théâtre dans les milieux ruraux avait commencé dans les années 1970 avec les étudiants qui allaient jouer dans les campagnes et villages, mais aussi dans les usines pour la masse ouvrière. Cet élan fut rapidement stoppé par les instances supérieures, car il était un véhicule d’éveil et de prise de conscience. Or, il ne faudrait en aucun cas priver les communautés rurales d’un tel moyen de culture et de divertissement, étant donné qu’elles représentent une partie importante de la société algérienne où vivent aussi des enfants comparables à ceux des villes. Pour ce faire, il faut édifier les théâtres de verdure, rouvrir les salles de cinéma, si elles existent, et à défaut utiliser les écoles et encourager les coopératives à aller y jouer. - Comment voyez-vous la politique culturelle de l’Etat en ce qui concerne le théâtre ? Je constate qu’elle est réductionniste. Les espaces réservés à l’activité théâtrale sont insuffisants, compte tenu de l’immensité et de la démographie galopante de notre pays. Un jeune de Tamanrasset, pour ne citer que cet exemple, s’il est doué et a l’ambition de faire quelque chose dans ce domaine, doit se déplacer à Alger pour suivre des études à l’Institut supérieur des métiers des arts du spectacle (Ismas) de Bordj El Kiffan, le seul institut existant sur le territoire national. Faut-il parler ici de l’équilibre régional en matière de culture et d’art ? Aussi, les fonds réservés à ce secteur restent très inférieurs et n’encouragent aucunement l’épanouissement de cet art. Notons également que les œuvres dramatiques en dialecte algérien, seule langue du théâtre, ne sont publiables ni par les maisons d’édition ni par le ministre de la Culture. Il serait aussi juste d’évoquer la place du théâtre en langue numide qui mérite plus d’intérêt et des fonds conséquents afin de le hisser à la place qui lui revient de droit. - Nous ne pouvons finir cet entretien sans évoquer avec vous la situation de l’artiste, du comédien en particulier. Vous êtes aussi auteur et metteur en scène. Vous connaissez mieux que d’autres ce à quoi font face les gens de votre domaine. Pouvez-vous vous confier sur cette question qui reste encore un sujet de débat ? Je suis tenté de dire que la situation de l’artiste en général et du comédien en particulier est on ne peut plus tragique. C’est le cas de le dire, lorsqu’on sait que les authentiques d’entre eux sont mis à l’ombre. Et si l’art véritable est gelé, c’est parce qu’il y a une volonté politique manifeste pour lui substituer de pseudo-artistes. C’est pour cette raison que notre art est avili et qu’il n’a nul écho dans le monde. L’art véritable est, par défaut, révolutionnaire !  

«Personne ne peut m’empêcher de chanter»

Le grand chanteur d’expression Kabyle Idir(A Vava Inouva, Zwit Rwit,  Ssendu), a animé hier après-midi, une conférence de presse, au  Complexe olympique Mohamed Boudiaf, à Alger, à veille du concert événement signant le retour de l’enfant « pro
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«Personne ne peut m’empêcher de chanter»

Le grand chanteur d’expression Kabyle Idir(A Vava Inouva, Zwit Rwit,  Ssendu), a animé hier après-midi, une conférence de presse, au  Complexe olympique Mohamed Boudiaf, à Alger, à veille du concert événement signant le retour de l’enfant « prodige ». C’est devant un parterre de journalistes et photographes, venus en grand  nombre qu’Idir et le directeur de l’Office national des droits d’auteurs, Sami Bencheikh, ont animé une conférence de presse. Et ce, à quelques heures du concert  baptisé « Les retrouvailles ». Le concert de ce soir et celui du vendredi  sont placés  sous l’égide de l’ONDA ( Office national des droits d’auteurs) et avec  le concours de partenaire tels que le FCE (Le Forum des Chefs d’entreprise, l’opérateur téléphonique Ooreedo et  Iris (spécialisé dans la fabrication des produits électroniques et électroménagers). « Je suis  très  content de revenir après une telle absence de 39 ans. C’est une absence scénique. Car  je n’ai  jamais  quitté  vraiment  mon pays. Je viens quatre  à  cinq fois en Algérie, dans  les  villages, mon village en Kabylie. Pour me ressourcer, voir la famille, des amis…Il est difficile de se séparer de ce pays.  C’est  professionnellement que  cel a me  posait  des problèmes  à un moment. Maintenant, je pense que ces problèmes sont dissipés. Les choses commencent à se décompter pour  l’ébauche d’un futur. Et qu’une nouvelle période  commence. Et  je  pense qu’elle sera très porteuse  inch’allah… » « J’étais une cible d’une idéologie un peu stupide… » « Je n’ai pas voulu venir  avant. Parce que  j’étais une cible  ou une victime d’une idéologie un peu stupide qui tendait à exclure tout ce qui ne lui ressemblait pas.  Nous étions les dindons de la farce, nous étions un peu perdants…Je me suis toujours considéré comme étant un Algérien. A part entière.  Ils ont nié mon identité et  ma langue. Ce qui est un non-sens. Nous étions spoliés dans notre identité personnelle. Ce sont des retrouvailles professionnelles. Pour un chanteur algérien après tant d’années  d’absence. Cela  me  tenait  cœur. Et  puis depuis quelques années,  on a commencé  à  instituer  la définition  de  ma, notre culture d’une manière viable. Construire quelque chose de solide. Voilà, ce qui a motivé  essentiellement  ma  venue ici.  Depuis qu’ils ont officialisé entre guillemets la  culture amazighe, je me suis dit, c’est peut être là,  le moment. Pourquoi ne pas essayer…Les  gens  commencent  à  se connaître et se reconnaître.  Et je voyais là, l’ébauche d’un futur prometteur… » déclarera-t-il. Quant  à ceux qui reprochent son retour scénique en Algérie (question allusive au MAK, Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie), Idir  rétorquera tout de go : «  Ce n’est pas à  moi d’expliciter ou essayer de développer. Mais je trouve que  peut être qu’il est  logique pour ceux qui cherchent une  indépendance  de voir Idir venir chanter pour son public en Algérie, ça ne prend pas la forme d’une recherche d’une indépendance. Mais je ne les empêche pas  de   déclarer leur indépendance. Qu’ils ne m’empêchent pas de chanter. S’il(Ferhat Mehenni, leader du Mak) dit que c’est une « trahison ». C’est lui qui le dit. Trois semaines avant il avait dit que j’étais son frère et son ami… ».  Il  a promis que le prix du billet sera revu à la baisse A propos  du public, Idir confiera :  «  je me suis posé de nombreuses  questions.  Parce que ne connais pas la réalité ( du  public, sa réaction…). En France,  c’est codifié, je connais comment  le public va réagir et  placer de bonnes choses  à  cet effet.  Mais, ici, je l’ignore. Je sais que le nom d’Idir  inspire beaucoup de choses. Mais est-ce qu’on peut  vraiment être sûr de cela. Mais quand j’ai appris qu’on a vendu  tous  les billets ( 8600 tickets ont été  écoulés), cela me touche. Cela  veut tout dire.  Je suis très heureux. Pour la circonstance, Idir, a convié le poète  et chanteur Lounis Aït Menguellet- si toutefois se remettait  d’une forte grippe- pour un duo. Le chef d’orchestre Mehdi Ziouèche  a arrangé les classiques de sa  discographie, des titres issus de l’album Chasseurs de lumières, une chorale de jeunes filles du village natal d’Idir rendra hommage au grand écrivain Mouloud Mammeri. Pour les guest-stars comme Gérard Lenorman, Louis Chédid ou Patrick Bruel, ils  ne seront pas de la partie. Mais peut être qu’ils  participeront aux  prochaines dates de concerts de sa tournée comme celle, très attendue, à  Tizi Ouzou. Idir a promis que le prix du billet  sera revu à la baisse et accessible pour toutes les bourses de son public.   

«Par le biais des œuvres de Mammeri, j’ai découvert les œuvres d’autres auteurs»

Comment est né l’intérêt pour l’œuvre de Mouloud Mammeri ? J’ai commencé à m’intéresser à l’œuvre de Mouloud Mammeri très jeune, à l’école primaire, après la lecture d’un petit extrait Retour de Mokrane à Tasga, tiré de la Colli
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«Par le biais des œuvres de Mammeri, j’ai découvert les œuvres d’autres auteurs»

Comment est né l’intérêt pour l’œuvre de Mouloud Mammeri ? J’ai commencé à m’intéresser à l’œuvre de Mouloud Mammeri très jeune, à l’école primaire, après la lecture d’un petit extrait Retour de Mokrane à Tasga, tiré de la Colline oubliée. Plus tard, j’ai lu et relu toute son œuvre et j’ai développé un goût pour la littérature, les langues et l’anthropologie. Par le biais des œuvres de Mammeri, j’ai découvert celles d’autres auteurs des quatre coins de la terre et la liste est longue. Ensuite, j’ai décidé de mener mes recherches universitaires sur la littérature et les questions autochtones, ainsi que la communication. Les deux tomes Ecrits et Paroles sont une belle somme sur les déclarations du défunt auteur… En effet, les deux tomes, publiés par le CNPRAH en 2008 sous le titre Écrits et Paroles, regroupent 77 textes (écrits et paroles dans différentes langues) publiés ou inédits que j’ai réunis, transcris et annotés. Les deux tomes permettent un autre regard perspectif sur l’intelligentsia, l’œuvre, la lucidité et le cheminement de la recherche permanente à laquelle s’est livré Mouloud Mammeri durant toute sa vie. J’ai passé de longues années sur ce projet, alors que je n’avais aucune bourse, ni subvention, ni aide d’une institution. Mais j’ai eu l’appui de ma famille et celle de la famille de Mouloud Mammeri, son épouse, Na Aziza, et ses enfants, Nezha et Boussad, ainsi que des amis. Cette somme (deux tomes) est le résultat d’une recherche menée avec passion pour réunir «tous» les documents de l’auteur publiés ou inédits, et ils nous éclairent sur toutes les périodes de sa vie intellectuelle, son œuvre, sa lucidité, son combat et sa vision du monde, ainsi que celle de son peuple millénaire, et à travers lui celles d’autres peuples, tels que les autochtones des Amériques, notamment ceux du Canada. Je rappelle que Mouloud Mammeri est l’auteur d’un essai et d’une pièce de théâtre sur les autochtones des Amériques, notamment les Aztèques, publié en 1973 sous le titre Le Banquet ou la mort absurde des Aztèques. Pour revenir au travail de recherche, Ecrits et Paroles, je l’avais mené avec passion afin de constituer une sorte de pléiade Mouloud Mammeri avec ses écrits littéraires, scientifiques et politiques (textes, études, articles, conférences-communications, scénarios, interviews, entretiens et entrevues) méconnus ou difficiles d’accès. Pour constituer cette pléiade, j’ai procédé de la façon suivante : premièrement, un recensement (par la consultation de fiches dans les bibliothèques de plusieurs pays (à l’époque, il n’y avait pas toutes les références dans les catalogues en ligne). Deuxièmement, constituer une banque de données «Mouloud Mammeri». Troisièmement, transcription et saisie des textes publiés ou inédits (dans plusieurs langues) de l’auteur. Enfin, relecture des textes avec des annotations pour les contextualiser (transcription sous la forme orale pour les entrevues radiophoniques et conférences), suivis à la fin pour chaque texte ou parole d’un bref résumé en français pour les lecteurs non avertis. Concernant les textes en langue kabyle, j’ai utilisé la transcription «tamâamrit» élaborée par l’auteur qui est utilisée par les producteurs d’œuvres littéraires et scientifiques, par la presse écrite, c’est aussi celle dans les programmes scolaires en Afrique du Nord, en Europe et en Amérique. Enfin, cette recherche a été menée à bien grâce à la précieuse aide de la famille de Mouloud Mammeri qui en a autorisé la publication. Vous avez écrit aussi une bibliographie très intéressante de l’auteur disparu. Pourriez-vous nous en parler en quelques mots ? La bibliographie en question est à la base une bio-bibliographie. La première partie est une biographie intellectuelle de Mouloud Mammeri assez volumineuse et mon éditeur voulait publier la deuxième partie qui est la bibliographie, alors j’ai dû ranger la première partie dans le tiroir. Pour revenir à la bibliographie Mouloud Mammeri publiée chez les éditions Séguier à Paris, en guise de préface à cette bibliographie, il y a l’entretien que j’avais réalisé avec Pierre Bourdieu, suivi de deux articles : Lettre à Da Lmulud, de l’écrivain-poète iconoclaste Tahar Djaout, et Avec Mouloud Mammeri à Taourirt Mimoun, du philosophe et historien Mohamed Arkoun. La préface et les deux articles illustrent bien certains aspects de l’amousnaw et de l’intellectuel humaniste qu’était l’auteur de la Colline oubliée. Ensuite, il y a un jalon biographique qui retrace l’œuvre et le cheminement de la recherche permanente à laquelle s’est livré Mammeri durant toute sa vie. Le classement de cette bibliographie est systématique (par grandes catégories) avec des divisions (rubriques) du genre (et du sujet) de productions, classées pour l’œuvre de l’auteur et pour les travaux sur son œuvre, un sous-classement alphabétique par nom d’auteur les notices bibliographiques sont classées par ordre alphabétique des auteurs. Enfin, en annexe, pour l’index des auteurs, la numérotation renvoie à celle des notices. L’essentiel de cet inventaire est constitué de publications (les rééditions et les traductions connues ou méconnues) et les inédits dans toutes les disciplines scientifiques et littéraires de Mouloud Mammeri et sur son œuvre. Enfin, l’ambition de cette bibliographie suppose d’identifier et de rassembler les travaux bibliographiques déjà réalisés dans le domaine des arts et des sciences sociales du nord de l’Afrique et de l’Amérique (Canada-Québec) et de l’Asie (Chine, Vietnam, etc.), d’inciter les collectes et les recherches complémentaires pour l’avancement de la connaissance. Des projets ? Une biographie ? Les projets sont nombreux mais il faut du temps pour les finaliser. Récemment, j’ai repris mon manuscrit Biographie intellectuelle de Mouloud Mammeri pour le revoir et le traduire afin de le publier. D’autres projets sont en attente et seront à la lumière des études comparées et transdisciplinaires sur les arts (littérature, communication-cinéma, langue, etc.) autochtones du nord de l’Afrique, de l’Amérique et de l’Asie.  

Lettre de notre ami Benchicou

Notre confrère et ami, Mohamed Benchicou, garde intacte sa perspicacité intellectuelle. Il a tenu à nous adresser, à sa manière, ses meilleurs vœux pour la nouvelle année, en remettant au goût du jour un texte qui chante notre vécu, à travers ses tu
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Lettre de notre ami Benchicou

Notre confrère et ami, Mohamed Benchicou, garde intacte sa perspicacité intellectuelle. Il a tenu à nous adresser, à sa manière, ses meilleurs vœux pour la nouvelle année, en remettant au goût du jour un texte qui chante notre vécu, à travers ses turpitudes et ses espérances, par lequel il se permet de remonter le temps, une quarantaine d’années en arrière, pour mieux nous situer aujourd’hui. Il joue avec les instantanés du temps et des événements dans le style corrosif que nous lui connaissons, pour nous confondre avec nos profondes désillusions, malgré les promesses d’une ère plus féconde et plus proche de nos aspirations, maintes fois ressassées mais jamais réalisées. C’est en fait une chronique entraînante, et même quelque peu délirante, qu’il nous propose pour nous replonger dans une réalité qui ressemble à une bulle, un raccourci incisif avec un œil très critique sur les lendemains qui déchantent, qui véhicule cependant, non seulement des images de nostalgie, mais aussi un message d’espoir entre les lignes. Pour sa pertinence, nous avons jugé utile de la faire partager à nos lecteurs. «40 ans déjà !...» Il y a déjà 40 ans. Quarante ans… ? Cela m’a rappelé une chronique, 40 ans déjà, El Anka n’était pas encore mort, Boudebouze pas encore né, Bouteflika pas encore en exil, la place à la Cinémathèque était à 3 dinars, l’Entente de Sétif et Koussim raflaient les coupes d’Algérie, Lalmas et le CRB les titres de champion,  Boudjemaâ Karèche parlait de cinéma, Alloula de Gogol, Messaâdia de «tâches d’édification nationale», on imitait Zinet, Khalida Messaoudi les maths, on s’ennuyait le vendredi, le café au comptoir coûtait 70 centimes et dans El Moudjahid on admirait la plus belle promesse de Boumediène : «Nous serons un pays démocratique et développé au cours de la décennie 80.»                                                 On avait 25 ans Le MP3 n’était pas encore inventé, de même que le GIA, le RND, la direction assistée, la réconciliation nationale et les brigades anti- non-jeûneurs, mais Bouteflika était parti pour mieux revenir, El Anka pour ne plus jamais revenir, Assad avait débordé à gauche, Koussim et Lalmas avaient raccroché, mais Belloumi avait repris dans les filets, on achetait des Zastava à Sonacome, le ticket à la Cinémathèque coûtait toujours 3 dinars, on imitait Omar Gatlato, le vendredi on visitait le Parc zoologique, Khalida Messaoudi mobilisait les femmes, le café montait à 1 dinar au comptoir, on venait de battre l’Allemagne et dans El Moudjahid on admirait la plus belle promesse de Chadli : «Nous serons un pays démocratique et développé au cours de la décennie 90.»                                                                                                    On avait 30 ans                                                                                                                                                                        Nous en avions presque 40 quand le Mur de Berlin s’écroula, de même que Messaâdia, les «tâches d’édification nationale», le FLN, les dernières Zastava, la presse unique, l’Union de la gauche, la Perestroïka, le socialisme, les souvenirs de Gijon, l’ère Chadli, Madjer était transféré à Porto et Assad dans un camp du Sud, Bouteflika n’était pas encore là, mais Boudiaf était revenu puis reparti, la Cinémathèque d’Alger était passée à 5 dinars et celle de Bordj Bou Arréridj à la trappe, Boudebouz venait de naître, Boudjemaâ Karèche ne parlait plus de cinéma, Khalida Messaoudi dénonçait la fraude électorale, le vendredi on allait à la mosquée, le café au comptoir passait à 4 dinars et dans El Moudjahid on admirait la plus belle promesse de Zéroual : «Nous serons un pays démocratique et développé au cours de la décennie 80.» A nos 45 ans, le noir devint à la mode, le café en profita pour passer à 7 dinars, une nuit crasse tomba subitement, de même que nos amis, nos dernières illusions, le rideau sur Alloula, on avait inventé le MP3, le GIA, le RND, Windows, la direction assistée, pas encore la réconciliation nationale ni les brigades anti-non-jeûneurs, on n’allait plus à la Cinémathèque mais assez souvent au cimetière, on imitait Ali Benhadj, nous partions en exil pendant que Bouteflika en revenait, Boudjemaâ Karèche ne parlait plus de cinéma et dans la presse indépendante on lisait la plus belle promesse de Bouteflika : «Nous serons un pays démocratique et développé d’ici à 2004.» Aujourd’hui, nous avons 65 ans et nous vous racontons tout ça d’un café du quartier. Tout avait cessé brusquement de nous surprendre, le café au comptoir à 12 dinars, les doberman du FLN, Mohamed Gharbi en prison, Khalida Messaoudi ministre, l’invention de la réconciliation nationale, Boudjemaâ abandonné. Rien ne nous rappelait plus le temps ancien, le MP3 était déjà démodé tout comme le GIA, le RND, Windows, la direction assistée, même la réconciliation nationale, tout était nouveau pour nous, l’I-phone, internet, le mms, le big mac, Khalida Messaoudi couvrant la fraude électorale non, rien ne nous rappelait plus le bon vieux temps, sauf cette déclaration d’un certain Ouyahia : «Il faut apprendre à vous serrer la ceinture, le plus difficile est à venir…» Il venait d’enterrer la plus belle promesse de Boumediène, Chadli, Zéroual, Bouteflika… Nous pouvons mourir sans regret : dans ce monde, nous nous sommes bien amusés !      Mohamed Benchicou

El Botma

Il était une fois un énorme pistachier de Laghouat, qui se retrouvait seul dans une immense daya, presque abandonnée par la vie de la flore et de la faune. Dans cette ville qui frôlait délicatement le désert, le pistachier se sentait terriblement seu
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El Botma

Il était une fois un énorme pistachier de Laghouat, qui se retrouvait seul dans une immense daya, presque abandonnée par la vie de la flore et de la faune. Dans cette ville qui frôlait délicatement le désert, le pistachier se sentait terriblement seul et fatigué par tout ce qu’il a subi tout au long de sa vie de mille ans. Il a affaissé son lourd tronc sur ce sol qu’il a tant fertilisé, pris un moment de répit pour reprendre son haleine, et retrouvé toutes les délicieuses pensées de sa mémoire. Il s’est souvenu de ces premiers jours, où il avait fait connaissance avec la lumière et entendu ses voisins et les habitants de sa ville l’appeler «El Botma». Il a pris tout son temps pour grandir, en dormant sur tous les lits de sols divers et en supportant tous les climats possibles. Que ce soit pendant l’aride sécheresse ou le froid hivernal. Il a poussé jusqu’au ciel, il s’agrandissait sans cesse, jusqu’à dépasser tout le monde et la ligne d’horizon aussi. Sa taille lui permettait même de voir toute la ville ! Bien sûr ! Quand on peut atteindre les vingt mètres de hauteur, on ne peut qu’être fier ! Il était beau et ses branches s’ouvraient comme les plumes du paon. Elles s’entrecroisaient et tissaient ensemble un majestueux bouquet de feuillages. Ses feuilles caduques avec ses cimes développées étaient d’une finesse inégalable. Elles épousaient parfaitement les trames de ses brindilles. Avec la complicité du soleil, elles se miroitaient avec ce rythme soutenu par les vents et une musicalité en jeux de lumière. Il était doux, et tous les visages rayonnants des amoureux qui venaient s’abriter sous ses ailes déployées s’apaisaient tranquillement sous ses ombres dessinées en dentelle. Sur le périmètre de son sol, on pouvait apercevoir comme des arabesques structurées et bien composées. Après leur départ, les adieux n’étaient nullement éphémères, on retrouvait ainsi sur ses écorces plein de baisers et surtout des cœurs tatoués à jamais  ! Même les enfants empruntaient ses bras de fer pour jeter les amarres de leurs balançoires accoutumées. Ils ne rentraient chez eux qu’après avoir dépensé toute leur énergie ! Pauvre pistachier ! Malgré sa résistance, sa ténacité et tout le travail qu’il avait fourni, sa tâche n’est pas encore accomplie. Il avait vraiment envie de se régénérer et faire pousser encore ses arbustes sur la terre. Mais confectionner tous les boucliers nécessaires contre l’avancée du désert n’est pas une mince affaire. Dans ce cas, que pourrait-il faire ? Il ne peut même pas compter sur l’homme pour transplanter, assurer sa réincarnation et sa longévité, vu que toutes ses expériences avec lui ont été avortées. Il n’y a que l’envol qui pourra sauver la mise, mais pas n’importe quel envol, même pas celui du vent. Tandis qu’il était assis comme le penseur de Rodin à réfléchir sur son sort, il ne se voyait pas du tout porter tous les poids de Sisyphe. Au moment où il commençait à perdre espoir, il vit un bel oiseau de bon augure arriver. Oui ! Tant qu’il y a de la vie, il y a toujours de l’espoir. Dès qu’il eut confié ses graines à l’oiseau porteur, il retrouva de suite toutes ses couleurs, et là il put dormir sereinement sur ses branches. D’ailleurs, il savait très bien que son messager mettra toute la matière prolifique dans son bec pour couver chaleureusement toutes les graines jusqu’à l’arrivée chez le vieux parrain visé. Après un trajet de longue durée, l’oiseau de bon augure a cru apercevoir de loin ce vieil arbre épineux, armé de ses ronces jusqu’aux dents, ses griffes étaient bien pointues, sur le qui-vive et la défensive. Pour livrer sa marchandise, il ne pouvait l’approcher d’aucun côté, il n’avait pas intérêt à atterrir sur cette piste minée de dangers. Une seule issue était possible, c’est celle de le prendre d’en haut quand il dormait. Au moment opportun, Il ne lui restait qu’à bien ajuster sa décharge, mener son expédition à bon terme et déposer à bord ses graines toutes excitées par les parfums légèrement sucrés, que ce monstre exhalait malgré son allure. Comme une lettre à la poste, les graines étaient semées en plein dans le mille. Et voilà que sa mission se termina. Malgré le fait qu’il ne comprenait pas aussi comment une louve pouvait allaiter deux êtres humains, il a repris son chemin en sifflant de bonheur. Au sein de toutes les touffes protectrices, les graines du pistachier, toutes confiantes et souriantes, commencèrent à sortir leurs têtes du sol. Tous les herbivores sauvages ou domestiques déguisés en petit Chaperon rouge, qui rêvaient de faire d’elles un copieux plat, rebroussaient désespérément leur chemin. Avec le temps, les graines sont devenues femmes et hommes, et le monstre ne pouvait plus subvenir à leurs besoins. De jour en jour, il s’affaiblissait et se voyait mourir à petit feu. Tous ses voisins regardaient les grands pistachiers avec un œil accusateur, il était inadmissible pour eux que les enfants élevés ne soient pas reconnaissants envers ce dévouement et ces sacrifices. Mais le parrain ne leur en voulait pas, bien au contraire, il était ravi de voir son fruit mûrir et prêt à l’emploi. De toutes les façons, il était bien conscient que le vie est conçue ainsi, de «Yin et de Yang», le féminin et le masculin, le noir et le blanc, la nuit et le jour, la vie et la mort. Une dualité, un manichéisme, sous forme de complémentarité. Tout est dans la spiritualité. Les enfants continuaient à grandir de plus en plus et à prendre davantage de place au sein de leur père adoptif, jusqu’au jour où il s’est effacé complètement de la terre. Il n’a laissé au pied de ses pistachiers que sa poussière. Une trace qui restait comme un mémorial de tombe qui dit : «Ici repose le jujubier» surnommé dans sa région natale «Sfisef».

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