Algeria



Une pièce «sans adresse» pour un théâtre à promouvoir

En chantier depuis l’été dernier, la pièce Bidoun Ounwane (littéralement sans adresse mais qu’on peut comprendre aussi comme sans titre), mise en scène par Saïd Bouabdallah, de la coopérative les Ateliers El Bahia, a finalement été présentée a
El Watan - Culture

Une pièce «sans adresse» pour un théâtre à promouvoir

En chantier depuis l’été dernier, la pièce Bidoun Ounwane (littéralement sans adresse mais qu’on peut comprendre aussi comme sans titre), mise en scène par Saïd Bouabdallah, de la coopérative les Ateliers El Bahia, a finalement été présentée au public lors d’une générale qui a eu lieu, samedi dernier, au TRO Abdelkader Alloula. Le texte, une adaptation libre d’une pièce de l’Emirati Djassem Al Khezzar, est signé de Ali Abdoune. La thématique qui tourne autour du suicide, ou de la tentative de suicide, n’est pas nouvelle, mais ce qui l’est, c’est le contexte. Comme cela a été sans doute le cas pour le texte originel, le metteur en scène a voulu, ou ambitionnait, à travers le drame vécu et raconté par trois personnages de la pièce, toucher du doigt des problèmes qui seraient représentatifs de ceux de l’ensemble de la société, laquelle est symbolisée vaguement, et parfois même de manière caricaturale, par les protagonistes. Saïd Bouabdallah semble avoir délibérément sacrifié quelque peu l’esthétique visuelle, pour se concentrer sur les performances des acteurs. Au milieu de cette scénographie minimaliste, sont certes mis en avant les dialogues, mais aussi et souvent de longs passages en mode «monologue», et c’est ce qui caractérise ce travail qui peut facilement s’adapter pour une version radiophonique. En revanche, les costumes demeurent évidemment significatifs. Entre le bleu de travail de Nadji (interprété par Ahmed Laouni), le style classe de Sabrina (Fatima-Zohra Zamaleche) et le costume flambant neuf rehaussé par un haut-de-forme de Si Ameur (Benabdallah Djellab), les clins d’œil à l’appartenance sociale sont évidents, mais là n’est pas l’essentiel.  «Je fais un théâtre populaire et c’est pour cela que pour assurer une distribution la plus large possible, je ne veux pas m’encombrer de décors imposants, ou d’une scénographie qui m’alourdirait dans mes tournées», a confié le responsable de la coopérative théâtrale, en marge de la représentation. La pièce, qui introduit un accessoire important qu’est Le pistolet avec une seule balle (c’est le titre émirati original) se prête à un déroulement qui promet beaucoup de suspense et de retournements de situations. Les personnages sont déclassés socialement, mais aussi géographiquement, dans la mesure où le lieu choisi pour l’intrigue est situé en dehors de la cité, au milieu d’un marécage informe, symbolisé par une espèce de tapis qui délimite une scène dans la vraie scène du théâtre. Par le truchement d’un décor imaginé pour la circonstance, mais aussi d’un travail sur les lumières, les personnages entrent derrière une porte, mais en présentant d’abord leurs ombres chinoises, comme s’il s’agissait de fantômes qui se matérialiseraient devant les spectateurs. L’effet est surprenant, d’autant plus que le réalisateur n’utilise pas le code du lever de rideau pour annoncer le début de la pièce. En entrant, les spectateurs se retrouvent d’emblée face à la scène où est planté le décor et aucune annonce ne vient perturber le passage entre la musique d’ambiance qu’on diffuse habituellement pour faire patienter les premiers arrivés et la musique de la pièce (une œuvre originale signée par Ziani Abderrahim). Le pistolet contient une seule balle, mais paradoxalement, dans ce ménage devenu peu à peu à trois, un seul survivra. Fait inattendu, et c’est sans doute là l’intérêt des adaptations, le clin d’œil à l’aventure périlleuse en mer sur des embarcations de fortune des migrants clandestins accentue l’effet suicide qui, ici, n’est pas seulement motivé par des considérations liées aux conséquences  de l’échec et donc de l’intériorité, mais aussi par la témérité de la jeunesse. Cette extrapolation, qu’on devine tragique, justifie le sauvetage du «héros», en prenant conscience de sa propre condition. N’empêche, malgré la gravité des situations, la pièce ne manque parfois pas d’humour, avec des situations cocasses auxquelles le public a particulièrement réagi. Pour ce 11e travail, depuis sa retraite, l’ancien directeur du TRO a été salué lors d’une cérémonie à laquelle a pris part Mourad Senouci, l’actuel directeur de cette institution culturelle, qui a indiqué que les portes du TRO resteraient ouvertes aux initiatives extérieures qui viendraient enrichir le répertoire national  du quatrième art.

Décès de l’écrivain Noureddine Saâdi

L’écrivain et universitaire Noureddine Saâdi est décédé hier après-midi à Paris, à l’âge de 73 ans. Noureddine Saâdi est auteur de nombreux ouvrages, notamment Dieu et le fil (1996), La nuit des origines (2005), ou encore La maison de lumière (
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Décès de l’écrivain Noureddine Saâdi

L’écrivain et universitaire Noureddine Saâdi est décédé hier après-midi à Paris, à l’âge de 73 ans. Noureddine Saâdi est auteur de nombreux ouvrages, notamment Dieu et le fil (1996), La nuit des origines (2005), ou encore La maison de lumière (2000). Son dernier roman, Boulevard de l’abîme, est sorti en octobre dernier à l’occasion du 22e Salon international du livre d’Alger (Sila) auquel il avait pris part. Noureddine Saâdi s’est également beaucoup intéressé aux artistes algériens en publiant Koraïchi, portrait de l’artiste à deux voix (1999), Matoub Lounès, mon frère (1999), Denis Martinez, peintre algérien (2003), Alloula, vingt ans déjà !, ouvrage collectif publié en 2014, puis Houria Aïchi, dame de l’Aurès sorti en 2013. Noureddine Saâdi a aussi signé de nombreuses contributions et chroniques dans la presse algérienne et française. Juriste de formation, le défunt, né en 1944 à Constantine, a fait des études, puis enseigné à la faculté de droit d’Alger. Il a quitté l’Algérie en 1994 pour s’installer en France où il a enseigné à l’université d’Artois dans le nord du pays.

Dis que t’as tort, Le nouveau spectacle de Ahmed Rezzak

Il veut réussir dans la vie et devenir leader dans une société d’égocentristes. Il s’appelle Salah Ben Sayad et il est issu d’une famille «bizarre». C’est le nouveau monologue écrit et mis en scène par Ahmed Rezzak. Intitulé Dis que t’as to
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Dis que t’as tort, Le nouveau spectacle de Ahmed Rezzak

Il veut réussir dans la vie et devenir leader dans une société d’égocentristes. Il s’appelle Salah Ben Sayad et il est issu d’une famille «bizarre». C’est le nouveau monologue écrit et mis en scène par Ahmed Rezzak. Intitulé Dis que t’as tort, il sera interprété par le comédien Chaker Boulemdaïs, et présenté devant le public du TNA, en janvier. El Watan Week-end a vu le spectacle en exclusivité pour vous. Mostaganem, Meziane Abane mabane@elwatan.com Après le succès qu’ont connu Torchaka et Kechrouda, les deux pièces théâtrales écrites et réalisées par le metteur en scène, comédien et scénographe, Ahmed Rezzak, ce dernier revient avec un autre spectacle et propose, cette fois-ci, un monologue qu’il compte présenter, en janvier prochain, au Théâtre national algérien (TNA). Intitulé Dis que t’as tort, ce nouveau projet est, en réalité, une reproduction retouchée de son monologue Ezzaim (Le Caïd), incarné par lui durant les années 1990.  Mais Dis que t’as tort sera interprété, pour le coup, non pas par Ahmed Rezzak mais par le jeune prodige, Chaker Boulemdaïs, qui fait partie aussi de l’équipe de comédiens qui ont brillé avec Torchaka. Dans ce one man show, Chaker évoque les déboires de la société algérienne et incarne l’histoire du jeune Salah Ben Sayad qui cherche à se faire une place dans sa région et imposer le respect autour de lui dans un monde d’égocentriques. Ahmed Rezzak décortique, au fait, l’environnement dans lequel vit l’Algérien à travers les différentes phases de sa vie et pose la question de savoir si ce dernier lui permet d’évoluer ou non ? Dans le filage auquel nous avons assisté en présence du metteur en scène, Chaker, qui prépare son spectacle au théâtre de l’association El Moudja, à Mostaganem, commence par une présentation des Ben Sayad. On apprend qu’il est issu d’une famille nombreuse où les parents ne font qu’enfanter malgré la misère sociale dans laquelle ils vivent. Son père Lemnouar, ouvrier de la commune, ne pense qu’à se multiplier dans l’espoir de voir l’un de ses enfants réussir un jour ses études, se faire embaucher par Air Algérie afin de lui permettre de voyager gratuitement et accomplir son devoir de pèlerin à La Mecque. Lassé, Salah ne supporte plus le fait d’avoir de nouveaux frères et sœurs chaque année. Il est tellement embarrassé qu’il appelle sa mère, Nouara, pop-corn, le fait qu’elle refuse la contraception. Sujet tabou mais pas que. Il a l’impression que ses parents ne savent même pas ce que c’est et à quoi elle peut servir ? Tabous Cousins à la base, à cause de la consanguinité, les parents de Salah n’ont réussi à avoir que des enfants souffrants de handicap physique. De plus, hormis les filles, aucun des garçons n’a réussi ses études. Enfin pas toutes, car Lemnouar a interdit l’école à l’une d’elles lorsque son enseignant s’est trompé de mention dans son bulletin. Au lieu d’écrire «bonne» note, ce dernier a mis «belle» note, ce qui a alimenté tous les doutes les plus pervers de Lemnouar qui a obligé sa fille à quitter définitivement les bancs de l’école. Ce n’est pas tout, car le critère de beauté a fait aussi défaut à ses sœurs qui sont mariées à des hommes non instruits. Ces derniers ont fait d’elles, pourtant toutes diplômées, des femmes au foyer, tout comme l’est sa mère dont il critique le statut qui la réduit à une faiseuse d’enfants et une femme de ménage. Ahmed Rezzak nous plonge ainsi dans une famille de fous, pleine de tabous où la parole n’est permise qu’au père que Salah qualifie de dictateur. Pour revenir à Salah, il se présente comme le seul beau parmi ses frères et le seul à avoir eu son bac, ce qui fait de lui la cible et le seul à devoir endosser la responsabilité de répondre aux attentes de ses proches, notamment son père. Salah n’en peut plus, car Lemnouar veut qu’il devienne pilote et sa mère, elle, souhaite qu’il finisse champêtre. Agacé par l’anarchie qui règne au sein de sa famille, qui n’a ni savoir- vivre ni perspective de vie et par les jugements moqueurs des gens de sa commune, il décide de faire cavalier seul, de se battre pour réussir et s’imposer dans sa société. Il souhaite se faire respecter, vénérer et même idolâtrer afin de faire oublier aux gens l’image de «raté» qu’ils ont de lui et de sa famille. Ce sentiment devient tellement une obsession chez lui qu’il finit par vouloir être un dictateur, ce monsieur que tout le monde craint et devant qui, personne n’ose ouvrir la bouche.   Imam Salah décide donc de se lancer dans la politique. Il s’entraîne et improvise des discours devant le regard amoureux de sa voisine Kheïra. Mais il ne se laisse pas faire. Car malgré l’affection qu’il lui porte, il ne montre aucune faiblesse devant elle. «Salah est fort de caractère et n’est faible devant personne», scande-t-il à voix haute pour que tous ses voisins l’entendent. Il tente de reproduire les discours de Gaddafi, Boumediène, Chadli et tous les présidents qui les ont succédés. Salah a même eu une première revendication, celle d’alimenter les foyers en électricité, mettre la lumière dans les maisons afin d’empêcher les parents de se retrouver la nuit dans le noir. Tout comme le revendique son personnage Zeroual : «Il faut diminuer la démographie», unique solution trouvée par Salah afin de faire face aux problèmes économiques que vivent les familles dans sa région. Pour entrer dans les choses sérieuses, Salah tente alors sa première expérience chez les démocrates. Tous francophones, la langue lui fait déjà défaut, mais il n’abdique pas et continue à se battre afin de se faire une place. Après plusieurs va-et-vient, Salah se rend compte qu’il ne sert enfin qu’à applaudir le vrai leader au milieu de cette foule déchaînée. De plus, il aurait bien aimé être à sa place. Furieux, il enclenche un débat avec le responsable du parti et lui demande d’alterner les rôles comme l’exige la démocratie. Sa demande a, malheureusement, essuyé un refus catégorique qui le pousse, cette fois-ci, à quitter les démocrates et chercher sa place dans le camp opposé, chez les islamistes. Au fil du temps, Salah change d’habitudes et d’effets vestimentaires. Il découvre les halaqat (les cercles) et devient ce barbu, qui ne parle qu’en arabe et ne met que des djellabas et des gandouras. Surexploité, il passe son temps à ramasser les cotisations pour l’imam polygame. Tantôt pour construire une mosquée, tantôt pour financer la circoncision du fils de l’imam et même les mariages de ce dernier, puisqu’il a droit à quatre femmes. Salah n’est même pas marié. Les femmes, elles, ne lui sont promises qu’une fois arrivé au paradis après sa mort. Révolté, il part voir l’imam et lui dit : «Moi aussi, je veux vivre ma vie ici et profiter du paradis après ma mort.» Giflé par l’imam, Salah décide de s’en aller. Mais où ? Aucun mouvement ne le laisse percer et aucun ne parle de lui encore, jusqu’au jour où il découvre qu’une partie de l’argent de l’imam va en réalité aux terroristes, qui sont les vrais chefs, dont tout le monde parle et que tout le monde craint. Il tente alors l’expérience du terrorisme. Prison Salah, qui s’est donné le nom de Salah Baqqa, cette fois-ci, décide de prendre les armes. Sauf qu’il s’est planté au-dessus d’un figuier pendant des jours et des semaines sans que personne ne l’aperçoive ou ne lui prête attention. Il demande donc aux gens d’alerter les services de sécurité sur sa présence, en vain. Personne n’est venu le chercher. Son plan de faire le tour des médias a donc échoué. «Le grand Salah Baqqa est enfin intercepté par les services de sécurité», songe-t-il de lire un jour ce titre sur la une des journaux. Découragé, il décide d’aller se rendre de son propre gré à la police. Arrivé devant un commissariat, des policiers lui demandent de rentrer chez lui et l’informent que tous les terroristes ont bénéficié d’une amnistie générale. Dégoûté, il se rend à l’armée, pensant que ces derniers ne laisseront jamais partir un terroriste sans le juger. Effectivement, ces derniers l’accueillent dans leur caserne, l’obligent à répondre à un questionnaire puis le prennent en photo. Pensant que l’instant tant attendu est enfin là, et au moment où il attendait l’arrivée des médias, des militaires l’appellent, lui délivrent sa carte militaire et le laissent partir bredouille. Désemparé, Salah ne sait plus quoi faire, lui qui a vu son rêve de se faire connaître et de devenir dictateur s’évaporer. Toutes ses tentatives ont échoué. Déçu, il décide donc d’accepter son destin et d’avoir les pieds sur terre. Il revient chez lui et cherche un travail à la mairie, comme l’était son père. Ces derniers l’acceptent et lui donnent la tâche de déboucher les canalisations d’assainissement. Salah pourra enfin se sentir utile. Alors que quelqu’un l’a prévenu : «Le projet en question est pris par des étrangers qui devaient arriver dans quelques jours afin de l’entamer.» Comment faire ? Les habitants attendent et s’impatientent. Salah décide de le régler tout seul et réussit à restaurer les canalisations, ce qui lui a valu tous les honneurs. Il a été même accueilli comme un chef et héros par tous les habitants de sa commune. Kheïra, sa dulcinée, était aussi là avec son regard d’amoureuse, toute fière de voir l’homme de ses rêves acclamé par la foule. Et au moment où tout le monde attendait sa prise de parole, des hommes moustachus et habillés en noir l’ont soulevé. Sauf que ces derniers ne l’ont pas fait pour l’honorer, mais pour le conduire en prison. Ici, s’achève le rêve de Salah qui pense avoir tout perdu, même l’amour de Kheïra, à qui il n’a pas su exprimer ses sentiments au moment voulu. Quelques jours plus tard, il apprend qu’il est, officiellement, poursuivi pour «destruction des biens publics», pour avoir réparé les canalisations et officieusement, pour avoir «touché à des intérêts de gens bien placés».

J’essaie de maintenir un semblant d’espoir en contribuant à ma manière dans ce tissu artistique qui m’entoure

J’essaie de maintenir un semblant d’espoir en contribuant à ma manière dans ce tissu artistique qui m’entoure Quel est le message que vous voulez passer à travers ce monologue ? Il est important, aujourd’hui, d’analyser l’environnement dan
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J’essaie de maintenir un semblant d’espoir en contribuant à ma manière dans ce tissu artistique qui m’entoure

J’essaie de maintenir un semblant d’espoir en contribuant à ma manière dans ce tissu artistique qui m’entoure Quel est le message que vous voulez passer à travers ce monologue ? Il est important, aujourd’hui, d’analyser l’environnement dans lequel évolue l’Algérien afin de déceler les facteurs qui ont contribué à sa situation. J’ai l’impression que nous vivons dans une société où tout le monde se sent redevable de quelque chose qu’il n’a pas forcément choisie. C’est comme si tout est dicté de l’extérieur et qu’aucun de nous n’avoue qu’il a tort, d’où le titre du monologue. Je reste convaincu que nous méritons mieux et que rien n’a changé depuis l’indépendance. L’Algérien est en constante recherche de son identité. C’est comme s’il a un handicap à combler. En réalité, il se cherche un projet et des perspectives. Le fait de trouver une vocation, ce qui est le cas de Salah quand il s’est fait embaucher par la mairie est, en soi-même, une projection de son avenir. Sauf qu’en prison, il n’a trouvé que des gens qui lui ressemblent. Ce sont des rêveurs qui ont cru, un jour, pouvoir réussir dans un monde sans valeur où règne l’égoïsme absolu. A comparer avec Ezzaïm que vous avez interprété dans les années 1990, qu’est-ce qui a changé, réellement, dans ce one man show ? Il est vrai que j’ai joué Ezzaïm en plein terrorisme, mais je pense que rien n’a changé depuis cette période. D’ailleurs, je n’ai pas modifié grand-chose dans le texte. Je pense que la situation est la même. Cette dernière me rappelle le film de Tom Hanks où il vit la même journée après chaque réveil. Même si on rejoue Souk El Fellah de Alloula, son texte trouvera écho aujourd’hui, car même si on les a remplacés par des supérettes, la situation financière des Algériens reste la même. Le seul changement qu’il y a, c’est notre vieillissement. Est-ce que c’est réellement la vision que vous avez de l’Algérie ? Car nous avons l’impression que vous êtes très pessimiste dans votre manière d’interpréter les choses… Me concernant, j’essaie de maintenir un semblant d’espoir en contribuant à ma manière dans ce tissu artistique qui m’entoure. Mais la réalité est là. Nous vivons dans un pays où le président est carrément absent depuis plus de trois ans. Nous avons assisté à des milliers de scandales de corruption sans qu’il y ait de condamnation. La situation économique et sociale laisse à désirer. Notre jeunesse est désespérée. Nous voyons quotidiennement des centaines de harraga prendre le large. Les enfants de l’Algérie n’ont plus espoir en leur pays. Ils préfèrent, malheureusement, se faire dévorer par les requins que de rester ici. Alors, dites-moi où puis-je trouver de l’espoir dans ce pays ? En dehors de votre travail artistique, vous êtes connu aussi pour votre engagement. Vous avez manifesté contre le 4e mandat du président et contre le gaz de schiste,  initié la campagne pour l’application de l’article 102 de la Constitution et vous vous mobilisez aussi pour une meilleure politique culturelle en Algérie. Certains peuvent se demander, pourquoi c’est à vous, en tant qu’artiste, de mener tous ces combats ? J’aurais aimé rester sur la scène. De plus, je me demande, pourquoi il n’y a que dans les pays du Tiers-Monde qu’on remet en cause le militantisme de l’artiste. La politique est d’avoir un projet. Elle n’est pas propre aux politiciens. Les artistes, de par le monde, ont eux aussi le droit de s’exprimer artistiquement ou pas, par rapport à une situation qui leur déplaît. Aux Etats-Unis, ce sont les artistes qui critiquent Donald Trump. Le cas des intermittents du spectacle en France est, lui aussi, un exemple à méditer. Le seul problème en Algérie, est qu’on vous bloque dès que vous osez ouvrir la bouche. Dans mon cas, le ministre de la Culture me bloque tous mes travaux et dans tous les théâtres. Il le fait en réduisant ma vitesse de travail. J’aurais fait plus si j’avais la liberté d’entreprendre. Je considère Torchaka comme un don où une sorte du militantisme de la part des artistes qui ont offert leurs cachets. Maintenant, c’est le public qui impose la programmation d’un tel ou de tel travail. Mes pièces ont du succès, tant mieux pour moi, mais on ne me laisse pas faire plus. Maintenant, la tutelle doit savoir une chose. Elle est là pour gérer le budget du ministre et non l’utiliser comme moyen de pression. Cet argent ne lui appartient pas. C’est celui du contribuable. En tant qu’artiste, j’ai aussi le droit d’en bénéficier pour pouvoir travailler au profit de la culture algérienne. Vous avez été convoqué, en novembre dernier, par la police judiciaire de Annaba. Vous dites que des proches du dossier vous ont dit qu’il s’agit, visiblement, de propos que vous avez tenus sur Facebook. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur cette affaire ? Effectivement, c’est ce qu’on m’a dit. J’ai entendu dire que je suis convoqué par la police judiciaire de Annaba. On m’a même insinué qu’il s’agit de certains propos que j’ai tenus sur Facebook. Aujourd’hui, j’avoue que, comme le cas de beaucoup d’Algériens, je m’exprime régulièrement sur ce réseau social. Je parle souvent des sujets qui m’intéressent, mais surtout du pouvoir algérien que je critique. Il m’arrive, parfois, d’être virulent envers les détenteurs du pouvoir, mais je le dis aujourd’hui et je le répète, mes propos ne sont qu’une réaction à une situation qui n’est plus à présenter à personne. De plus, je pense que je n’ai insulté personne, car se sont eux qui se sont auto-insultés en se maintenant à tout prix au pouvoir. Pour la suite de l’affaire, je ne vois pas pourquoi on me convoque à Annaba, alors que je n’y habite plus depuis 30 ans !

«Les murs sont des mémoires»

A peine vécues... est un livre qui revient sur une belle expérience artistique menée par Denis Martinez avec ses étudiants et sur la censure. A peine vécues... est un beau livre qui vient de paraître aux éditions APIC, à Alger, signé Dominique Dev
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«Les murs sont des mémoires»

A peine vécues... est un livre qui revient sur une belle expérience artistique menée par Denis Martinez avec ses étudiants et sur la censure. A peine vécues... est un beau livre qui vient de paraître aux éditions APIC, à Alger, signé Dominique Devigne et Denis Martinez. Artiste peintre et ancien enseignant à l’Ecole supérieure des Beaux-Arts d’Alger (1963-1993), Denis Martinez, 78 ans, revient, photos et articles de presse à l’appui, sur trois actions picturales menées en Algérie, en 1986 et en 1987, avec ses étudiants. Soutenu par Ahmed Asselah, alors directeur de l’Ecole des Beaux-Arts, Denis Martinez s’est rendu à Blida, In Amenas et Soumaâ pour donner des couleurs aux espaces extérieurs. «Avec Asselah, qui a essayé d’élever le niveau de l’Ecole, nous avons décidé de mener des actions en dehors des murs de l’établissement en impliquant les étudiants. Après la destruction de l’hôpital qui se trouvait à Bab Edzair, à Blida, il restait un mur qui était destiné à être détruit aussi. J’ai pensé alors avec Djamel Ferfara (ancien responsable de la commission culturelle de la mairie de Blida) à faire une intervention sur site en l’appelant ‘‘Les dernières paroles d’un mur’’. Cela a été fait d’une manière très libre. C’était un moment fort en créant des liens avec les gens de Blida. Les étudiants, qui ont pris part à cette opération, sont aujourd’hui des artistes reconnus dans le pays», s’est rappelé Denis Martinez qui connaît parfaitement la ville de Blida. Parmi les étudiants qui ont participé à l’aventure artistique, figurent Noureddine Zidouni, Sid Ahmed Chaabane, Fathy Bourayou, Zouhir Boudjemaa, Abdelkader Belkhorissat, Kheira Slimani, Rachid Nacib, Said Atek, Karim Sergoua, Driss Ouadahi, Abdelkader El Kantar, Nadia Boussouira et Mustapha Sedjel. L’artiste peintre déplace en suite ses étudiants vers In Amenas, dans le Sud-Est algérien, à 1326 km d’Alger et à 40 km des frontières avec la Libye. «Nous avons mené des actions similaires au niveau de la base pétrolière d’In Amenas et dans le village à côté. Nous avons alors scindé les étudiants en trois groupes. Le premier est intervenu au niveau de la base elle-même, dans la partie consacrée aux loisirs, un autre au niveau de la façade de la Maison des jeunes dans le village et le troisième a tenté l’expérience de mettre des couleurs sur un pipeline, PK5. C’était également une belle expérience intensifiée par les dialogues avec les gens», s’est souvenu Denis Martinez. En octobre 1987, le groupe d’artistes se déplace à l’université de Soumaâ (Blida), alors en construction, pour donner libre cours à leur création au niveau de l’Institut de mécanique. «Nous avons mené notre action aux côtés des maçons qui étaient sur le chantier. Les étudiants ont peint des murs de sept mètres», a confié l’ancien enseignant des Beaux- Arts. Malheureusement, les travaux artistiques ont ensuite été détruits. «Des effets de censure», selon Denis Martinez. «Quelque temps après notre départ, ‘‘Les dernières paroles d’un mur’’ à Blida ont été effacées par les barbus. Ils étaient convaincus que la représentation humaine figurative est interdite. Ils ont effacé à la peinture blanche tous les personnages et visages en agissant sous le couvert de la nuit. A In Amenas, le chef de daïra de l’époque avait donné l’ordre de repeindre en blanc tout ce que nous avons fait à la Maison de jeunes. C’était du ‘‘tkhrebich’’  pour lui. Il ne voulait pas qu’un ministre en visite dans la région voit cela. Il a eu peur que cela choque !» a détaillé l’artiste peintre. A Soumâa, les tableaux dessinés par les étudiants de Martinez ont été également effacés par de la peinture blanche, «pour les mêmes motifs falacieux». «La cellule locale du parti unique(FLN) de l’époque avait interprété certaines peintures comme des expressions négatives par rapport au pouvoir. Nous avons élaboré ce livre pour qu’on n’oublie pas cette expérience artistique. Dominique Devigne, ma compagne, a collecté tous les documents et photos pour élaborer cet ouvrage et pour rappeler que nos travaux n’ont pas eu le temps de vivre, d’où le choix du titre», a expliqué Denis Martinez. Préfaçant le livre, le romancier Noureddine  Saâdi a rappelé que le meurtre de l’art a «longtemps précédé l’assassinat des hommes en Algérie». «Ces œuvres n’existent plus, détruites. N’en subsistent que ces photographies, telles des images, toutes ces choses de beauté que la mémoire ravit à mort», a-t-il écrit.  A peine vécues... est publié en hommage à Ahmed Asselah et à son fils Rabah, assassinés à l’intérieur de l’Ecole des Beaux-Arts d’Alger, le 5 mars 1994.

«Je suis content que l’Algérie participe aux Oscars 2018»

Rencontré récemment dans le cadre de la tenue de la 7e édition du Festival international du film engagé à Alger, le réalisateur, Rachid Bouchareb revient dans cet entretien sur la problématique soulevée dans certains de ses films et sur la nomination
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«Je suis content que l’Algérie participe aux Oscars 2018»

Rencontré récemment dans le cadre de la tenue de la 7e édition du Festival international du film engagé à Alger, le réalisateur, Rachid Bouchareb revient dans cet entretien sur la problématique soulevée dans certains de ses films et sur la nomination de son film La route d’Istanbul aux Oscars 2018. - Vous abordez dans votre dernier film La route d’Istanbul le thème de la radicalisation, mais du point de vue d’une mère... Quand j’ai vu dans l’actualité des mères qui étaient dans cette situation un peu partout en Europe, j’ai trouvé intéressant de me mettre plutôt de ce côté-là. De l’autre côté, on en a beaucoup parlé. C’était dans l’actualité en permanence. Je me suis mis du côté d’une mère qui vit dans un endroit isolé, au fin fond de la Belgique, quasiment en campagne, se retrouvant confrontée à cette problématique. L’idée était de montrer tout l’itinéraire sur le plan émotionnel, parce que c’est cela qui m’intéressait beaucoup plus que le sujet. Je me suis mis du côté de cette mère pour voir comment cela peut être vécu et emmener le personnage en voyage. J’aime faire des films dont la trame a pour cadre la route. Pour moi, c’était une très bonne idée de continuer avec ce sujet et puis de l’emmener jusqu’en Turquie. Il y a d’ailleurs une partie du film qui a été tournée en Turquie et une autre en Algérie. Mais l’Algérie n’est qu’un décor et les acteurs algériens qui jouent dans le film interprètent aussi d’autres personnages. - Justement, il ne s’agit pas d’un film axé sur le djihadisme, mais plutôt sur la séparation brutale entre une mère et sa fille... Il s’agit plutôt d’une séparation entre une mère et sa fille. C’est beaucoup plus la mère qui se pose des questions, à savoir ce qu’elle a loupé dans sa vie au niveau de l’éducation de son enfant. On retrouve ce genre d’histoire dans d’autres de mes films, tels qu’Indigènes, ou Little Sénégal sur l’esclavage, ou London River sur les attentas à Londres, Cheb, que j’ai fait en Algérie, Baton Rouge, aux Etats-Unis avec de jeunes Algériens vivant en France et qui pensent que vivre aux Etats-Unis, ils auront un avenir peut être plus intéressant que celui qui leur est promis dans les banlieues françaises. C’est ce qui m’intéresse le plus. La dimension politique ne m’intéresse pas. - Mais la détresse de cette femme est-elle la résultante d’un islamisme radical ou est-elle due à l’incompréhension de l’Occident ? Je dirais que même moi, quand j’ai découvert ces mères qui témoignent, j’ai compris comment elles percevaient ce déchirement et comment elles le vivaient. Je dirais même que jusqu’à aujourd’hui, pour certaines mères et certains pères, cela reste mystérieux que leurs enfants partent sans crier gare. A un moment, on peut le ramener en dehors de ce sujet à d’autres thèmes. A titre d’exemple, quand on a des enfants, on va toujours se poser des questions à un moment donné pour essayer de savoir si les choses se passent mal et si notre progéniture prend une autre voie, que ce soit celle de la délinquance ou de la drogue, ou tout autre chemin qui paraît être contraire à tout ce qu’on a pu lui transmettre. C’est cela le secret de mon film. Il y a un mystère sur l’éducation des enfants. C’est là-dessus qu’il faut le ramener et pas sur autre chose. C’est cela le film et c’est ce qui intéresse le téléspectateur. Après, on relie la trame à la Syrie et le monde de la drogue. Je me suis plus attaché à cela. - L’enrôlement d’enfants pour le djihad en Syrie n’est-il pas spécifique aux pays arabes ? C’est cela qui m’intéressait et que j’ai trouvé étonnant. Beaucoup de parents européens se retrouvent dans cette situation. Pour eux, c’est encore très loin, c’est-à-dire un enfant qui se convertit à l’islam disparaît et devient complètement un étranger parce qu’il y a des scènes dans le film où ils arrivent à avoir un contact par skype. La mère ne sait plus qui elle a devant elle. C’est cela qui fait peur quand on est parent et que votre enfant se retrouve dans un autre monde face à vous et qu’il n’est pas dans le vôtre. C’est ce que raconte le film. - Avez-vous achevé votre dernier film, Le flic de Belleville ? Je suis en phase de montage. C’est une comédie avec Biyouna et Omar Sy. C’est une comédie policière qui se passe à Miami, en Afrique et à Paris. C’est l’histoire d’un flic à Belleville qui a une mère algérienne qui est Biyouna. Ils partent ensemble car ils sont mutés à Miami. La mère aime bien les personnages de fiction, Kojak et Colombo. Ce tandem de policiers a été très agréable à faire pour moi et de traiter cela sous l’aspect de la comédie. C’était intéressant pour moi de mixer les deux formidables acteurs Biyouna et Omar Sy. La sortie de ce film est prévue pour le 17 octobre 2018. - Vous êtes également sur d’autres projets, notamment sur un film documentaire lié à la  Wilaya VII (La Fédération de France du FLN) durant la période 1954-1962... Il est tout à fait exact que je suis sur plusieurs projets, dont certains sur l’Algérie. En effet, je compte réaliser un documentaire sur la Wilaya VII à partir de mai 2018. Il s’agira d’archives et d’interviews. J’attaquerai le montage à partir de juin-juillet. Ensuite, j’entamerai une autre aventure cinématographique. - Vous insistez et prenez beaucoup de temps dans vos films pour l’interview, la recherche et les rencontres... Parce que je veux être certain. Il y a des choses que les gens vont vous dire que vous ne pouvez pas imaginer. Mon ami, le scénariste français Jean Claude Carrière, me disait que quand on est un écrivain ou un scénariste, on ne peut pas inventer des situations données dans la vie que l’on ne pourrait pas imaginer. Allez rencontrer les gens qui font vous parler de leur vie, que ce soit pour un film comme Indigènes, où je suis parti voir les gens de 75 ans. Comme le projet également qui traite de la Wilaya VII qui vous raconte comment de jeunes Algériens de 22 ans — alors qu’aujourd’hui ce n’est rien d’avoir cet âge — ont pris fait et cause pour la Révolution sans aucune hésitation. Je me dis : mais comment cela est-il possible ? Comment on décide de faire la Révolution ? Cela m’a tellement passionné pour en faire d’abord le matériel de Hors-la-loi, mais je voulais aussi les filmer et leur rendre hommage à travers un film documentaire que je vais réaliser dans quelques mois. Beaucoup de gens se sont sacrifiés durant la Révolution algérienne, mais dans le monde d’aujourd’hui, à quel moment la jeunesse se sacrifie ? Pour changer un monde aujourd’hui, c’est plus cela. Tout le monde est attaché à son téléphone et à la société de consommation. Le monde actuel dans son ensemble va très mal. Je ne sais pas où on va aller, mais à mon humble avis, là on a l’air d’aller vers la fin du monde. - N’est-ce pas un cri de détresse que vous lancez ? Mais non, ce n’est pas un cri de détresse. On voit bien cette mondialisation. On voit bien ces millions de gens qui sont sur les routes. Ils cherchent, pour ceux qui ont une famille, à avoir une meilleure vie pour leurs enfants et pour eux-mêmes. Aujourd’hui, ce n’est plus seulement par rapport à des problèmes économiques que les gens migrent, mais aussi à cause des catastrophes naturelles qui vont devenir de plus en plus importantes. Nous ne sommes plus dans une émigration d’il y a 17 ans liée à l’économie, mais à cause des guerres qui ont lieu un peu partout dans le monde. Personne ne fait rien pour que les choses s’améliorent, alors dans certaines parties du monde il y a quand même ceux qui sont privilégiés. Même si on a peu de choses, on est quand même privilégié par rapport à tous ces gens. - La route reste un leitmotiv dans vos films... C’est exact. Mes parents sont partis d’Algérie dans les années 1940 avec une valise seulement. Je suis issu de parents qui sont arrivés en bateau à Marseille. Il y a des milliers de personnes comme ça. C’est cela mon histoire. Mon histoire est là. Elle est là aussi dans le fait que mes parents sont rentrés un jour pour vivre en Algérie, du côté d’Oran et de Maghnia. J’étais tout le temps dans cette histoire de l’émigration et puis d’un voyage à venir qui serait celui qui continue après. - Vous êtes arrivé jusqu’aux frontières du Mexique avec votre téléfilm Just Like a Woman ? Oui, mais c’est parce qu’un jour je suis parti à Santa Fe, au Nouveau Mexique. Je suis allé plus loin et j’ai vu un impressionnant mur. Je me suis dit c’est fou de construire à la frontière sur des centaines de kilomètres. Et puis, je suis rentré chez moi et je me suis dit que le sujet m’intéressait. Alors, je suis parti enquêter là-bas pendant plus d’une année, et là j’ai rencontré des gens incroyables, pas dans le bon sens du terme. J’ai trouvé un type qui était millionnaire en Californie, mais pour protéger son pays, il est parti habiter à cent mètres dans un lieu isolé près de la frontière mexicaine où un mur sépare les deux pays. Il a acheté un avion et s’est mis à patrouiller. Le mur devant chez lui n’est pas fini car il s’étale sur 350 kilomètres. Mais à un moment devant chez lui, le mur s’est arrêté. Des milliers d’Américains le suivent, car il a construit un studio de télévision derrière ce mur. Il fait des émissions et il a des milliers de gens qui le soutiennent dans l’Amérique qui viennent de temps en temps en pèlerinage le voir. Il patrouille, fait des photos et des rapports à la Maison-Blanche. Donc, faire des enquêtes, cela amène à faire des choses qu’on ne peut pas imaginer. Surveiller cette frontière m’a paru très problématique. Et même le fait de penser à un mur dans mon enquête. - On retrouve aussi un autre mur dans votre film policier La voie de l’ennemi avec l’acteur Forest Whitaker... Je me suis inspiré et j’ai acheté les droits du film français Deux hommes dans la ville, avec Jean Gabin et Alain Delon. Ce sujet me plaisait, mais je me suis dit que pour camper le rôle d’Alain Delon, c’est Forest Whitaker qui le tiendrait. Je fais un Afro-Américain converti à l’islam. Cette porte d’entrée m’a aidé à partir sur ce projet. Et l’idée du mur m’a permis d’intégrer les deux, c’est-à-dire que j’avais le mur, mais il me fallait un sujet qui me permette de rentrer dans la société américaine à travers la communauté afro-américaine. Cela a été une addition avec Forest Whitaker. - Les thèmes récurrents de l’islam et du musulman reviennent souvent dans tout votre cinéma… Je suis d’une culture où l’islam est présent dans ma famille et dans son histoire. Cela fait partie de mon histoire et de mes origines. Dans mon film Indigènes, c’était la réalité quand j’ai parlé aux soldats, ils m’ont dit qu’ils faisaient la prière avant d’aller au combat. Aujourd’hui, cela a pris une dimension, mais nous à l’époque, la famille priait normalement. Notre monde, c’est l’âme. Moi, ce n’est pas par rapport à cela, je n’y fais pas attention. Il s’intègre naturellement parce que c’est dans ma culture. C’est pour cela que je me sens bien de mettre mes personnages là-dedans, car moi aussi je veux me retrouver dedans. Dans Little Sénégal, le personnage principal traverse l’Amérique. Il s’arrête au bord de la route pour faire la prière. Sans plus. - Vous représenterez l’Algérie aux Oscars 2018... Disons que je représente l’Algérie depuis 20 ans. Je suis allé plusieurs fois aux Oscars. Ce n’est pas comme la première fois quand cela m’est arrivé. Maintenant, je le vis comme une étape professionnelle importante mais pas nouvelle. C’est comme le premier amour qu’on n’oublie pas. Il y a des premières fois dans la vie qui nous marquent. Et puis, la première fois, il n’y avait pas tous les moyens. C’était autre chose. Aller aux Oscars était un choc. La deuxième fois, pour Indigènes, il y a eu Cannes, le succès du film, la distribution américaine et la rencontre avec les artistes américains. Le tapis rouge n’est plus pareil. Le voyage est fait. Il est agréable à faire. Cependant, je suis content surtout d’une chose, j’ai lu un article dans un journal professionnel américain qui faisait le point de tous les films qui sont proposés cette année. Il commençait à faire une liste de simulations. Et à un moment donné, le rédacteur mentionne : «Attention de ne pas exclure l’Algérie». Je suis très content pour le pays et pour le cinéma algérien. Cela m’émeut beaucoup. Je trouve que c’est bien que l’Algérie soit présente le plus souvent possible. Il y a des choses qui se construisent. Il ne faut pas laisser un trou pendant dix quinze ans et puis avoir l’oubli. On est un pays qui participe à cette compétition, qui a déjà remporté un Oscar, et ce n’est pas rien. C’est à promouvoir, je pense.

Vu à la télé : La politique du marchandage et de la compromission

On savait le maire d’Alger-Centre en conflit d’influence ouvert avec le parti (le MPA) à l’origine de son ascension publique, mais de là à le voir s’engager si promptement sous les couleurs du FLN pour le nouveau mandat communal a laissé perplexe
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Vu à la télé : La politique du marchandage et de la compromission

On savait le maire d’Alger-Centre en conflit d’influence ouvert avec le parti (le MPA) à l’origine de son ascension publique, mais de là à le voir s’engager si promptement sous les couleurs du FLN pour le nouveau mandat communal a laissé perplexe plus d’un. L’élu, qui a dû surmonter de dures épreuves psychologiques pour mériter encore la confiance de ses électeurs, a donné l’impression, en changeant aussi facilement de «camp», que la conviction politique passait finalement bien après l’impératif d’une certaine idée du carriérisme adapté aux conjonctures. Il a donc changé simplement de sponsor politique comme d’autres changeraient de chemise. Faut-il vraiment s’en étonner ? A vrai dire, l’attitude de ce maire qui est loin d’être un simple acte de vengeance après avoir défrayé la chronique en s’opposant frontalement au leader de son ex-parti, dénonçant au passage ses tentatives malsaines pour le discréditer, reste symptomatique de la réalité politique que nous vivons dans laquelle l’engagement militant ne constitue, sauf à de rares exceptions, qu’une couverture ou un faire-valoir. Une réalité qui s’explique aujourd’hui par l’indigence et le manque flagrant de rigueur de l’activité politique nationale émanant aussi bien des partis du système que de l’opposition, qui peut à tout moment virer quand les intérêts personnels ou de groupe sont en jeu. Tout est donc question de calcul politicien, de marchandage, de compromission pour que ces intérêts soient préservés sans qu’on ait conscience de perdre la face. On a vu ainsi de nombreux hommes politiques, au cours de leurs pérégrinations, abandonner sans aucun scrupule le segment idéologique autour duquel ils avaient construit leur activité militante pour se mettre au service d’une «cause» qui paraissait jusque-là totalement incompatible avec leurs idées et leur vision de la société. Parfois, ces transfuges qui ne résistent pas à l’appel des sirènes du régime ne font même pas dans l’approximatif pour demeurer quelque peu dans le giron de leurs convictions initiales. Ils basculent avec armes et bagages dans le camp adverse et changent du jour au lendemain de discours en pointant du doigt, souvent avec une virulence inouïe, les militants avec lesquels ils avaient effectué leurs classes et partagé le même combat politique et idéologique. Même ceux qui, dans l’opposition, paraissaient inébranlables dans leurs croyances, très convaincus pour défendre les nobles idéaux pour lesquels ils étaient prêts à consentir les pires sacrifices ont fini par succomber. Ils étaient, disait-on, de gauche, progressistes, ardents défenseurs des causes justes, apôtres du combat contre l’injustice et les inégalités sociales, militants acharnés pour les droits de l’homme, la liberté d’expression, la démocratie… des adversaires impénitents en somme du régime en place, symbole de la négation de tous ces motifs de mobilisation. Ils ont bradé tout ce potentiel militant, qui a parfois instauré par la contestation le rééquilibrage du rapport de force avec le pouvoir, pour s’échouer aux abords d’un système qui offre bien entendu un meilleur «confort» politique et des promotions administratives à profusion en fonction des services rendus. Ce phénomène de reniement qui va toujours à l’avantage du régime et qui fait perdre à l’opposition un effectif précieux de militants formés dans le vif de l’action s’est gravement accentué depuis l’arrivée de Bouteflika au sommet de l’Etat. L’une des stratégies employées pour consolider son système autoritariste aura été sans aucun doute celle qui devait fragmenter tous les secteurs n’adhérant pas à sa politique, à savoir partis d’opposition, presse libre, syndicats autonomes, associations citoyennes indépendantes, mouvements collégiens et estudiantins réfractaires… Avec des méthodes perfectionnées de parasitage, de noyautage, d’infiltration, de pression, de compromis et de corruption, cette stratégie s’est avérée payante puisque nous savons aujourd’hui que tous ces secteurs, qui font part d’une extraordinaire résistance, ont subi d’une manière ou d’une autre les attaques permanentes féroces du pouvoir pour les assujettir. C’est une confrontation de longue haleine qui est engagée depuis longtemps et qui, pour l’heure, si elle renforce la position répressive du pouvoir, ferme toute perspective d’émancipation pour la société. Et quand le vecteur de base de cet affranchissement, en l’occurrence la vie politique plurielle, se trouve en état de délabrement dans sa tendance à la soumission, il ne reste pas grand espoir pour le projet d’ouverture démocratique à laquelle nous aspirons tous. Il est à l’évidence très logique pour les tenants du pouvoir de vouloir compromettre tous les adversaires potentiels pour mieux régenter le pays selon la fameuse formule «diviser pour régner». Mais lorsque cette grille de domination arrive facilement à convertir les esprits les plus tenaces et les plus engagés dans la sphère du contre-pouvoir, il y a là de sérieux sujets d’inquiétude pour l’avenir de la chose politique dans notre pays. Une politique volontairement galvaudée qui corrompt ouvertement grâce au système de la rente et du clientélisme à bas prix et qui, de surcroît, rend tous les affidés du pouvoir encore plus piètres et mesquins dans leur allégeance aveugle. Résultat de l’analyse : il n’y a pas de vie politique en Algérie — au sens où l’entendent les experts en politologie — capable d’influer sur le cours des événements et donc d’agir sur la transformation de la société où ce seraient les opinions les plus éclairées et les plus convaincantes qui auront droit de cité. Comme il y a de moins en moins d’engagement politique capable de servir une cause en dehors des attraits matérialistes qui la contaminent. Pour un poste de ministre, des hommes politiques ont franchi allègrement le pas de la trahison de leur franchise militante. Tout esprit «rebelle» à l’ordre établi et profondément tourné vers le changement serait ainsi achetable ou vendable, c’est selon. Ces mouvements qu’on appelle «nomadisme politique» ne sont en fait que le reflet d’un activisme politique perverti qui se nourrit de mensonges et d’hypocrisie et devant lequel tout le monde fait semblant. A ce jeu du miroir déformant, les partis islamistes restent imbattables.

«Mes œuvres sont un message de tolérance et de paix»

Dans toute la collection du Dhikr, on retrouve les symboles qui ont été peints sans préméditation aucune. Les lectures des œuvres ont été faites après leur réalisation. Vous présentez à la P21 Gallery de Londres une collection riche d’une vingt
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«Mes œuvres sont un message de tolérance et de paix»

Dans toute la collection du Dhikr, on retrouve les symboles qui ont été peints sans préméditation aucune. Les lectures des œuvres ont été faites après leur réalisation. Vous présentez à la P21 Gallery de Londres une collection riche d’une vingtaine de toiles intitulée «Dhikr Pictural» abordant l’univers religieux. Comment est né ce projet artistique ? Ce projet est né à travers un long cheminement, soit près de 25 ans de recherche, de lectures, de réflexion et aussi de découvertes… En réalité, en art, on ne cherche pas, on trouve. La collection est formée de 19 toiles, un nombre-clé qui est revenu inconsciemment à travers la plupart de mes œuvres sans m’en rendre compte. Cette exposition, qui se tient depuis le 1er décembre, coïncidant avec le Mawlid Ennabaoui El Charif, va se prolonger jusqu’au 6 janvier prochain. Elle a vu le jour dans la capitale du Royaume-Uni grâce à des sponsors, entre autres l’ONDA, qui m’ont fait confiance, et des anonymes qui ont cru en ce message d’espoir qui se trouve actuellement dans une ville cosmopolite, Londres. A travers vos œuvres inspirées du Saint Coran, vous livrez un message de tolérance qui se devine aisément... L’exposition se veut pédagogique, d’où mon choix de la faire voyager à travers le monde. Après Alger, où deux expositions se sont tenues en mars 2016 à la villa Dar Abdeltif, et en avril 2017, au palais de la culture Moufdi Zakaria, à Alger, le Dhikr Pictural a été exposé en décembre 2016 à Téhéran (Iran) durant 10 jours. Là, elle est à Londres, et son impact auprès des visiteurs est des plus enrichissants vu les questionnements des connaisseurs. C’est une façon aussi d’aborder autrement notre religion qui, aujourd’hui, renvoie une mauvaise image qui appelle le public à se documenter et à se faire sa propre opinion. Vous usez à volonté de signes, de symboles, de chiffres et de lettres en arabesque... Comme cité précédemment, j’ai fait beaucoup de recherches autour du sujet, telles que la lecture du Coran et son interprétation en français, étant donné que je suis francophone, les références de la chronique de Tabbari, ainsi que les preuves scientifiques trouvées dans certains versets. On retrouve donc le codage mathématique dans le Coran avec la «basmallah», ou des références scientifiques  avec sourate El Hadid. Ainsi, il est mis en évidence l’importance du fer dans la création du monde, un élément indispensable dans la vie humaine et animale. Parlez-nous du choix de votre palette de peinture qui vire le plus souvent vers des tons chauds ... Les couleurs utilisées ne sont pas un choix personnel. Elles viennent d’elles-mêmes. Au fur et à mesure que je peins, la toile prend forme et les couleurs s’installent… Une inspiration qui me saisit et me fait moi-même découvrir ma création. Pourquoi avoir opté pour des œuvres de différentes dimensions ? Ces œuvres sont effectivement de différentes dimensions, mais il ne faut pas perdre de vue qu’elles ont été créées à différentes périodes. Ma première création de cette collection a été faite en 2007, soit la «Kaâba» et «Cinq», des œuvres qui ont d’ailleurs été exposées à Berlin cette année-là. C’est vrai que j’aime travailler sur les grands formats et avoir de l’espace afin de laisser libre cours à mon inspiration. Je n’aime pas me retrouver confinée dans un espace réduit La  présente exposition sera-t-elle de retour, prochainement, en Algérie ? Elle reviendra probablement, puisque je vis entre Alger et Londres. Je souhaite aussi qu’elle puisse voyager encore dans d’autres pays pour toucher un plus large public dans un message de tolérance et de paix. D’autres projets en perspective ? Je reste focalisée sur cette exposition qui est mon cheval de bataille et qui me tient à cœur… Vu qu’il faut bien vivre, je réponds aux demandes de ceux qui souhaitent acquérir une de mes œuvres.

Le film Hizam de Hamid Benamra en compétition

Le long métrage documentaire, Hizam, dernière œuvre du réalisateur Hamid Benamra, est programmé en compétition au 2e Festival international du film de Sochi (sud de la Russie), qui s’est ouvert lundi, indiquent les organisateurs. Le Festival interna
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Le film Hizam de Hamid Benamra en compétition

Le long métrage documentaire, Hizam, dernière œuvre du réalisateur Hamid Benamra, est programmé en compétition au 2e Festival international du film de Sochi (sud de la Russie), qui s’est ouvert lundi, indiquent les organisateurs. Le Festival international du film de Sotchi se poursuit jusqu’à samedi  dans cette ville balnéaire russe, située au bord la mer Noire. Hizam aborde le thème de la féminité et du rapport au corps de la femme comme «refuge de l’homme et son miroir», ainsi que le regard, porté en France, sur les cultures maghrébines et orientales en général. Le film est le fruit de 16 années de tournage durant lesquelles le réalisateur a suivi la danseuse et chorégraphe algérienne Assia Guemra pour la filmer pendant ses cours de danse et ses spectacles. Dans cette œuvre, le rapport à l’exil et au regard étranger est également exploré avec le cinéaste et écrivain syrien Mohammad Malas. Cinéaste indépendant, Hamid Benamra avait pris part à un grand nombre de manifestations cinématographiques à travers le monde avec Bouts de vie, bouts de rêves (2012), avant de sortir en 2015 Rêveries de l’acteur solitaire, sélectionné à une dizaine de festivals internationaux. Sorti en 2016, Hizam avait été présenté pour la première fois au 38e Festival international du film du Caire, avant de participer à des festivals au Maroc, en France et en Algérie. Le Festival international du film de Sochi a été fondé par la cinéaste russe Lubov Balagova, en 2016.

1994, ou le récit des années de terreur

Le romancier Adlène Meddi a tenté de restituer toutes les vérités sur le papier en puisant  dans son expérience de journaliste à El Watan et dans ses relations avec quelques officiers chargés de la lutte antiterroriste. Adlène Meddi, journaliste e
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1994, ou le récit des années de terreur

Le romancier Adlène Meddi a tenté de restituer toutes les vérités sur le papier en puisant  dans son expérience de journaliste à El Watan et dans ses relations avec quelques officiers chargés de la lutte antiterroriste. Adlène Meddi, journaliste et écrivain, a été, samedi dernier, l’invité du Café littéraire de Bouzeguène. C’est le premier invité de la nouvelle année littéraire de l’association Tiawinine (Les sources), après le renouvellement de son agrément. Adlène Meddi a été l’hôte de cette région de montagnes, à 60 km à l’est de Tizi Ouzou, pour présenter son dernier roman, 1994, publié en octobre dernier aux éditions  Barzakh. C’est en réalité la suite du roman La prière du Maure, paru en 2008. «Ce livre 1994, explique-t-il, est le résultat d’un voyage que j’ai effectué en 2009 à Had Chekala, une localité isolée de la wilaya de Relizane, où a eu lieu l’un des plus grands massacres de civils d’une guerre qui a ensanglanté le pays depuis 1992. Dans mon esprit, après le massacre il n’y a que mort, désolation et puis plus rien.  Je pensais ne rien y trouver, mais je fus surpris de me retrouver face à des survivants de cette attaque meurtrière qui a fait des dizaines de morts. Quand je leur parlais, j’avais l’impression de m’adresser à des fantômes. Dans mon esprit, je me rendais à l’évidence que quelque part, des gens, ceux qui nous gouvernaient, nous ont caché la vérité sur l’existence de ces survivants. A mon retour, je me suis dit qu’il est essentiel que je fasse un travail sur ces années de guerre civile, une blessure très profonde qui n’a pas encore livré tous ses secrets et que l’on voudrait fermer à jamais. L’idée m’est venue de commencer mon enquête avec des amis lycéens, à El Harrach, une ville assez spéciale, méprisée et connue pour être rebelle, avec des barbus communistes, ses boxeurs, et considérée comme étant une ville de ‘voyous’, de ‘criminels’, de ‘casseurs’ après un match... alors que la réalité est toute autre. Je connaissais cette ville pour y être né, une banlieue d’Alger qui a son histoire millénaire, sa culture, son patrimoine. C’est l’endroit où une tribu a été décimée au début de la conquête française. C’était une ville patriote. Je voulais réhabiliter tout cela en racontant la vie des années 90 vue par des lycéens». Le romancier Adlène Meddi a tenté de restituer toutes les vérités sur le papier en puisant dans son expérience de journaliste à El Watan et dans ses relations avec quelques officiers chargés de la lutte antiterroriste. Un roman noir, digne des polars, où s’égrènent crimes, enquêtes, coups bas, filatures et mystères et où les protagonistes se règlent les comptes entre eux. Tous les ingrédients sont là pour extrapoler cette réalité avec son lot de traumatismes. Had Chekala, une région où les villages ne rappellent  et ne font penser qu’à la mort, est également une ville qui aspirait à vivre et à survivre. Adlène Meddi se disait que pour cicatriser la plaie, exorciser les survivants de leur traumatisme, il fallait parfois «remuer» cette plaie. 1994, est paru en octobre 2017, réalisé sans documents de référence, avec juste le récit de quelques lycéens qui ont décidé de constituer un groupe d’autodéfense ou d’«escadrons» de la mort pour lutter contre le terrorisme. Ils seront  les acteurs des pages «noires» d’un roman «noir» qui a restitué les violences et les bains de sang d’une guerre civile où la fiction et la réalité se conjuguent au présent pour tenter de remonter le temps.  

Grand potentiel chez les concurrents

Le 9 novembre - célébration des manifestations qui ont débuté à Témouchent pour culminer à Alger le 11 décembre 1960 - a coïncidé avec la clôture des premières journées régionales dédiées aux instruments à vent en général et à la trompett
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Grand potentiel chez les concurrents

Le 9 novembre - célébration des manifestations qui ont débuté à Témouchent pour culminer à Alger le 11 décembre 1960 - a coïncidé avec la clôture des premières journées régionales dédiées aux instruments à vent en général et à la trompette en particulier, l’instrument qui a révolutionné la musique raï en donnant un son unique. Les autorités locales ont intégré cette clôture dans le programme de la célébration, et Ababou, l’ex-ministre des Moudjahidine et secrétaire général de l’ONM, n’y a pas vu d’inconvénient, ce qui, pour d’aucuns, est un formidable contre-pied à la controverse constantinoise le 1er novembre dernier, clouant au pilori un raïman en raison d’un rigorisme de mauvais aloi. Cette première édition est un pied à l’étrier à une manifestation qui ambitionne de ne plus être circonscrite à un simple concours entre trompettistes pour intégrer d’autres activités en rapport à la musique. Autre différence avec les sept précédentes éditions dénommées «concours de la trompette», ces journées sont prises en charge par une association et non plus par l’administration. Il s’agit d’une association qui s’attache à la promotion de l’instrument à vent de la famille des cuivres, dont les membres ont fondé une clique musicale depuis deux années. Par ailleurs, et pour plus de visibilité de la manifestation, malgré un très modeste budget, les organisateurs ont fait appel pour leur jury à des artistes de notoriété nationale : Bellemou, Gana El Maghnaoui et deux enseignants du l’Institut régional de musique d’Oran dont l’un est un fameux saxophoniste, Fethi Kahil. Enfin en guest-star, l’invité d’honneur était Farid Rocker, ancien animateur dans Bled Music. Sept wilayas y ont participé avec chacune deux instrumentistes. Au final, les deux premiers ex aequo sont de Témouchent : Lemou Miloud, un habitué de la première place, et Ahmed Boulenouar. Il y a eu également deux ex aequo, avec Chenou Mustapha de Relizane et BenMokrane Ishak de Béni Saf. Enfin, deux autres ex aequo à la troisième place : Benabri Brahim de Témouchent et Bekaï Mohamed Fouzi de Tlemcen. On indique du côté des organisateurs que la différence s’est jouée dans l’interprétation d’un chant patriotique à laquelle la plupart des concurrents n’étaient pas exercés, sauf ceux qui activent au sein de cliques. Gana Maghnaoui juge qu’il y a du potentiel chez les concurrents : «La différence est que certains n’ont pas suffisamment de pratique de l’instrument, pas d’expérience. Sur les 14 concourants, six étaient les meilleurs, nous les avons retenus tous.» Mimi T’mouchenti, un membre de l’aventure artistique de Bellemou, note : «Il y a une bonne relève. Les recalés ont fait preuve d’un moindre doigté dans le jeu ou de puissance de souffle. Pour ce qui est des moins méritants, leur prestation manquait d’âme.» A la clôture, cela a été le tour de deux membres du jury de donner à entendre du haut niveau. Ainsi, Fethi Kahil a entonné un solo au saxo sur l’air de Youma lali, lali, de Zoulikha, du chaoui mâtiné de jazz, alors que Bellemou, bien que pas au meilleur de sa forme, a entonné la nostalgique El bareh, de Guerrouabi. Enfin, Bentata, chanteur du groupe Bellemou, un des rares raïmen dont l’interprétation monte des tripes parce non formaté, a mis de l’émotion dans la salle avec le poignant Dablouni ya sahbi larsam..  

Expositions et rencontres littéraires

Deux jours durant, les 9 et 10 décembre, les poètes, hommes de lettres et peintres de la région se sont rencontrés à la bibliothèque principale d’Oum El Bouaghi. Une exposition-vente d’ouvrages signés par les auteurs, tous issus de la région, a
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Expositions et rencontres littéraires

Deux jours durant, les 9 et 10 décembre, les poètes, hommes de lettres et peintres de la région se sont rencontrés à la bibliothèque principale d’Oum El Bouaghi. Une exposition-vente d’ouvrages signés par les auteurs, tous issus de la région, a permis aux visiteurs de rencontrer les auteurs et d’échanger avec eux quelques impressions sur le monde des livres et de l’écriture. De même, les peintres, dont certains sont connus sur la scène nationale, comme Mourad Abdellaoui, ont occupé avec leurs œuvres les cimaises du hall d’exposition, ce qui a suscité l’admiration des con-naisseurs. Presque tous les genres picturaux étaient représentés, de l’impressionnisme à l’abstrait, en passant par le figuratif et l’expressionnisme. Mais le plus important pour les organisateurs, au-delà du Salon du livre et des toiles, c’est l’occasion offerte aux nombreux poètes de déclamer leur poésie, aussi bien en arabe que dans la langue de Molière, devant une assistance constituée de jeunes étudiants et étudiantes, notamment ceux et celles inscrits aux départements et facultés des lettres. Ali Bouzoualegh, directeur de la culture, lui-même homme de lettres, a tenu à regrouper les différentes sensibilités poétiques et artistiques de la wilaya pour valoriser la poésie et nouer des liens entre les uns et les autres pour finalement assurer une promotion de la culture dans la région. Parmi les invités, nous avons remarqué la présence de Siam Habib, poète populaire du Melhoun, Lakhdar Amrani, Mazouz et Ziadi Wahid. Pour certains visiteurs du Salon, il demeure vital de multiplier ce genre de manifestations pour qu’éclose et s’épanouisse une nouvelle génération d’écrivains et d’amoureux des belles lettres.  

Documentaire : Sur les traces d’Abdoulaye Mamani

«Cet homme, c’était mon père. En repartant sur ses traces, vingt-trois ans après sa mort, je redécouvre peu à peu, en même temps que son histoire, celle de mon pays...», confesse Amina, la fille de celui qui fut journaliste et écrivain engagé pou
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Documentaire : Sur les traces d’Abdoulaye Mamani

«Cet homme, c’était mon père. En repartant sur ses traces, vingt-trois ans après sa mort, je redécouvre peu à peu, en même temps que son histoire, celle de mon pays...», confesse Amina, la fille de celui qui fut journaliste et écrivain engagé pour la liberté des peuples et l’indépendance  de son pays, le Niger. Abdallah ou Malaye, comme on aimait l’appeler, était en exil en Algérie de 1961 à 1974. «L’Algérie était son pays d’accueil. Il y était formateur dans une école de journalisme et exerçait, en même temps, à Révolution Africaine, à la rubrique culturelle africaine, au 7 rue Laferrière, à Alger», raconte Amina. Seulement, si l’homme politique semble avoir aujourd’hui disparu de l’histoire officielle du Niger, l’homme de lettres, lui, continue à survivre, au-delà des frontières, par les écrits qu’il a laissés. Dans son exil algérois, Abdoulaye Mamani écrit, entre autres, sur commande de la Radiotélévision algérienne, Le balai, une pièce satirique jouée à Alger et qui a eu un grand succès. Une fois rentré dans son pays, il fut emprisonné, puis écrira la grande œuvre Sarraounia, adaptée au cinéma par le Franco-Mauritanien Med Hondo. Un film qui eut un prix au Fespaco du Burkina Faso. Dans un entretien livré à un journal de l’époque, Malaye se confiait : «Je crois que j’ai écrit beaucoup en exil, c’est pourquoi les gens ne connaissent que Sarraounia, qui a été publiée au Niger. Mais c’est surtout en exil que j’ai écrit aussi bien au point de vue théâtre que poésie, et surtout on me dira que l’exil a favorisé l’inspiration… Vous savez que le bon écrivain n’écrit que dans la douleur. Les grands écrivains quand ils écrivent, ou bien ils sont dans une situation particulière qui provoque l’inspiration, ou alors ils écrivent mais sont interdits. Et quand c’est interdit, évidemment, le public veut toujours savoir ce qui est interdit et pourquoi on l’interdit. Je parle de beaucoup d’écrivains africains que j’ai connus, des Camerounais, Guinéens et autres, qui ont écrit en exil et qui, maintenant, refont surface parce que les conditions qui les ont bâillonnés sont tombées par le fait de l’histoire. C’est notre cas, par exemple.» Amina, 37 ans, part sur les traces de son papa. «Pour la partie algérienne de mon documentaire, je suis à la recherche des amis de Malaye!», dit-elle. Il mourut à l’âge de 61 ans dans un accident de voiture, le 3 juin 1993, entre les villes de Zinder et Niamey, où il se rendait pour recevoir un prix en reconnaissance à son parcours littéraire. «Il m’avait promis une poupée à son retour. Il n’est jamais revenu !», témoigne, éplorée, sa fille. Qui se souvient encore d’Abdoulaye Mamani, ou Sur les traces de mon père, est un documentaire de 52 minutes de Amina Abdoulaye Mamani.   

Des témoignages poigants

Des membres de l’association Machâal Echahid, dont le président, M. Abbad, ont organisé, samedi dernier, un hommage au moudjahid Amar Akli Dris, en collaboration avec ses amis, anciens cadres de l’Algérie indépendante, dont Hamid Sidi Saïd, Me Hocin
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Des témoignages poigants

Des membres de l’association Machâal Echahid, dont le président, M. Abbad, ont organisé, samedi dernier, un hommage au moudjahid Amar Akli Dris, en collaboration avec ses amis, anciens cadres de l’Algérie indépendante, dont Hamid Sidi Saïd, Me Hocine Zehouane et Tahar Gaïd. Organisé au lendemain de la publication des mémoires de ce révolutionnaire, l’hommage a eu lieu au domicile du moudjahid et militant de la première heure du mouvement national, sis au village Aït Hessane (Ihesnaouene), au sud du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou. L’événement a réuni les enfants, petits-enfants, neveux… de Amar Akli Dris, ainsi que ses amis sus-nommés et des membres de l’association Machâal Echahid, venus spécialement d’Alger. Ces vieux amis ont rapporté des témoignages sur la période à laquelle ils ont connu Si Amar Dris. Tahar Gaïd dira notamment qu’il a été très heureux des retrouvailles avec Si Amar et les autres amis communs. «Malgré des déboires de santé, avec mon âge, 88 ans, j’ai l’impression de renaître, de retrouver ma jeunesse en revoyant mon cher ami.» Il ajoute qu’il ne pouvait rater une telle occasion, qui lui permet de revoir celui qui l’avait intégré au FLN à Alger en 1955, alors qu’il était encore étudiant, tout en évoquant «le souvenir de la rencontre à laquelle il nous avait invités, moi, Amara Rachid et deux autres militants dont je ne me souviens pas des noms, pour nous présenter au prestigieux moudjahid, Abane Ramdane…». Me Hocine Zehouane dira de son côté que «les révolutionnaires comme Amar Akli Dris sont d’une race rare, preuve en est que malgré toutes les années passées, l’âge et les problèmes de santé, il est resté un homme à principes, intègre, franc, discret, égal à lui-même…». Hamid Sidi Saïd enchaînera pour exprimer toute sa gratitude envers Si Amar Dris «auprès duquel j’avais beaucoup appris, notamment durant la période où il était commissaire national du parti à Tizi Ouzou», ajoutant que «Si Amar n’était pas de ceux qui font étalage de leurs faits d’armes à toute occasion. Il a toujours été quelqu’un de discret, mais qui respectait ses contradicteurs et encourageait toute bonne initiative». Au terme de cette modeste rencontre, couronnée par un déjeuner convivial, les membres de l’association Machâal Echahid ont remis des médailles honorifiques à cet ancien responsable du PPA-MTLD des années 1940, puis du FLN du déclenchement du 1er Novembre 1954, et à son épouse, Mme Djouher Dris, née Grim. Celle-ci déclamera ensuite, dans un air émouvant, un poème rappelant les sacrifices et les souffrances des Algériennes et des Algériens durant la lutte armée de Libération nationale. Très touché par cette visite chez lui de ses amis,  Akli Dris exprimera à son tour toute sa joie et son bonheur de revoir ainsi ses amis en bonne santé. «J’ai la conscience tranquille, tant je n’ai, à aucun moment, le moindre reproche à me faire durant mon parcours, d’où mon immense satisfaction morale, car, j’estime avoir accompli tel qu’il se doit mon devoir, mes devoirs. Et cela, je pense, vaut tous les trésors du monde», clame avec modestie M. Dris, auteur de Vie et mémoires d’un militant, dont la préface a été écrite par Me Zehouane. L’ouvrage a été édité, rappelons-le, en octobre dernier, date ayant coïncidé avec le 90e anniversaire du vaillant moudjahid et ancien cadre de l’Algérie indépendante.  

Kemtiyu Cheikh Anta décroche le Grand Prix documentaire

La 8e édition du Festival international du film documentaire a décerné une série de prix hautement mérités aux récipiendaires. Baisser de rideau sur la 8e édition du FICA, jeudi soir à la salle El Mougar, avec un programme bien ficelé. Pour rappel
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Kemtiyu Cheikh Anta décroche le Grand Prix documentaire

La 8e édition du Festival international du film documentaire a décerné une série de prix hautement mérités aux récipiendaires. Baisser de rideau sur la 8e édition du FICA, jeudi soir à la salle El Mougar, avec un programme bien ficelé. Pour rappel,  dans le cadre de la tenue, du 1er au 8 décembre, de  la 8e édition du Festival international du film engagé, neuf films de fiction et neuf documentaires étaient en compétition. Ainsi, après des délibérations bien «douloureuses», comme l’a si bien souligné le président du jury du film documentaire et professeur malien Manthia Diawara, le palmarès de cette huitième édition a été dévoilé devant une assistance nombreuse. Ainsi, dans la catégorie fiction, le Grand  Prix  du jury documentaire a été décerné au film Kemtiyu Cheikh Anta du réalisateur sénégalais Ousmane William Mbaye.  Le Prix spécial du jury documentaires est revenu au film On revient de loin (Opération Corréa2), des réalisateurs français Pierre Carles et Nina Faure. Une mention spéciale du jury a été octroyée au film Off Frame, la révolution  jusqu’à la victoire, du réalisateur palestinien Mohanad Yaqubi. Dans la catégorie du jury de fictions, le Grand Prix est allé à A United Kingdom, de la réalisatrice  Amma Asante, et celui du  Prix spécial du jury fictions au réalisateur algérien Karim Moussaoui pour son long métrage En attendant les hirondelles. La mention spéciale du jury fictions a été décrochée par la réalisatrice brésilienne Eliane Caffé pour son film Era O hotel Cambridge. Dans  un autre registre, le prix du public catégorie documentaires est revenu ex aequo à Maman Colonnelle, de Dieudo Hamadi (République Démocratique du Congo) et à Jean Gnêt un captif amoureux, parcours d’un poète combattant, de Michèle Collery (France). Le prix public catégorie fictions a été remporté ex aequo par les films Bataillon, du réalisateur russe Dmitri Meskhiev, et Nous n’étions pas des héros,  de Nasreddine Guenifi. Dans son allocution, la commissaire du festival, Mme Zehira Yahi, a déclaré : «Nous voici parvenus à cet instant où la tristesse se mêle à la joie parce qu’il faut bien se quitter après tant de beaux moments, tant de découvertes, tant d’échanges et d’enrichissements culturels et humains. Mais, à bien y regarder, que pèse la tristesse devant la joie d’avoir mené ensemble à bon port –vous cinéastes, vous public, et nous organisateurs– cette huitième édition du Festival international du cinéma d’Alger dédié au film engagé, devant le bonheur d’avoir partagé des images, des actions, des idées, des paroles, des émotions, des musiques, des histoires, des mémoires et des valeurs venues du monde entier. D’une manière ou d’une autre, tous les films que nous avons vus ici nous enseignent à ne jamais baisser les bras, à maintenir intacte notre capacité à nous indigner et notre volonté à transformer cette indignation en possibilité pratique ». Et d’ajouter : «Tous les films que nous avons vus nous enseignent que nous n’avons ni le droit ni le temps d’être tristes… Nos pensées sont maintenant à El Qods avec notre détermination à ne pas oublier le peuple palestinien qui, plus que jamais, a besoin de notre soutien réel et pas seulement proclamé… Nos pensées vont également à ceux qui nous ont quittés mais que nous garderons dans nos cœurs et nos mémoires : Mohamed Bouamari, Youcef Bouchouchi, Mahmoud Zemmouri et Stevan Labudovic.» Comme le veut la tradition, le festival a rendu, cette année, un hommage à l’une des figures de proue du cinéma algérien, le réalisateur algérien Rachid Bouchareb, pour sa riche carrière cinématographique. A cet égard, le public a pu découvrir quelques extraits de ses films, à l’image de Cheb 1991, Poussières de vie, 1994, Little Sénégal 2001, Indigènes, 2006, London river, 2009, Hors-la-loi, 2010, Omar m’a tuer, 2011, ou encore La voie de l’ennemi, 2014. Emu à l’extrême, le réalisateur Rachid Bouchareb a essuyé de grosses larmes quand la commissaire lui a décerné le trophée du festival. Après quelques secondes très émouvantes, il reprend le micro en faisant un bref discours mais ô combien lourd de sens. «Merci à tous les artistes algériens, comédiens et techniciens à qui je voudrais rendre hommage ce soir, comme Larbi Zekal, et Youcef Sahraoui. J’espérais pouvoir continuer à faire des films avec vous, car sans vous je n’aurais pas été aussi loin dans ma carrière», a-t-il lancé sous des salves d’applaudissements. Cette soirée de clôture s’est refermée avec la projection du dernier  long métrage, La route d’Istanbul, de Rachid  Bouchareb. Un film qui représentera l’Algérie aux Oscars 2018.

8e Festival International du Film Engagé : L’écriture du scénario

Durant plus de deux heures, l’écrivain, scénariste, parolier et metteur en scène français, Jean-Claude Carrière, a captivé l’assistance par les informations importantes apportées sur l’écriture du scénario. Réputé pour ses brillantes adapta
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8e Festival International du Film Engagé : L’écriture du scénario

Durant plus de deux heures, l’écrivain, scénariste, parolier et metteur en scène français, Jean-Claude Carrière, a captivé l’assistance par les informations importantes apportées sur l’écriture du scénario. Réputé pour ses brillantes adaptations littéraires, théâtrales, cinématographiques et télévisuelles, Jean-Claude Carrière a soutenu que le XXe siècle a été un immense inventeur d’écritures diverses. Selon lui, c’est un siècle qui a inventé de nouveaux langages. «Si nous étions aujourd’hui, dit-il, à la fin du XIXe siècle, nous ne pourrions parler que de littérature, de théâtre et d’opéra. Mais imaginez tout ce qui a été inventé depuis cette date-là. A commencer par le cinéma muet. Il y a eu la radio, qui a permis de transporter au loin notre voix, qui est un rêve très ancien de l’humanité. Il y a eu l’héritage de la télévision, qui a permis de transporter au loin, non seulement notre voix, mais aussi nos images, et même quelques fois, au moment même où elle passait dans un endroit du monde, nous permettait de la voir chez nous. Et puis, il y a eu l’enregistrement du son, de la voix, de la parole et de tous les sons du monde qui n’existaient pas jusque-là». Jean-Claude Carrière note que nous n’avons aucun son du passé et encore moins un son de foule, ou encore un son de l’écrivain Victor Hugo. Pour ce spécialiste, tout commence à partir du XXe siècle. Tout le reste de l’histoire est silence. Le XXe siècle est le premier siècle qui va laisser des sons au futur, qui permettra d’écrire l’histoire d’une manière plus enrichie et tout à fait différente de ce qu’elle était jusque-là. Bien qu’âgé de 86 ans, Jean-Claude Carrière continue de travailler en s’intéressant aux innovations techniques. Il confie que quand il a fondé, en 1986, l’école française du cinéma, qu’il a présidée pendant dix ans, il a dû, non seulement apprendre, mais aussi enseigner. Il indique que chaque nouvelle forme d’expression exige une nouvelle écriture. Toujours selon notre interlocuteur, on ne peut écrire du cinéma comme on écrit du théâtre, ou encore de la littérature. Toute nouvelle forme d’expression invente une nouvelle écriture. Le XXe siècle est considéré comme un immense inventeur d’écritures diverses, avec différents styles littéraires. Preuve en est, le film documentaire et le film de fiction sont des activités de l’esprit et du corps tout à fait différents. Il explique qu’on ne procède pas de la même façon dans un film documentaire que pour un film de fiction. «Un documentaire n’est pas seulement un reflet de la vérité. A chaque fois que l’on écrit ou que l’on filme quelque chose, on transforme cette réalité. Ce n’est plus la réalité elle-même. C’est une réalité filmée, transposée, écrite, rédigée et décrite. Un festival comme celui où nous sommes aujourd’hui est un endroit idéal pour se poser des questions et pour essayer de réaliser dans quel monde nous vivons et dans quelle technique nous sommes obligés de travailler». Son premier contact avec la fiction a été un roman qu’il a publié aux éditions Laffont, alors qu’il avait 23 ans et qu’il était étudiant. A l’âge de 18 ans, il avait le titre de délégué à la propagande du ciné-club universitaire, qui consistait à distribuer des tracts sur le boulevard Saint Michel à Paris. Jean-Claude Carrière rappelle que le cinéma, qui a plus de cent ans d’âge, mérite son langage. «Le cinéma a un langage qui lui est propre. Il faut connaître ce langage si on veut devenir scénariste. Comme je le dis à mes étudiants à la fin d’un tournage, le scénario finit dans la poubelle du studio. Il n’a plus d’existence. Il faut admettre qu’on travaille dans le provisoire». Lors du débat avec le public, le conférencier rafraîchit les mémoires en évoquant le film intitulé C’était la guerre, réalisé conjointement entre l’Algérie et la France. Ce film a été construit sur les regards croisés portés sur le conflit par le réalisateur français, Maurice Failevic, et par le réalisateur algérien, Ahmed Rachedi, et ce, à partir des livres de Jean-Claude Carrière, La paix des braves, et du commandant Azzedine, On nous appelait fellaghas. «Cela n’a pas été facile, reconnaît-il, de réaliser un tel film. C’était une tentative très rare dans l’histoire. Si ce film est passé une seule fois en France, en Algérie il n’est passé aucune fois. C’est un film qui a eu le Grand Prix au FIPA et depuis il est enterré. Si vous partez à l’INA, vous ne trouvez plus de trace de ce film. Il existe en cassette vidéo. Et maintenant, dans la liste des films faits sur la guerre de Libération, il n’y figure plus. C’est un film qui a été étouffé et effacé» déplore-t-il.  

«Mes romans seront traduits en tamazight»

Lors d’une vente-dédicace, organisée samedi à la librairie Libre pensée de Tizi Ouzou, où il a signé ses ouvrages La dépossession et Les contrebandiers de l’histoire, l’écrivain Rachid Boudjedra nous a déclaré que ses romans seront traduits e
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«Mes romans seront traduits en tamazight»

Lors d’une vente-dédicace, organisée samedi à la librairie Libre pensée de Tizi Ouzou, où il a signé ses ouvrages La dépossession et Les contrebandiers de l’histoire, l’écrivain Rachid Boudjedra nous a déclaré que ses romans seront traduits en tamazight. D’ailleurs, la traduction de L’Escargot entêté sera cette semaine sur les étals, a-t-il annoncé, avant de rappeler, par la même occasion, que tous ses livres sont autobiographiques, comme il a également estimé que Topographie idéale pour une agression caractérisée reste toujours son meilleur roman. «Il y a beaucoup d’abstractions dans mes livres. Je relate une vie et surtout une enfance très dure, mais ce n’est pas de la narration classique, c’est de la littérature universelle, où on utilise de la psychanalyse. Je m’inspire des œuvres de mes maîtres. D’ailleurs, j’ai été marqué, entre autres, par Marcel Proust. Je considère aussi que Kateb Yacine est le meilleur écrivain algérien. Il s’est vraiment distingué avec Nedjma», a-t-il ajouté, avant de préciser qu’il met juste deux à trois semaines pour écrire un livre, dont l’histoire, a-t-il déclaré, tourne dans sa tête généralement pendant cinq ans. «Quand je décide de me mettre à l’écriture d’un roman, je travaille plus de 15 heures par jour», a-t-il révélé. Par ailleurs, l’auteur de la Répudiation a souligné que «depuis 2000, il y a la montée d’une vague d’écrivains et cinéastes qui déforment l’histoire. Le complexe du colonisé, c’est la haine de soi. Critiquer son pays, c’est une bonne chose, mais le haïr, c’est vraiment inacceptable», a-t-il dit, avant d’affirmer qu’il n’a pas décidé de retirer le passage où il s’est attaqué à Boualam Sensal, Yasmina Khadra et Kamel Daoud dans son ouvrage Les contrebandiers de l’histoire, paru aux éditions Frantz Fanon. «Le passage en question ne sera pas retiré dans la deuxième édition du livre. Je ne sais pas qui a sorti cette rumeur. La justice tranchera sur l’affaire», a-t-il indiqué.  

L’empreinte d’une icône

Le monde artistique vient de perdre un de ses talentueux enfants. Il s’agit du peintre Salah Hadjal, qui s’est éteint, cette semaine en France, dans un hôpital parisien à l’âge de 66 ans. Dans le monde de la peinture, Salah Hadjal est considéré
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L’empreinte d’une icône

Le monde artistique vient de perdre un de ses talentueux enfants. Il s’agit du peintre Salah Hadjal, qui s’est éteint, cette semaine en France, dans un hôpital parisien à l’âge de 66 ans. Dans le monde de la peinture, Salah Hadjal est considéré comme disciple du regretté M’hamed Issiakhem. Né en 1951 au village Boudjellil, dans la commune d’Irdjen (Larbaâ Nath Irathen, Tizi Ouzou), le plasticien et dessinateur a été influencé dans sa jeunesse par la peinture et l’art plastique, comme la plupart de ses disciples et amis, tels que Ali Salem, Salah Malak, Abdelwahab Mokrani, etc., qui faisaient partie de sa génération dans les années 1970 et avec lesquels il a évolué sous le sceau d’une double identité, la sienne et l’universalité. Autodidacte de son état, Salah Hadjal est attiré, dès son enfance, par le dessin avec lequel il découvrit l’amour pour l’art en général et la peinture singulièrement. Ses premiers pas dans le monde de l’art, il les fera en fréquentant, dans les années 1970, le milieu artistique algérois, particulièrement M’hamed Issiakhem. Faisant des va-et-vient en cette période entre sa patrie natale et la France, Salah finit par s’installer définitivement en 1983 dans la région parisienne, où il s’adonnait à la peinture, tout en suivant des formations et des cours de perfectionnement. Il s’est d’ailleurs illustré en 1987 à Paris par l’obtention d’un premier prix après sa participation à un concours de l’art plastique. Le regretté peintre, auteur de plusieurs expositions en Algérie et en France, laisse une importante œuvre, qui restera un précieux legs pour le patrimoine culturel national. Ses œuvres sont exposées aujourd’hui dans différents musées en Algérie et en France, en plus de divers tableaux détenus par des particuliers et des proches du peintre. Certaines de ces œuvres, portant la signature de Hadjal Salah, telle celle du portrait de l’Emir Abdelkader, sont exposées au musée de Riadh El Feth, à Alger. Les institutions culturelles, les critiques et autres historiens de l’art peuvent mener un travail de mémoire afin de répertorier et sauvegarder l’immense travail de cet artiste, dispersé et fragmenté, il est vrai, entre les deux rives de la Méditerranée. La dépouille de l’artiste sera rapatriée en fin de cette semaine vers sa demeure familiale à Tizi Ouzou et il sera inhumé au cimetière de M’douha.

Le livre évoque aussi certains lieux oubliés, disparus

Promeneur solitaire, Mohamed-Arezki Himeur vient de publier son livre tant attendu sur Alger, Raconte-moi Alger. Le résultat est brillant : un beau-livre, où le journaliste et homme de radio nous prend par la main et nous fait découvrir sa ville, «El Ma
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Le livre évoque aussi certains lieux oubliés, disparus

Promeneur solitaire, Mohamed-Arezki Himeur vient de publier son livre tant attendu sur Alger, Raconte-moi Alger. Le résultat est brillant : un beau-livre, où le journaliste et homme de radio nous prend par la main et nous fait découvrir sa ville, «El Mahroussa». Suivons-le dans ses huit itinéraires initiatiques pour mieux connaître la capitale… - Les habitants d’Alger connaissent-ils vraiment leur ville ? Ils sont moins nombreux. Ceux qui connaissent encore la ville sont les jeunes des années 70’ et de la décennie précédente. On les rencontre souvent dans certains endroits typiquement algérois, comme le café Tlemçani et le café de la Marine, dans la Basse Casbah. On les croise aussi sur les réseaux sociaux. Ils interviennent pour évoquer quelques souvenirs, pour parler de certains personnages, sites, artères, bâtisses, décorations, statues et autres curiosités de la cité. Ce qui est une excellente démarche pour amener les jeunes d’aujourd’hui, des deux sexes, à regarder autour d’eux, à faire un détour du côté de l’endroit cité dans un «post» publié sur les réseaux sociaux. J’admire ce qu’ils font. Parce qu’ils nous incitent à sortir, de temps à autre, de notre coquille. Depuis quelques mois, j’ai remarqué qu’il y a beaucoup de groupes de jeunes des deux sexes qui participent ou organisent des promenades à Alger, notamment du côté de la vieille ville, La Casbah. Ce quartier attire de nombreux visiteurs, surtout le week-end (vendredi et samedi) et les jours fériés. Le 1er novembre dernier, à l’occasion de la commémoration de l’anniversaire du déclenchement de la guerre d’indépendance (1954), le musée Ali La Pointe a accueilli de nombreux visiteurs, parmi eux des écoliers venus en groupe. Un bon signe, peut-être, annonçant une timide reprise des promenades touristiques et historiques à La Casbah. Tout récemment, j’ai rencontré un groupe d’adolescents, garçons et filles, venus de la région de Béjaïa pour visiter uniquement les jardins d’Alger. Il est vrai que le climat ambiant, caractérisé par le chômage, la malvie, la cherté de la vie, la disparition des cinémas, la rareté des concerts de musiques et pièces de théâtre, ne fait qu’amplifier la morosité. - Les itinéraires que vous proposez permettent de découvrir des endroits insoupçonnables, comme ce mausolée caché d’El Madania… Il s’agit du mausolée de Sidi Messaoud, le plus petit mausolée d’Alger, je pense. Je n’ai trouvé aucun document concret sur ce personnage. Je savais qu’il y avait un mausolée du saint Sidi Messaoud dissimulé quelque part dans la zone du Hamma. J’ai fouillé dans la forêt des Bois des Arcades. Parce que je pensais qu’il se trouvait dans cet endroit, au-dessus du «Marabout des platanes», un autre mausolée classé parmi «les monuments historiques de la colonie» par un arrêté du 20 février 1911 du Gouverneur général de l’Algérie, au même titre que la fontaine du Hamma. En vain. Je n’ai découvert le site qu’en juillet dernier, au moment où je prenais des photos pour les besoins du livre. Je l’ai trouvé grâce à l’aide d’un vieux monsieur rencontré dans la cabine du téléphérique reliant El Hamma et El Madania. Il avait travaillé comme ouvrier à la réalisation de cette ligne en 1956. Il m’a raconté la petite anecdote sur Sidi Messaoud que j’ai rapportée dans le livre. Raconte-moi Alger est réalisé sous forme de guide. Il comprend une présentation succincte d’Alger depuis l’antiquité à nos jours, et huit itinéraires touristiques qui dévoilent, au fil des promenades et des haltes, certains aspects et certaines facettes de la ville et de ses quartiers périphériques sur les plans historique, architectural, culturel, cultuel, touristique et autres. Il renferme quelques renseignements et curiosités inédits. Dans le premier itinéraire allant de la Grande Poste jusqu’à Bab El Oued, en passant par La Casbah, j’ai mentionné plus de 70 sites et curiosités à voir et/ou à visiter. J’ai adopté et appliqué la même démarche pour les sept autres circuits : une visite guidée. Le livre évoque aussi certains lieux oubliés, disparus. Des endroits qui ont marqué une époque, laissé des empreintes. C’est le cas, entre autres, du Théâtre Mogador, du Café des sports, du Café Malakoff, du cimetière des deux princesses… - La ville, ce sont des lieux, mais c’est aussi des personnages atypiques, comme Ali La Pointe, El Hadj El Anka..., ou encore cet avocat guadeloupéen indigénophile, Maurice L’Admiral, dont personne n’entend presque plus parler aujourd’hui. A part de rares plaques commémoratives, les murs de la ville blanche ne disent rien. Pourquoi ? C’est malheureusement vrai. Les murs de la ville sont muets sur la période post-indépendance. On connaît peu de choses sur les noms que portent nos rues, boulevards et quartiers. On sait seulement qu’il s’agit de noms - pour la majorité d’entre eux - de moudjahidine. C’est seulement durant cette année 2017, par exemple, qu’on a installé une plaque commémorative sur la façade de la villa qui avait abrité au Télemly, entre octobre 1956 et février 1957, le quartier général de la Révolution algérienne, le CCE. Maurice L’Admiral que vous venez de citer mérite, à lui seul, tout un volume. Il est presque inconnu des Algériens. Pourtant, il avait bien marqué son époque par ses brillantes plaidoiries. Cet avocat guadeloupéen, ancien bâtonnier d’Alger, était l’un des premiers à défendre les «indigènes» devant les tribunaux français. Il avait arraché «beaucoup de têtes au bourreau», dira un de ses amis. - Dans la partie consacrée à La Casbah, vous parlez de l’état de la vieille ville qui a perdu son lustre d’antan. Pourquoi s’occupe-t-on peu ou très mal de ce patrimoine ? La Casbah n’est plus ce qu’elle était. Les premiers à faire ce constat sont ses propres enfants. Le problème le plus important, c’est le bâti. Beaucoup de maisons ont disparu, se sont effondrées faute d’entretien et de préservation. Aucun des plans de rénovation et de protection mis en œuvre jusqu’ici n’a abouti. Celui de la fin de la décennie 1970 a fait beaucoup de dégâts. Il a emporté plus d’une centaine de maisons au quartier Lallahoum, près de djamaâ Ali Bitchin. L’une des rares bâtisses qui a échappé au marteau-piqueur est le mausolée de Sidi Helal, aujourd’hui isolé par un mur. En fait, la destruction de La Casbah a commencé au lendemain de la chute de la Régence d’Alger. Sur les 8000 bâtisses recensées en 1830, il n’en restait que 1700 en 1962. Il reste aujourd’hui moins d’un millier. Cinquante-cinq ans après l’accession de l’Algérie à l’indépendance, La Casbah pose toujours problème. Et la crise financière à laquelle est confronté le pays est de nature à compliquer les choses. Les travaux en cours au niveau de la Citadelle risquent d’être suspendus. - Il vous arrive de rapporter des citations tirées d’articles publiés dans la presse coloniale. On connaît votre intérêt pour ce corpus fort utile. Peut-on espérer vous voir poursuivre le travail essentiel du professeur Zahir Ihaddaden (La presse indigène en Algérie, des origines à 1930) ? Le professeur Zahir Iheddaden a réalisé un travail fabuleux sur L’histoire de la presse indigène algérienne de 1830 à 1930. Ma démarche est différente. Elle est axée essentiellement sur l’analyse du contenu des titres. J’ai travaillé sur des centaines de titres de la presse éditée en Algérie entre 1830 et 1962 : gouvernementale, coloniale, indigène, indigénophile, socialiste, communiste, assimilationniste, réformiste, musulmane, indépendantiste, etc. Cela a duré de nombreuses années. Il y a eu plus d’un millier de titres qui ont été publiés durant cette période, représentant tous les courants politiques, philosophiques, intellectuels… Le premier titre, L’Estafette d’Alger, a vu le jour sur les plages de Sidi Fredj le 25 juin 1830, sous une tente du corps expéditionnaire français. C’était un journal de l’armée chargé de relater les «exploits» et les «victoires» des troupes d’invasion. C’est l’ancêtre de la presse en Algérie. - Où en sont vos deux autres projets de livres sur le Jardin d’essai et sur la Kabylie ? Le livre sur le Jardin d’essai est terminé. Il paraîtra vraisemblablement au début de l’année prochaine. Il retrace, dans le détail, l’histoire de ce superbe site depuis sa création en 1832. Il renferme des milliers de végétaux de toutes les régions du monde. «Ici, dans une après-midi, on peut passer sommairement en revue la flore des cinq parties du monde ; mais le Jardin d’essai n’est pas seulement un lieu d’études pour les botanistes, c’est aussi un lieu de poésie et de repos», relevait déjà un auteur en 1887. L’ouvrage sur la Kabyle avance, lentement mais sûrement, comme on dit.  

Éveline Lavalette Safir… : «Tes cheveux démêlés cachent une guerre de 7 ans»

Le documentaire Tes cheveux démêlés cachent une guerre de 7 ans, de Fatima Sissani, donne la parole à trois femmes qui ont combattu, à leur manière, le colonialisme français en Algérie : Eveline Lavalette Safir, Zoulikha Bekkadour et Alice Cherki.
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Éveline Lavalette Safir… : «Tes cheveux démêlés cachent une guerre de 7 ans»

Le documentaire Tes cheveux démêlés cachent une guerre de 7 ans, de Fatima Sissani, donne la parole à trois femmes qui ont combattu, à leur manière, le colonialisme français en Algérie : Eveline Lavalette Safir, Zoulikha Bekkadour et Alice Cherki. «C’est un film sur la résistance», a déclaré Fatima Sissani après le débat, à la salle El Mougar à Alger, sur son nouveau documentaire Tes cheveux démêlés cachent une guerre de 7 ans, projeté à la faveur du 8e Festival international du cinéma d’Alger (FICA), qui sera clôturé ce soir avec l’attribution des prix. Le titre est tiré d’un poème écrit par Eveline Lavalette Safir, l’épouse du célèbre journaliste Abdelkader Safir, en prison (le recueil a été publié par les édition Barzakh à Alger). Au début, le film devait se concentrer sur Eveline Lavalette. Une femme qui a peu parlé sur son parcours militant. «Je ne me suis pas autorisée à parler. Le prétexte était que j’avais ma vie et des enfants. J’ai commencé à parler pour critiquer cette façon d’aborder l’Histoire algérienne. Après le 50e anniversaire de l’indépendance, je suis sortie de mon silence. Avant, ce n’était pas nécessaire. L’Algérie était un désert, il fallait construire», a-t-elle confié dans le documentaire. Fatima Sissani et Khalid Djillali (producteur) ont réussi à la convaincre de parler devant la caméra sur son engagement en faveur de la lutte d’indépendance. «Eveline m’a impressionnée par sa droiture que je retrouve dans chaque phrase et par sa manière de refuser l’héroïsme et le discours sur l’idéologie. Elle avait tous les privilèges, mais elle a rompu en partie avec sa famille et avec sa communauté pour s’engager du côté des Algériens. La force de son engagement m’a aussi impressionnée. Elle était fatiguée, mais a accepté de répondre à nos questions», a expliqué Fatima Sissani. A la fin du tournage, Eveline Lavalette s’est éteinte à l’âge de 87 ans, le 25 avril 2014, à Médéa. «Lorsque Eveline est décédée, nous avons constaté que la matière n’était pas suffisante. Elle m’avait parlé tellement de gens dans ce film. Elle n’était pas à l’aise à être seule face à la caméra. Pour elle, la guerre était une affaire collective. Nous sommes donc allés chercher d’autres témoignages pour restituer un peu cette multiciplité et cette dimension collective de la guerre. Je suis entrée en contact avec Zoulikha Bekaddour qui avait bien connu Eveline. Elles avaient fait un bout de chemin de la guerre ensemble. Pour Zoulikha, il était important de rendre un hommage à Eveline et à tous les Européens qui ont aidé les Algériens dans leur combat», a expliqué Fatima Sissani. La réalisatrice a donné aussi la parole à la psychiatre et psychanalyste Alice Cherki qui a été forcée à l’exil en France en 1957 et qui a soutenu la guerre de Libération nationale à partir de la Tunisie. Alice Cherki avait connu aussi Frantz Fanon. «Les silences de la guerre» «Je voulais parler avec Alice sur la question des silences et des traumatismes de la guerre. Je l’ai rencontrée parce qu’elle est algérienne. Je voulais quelqu’un qui me parle en tant que protagoniste de cette guerre», a souligné Fatima Sissani. Pour Zoulikha Bekaddour, présente lors du débat sur le film, il était normal qu’on donne la parole enfin à une femme d’origine européenne. «Il est difficile de parler tout de suite. Pour nous tous, il fallait du recul. Au début, nous avons été pris par les problèmes de construction du pays. Dès 1962, chacune d’entre nous a eu un cheminement. Eveline était responsable au ministère du Travail et pour des raisons de santé de son époux, elle a quitté Alger pour diriger la Sécurité sociale à Médéa. Moi, je préparais une thèse de sociologie. J’ai dû arrêter parce que la bibliothèque universitaire a été détruite par l’OAS trois semaines avant l’indépendance, le 7 juin 1962. Avec mon diplôme de bibliothécaire, obtenu à Paris, je suis revenue pour la reconstruction de la bibliothèque universitaire que j’ai dirigée jusqu’à 1996», a-t-elle déclaré. Zoulikha Bekaddour et Eveline Lavelette s’étaient connues dans le feu de l’action militante contre la présence coloniale française et avaient fait de la prison. «Le pouvoir colonial n’a pas su qu’Eveline hebergeait Benkhedda, Abane, Ben M’hidi, Ouamrane et Krim. Elle recevait dans un appartement d’autres militants et responsables. Comme pour moi, ils n’ont su que ce qui était visible lorsqu’ils nous avaient arrêtées. L’arrestation est venue tout de suite après l’arraisonnement, le 22 octobre 1956, de l’avion des dirigeants du FLN (Boudiaf, Aït Ahmed, Lacheraf, Khider et Ben Bella). Abane, Benkheda et Ben M’hidi, qui étaient inquiets que Ben Bella ait dans ses archives des documents sur Oran, ont voulu dépêcher Eveline pour les récupérer», a-t-elle dit. L’insulte, l’eau et l’électricité Zoulikha Bekaddour apprend le déclenchement de la guerre d’indépendance le 1er novembre 1954 à la radio. «J’ai appris qu’on avait tué un caïd et un instituteur à Arris, à Batna. Je me suis dit que quelque chose se passait. Adolescente, j’ai été traumatisée, comme les autres Algériens, par les massacres du 8 Mai 1945. Le monde entier a entendu parler de cet événement, comme vouliez-vous qu’on ne réagisse pas», a-t-elle témoigné dans le documentaire. Elle s’est rappelée du soutien d’André Mandouze et de Maurice Audin à la grève des étudiants en 1956. «Je suis devenue un agent de liaison de Hadj Mohamed Benalla parce que mon physique de type européen me permettait de passer inaperçue. Lorsqu’on m’a arrêtée, le policier me prenait pour une prostituée, pas pour une Arabe du FLN. Dans ma fausse carte d’identité, je m’appelais Marie Lopez. Et c’est là que j’ai connu Eveline. Elle transportait le courrier, l’encre, le stencil et d’autres produits», a détaillé Zoulikha Bekaddour. Eveline Lavalette, agent de liaison du FLN entre Alger et Oran, était chargée d’imprimer les tracts et du transport du matériel. Elle était aussi dans le réseau de Hadj Benalla dont toutes les missions étaient secrètes. Eveline Lavalette avait, entre autres, participé à l’impression du premier numéro d’El Moudjahid en 1956. Elle a également dactylographié le célèbre Appel à la grève des étudiants la même année. Arrêtée à Oran le 13 novembre 1956, elle a été transférée à Chlef (Orléanville), puis El Harrach avant d’être libérée en 1959. «Cela a commencé par le silence, puis les questions, les menaces, les insultes, les crachats, puis l’eau et l’électricité. Je n’avais pas le profil du fellaga traditionnel. Ils étaient fous de rage. J’ai essayé de me concentrer sur les souvenirs, les choses belles pour s’éloigner de la torture, ce mal absolu. J’ai essayé de me dire : je ne suis pas bête, je ne suis pas une bête», a témoigné Eveline Lavalette. «On nous a dit de tenir 24 heures après l’arrestation pour permettre aux autres de filer. Je suis restée huit jours sans manger. On m’obligait à boire chaque jour un litre de café noir fort. On m’empêchait de dormir, ça a duré jusqu’à l’arrestation de Hadj Benalla (16 novembre 1956», s’est souvenue, de son côté, Zoulikha Bekaddour «Une militante de base» Dans le documentaire, Eveline Lavalette Safir, qui s’est présentée comme une militante de base, s’est rappelée des rafles entamées après le déclenchement de la guerre d’indépendance. «Pour nous, il fallait protéger ceux que nous connaissions. J’ai eu entre les mains la Déclaration du 1er Novembre, j’ai trouvé qu’elle était juste. C’était un document très complet et dans lequel on se retrouvait. En 1954, on offrait déjà la possibilité aux Français voulant rester en Algérie de choisir entre la nationalité d’origine ou prendre la nationalité algérienne. C’était bien avant les Accords d’Evian. Je me suis trouvée à militer au sein du FLN avec comme interlocuteur principal Benyoucef Benkheda. Il m’avait expliqué que moins je savais des choses, moins j’aurais les problèmes. Une nuit, il est arrivé très tard pour me remettre la lettre qu’avait écrite Ahmed Zahana (Zabana) à sa famille avant son exécution (le 19 juin 1956). Il disait dans cette lettre que mourir pour la patrie était un devoir (Eveline Lavalette a dacytlographié cette lettre aussi, ndlr)», a confié Eveline Lavalette. Le documentaire reprend une déclaration de François Mitterrand, alors ministre de l’Intérieur (juin 1954, février 1955), disant que «L’Algérie c’est la France». «La France ne reconnaîtra pas chez elle d’autre autorité que la sienne», disait-il. Eveline Lavalette se rappelait que «les brutes» de la légion étrangère, «qui se sont fait battre au Vietnam», ont débarqué en Algérie. «Ils avaient dit qu’ils allaient régler le problème en Algérie en une semaine. Cela a duré presque huit ans. Ce n’était pas une explosion subite. C’était une suite logique de ce qu’ont montré les partis politiques sur l’inégalité du système colonial. Il n’y avait plus d’autres moyens que la violence», a-t-elle souligné. «Le dévoir d’écrire» «Nous avons eu la chance de participer à la guerre. Nous avons pour devoir de l’écrire. C’est le mérite de ce documentaire de présenter trois femmes de communautés différentes qui se côtoyaient sans se voir. L’avenir est la jeunesse, c’est pour cela que nous devions témoigner. Le témoignage est un devoir de mémoire. Il était temps qu’on écrive sur cette guerre en attendant que les historiens écrivent l’Histoire, la vraie», a relevé Zoulikha Bekaddour. Dans le documentaire, elle s’est élevée contre «la falsfication de l’Histoire». «Les jeunes nous disent : vous nous mentez. Votre guerre ne nous intéresse pas. Certains m’ont dit pourquoi vous avez sorti la France ? Quand j’entends cela, j’ai envie de hurler, de pleurer. Je leur ai dit qu’ils n’avaient pas connu le colonialisme», a-t-elle regretté.

Le Salon du livre amazigh s’installe à Montréal

Le 1er Salon du livre amazigh de Montréal s’est tenu le week-end dernier dans la métropole québécoise. Plus d’un millier de livres, tout genre confondu, ont été exposés au cours de la fin de semaine. Ce projet ambitieux a été mis sur pied par l
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Le Salon du livre amazigh s’installe à Montréal

Le 1er Salon du livre amazigh de Montréal s’est tenu le week-end dernier dans la métropole québécoise. Plus d’un millier de livres, tout genre confondu, ont été exposés au cours de la fin de semaine. Ce projet ambitieux a été mis sur pied par la Fédération des Amazighs d’Amérique du Nord (FAAN), l’une des associations, bien que jeune, des plus actives sur la scène culturelle communautaire à Montréal. «Ce fut un véritable parcours du combattant. Quand l’idée de lancer un Salon du livre amazigh à Montréal avait jailli au sein du collectif de notre fédération, parmi les nombreux amis de la FAAN qui étaient naturellement enthousiasmés par l’importance et la portée pédagogique d’un tel projet, un imperceptible scepticisme – et c’était à raison – se lisait néanmoins sur le visage de certains d’entre eux», note l’un des organisateurs. Mais le défi  a été relevé grâce à la détermination et à un élan de solidarité ayant permis d’exposer «des livres qui nous viennent des quatre coins du monde amazigh. De Libye, du Maroc, d’Algérie, de Tunisie, de France et du Canada. Des livres écrits en tamazight, en francais et en arabe par des auteurs amazighs ou autres ayant un lien avec le monde amazigh», ajoute la même source. Pour l’ancien journaliste Djamel Amrani, qui vit actuellement au Québec, «le Salon du livre amazigh de Montréal est un événement qui mérite tous nos encouragements. Des livres que nous attendions de voir et de lire ici». Il se dit «particulièrement saisi par la richesse et la diversité des publications exposées et en particulier ceux de nos amis ‘ichelhiyen’ du Maroc (ainsi que pour leur intérêt au segment enfance et jeunesse) et ceux des Libyens de N’foussa. Les publications des Amazigh kabylophones sont aussi à saluer notamment ceux des editions ‘’Tira’’ , ‘’L’Odysée’’ , ‘’Koukou’’ et autres». Latif Chibane, technicien en maintenance industrielle, qui habite au sud de Montréal, a été surpris par «le nombre de livres exposés et l’embarras du choix».  Fan des écrits de Brahim Tazaghart, il a pratiquement acheté tous ses livres. Le livre et la production pour enfants l’ont aussi enthousiasmé.  «Le travail que fait le Libyen Madghis Madi est impressionnant avec ses bandes dessinées en tamazight et autres produits destinés aux enfants», ajoute-t-il. En effet, les éditions Tawalt (Libye) ont édité un scrable en tifinagh, des jeux électroniques, des kits de calligraphie tifinagh, entre autres. Face à la non-disponibilité du livre amazigh au Québec et au Canada, Belkacem Sidhoum, membre de la FAAN, explique qu’il ya une solution : «Les bibliothèques publiques peuvent ramener des livres en tamazight si les lecteurs en font la demande», Montréal étant une ville à dominance francophone cosmopolite et multiculturelle. Selon les chiffres du recensement 2016 de la population canadienne, plus de 25 000 personnes au Canada ont déclaré avoir le berbère comme langue maternelle, dont 15 000 le kabyle – des chiffres qui sont toutefois un peu en deçà de la perception qu’on a de la présence berbérophone au pays de la feuille d’érable.

L’œuvre puissante de Frantz Fanon en débat

En marge de la tenue de la 8e édition du Festival international du film engagé, une table ronde portant sur «Fanon l’Algérien, peaux noires, écrans blancs» a été organisée, dimanche, à la salle El Mougar, à Alger. Pour évoquer le militant et l
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L’œuvre puissante de Frantz Fanon en débat

En marge de la tenue de la 8e édition du Festival international du film engagé, une table ronde portant sur «Fanon l’Algérien, peaux noires, écrans blancs» a été organisée, dimanche, à la salle El Mougar, à Alger. Pour évoquer le militant et le psychiatre Frantz Fanon, le festival a convié des invités de marque qui se sont succédé pour parler de ce grand humaniste. Né en 1925 en Martinique et décédé le 6 décembre 1961 dans un hôpital militaire aux Etats-Unis, Fanon est enterré à Aïn Kerma, à El Tarf, en Algérie. Il s’est impliqué dans la lutte pour l’indépendance de l’Algérie et dans un combat international, tissant une solidarité entre «frères» opprimés. Après la projection d’un extrait du film documentaire en cours de réalisation du réalisateur algérien Mehdi Lallaoui, la psychiatre et psychanalyste Alice Cherki, rappelle que les trois années qu’a passées Frantz Fanon à l’hôpital psychiatrique de Blida ont été déterminantes pour la révolution psychiatrique de l’hôpital, mais aussi pour sa participation à la guerre de Libération de l’Algérie, dans laquelle il a été un acteur majeur par ses actes et ses écrits. Il a créé le service de l’hôpital du jour en Tunisie en 1959. Si la biographie de Frantz Fanon est connue, Alice Cherki a préféré aborder quelques thèmes liés à la conception de Fanon, dont la culture, l’identité, les conséquences de la faillite des systèmes sociaux, les conséquences des traumatismes de guerre et du silence sur les traumatismes de guerre transmis de génération en génération. La conférencière estime que la pensée de Fanon nous aide à résister aux aléas du temps présent. Fanon disait que l’homme est le bien le plus précieux. «Sa force anticipatrice, dit-elle, était liée à sa formation de psychiatre. Il a toujours nié l’aliénation de l’homme comme sujet individuel culturel et politique. Il a montré comment l’écrasement politique, l’exclusion de la cité, la rigidification de la culture et les traumatismes de guerre affectent au plus profond, non seulement la liberté de chacun, mais aussi son psychisme de génération en génération. Cette pensée nous aide à résister à notre époque, où les formes nouvelles de domination ne cessent d’entraîner politique sécuritaire, creusement des inégalités entre riches et pauvres, éthnicisation des conflits, régression culturelle et ajustement des individus».  Pour Fanon, une culture est toujours en mouvement et en altération. Cette altération même réside dans la possibilité d’identification plurielle. Elle ne repose pas sur le fantasme d’une origine pure.  «Cette culture toujours en mouvement ne s’appuie pas sur le rejet de l’autre dans un réflexe identitaire. Cette culture accompagne aussi le mouvement de la nation.» Libération est le maître-mot qui traverse toute l’œuvre de Fanon. Libération des peuples, des sociétés, des individus, des sujets hommes et femmes. Libération suppose les conditions et la désaliénation et de la décolonisation de l’être. Alice Cherki indique que depuis la disparition de Fanon, les guerres n’ont pas cessé dans le monde. Fanon avait ouvert la voie en découvrant les troubles psychiques, caractériels, devant s’exercer sur soi-même, sur l’autre, ou encore sur la dépersonnalisation, aussi bien chez les torturés, disait-il, que sur les tortionnaires. En outre, il avait pressenti les conséquences psychiques sur plusieurs générations. La psychanalyste s’interroge : «Pourquoi enseigner Fanon aujourd’hui ? Parce que, selon elle, un penseur engagé est un écrivain avec un style singulier poétique, proche du corps.» Et d’ajouter : «Au-delà de son parcours, il s’agit de transmettre, ne serait-ce que par fragments, son œuvre textuelle.» «Même à l’université, je pense que cela pourrait faire partie d’un patrimoine de pensée qui permettrait aux générations actuelles de réfléchir, non seulement sur l’encens du racisme, mais aussi sur ses effets et ses conséquences pour leur propre devenir.» Auteur de nombreux ouvrages, le professeur malien de cinéma à New York, Manthia Diawara, a mis l’accent sur la présence de Frantz Fanon dans la pensée américaine. Il indique qu’il enseigne Fanon dans trois universités américaines, en Californie, à Philadelphie et à New York. Il organise, également, des séminaires sur Frantz Fanon. Il avoue que durant ces trente dernières années, ce sont ses cours les plus populaires. De plus en plus, on commence à parler de Fanon comme poète. Installé aux Etats-Unis depuis 1973, Manthias Diawara se souvient que sa rencontre avec Fanon s’est faite lors de son premier cours aux Etats-Unis axé sur «Introduction aux études noires». Pour l’orateur, Frantz Fanon est le maître à penser des Black Panthers aux Etats-Unis. En 1968 et 1969, on demandait à tous les jeunes voulant intégrer les Black Panthers de lire le livre Les Damnés de la Terre, de Frantz Fanon. Pour Manthias Diawara, l’ouvrage de référence  Peau noire, masques blancs de Fanon était à la base de toutes les définitions du racisme discriminatoire, culturel et institutionnel. Il est convaincu que la pensée de Fanon est présente dans le mouvement américain actuel.  «Un message qui a de la résonance, avec un Donald Trump à la présidence américaine, dont le dernier tweet, relayant un tweet xénophobe, ne fait que démontrer que la pensée de Fanon et son analyse sont de nos jours d’une grande actualité», dit-il. De son côté, Olivier Fanon a préféré parler de l’actualité de Fanon en Algérie. Il rappelle que dans les années 1970, Fanon était enseignant au lycée et à l’université. Fanon était même proposé au baccalauréat. «Aujourd’hui, tonne-t-il, nous avons l’impression de nous réapproprier Fanon. Il nous a été pris par d’autres pays qui ont compris son importance. Je refuse d’aborder Fanon comme une icône figée. On ne peut pas lire Les Damnés de la Terre et passer une bonne nuit après avoir lu la dernière page. Fanon était de dimension internationale.» Et d’ajouter : «Je n’ai de leçons à recevoir de personne, mais je me sens quelque part interpellé lorsqu’on parle de mon père lors de colloques officiels. Mais je dirai après ‘‘qu’est-ce qu’on a fait pour lui ?’’». Nous avons déposé les statuts pour la création d’une association portant le nom de Frantz Fanon en 2013 à la Bibliothèque nationale du Hamma. L’association n’a jamais vu le jour. Il n’y a pas d’association Frantz Fanon en Algérie. Qu’on m’explique pourquoi ? Il y a une université portant le nom de Fanon à Boston. Il y a des associations un peu partout dans le monde, sauf en Algérie.» Le dernier intervenant, à savoir le réalisateur algérien Abdenour Zehzah, a dévoilé quelques pistes de travail de son prochain documentaire consacré à Frantz Fanon, à Blida.

Vu à la télé : Visas, toilettage et carte de séjour…

Vrai ou faux ? En tout cas, certains médias français l’ont rapporté : les journalistes qui devaient accompagner Macron dans sa visite de quelques heures en Algérie et auxquels des visas avaient été refusés ont fini par avoir gain de cause grâce, d
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Vu à la télé : Visas, toilettage et carte de séjour…

Vrai ou faux ? En tout cas, certains médias français l’ont rapporté : les journalistes qui devaient accompagner Macron dans sa visite de quelques heures en Algérie et auxquels des visas avaient été refusés ont fini par avoir gain de cause grâce, dit-on, à la médiation personnelle du président français. On est allé jusqu’à soutenir que Macron avait fait pression sur les autorités algériennes pour trouver une solution à ce problème, allant jusqu’à suggérer une annulation pure et simple de sa visite si l’interdiction d’entrée n’était pas levée pour ces journalistes. Pouvait-on imaginer un tel scénario désobligeant pour le pouvoir algérien, au moment où l’hôte de l’Algérie faisait tout pour rendre son séjour le plus harmonieux possible, loin de toute tension ? Le fait est là, personne ne l’a inventé, ces journalistes qui bossent pour Le Figaro, Le Monde, Mediapart, Libération et Le Quotidien (télé) auraient finalement réussi à rejoindre la délégation française alors qu’ils étaient marqués au fer rouge en raison de leurs écrits et commentaires très critiques (souvent seulement objectifs) sur l’Algérie. Cette controverse, considérée comme une atteinte à la liberté d’expression de l’autre côté de la Méditerranée, a certes été réglée à l’amiable, mais elle restera, chez nous, comme une concession importante pour ne pas compliquer des rapports déjà très brumeux entre l’Algérie et la France. Il faut dire cependant que ce n’est pas la première fois que les autorités algériennes refusent des visas d’entrée à des journalistes étrangers. C’est même devenu un réflexe presque naturel de déclarer persona non grata tout journaliste qui présente une image peu flatteuse du pouvoir algérien à travers ses multiples centres de décision. Il se trouve que l’interdiction, qui vient de faire les choux gras de la presse hexagonale et qui est tombée à pic pour conforter la version consacrée de «fermeture stalinienne» de l’Algérie que véhiculent les lignes éditoriales de ces médias, s’est attaquée à de gros calibres de la presse française, autrement dit à des titres qui font autorité et qui doivent leur respectabilité et leur crédibilité à la valeur éthique de leur travail. En déniant à ces derniers le droit de venir se confronter avec la réalité politique et économique algérienne, l’espace d’une visite de quelques heures durant laquelle ils ont la possibilité de se faire leur propre opinion sur les sujets d’actualité grâce aux contacts que leur procurera la proximité du président Macron, nos instances nous ont ramenés à une époque que l’ont croyait révolue, alors que le monde, devenu une maison de verre, est en train de changer à une vitesse vertigineuse. Nos incorrigibles censeurs (peut-on les qualifier autrement ?) qui ont la gâchette facile quand ils sont mis devant leurs propres contradictions — refuser des visas reste le faux-fuyant le plus académique pour se donner bonne conscience face aux voix discordantes — oublient que c’est vers ces médias que l’opinion algérienne se tourne pour s’informer sur les vérités que ses dirigeants lui dissimulent. Si, par exemple, l’émission qu’anime Yan Barthes est très suivie lorsqu’elle consacre son sujet sur l’Algérie, c’est bien parce qu’elle donne une autre version des faits qui est généralement plus proche de la réalité. De l’information et rien que de l’information non maquillée — même si parfois elle passe sous l’effet de la dérision — que nos dirigeants, dans leur propension schizophrène à voir le complot partout, assimilent à de la manip’, voire à une nuisance volontaire pour salir la réputation du pays. Si la recette a fortement marché durant les années de plomb, elle paraît aujourd’hui tellement ridicule qu’il serait malaisé d’en parler tant elle relève d’une culture ultra-conservatrice et ultra-paternaliste, qui place l’Algérie parmi les pays qui n’ont encore rien compris à l’évolution du monde contemporain. Donc, à quoi bon s’obstiner à vouloir cacher le soleil avec un tamis alors que l’Algérien a aujourd’hui à sa disposition une multitude de sources d’information par voie satellitaire qui lui permettent de faire le tri entre le vrai et le faux. Entre le réel et le factice. Finalement, à bien y réfléchir, cette histoire de visas refusés à des journalistes, puis débloqués par le président français pour montrer son attachement à la liberté d’expression tout en se gardant subtilement de vouloir offenser l’orgueil des dirigeants algériens, pourrait tenir une bonne place dans la chronique des à-côtés de cette visite «de travail et d’amitié» qui, loin des apparats officiels, en comptait quelques-uns très instructifs aussi et qui méritent d’être soulignés pour l’anecdote. Il y a d’abord le «toilettage» classique de la capitale, ou plutôt des artères-vitrines par lesquelles devait transiter le cortège présidentiel, comme au bon vieux temps du socialisme conquérant, où pour faire plaisir à un hôte prestigieux, on doit enlever de sa vue tout ce qui ressemble à un environnement repoussant. C’est ainsi que des trottoirs ont été refaits en un temps record, des murs repeints, des arbustes plantés, et des… terrasses de café arrachées pour des raisons de sécurité. Tout devait être beau, parfait, devant le jeune et fringant président, une façon de l’accueillir qui, là aussi, a sonné autrement, dénaturant ainsi l’âme d’Alger, car derrière le miroir, le paysage est souvent moins superficiel. Il y a ensuite, à la surprise générale, ce rassemblement de quelques dizaines de personnes, mobilisées par on ne sait quel parti ou quelle association, qui se sont massées devant le passage de Macron pour lui crier haut et fort qu’il n’était pas le bienvenu. On imagine que cela n’a pas dû faire plaisir à ce dernier, et surtout dans quelle gêne se sont retrouvés les accompagnateurs algériens devant une manifestation d’hostilité aussi spontanée qui voulait sûrement dire que les Algériens ne sont plus soumis au diktat de l’unanimisme réducteur qui les empêchait de s’exprimer. Il y a enfin la sortie médiatique, le jour de la visite, de l’écrivain Boualem Sansal qui, pour mettre du piquant dans les relations entre les deux pays, écrit dans une tribune libre que «l’Algérie officielle est résolument française». Pour donner du sens à son opinion, qui est loin d’être fortuite, il souligne que cette Algérie qui nous gouverne possède un passeport français, accumule des biens partout en France, fréquente les meilleurs restos, les meilleures écoles, se soigne dans les meilleurs hôpitaux. Que faut-il en penser ? Que le romancier n’a pas tort, évidemment, surtout que ses propos, qui ont faire grincer pas mal de dents, interviennent au moment où une vidéo circule sur les réseaux sociaux montrant la carte de séjour de dix ans octroyée à un ancien ministre qui exigeait la…repentance de la France coloniale. C’est Macron qui doit ici se sentir mal à l’aise.  

Un monument de la chanson française s’en va

La France était sous le choc, hier, après la mort, à 74 ans, du chanteur Johnny Hallyday, véritable monument national. Jusqu’au dernier instant, il a tenu tête au cancer qui le rongeait depuis des mois. Le président français, Emmanuel Macron, a ét
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Un monument de la chanson française s’en va

La France était sous le choc, hier, après la mort, à 74 ans, du chanteur Johnny Hallyday, véritable monument national. Jusqu’au dernier instant, il a tenu tête au cancer qui le rongeait depuis des mois. Le président français, Emmanuel Macron, a été le premier à réagir. «On a tous en nous quelque chose de Johnny Hallyday», a-t-il assuré, en référence à l’une de ses chansons les plus connues : «On a tous en nous quelque chose de Tennessee». Preuve de l’émotion suscitée, le palais présidentiel «consulte» la famille sur la possibilité d’un hommage national, a-t-il indiqué. Car tous les Français, ou peu s’en faut, fans ou pas, connaissent Johnny Hallyday. Au fil d’une vie menée à fond de train, avec ses accidents, ses excès relayés en Une des gazettes, ses amours tempétueuses, ses maisons en Suisse et aux Etats-Unis, sur fond d’accusation d’exil fiscal, «Johnny» était devenu plus qu’un artiste. Il avait annoncé, début mars, être atteint d’un cancer des poumons, dont il savait déjà qu’il était métastasé. Détecté en novembre 2016, le cancer aura terrassé en un an celui surnommé «Robocop» par son ami Eddy Mitchell, resté l’un de ses comparses dès le mouvement «yéyé». Le rocker avait en effet déjà tutoyé la mort, lors de sa tentative de suicide en 1966, puis lorsqu’il plongea plusieurs jours dans le coma en 2009, en raison de complications consécutives à une opération. Johnny Hallyday s’est battu jusqu’au bout. Il est monté sur scène, en juin et juillet, avec ses copains Jacques Dutronc et Eddy Mitchell, pour la tournée des «Vieilles canailles». Pour «rester vivant», comme s’intitulait sa dernière tournée (2015-2016), cette «bête de scène» a rempli en 57 ans de carrière tous les plus grands lieux. Il travaillait aussi à un nouvel album. Par ailleurs, l’artiste française s’était produit à Alger les 7 et 8 janvier 1967 sur la scène du cinéma l’Atlas (ex-Majestic).

Une dixième édition pour la baraka

Les mesures d’austérité budgétaire ont sévèrement affecté la 10ème édition du festival international du malouf à Constantine, absent déjà depuis deux ans. Un évènement que les organisateurs ont tout fait pour le tenir, quelles que soient les
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Une dixième édition pour la baraka

Les mesures d’austérité budgétaire ont sévèrement affecté la 10ème édition du festival international du malouf à Constantine, absent déjà depuis deux ans. Un évènement que les organisateurs ont tout fait pour le tenir, quelles que soient les circonstances, juste pour honorer la mémoire du maître du malouf, Mohamed Tahar Fergani, disparu il y a une année. Le théâtre de la ville, qui abrite la manifestation, porte désormais son nom, suite à une décision du président de la République. La cérémonie d’ouverture tenue, lundi soir, et présidée par le nouveau commissaire Samir Guenez, a été ennuyeuse, malgré la chaleur insufflée par la hedoua de Riadh Blam. Ceci dit, elle n’a pas failli à ses éternelles traditions. Grande foule, ambiance chaleureuse, retrouvailles, embrassades, protocole, des figures qu’on revoit chaque année presque sur les mêmes chaises, enfin des ingrédients d’un festival qui semblait revenir de loin. La grande surprise de ce festival a été sans conteste la présence inattendue de l’ancien commissaire Djamel Foughali, venu pour des raisons protocolaires pour représenter le ministre de la Culture. Foughali a reconnu qu’il n’a jamais cru un jour qu’il sera à nouveau sur la scène, où il aimait toujours étaler ses talents d’orateur. Il ne ratera d’ailleurs pas l’occasion pour s’accaparer à lui un quart d’heure du programme pour demander pardon à tous ceux dont il aurait blessé un jour ! Toutefois, on est loin du faste des trois dernières années, surtout que le programme a été considérablement dépouillé. Après dix ans d’existence, et un long parcours mouvementé, une délocalisation vers Skikda, puis un retour vers Constantine, le festival a beaucoup perdu de sa teneur. La dixième édition s’est contentée d’un maigre menu avec la participation de l’orchestre constantinois du malouf, dirigé par Samir Boukredira, en ouverture, ainsi que les associations Maqam et Nedjm Kortoba, avec la présence de l’orchestre tunisien du malouf.  Au volet des hommages, des moments émouvants ont été vécus, lundi soir, avec les honneurs rendus aux défunts Laid Fenikh et Nadir Bouda. Hier, une louable initiative a été prise en évocation du regretté jeune talent Salim Azizi, disparu durant l’été 2016. La clôture prévue demain sera entièrement consacrée au regretté maitre Hadj Mohamed Tahar Fergani à travers une soirée animée par ses enfants Salim, Mourad, son petit fils Adlene et certains de ses anciens élèves.   

Entre l’amour et la guerre, la jungle !

Ciel rouge, du Français Olivier Lorelle, aborde la guerre et ses violences sous un autre regard. Olivier Lorelle, scénariste français de Hors-la-loi, de London River et d’Indigènes, de Rachid Bouchareb, passe à la réalisation.  Ciel rouge, projet
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Entre l’amour et la guerre, la jungle !

Ciel rouge, du Français Olivier Lorelle, aborde la guerre et ses violences sous un autre regard. Olivier Lorelle, scénariste français de Hors-la-loi, de London River et d’Indigènes, de Rachid Bouchareb, passe à la réalisation.  Ciel rouge, projeté samedi soir à la salle El Mougar, à la faveur du 8e Festival international du cinéma d’Alger, est son premier long métrage. Pas très loin des thématiques développées dans les films de Bouchareb, Ciel rouge plonge dans l’univers de la guerre au Vietnam. En 1946, Philippe (Cyril Descours), un soldat français, est en Indochine pour combattre les Japonais. Profitant de la débâcle française face à l’Allemagne nazie, vers 1940, les Japonais, en guerre contre la Chine, ont envahi l’Indochine et tenté de chasser les Français. En 1945, le général Charles de Gaulle, qui dirigeait le gouvernement provisoire français, décide de reprendre en main l’Indochine et envoie des troupes supplémentaires. Entre-temps, Hô Chi Minh, leader communiste vietnamien, proclame l’indépendance du Vietnam, quatre ans après la création des Vietminh ou Front pour l’indépendance du Vietnam (1941) pour combattre les Japonais, puis les Français. «Certains soldats français pensaient qu’ils luttaient au Vietnam contre les pillards japonais, avant de se rendre compte qu’ils combattaient les Vietnamiens eux-mêmes. Ceux qui avaient mené la guerre aux Allemands, durant la Seconde Guerre mondiale, se rendaient compte qu’ils faisaient la même chose que ceux qu’ils avaient combattus en Europe», a souligné Olivier Lorelle, lors du débat après la projection de son film à Alger. Dans son campement, Philippe découvre qu’on torturait une jeune combattante Vietminh, Thi (Audrey Giacomini), au Waterboarding (sensation de noyade). La torture est une redoutable arme coloniale. La jeune prisonnière, qui a appris la langue de Molière au lycée français de Hanoi, lui demande alors de ramener un livre. Comment une fille captive, soumise à la maltraitance, peut-elle penser à la lecture ? Le jeune soldat est fasciné par la force de Thi. Il décide alors de s’enfuir dans la jungle avec elle. «Je me bats pour une idée vide, l’Empire français», crie-t-il, en attaquant les plantes au sabre. Fragile, Philippe évolue dans la jungle soutenu par Thi, qui sait ce qu’elle veut, la Révolution ! Inévitablement, une relation amoureuse se développe entre eux. C’est la rencontre «idéale» entre la force et la fragilité. C’est peut-être la rencontre de deux solitudes, aussi. «Mes parents ne savent pas si je suis encore vivante ou morte», dit-elle. Pour elle, Philippe est «un Français étrange». «La guerre, c’est fini pour moi», réplique le déserteur, qui dit être fils de communiste, qui a combattu lors de la guerre d’Espagne. «On trahit toujours quelque chose lorsqu’on a le courage d’aller vers son destin», reprend Thi, philosophe. Les dialogues sont courts et précis. Les deux amants parlent, en pleine jungle, comme des savants. «Paroles importantes» Il n’y a presque rien de spontané en eux. Des questionnements existentiels, le film passe à une longue et ennuyeuse phase romantique. Olivier Lorelle oublie ses personnages pour s’intéresser aux insectes et aux plantes. Il offre de belles images sur un lac où les deux amants «savourent» leur amour et leur insouciance. Et la guerre alors ? Thi a-t-elle oublié qu’elle combat pour l’indépendance de son pays ? La caméra se perd dans la jungle et le rythme du film s’effondre. Brutalement, le cinéaste se rattrape avec une ellipse. On oublie le romantisme amoureux au bord du lac et on revient vite à la guerre. Rhabillés, Thi et Philipe portent les armes et luttent avec les Vietminh. Finalement, la guerre n’est pas terminée. Philippe, qui a choisi son camp plus par amour pour Thi que par conviction, tire sur des soldats français. C’est un choix courageux du réalisateur, puisqu’il s’agit d’un tabou dans le 7e art français (France 3 a refusé le film à cause de cette scène). «Il y a quand même quelques centaines de soldats français qui ont déserté. Beaucoup étaient natifs de familles de gauche, qui sont passées du côté des Viet. Ils étaient en arrière et servaient de base de renseignements. Ils informaient les Vietminh sur l’organisation de l’armée française. Certains servaient d’appât aux soldats français. C’était une guerre injuste, une guerre de colonisation. Les gens, qui ont décidé de se mettre du côté des Vietnamiens, étaient des gens courageux, étaient seuls contre tous, en fonction d’une idée qu’ils avaient de la justice. Je me suis donc inspiré de ces faits», a souligné Olivier Lorelle. Au-delà de cet aspect, Ciel rouge se distingue plus comme un film de scénariste que de cinéaste. On se concentre sur l’histoire et on néglige le reste. Au cinéma, l’amour en temps de guerre n’est pas une nouvelle thématique. Qu’a donc apporté Olivier Lorelle qui mérite d’être signalé dans ce domaine ? Presque rien, à part une petite poésie servie par la verdure des décors et «la musique» des arbres. Thi, qui parle bien le français, n’était pas un personnage convaincant. Autant que Philippe, qui a exagéré dans l’interprétation de l’homme fragile et hésitant. Ce film à petit budget, avec 450 000 euros, a été tourné en dix-neuf jours. Olivier Lorelle s’est permis de filmer comme il l’entendait, avec le risque de proposer un film décousu et quelque peu naïf. Les silences, voulus dès le départ, n’ont pas réellement servi le long métrage. Demander à chaque fois au spectateur de combler les cases blanches est un exercice périlleux. «Un film peut vivre par ce qu’il montre et sur ce qu’il ne montre pas. Je voulais que les spectateurs soient amenés à se poser des questions. C’est une manière de les intéresser. J’ai réduit les dialogues, ne retenant que les paroles importantes. Je voulais laisser la place aux paysages, montrer des humains qui se battent, sans oublier que la vie continue», a expliqué le réalisateur. La forte présence de la nature sauvage suggère donc la continuité du cycle de vie. La guerre n’a jamais arrêté la Terre de tourner, ni le retour des saisons. Pourquoi donc s’inquiéter ?! Selon Olivier Lorelle, il est difficile d’avoir des fonds en France pour des films qui proposent autre chose que ce qui est convenu . «Il faut tourner des comédies et raconter des histoires d’aujourd’hui avec des vedettes pour avoir les fonds. Donc, avec un petit budget, j’ai pu filmer sans avoir à rendre des comptes à des producteurs. Au tournage, nous avions un seul mot d’ordre, ‘‘on avance’’», a-t-il confié.                                                   

Un artiste réservé et distant mais profondément humain

Il était réservé, distant et à la limite antipathique, mais d’apparence seulement, car une fois approché, lorsque la confiance s’installe, on découvrait chez lui une générosité hors du commun. La nouvelle du décès du peintre Abdallah Benmanso
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Un artiste réservé et distant mais profondément humain

Il était réservé, distant et à la limite antipathique, mais d’apparence seulement, car une fois approché, lorsque la confiance s’installe, on découvrait chez lui une générosité hors du commun. La nouvelle du décès du peintre Abdallah Benmansour, survenu à l’âge de 88 ans, a déjà fait, le 2 décembre, le tour de la ville d’Oran. Natif de Tlemcen en 1929, il a séjourné à Paris, Alger et Mostaganem, avant de s’installer définitivement à Oran pour officier dans une librairie située à côté de la Grande-Poste d’Oran. C’était une librairie, mais il en a fait un espace d’exposition pour ses propres travaux et un atelier où il s’ingéniait à réinventer son style. C’était un peintre «du terroir» pour l’intérêt qu’il accordait à l’architecture et aux scènes de vie maghrébines, mais il s’échappait de temps à autre pour laisser exprimer sa palette au gré de ses humeurs et qu’il figeait dans des natures mortes. Ce lieu n’était pas célèbre ni même très fréquenté, mais il a été a pendant longtemps un passage incontournable pour les artistes. Quand on rentre chez lui, la première impression qui nous vient à l’esprit, c’est d’être chez un antiquaire. Le temps semble être figé, mais on se rend très vite compte que c’est aussi un lieu de création artistique. Hadj Abdallah Benmansour n’aimait pas se mettre sous les feux de la rampe. Il était réservé, distant et à la limite antipathique, mais d’apparence seulement, car une fois approché, lorsque la confiance s’installe, on découvrait chez lui une générosité hors du commun. Plusieurs générations de peintres l’ont approché et pourraient en témoigner, mais le témoignage le plus significatif reste celui de Rachida Adjal. Etudiante à l’Ecole des beaux-arts d’Oran vers la fin des années 1990, elle n’avait jamais entendu parler de lui. «A l’époque, pour me rendre à l’école, je passais régulièrement devant cette librairie un peu étrange et ce qui m’avait attirée c’était les tableaux exposés, parfois des sculptures mais qui changeaient à chaque fois et c’est justement l’attrait pour l’une d’elles qui m’a donné le courage d’oser franchir la porte», se remémore-t-elle. A cet instant, elle ne se doutait pas encore qu’une amitié allait naître entre elle et ce vieil homme qui avait déjà depuis longtemps tourné le dos au public. «Au départ, il était réservé, mais quand je lui ai dit que j’étais étudiante à l’Ecole des beaux-arts, il a tout de suite montré un visage bienveillant». Les visites devenaient fréquentes et, au fur et à mesure, l’artiste en herbe apprenait qu’il refusait de vendre ses toiles, mais qu’il était intéressé par les travaux qu’elle lui montrait. «Il était tellement émerveillé par une de mes aquarelles représentant un Targui qu’ il me l’a demandée et je la lui est offerte sans hésiter». Le geste l’avait tellement ému qu’il l’a prise sous son aile en commençant par lui présenter sa propre fille puis en l’invitant chez lui avec sa propre famille, leur disant affectueusement qu’elle était aussi sa fille. Il était aussi réputé pour sa culture et les conseils qu’il lui prodiguait étaient d’une valeur inestimable. «Il m’orientait techniquement et quand il voulait critiquer mes œuvres, il le faisait avec tellement de finesse que je les acceptais avec un grand plaisir». Rachida Adjal était par contre fière de l’entendre dire : «Tu es en avance sur ton temps !» De son côté, appartenant à une autre génération, Nourredine Belhachemi,  peintre réputé confirme : «C’était un peintre profond doublé d’un grand pédagogue. Il avait sa propre esthétique et c’était quelqu’un qui était constamment à la recherche du beau. On décelait chez lui une très grande sensibilité dans le choix des couleurs, des formes et en regardant certaines de ses œuvres on a l’impression de flotter.» Cet enseignant, en même temps chercheur dans le domaine de la peinture algérienne, estime que l’histoire de l’art ne lui a pas encore donné la place qu’il mérite, car il était précurseur de beaucoup de choses dont celle d’avoir été parmi les premiers à exposer, notamment après l’Indépendance et à ouvrir une galerie. «Il ne vendait pas ses œuvres, car il considérait que c’était un patrimoine commun qu’il léguerait à tous les amateurs d’art en Algérie», confie Belhachemi, qui rappelle aussi son engagement pour la cause nationale. Mourad Belmekki est un autre peintre qui l’a approché : «Nous prenions souvent un café ensemble du côté de la grande poste, pas loin de sa librairie et nous discutions. Dans son travail artistique, il touchait un peu à tout mais sa palette, particulièrement riche, était reconnaissable sans qu’il ait à signer ses œuvres. Il était réputé pour être sévère et distant pour avoir tourné le dos au public, mais nous avions réussi, petit à petit, à le convaincre de sortir de son isolement pour le faire participer notamment à la troisième édition du Salon national des arts plastiques que nous avions organisé avec Civ-œil.» Belmekki estime qu’il s’était à un moment rapproché du mouvement Aouchem, mais qu’il reste inclassable, même si on peut déceler chez lui des tendances vers l’expressionisme ou le fauvisme. «Il est venu deux à trois fois à l’Ecole des beaux-arts, mais c’est surtout nous qui allions lui rendre visite», se rappelle Abderrahmane Mekki, directeur, qui rappelle sa qualité de doyen parmi les doyens de la peinture algérienne. «C’est, dit-il, toute une génération qui est en train de s’éteindre.» 

Appel à mobilisation pour récupérer des fresques numides

Des fresques numides du site constantinois ont été exfiltrées par l’Etat français et seraient en dépôt au niveau du musée du Louvre à Paris. L’information a, en partie, focalisé le débat qui avait suivi l’exposé sur «Constantine à traver
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Appel à mobilisation pour récupérer des fresques numides

Des fresques numides du site constantinois ont été exfiltrées par l’Etat français et seraient en dépôt au niveau du musée du Louvre à Paris. L’information a, en partie, focalisé le débat qui avait suivi l’exposé sur «Constantine à travers l’histoire» du Dr Abderrahmane Khelifa, invité ce samedi du  Forum constantinois. Cette nouvelle pièce au lourd dossier du détournement par la puissance coloniale du patrimoine mémoriel algérien -à quelques encablures de l’arrivée à Alger du président français- a reposé la lancinante question des voies et moyens de sa récupération et le public présent dans la salle du palais de la culture Malek Haddad n’a pas manqué d’appeler à la mobilisation de l’opinion à ce sujet. Le débat, de qualité, a permis à l’auteur de Cirta, Constantine, capitale céleste de revenir sur la singularité de la cité du Vieux Rocher réinscrit de manière pertinente sur le très long cours, et Abderrahmane Khelifa a illustré à la fois les caractéristiques du site constantinois et son impact sur l’histoire, citant notamment les innombrables sièges voués à l’échec. Sollicitant volontiers l’anecdote, Abderrahmane Khelifa a aussi interpellé les Constantinois d’aujourd’hui, leur rappelant aussi le poids des héritages, les invitant à prendre la juste dimension d’une cité, à nulle autre pareille et chevillée à ses éminentes fonctions de capitale qui, aujourd’hui encore, ne se démentent pas. De Gaïa à Jugurtha, en passant par Massinissa, revisitant les rapports avec Rome ou la chrétienté, il propose une ample fresque de «la cité des airs» - Madinatou El Hawa - et souligne les solutions de continuité jusqu’à la séquence ottomane. Le public aura été, à ce sujet, particulièrement attentif au rappel, par l’ambassadeur Mohamed Sahnoun, lors de sa présentation de ses lettres de créance au président français Giscard d’Estaing, de l’antériorité civilisationnelle de l’Algérie sur la Gaule. «Je viens d’un pays qui battait monnaie», avait-il alors scandé. L’ébouriffante invite à la (re)découverte de Constantine, documentée mais aussi présentée sans  excès de formalisme académique, a suscité l’attention soutenue du public et pleinement validé la démarche de «Houna Qassantina» qui, rappelons-le, a consacré ses dernières éditions à l’histoire et au patrimoine urbain de la ville. Les promoteurs de la manifestation n’ont pas boudé leur plaisir, à la fin de la rencontre, de rappeler le rendez-vous du 14 décembre avec les «Zinzins du café Riche», avec Driss Amine Khodja, pour un retour sur la dinanderie constantinoise et Cheikh Mourad Laïb, pour la mémoire du zedjl Constantinois.  

Même l’utopie a des limites

Le Caire De notre envoyé spécial LIntrusa (L’intruse), de l’Italien Leonardo Di Constanzo, a décroché la pyramide d’or, le Grand Prix du 39e Festival international du film du Caire (CIFF), qui s’est déroulé du 21 au 30 novembre 2017. En reven
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Même l’utopie a des limites

Le Caire De notre envoyé spécial LIntrusa (L’intruse), de l’Italien Leonardo Di Constanzo, a décroché la pyramide d’or, le Grand Prix du 39e Festival international du film du Caire (CIFF), qui s’est déroulé du 21 au 30 novembre 2017. En revenant à des thématiques plus humaines, le cinéma italien est en train de marquer un retour remarquable sur la scène mondiale, surtout avec la remontée en puissance de la Mostra de Venise, qui surclasse désormais le Festival de Cannes, très concentré sur le cinéma européen, français surtout, et nord-américain. L’Italie, qui ne semble pas en mesure de se débarrasser du phénomène de la mafia, fait face à beaucoup de problèmes sociaux liés aux violences de cette organisation. Avec calme et finesse, l’Italien Leonardo Di Constanzo explore ces drames à travers le quotidien de La Messeria, un centre de prise en charge d’enfants défavorisés à Naples (sud de l’Italie), où Giovanna (Raffaella Giordano), travailleuse sociale, tente de faire oublier aux futurs adultes l’entourage dur dans lequel ils vivent, aidée par des bénévoles. A Naples, la Camorra impose sa loi et ses silences. Un jour, Maria (Valentina Vannino), l’épouse d’un tueur de cette organisation criminelle, débarque avec ses deux enfants dans le centre que Giovanna gère. Elle ne dit rien sur l’action de son mari et abuse de la bonne volonté de Giovonna qui lui offre le gîte. Un matin, la police débarque et arrête l’époux de Maria, accusé d’assassinat d’un jeune homme. Giovanna est choquée. «Je viens d’apprendre ce matin que cet homme était caché ici», dit-il à l’inspecteur de police qui l’interroge. Le voisinage est également étonné. Que faire ? Giovanna est face à dilemme moral ? Faut-il chasser Maria et ses enfants et les livrer à la rue ? Ou faut-il les garder avec le risque de vider le centre des enfants et perdre sa crédibilité ? Les familles font pression pour que Maria parte, surtout que la femme développe un comportement agressif. Giovanna résiste en avançant l’idée que «le cycle» doit s’arrêter, pensant au futur des deux enfants. La fille de Maria, inquiète par la tournure que prend la situation, se met en colère contre sa mère. Elle porte des bottines rouges. Des pieds déjà dans le sang ? Les éducateurs du centre tentent de la consoler en l’intégrant aux jeux de création des autres enfants. Exercice compliqué. L’avenir d’une fille d’un tueur est-il déjà tracé ? Giovanna a compris que son combat sera de plus en plus difficile. L’utopie a des limites, semble suggérer Leonardo Di Constanza. Son film, servi par des dialogues soignés et une mise en scène parfaite, confirme que les bonnes intentions ne suffisent parfois pas pour faire triompher l’esprit de solidarité. «C’est un film complet qui a réuni tous les éléments du travail artistique dans un style cohérent pour raconter une histoire mettant à l’épreuve les moralités dans une société impitoyable», a souligné l’acteur égyptien, Hussein Fahmy, président du jury, à l’annonce du Grand Prix. Le réalisme qui se dégage du film   L’intrusa  trouve son explication dans le parcours professionnel même de Leonardo Di Constanza, connu par la réalisation de documentaires tels que Les sept marins de l’Odessa et Un cas d’école.  Il a déjà traité de la thématique de l’influence et de la puissance de la Camorra dans son premier long métrage, L’intervallo, sorti en 2012, racontant l’histoire d’un jeune travailleur obligé par la mafia de surveiller une jeune fille rebelle. Ce film a été également tourné à Naples. En 2014, Leonardo Di Constanza a participé au projet collectif d’un court documentaire, Les ponts de Sarajevo, dédié à la ville bosniaque, où plus de 10 000 personnes ont trouvé la mort lors de la guerre des Balkans, au début des années 1990.

Leila Boutamine Ould Ali expose ses «Fragments d’un songe équestre»

Connue pour avoir effectué un joli travail de photographe sur la fantasia et après avoir publié un ouvrage de référence sur cette pratique ancestrale, Leila Boutamine Ould Ali est revenue avec une collection de tableaux de peinture qu’elle expose en c
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Leila Boutamine Ould Ali expose ses «Fragments d’un songe équestre»

Connue pour avoir effectué un joli travail de photographe sur la fantasia et après avoir publié un ouvrage de référence sur cette pratique ancestrale, Leila Boutamine Ould Ali est revenue avec une collection de tableaux de peinture qu’elle expose en ce moment au Méridien sous l’intitulé «Fragments d’un songe équestre». En effet, il s’agit bien d’un tout autre univers que celui de la photographie. Si le cheval est toujours présent, l’univers proposé à la vue est par contre d’apparence étrange et où les sujets sont souvent décomposés, désorientés, comme si  l’artiste a voulu briser le miroir du réel pour atteindre les strates du rêve. «C’est, confie-t-elle, une exposition de transit dans la mesure où j’ai senti qu’il fallait vraiment que je passe à autre chose, exorciser ses démons, comme on dit. C’est un travail sur les souvenirs que j’avais de cette tradition, sur ce que moi je ressentais de cette tradition, c’est-à-dire sa perfection, son imperfection, son équilibre, son devenir, etc. » Tout réside dans la technique utilisée mêlant des compétences de peintre  et de photographe avec une démarche inverse car là ce sont les sujet dessinés qui sont photographiés et réimprimés sur la toile. «Ce n’est pas, explique-t-elle, une technique qu’on a l’habitude de voir. C’est une technique où c’est le sujet lui-même qui choisit son environnement sur  des fonds que je construis comme de la peinture contemporaine abstractive.» Cette contemporanéité fait le lien avec l’universel mais l’artiste tient plus que tout à ce que les éléments «typiquement de chez nous» soient représentés en bonne place même si sa démarche vise aussi à désacraliser la tradition mais pour mieux la faire revivre. «On a toujours tendance à idéaliser le passé, à dire que tout ce qui vient du passé est bon mais, tranche-t-elle, ce n’est pas toujours vrai, car la tradition n’est jamais figée et les remarques ou les réflexions constructives qu’on apporte à son sujet peuvent la faire évoluer dans le bon sens.» Le rapport à l’autre est, chez Leila Boutamine, un élément fondamental dans sa réflexion sur son propre art. Un étranger à notre culture va être d’abord être captivé par l’esthétique à laquelle il est habitué avant de s’intéresser aux détails et ce n’est qu’à ce moment-là que la discussion sur  les éléments qui nous définissent et qui font partie de notre identité va avoir lieu. Ce point de vue mis en avant pour cette exposition est motivé par la conviction que «nous ne sommes pas archaïques» et qu’«on ne risque pas forcément de détruire la tradition si on s’aventure à la réfléchir autrement». La préoccupation est philosophique mais l’artiste est sûr d’elle-même en disant : «Je m’adresse d’abord à ma société.» Autodidacte, elle est soulagée d’avoir été acceptée par les pairs dont certains ont été, dit-elle, bluffés par les effets auxquels elle a pu aboutir sans utiliser de procédés conventionnels comme la sérigraphie. Certaines images peuvent paraître désaxées mais chez elle le cheval demeure sur son piédestal.   

Organisation d’une manifestation musicale

Y aura-t-il un changement dans les activités culturelles à Koléa après l’arrivée d’un élu de la formation du parti politique du défunt Hocine Aït Ahmed à la tête de la commune ? Toutes les associations culturelles, notamment musicales et th
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Organisation d’une manifestation musicale

Y aura-t-il un changement dans les activités culturelles à Koléa après l’arrivée d’un élu de la formation du parti politique du défunt Hocine Aït Ahmed à la tête de la commune ? Toutes les associations culturelles, notamment musicales et théâtrales, espèrent une amélioration de leur situation, d’autant plus que les jeunes talents et l’encadrement rare de bonne volonté ne manquent pas, d’une part, et d’autre part, la disponibilité d’une maison de la culture spacieuse, de bonne qualité, en mesure d’abriter les manifestations culturelles au pluriel dans de bonnes conditions. La ville de Koléa, qui dispose d’une richesse historique, d’abord, demeure pourvue de ressources humaines qui méritent d’être prises en charge sérieusement à présent, car elle abrite également des écoles nationales formatrices des futures élites du pays. A l’instar de Youcef Taouint, dans le secteur du théâtre, Hadj Boualem Kherrous et ses compagnons continuent à s’investir dans le développement et la préservation du patrimoine musical national. L’association Dar El Gharnatia s’apprête à organiser une manifestation purement musicale durant 3 soirées, les 7, 8 et 9 décembre. Le programme de Koléandalouse, version 2017, illustre les difficultés financières que rencontre l’association Dar-El-Gharnatia de Koléa, en dépit du timide soutien de quelques partenaires tenaces qui croient à la chose culturelle, de surcroît la mesure andalouse. La chanteuse marocaine, Fatma-Zohra Qortobi, assurera la clôture de la première soirée, dans laquelle se produiront les élèves de la classe moyenne de Dar El Gharnatia et leurs homologues de l’association Slam de Tlemcen. La soirée du vendredi 8 décembre sera animée par un ensemble local composé des élèves de Dar El Gharnatia, d’El Bachtarzia et enfin d’El Fen El Açil. La chanteuse Dalila Mekader interprétera des chansons en présence de cet ensemble musical de Koléa, mais elle sera accompagnée par des artistes aux voies sublimes, en l’occurrence Lynda Merouani et Djihane Houari. Les organisateurs de Koléandalouse, soucieux de maintenir la touche maghrébine dans leur manifestation, avaient programmé le passage de l’association tunisienne Chabab Monastir sous la direction de maître Frih Mahmoud et la chanteuse Amari Mouna. Koléandalouse 2017, qui rendra un hommage au regretté Hadj Mohamed Bouali, s’achèvera dans la soirée du 9 décembre par la production des élèves de la classe supérieure de Dar El Gharnatia, sous la houlette de l’infatigable maestro Mohamed Cherif Saoudi, le directeur artistique de Dar El Gharnatia, et un passage d’un orchestre maghrébin de musique andalouse qui sera constitué des musiciens algériens (Koléa, ndlr), marocains et tunisiens. Une manière de renforcer les liens entre les associations de musique andalouse des trois pays de l’Afrique du Nord, le Maghreb. Avec un peu plus de moyens, les responsables de Dar El Ghranatia auraient pu proposer un plateau plus étoffé aux mélomanes des wilayas du centre du pays. La crise financière avait déjà effacé le Festival maghrébin de musique andalouse, en dépit de son succès, qui se tenait à Koléa, en plus de Koléandalouse.

Introduction de tamazight comme langue de travail

Un symposium international sous l’intitulé générique «La traduction et ses pratiques entre formation et actualisation» a été ouvert mardi au Crasc, mais à l’initiative de l’unité de recherche sur la traduction et la terminologie que dirige Kelt
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Introduction de tamazight comme langue de travail

Un symposium international sous l’intitulé générique «La traduction et ses pratiques entre formation et actualisation» a été ouvert mardi au Crasc, mais à l’initiative de l’unité de recherche sur la traduction et la terminologie que dirige Kelthouma Aguis. «Les interventions portent sur divers aspects de cette discipline, regroupés autour de 5 axes de réflexion, mais ce qui est nouveau dans notre démarche, c’est l’introduction de la langue amazighe en tant que langue de travail, un fait inédit à Oran», précise-t-elle. De manière générale, l’état des lieux de la traduction en Algérie, présenté lors de la conférence inaugurale par Saïd Boutadjine, de l’université Abdelhamid Ibn Badis de Mostaganem, est peu reluisant. Les chiffres qu’il a communiqués parlent d’eux-mêmes et traduisent le peu d’intérêt accordé à cette discipline, comparé à l’âge d’or de la civilisation arabo-musulmane. «En comparaison avec l’Espagne, l’ensemble des pays arabes traduisent actuellement 2000 fois moins qu’il ne faut pour rattraper le retard», indique-t-il, mais les exemples sont multiples. Pour le cas précis de l’Algérie, le conférencier déplore par exemple le fait que la discipline ne soit pas encadrée et que, hormis l’inexistence de subventions, les rémunérations proposées par les éditeurs privés ne reflètent pas la réalité des efforts fournis par les traducteurs. Pour lui, la traduction se limite presque aux deux langues, l’arabe et le français, même si les ouvrages originaux sont publiés dans d’autres langues, ce qui suppose des pertes successives dommageables à la qualité des œuvres. Des œuvres qui sont également souvent  bourrées d’erreurs faute de contrôle par les spécialistes de la langue. Cet aspect a été pris en charge par Zakaria Besbasi, qui a épluché le livre L’Algérie passé et présent, traduit du français vers l’arabe par des auteurs algériens de l’université de Tizi Ouzou pour énumérer un certain nombre d’erreurs dues, selon lui, à une maîtrise imparfaite de la langue. A contrario, peut-on dire, l’intérêt de la communication que devait donner Kaci Sadi de l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou est que le sujet porte sur la traduction de l’arabe vers le tamazight. Il s’agit de l’adaptation sous forme de poésie de l’histoire de Sidna Youssef. Dans un contexte dominé par l’oralité, il a essayé d’analyser les techniques mises en œuvre (traduction, adaptation, réécriture, recréation, etc.) pour aboutir à cette qasida (taqsit) intégrée dans le patrimoine culturel traditionnel de la région kabyle. Le conférencier s’est basé sur l’ouvrage Les poèmes kabyles anciens collectés par Mouloud Mammeri qui fait remonter cette adaptation au XVIIe  siècle. La même histoire est évidemment également adaptée en «daridja» (arabe algérien) et cela fait dire au chercheur s’exprimant en aparté : «C’est extraordinaire de voir comment  a été reçu cet héritage culturel du Moyen-Orient en Afrique du Nord avec ses deux langues.»  Une séance complète présidée par Abderrahmane Zaoui est réservée à la thématique  «La traduction et les textes juridiques».

Sheikh Jackson : La barbe, la danse et le doute

C’est un film qui a été projeté en avant-première mondiale au dernier Festival international du film de Toronto (TIFF). Depuis, il fait débat en Egypte, au Moyen-Orient et dans la plupart des festivals internationaux. Sheikh Jackson, du jeune cinéas
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Sheikh Jackson : La barbe, la danse et le doute

C’est un film qui a été projeté en avant-première mondiale au dernier Festival international du film de Toronto (TIFF). Depuis, il fait débat en Egypte, au Moyen-Orient et dans la plupart des festivals internationaux. Sheikh Jackson, du jeune cinéaste Amr Salama, va représenter l’Egypte dans la course aux Oscars 2018 du «Meilleur film de langue étrangère». Le film, co-écrit avec Omar Khaled, débute par une scène surréaliste : un groupe d’hommes, vêtus de djellabas blanches et portant barbe, avance dans un décor nu, sous un ciel nuageux et sombre, pour enterrer un mort. Le dernier coup de pelle dans la tombe lance l’histoire à partir d’un néant noir. Dès le début, on comprend qu’il s’agit d’un drame psychologique qui va révéler son épaisseur au fil des images. Khaled Hany Abdelhay (Ahmed Al Fishawy), un jeune salafiste, est choqué par l’annonce de la mort de Michael Jackson en juin 2009. Cela va réveiller tous les amours enfouies chez ce jeune homme qui croit avoir trouvé «la bonne voie» et la quiétude dans sa vie en dirigeant la prière, les larmes aux yeux, à la mosquée, comme un signe de piété et de catharsis. Les souvenirs remontent alors à la surface. Petit, Ahmed portait le surnom de «Douda» (ver). A l’adolescence, il est surnommé Jackson par ses copains au lycée. Khaled adolescent (Ahmed Malek) va subir les brimades du père (Maged El Kedwany) après avoir perdu sa mère. Il se rappelle que son père lui avait dit que Jackson était «un efféminé» alors que sa mère lui disait qu’il était «le chanteur le plus célèbre dans le monde entier». Qui croire ? Khaled s’attache davantage au chanteur américain, qui a vendu le plus d’albums de toute l’histoire de la musique (plus d’un milliard d’exemplaires achetés !), et d’essayer de danser comme lui en cherchant à reproduire le célèbre Moon Walk qui allie marche et danse. Son père l’humilie publiquement dans un night-club lorsqu’il refuse de prendre sa revanche sur «un videur» qui l’a frappé. «Je n’ai pas enfanté d’un homme», crie le père devant les copains de Khaled. «Le rejet de la vie» Khaled plonge dans une sorte de crise de personnalité intensifiée par la relation tumultueuse avec le père, l’absence de la mère et l’influence de l’oncle. Il ne sait plus s’il faut continuer sur la route de la religiosité, perçue comme un bouclier contre les jouissances de la vie, ou raviver le grand attachement à Jackson et le lot de libertés qui va avec. Même sa vie de famille est perturbée. L’idée de la mort, suggérée lors de la première scène du film, revient rôder dans la tête de Khaled, lui qui dormait sous le lit pour «s’adapter» à la mise sous terre ! Amr Salama et Amr Khaled s’offrent ici une critique fine des mouvements radicaux qui bâtissent le plus gros de leurs discours sur «la peur de la mort», «le rejet de la vie», «l’au-delà»... Khaled est donc devant un vrai dilemme. Il vit suspendu entre les souvenirs, parfois tendres, du passé et les réalités, dures, de sa «nouvelle vie» d’homme suivant quotidiennement les horaires de la prière. Le scénariste n’a, malheureusement, pas pris soin d’expliquer le passage d’une vie à une autre de Khaled. Pourquoi a-t-il adopté facilement le salafisme après avoir dansé, pendant longtemps, sur les airs de Thriller, de The way you make feel ou de Bad ? Que s’est-il passé ? Est-ce à cause du rapport compliqué avec le père ? Est-ce en raison de «la récupération» par l’oncle maternel, salafiste lui aussi, qui agit comme un tuteur autoproclamé ? Khaled va à la rencontre de Chika, une ancienne copine de lycée devenue chanteuse. Elle lui dit : «quand j’étais jeune, je voulais jouer de tous les instruments. Dès que je touche un instrument, je m’ennuie et je me dis que j’ai échoué. Un jour, j’ai décidé de rassembler toutes mes expériences ratées». Des déclarations qui font réfléchir Khaled qui ne sait plus s’il a réussi ou raté sa vie. Après hésitation, Khaled va consulter une psychologue pour essayer d’en savoir plus sur ses troubles et ses cauchemars. Il hallucine au point de croire que Michael Jackson s’installe à l’intérieur même de la mosquée au moment de la prière parmi les fidèles. Une scène qui a fait scandale en Egypte. Certains ont vu que le long métrage attaque l’islam alors qu’avec intelligence, Amr Salama a évité d’entrer dans le couloir étroit du «Haram» et du «Hallal». Ce n’est même pas le propos du film. En dépit de cela, une autorité religieuse a essayé de faire pression sur les producteurs pour que le long métrage change de titre considéré comme… moqueur. On ne doit pas lier «le sheikh» à Michael Jackson ! Un homme ligoté Construit sur le flash-back et l’aller-retour temporel, le film est densifié par un montage cohérent qui ne laisse aucune faille et qui force le spectateur à ne rater aucune seconde du récit pour comprendre le déroulement de l’histoire. La narration de Khaled vient, parfois, accompagner des scènes et expliquer les transformations psychologiques du personnage. Le cinéaste a évité de reprendre les tubes de Michael Jackson dans le film, surtout à l’époque de l’adolescence de Khaled, dans les années 1990, pour, probablement, éviter de tomber dans la facilité et dans la caricature. Il a fait appel au compositeur Hany Adel (qui est également comédien) pour s’approcher du vaste territoire musical du roi de la pop. «Tu connais ton nom ?», interroge la psychologue. Khaled hésite quelque peu. Il a des troubles d’identité et des douleurs existentielles. Aurait-il été un autre homme si le rapport avec le père était plus apaisé ? La liberté que s’est offert Michael Jackson, auteur, compositeur, chanteur, danseur, chorégraphe et acteur, paraissait immense par rapport à son statut d’homme «ligoté» par les règles sociales, familiales et religieuses. Il est ligoté aussi par son incapacité à faire des choix et à se débarrasser de ce qui a été, probablement, décidé pour lui. Khaled va s’effondrer avant de remonter rapidement la pente. Amr Salama a accéléré la fin de son film sans rien trancher comme pour suggérer que l’histoire peut prendre une autre tournure, s’arrêter d’une manière brusque avec le basculement dans la folie ou prendre une autre direction. Tout dépend en fait de la force que Khaled peut trouver en lui après avoir compris, laborieusement, que son destin est entre ses mains, pas aux mains des autres (le salafisme est une affaire de collectivité aussi). Amr Salama n’a pas réussi à combler certaines faiblesses du film, obnubilé certainement par la puissance du scénario. Il a, par contre, su tirer de Maged El Kidwany, le meilleur acteur égyptien actuellement, tout ce qu’il faut pour assurer un rôle complet. El Kidwany en père aimant, coléreux, tendre, compréhensif, jouisseur et agressif a campé merveilleusement bien le rôle de Hany Abdelhay. Assis dans une baignoire avec une de ses copines, il pose une curieuse question : «Tu penses que le diable est un mâle ou une femelle ?» ! Le jeune Ahmed Malek a montré toutes ses capacités d’interprétation au grand écran contrairement à Ahmed Al Fishawy, moins convaincant, comme pour ses précédents dont Zay nahar dah, toujours avec Amr Salama.

La spiritualité et l’ésotérisme représentent ma principale inspiration

Elle n’avait que 7 ou 8 ans quand elle découvre pour la première fois les illustrations, gravures et reproductions de grands peintres de la renaissance. Dès l’adolescence, elle commence à faire ses premières imitations de dessins. Aujourd’hui, Amin
El Watan - Culture

La spiritualité et l’ésotérisme représentent ma principale inspiration

Elle n’avait que 7 ou 8 ans quand elle découvre pour la première fois les illustrations, gravures et reproductions de grands peintres de la renaissance. Dès l’adolescence, elle commence à faire ses premières imitations de dessins. Aujourd’hui, Amina Benboureche est une artiste plasticienne, fan de l’art de l’illustration digitale. Depuis le 18 novembre, elle fait découvrir au public algérois les cycles de la vie et matérialise des états d’âme à travers des dessins dont les principaux personnages sont des femmes. L’exposition «Cycles» se poursuit jusqu’au 15 décembre, à la salle polyvalente de l’Institut culturel italien. Que voulez-vous représenter ou raconter à travers vos personnages ? Mes personnages sont des représentations de «situations spirituelles», un hommage à l’usure humaine et aussi celle de la nature, les deux étant étroitement «en communication». D’où vient le choix de l’appellation «Cycles» ? «Cycles» renvoie au renouvellement et à la répétition, c’est un peu une succession d’«âges» ou d’ères. Les cercles dans la majeure partie de mon travail représentent le cycle du temps ou de la nature, l’éternel retour, ou l’emprisonnement dans un état voué à se répéter sans cesse et à être revécu avec la même intensité indéfiniment.   Dans vos travaux, des petits symboles de la mythologie romaine et berbère sont repérables. Est-ce votre source d’inspiration ? Et qu’est-ce qui vous inspire aussi ? En réalité, ce sont plus des symboles alchimiques universels, représentant les éléments et qui ont une forte connotation spirituelle. La spiritualité et l’ésotérisme ainsi que l’humain et la nature et la relation intrinsèque de tout cela représentent ma principale inspiration. L’illustration digitale est un des arts les plus modernes. Est-il assez utilisé et connu en Algérie ? L’art digital est une forme qui fait sa percée en Algérie. Peut être pas encore très populaire, ni vraiment très apprécié par rapport aux arts plastiques ou des vrais matériaux sont utilisés, mais personnellement, je lui prédis de beaux jours à venir. Sa flexibilité, son côté pratique et duplicable, ainsi que les innombrables possibilités de création qu’il offre aideront énormément à la popularisation de l’art en formats et quantités facilement contrôlables, et c’est dans cela qu’il puise toute sa force et son intérêt auprès des générations à venir.

Les lauréats du concours «Jeune artiste peintre» connus

Organisé par Société Générale Algérie, un vernissage a eu lieu, lundi dernier, à Alger. Objectif, récompenser les lauréats de la cinquième édition de son concours «Jeune artiste peintre». Et c’est Amine Karoun qui détient la palme en décroc
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Les lauréats du concours «Jeune artiste peintre» connus

Organisé par Société Générale Algérie, un vernissage a eu lieu, lundi dernier, à Alger. Objectif, récompenser les lauréats de la cinquième édition de son concours «Jeune artiste peintre». Et c’est Amine Karoun qui détient la palme en décrochant le premier prix, suivi de Saïda Bouskina pour le deuxième prix. La troisième place revient à Abdelghani Chibane. Douze toiles, parmi la centaine proposées par les participants au concours, ont été retenues par le jury, pour être exposées au public lors de cette cérémonie à laquelle ont été conviés, aux côtés des responsables de Société Générale Algérie, l’ensemble des finalistes de l’édition «Jeune artiste peintre 2017», les lauréats des éditions précédentes, des clients de la banque amateurs d’art, artistes peintres de renom et galeristes. Société Générale Algérie a réalisé, pour cette occasion, un livret qui rassemble les 12 œuvres des artistes finalistes de la cuvée 2017 du concours «Jeune artiste peintre», ainsi que le parcours artistique de chacun d’entre eux. Ces œuvres seront insérées dans l’agenda 2018 de la banque. A travers ce concours ouvert à tous les jeunes artistes peintres professionnels et amateurs, «Société Générale Algérie confirme une fois de plus son engagement en faveur des artistes de l’art et de la peinture en particulier, et contribue à l’émergence de talents prometteurs algériens dans l’art plastique contemporain».  

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