Algeria



La radio, cette fenêtre sur le monde

Le Caire (Egypte) De notre envoyé spécial Le cinéma indien n’arrête pas de produire des centaines de films par an, certains sont diffusés dans toute l’Asie, d’autres arrivent péniblement en Europe et en Afrique. Le 7e art de ce pays-continen
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La radio, cette fenêtre sur le monde

Le Caire (Egypte) De notre envoyé spécial Le cinéma indien n’arrête pas de produire des centaines de films par an, certains sont diffusés dans toute l’Asie, d’autres arrivent péniblement en Europe et en Afrique. Le 7e art de ce pays-continent se remet en cause continuellement, tourne en rond souvent, sans renoncer à l’idée de chercher la qualité. Redu, de Sagar Vanjari, en compétition au 39e Festival international du film du Caire, raconte une histoire simple qui repose, sous une forme candide et amusante, la question de la découverte. Découverte d’un autre monde. Tatu (Shashank Shende), un homme entre deux âges, fait vivre sa famille en creusant des puits dans un village perdu entre forêts et rivières, quelque part en Inde. Toute son existence est remuée lorsqu’il découvre l’existence d’un transistor qui émet des sons, ramené à la maison par son gendre de la grande ville. Tatu n’a qu’une seule idée en tête, se mettre à côté du transistor, tourner le bouton et essayer d’écouter les voix et les notes musicales qui sont émises. Il est tout simplement émerveillé, charmé, étonné. Son épouse (Chhaya Kadam) est inquiète par le changement de comportement de son mari, devenu tout drôle, incertain. Elle ne comprend pas son attachement émotionnel fort au poste radio. Tout le village, où l’on compte les heures passer, parle de Tatu et de son transistor, laissé par son gendre après son départ au bout d’un court séjour au village avec son épouse. Tatu, analphabète comme tous les villageois, se rend compte soudainement qu’un autre monde existe et que des personnes peuvent vous parler à distance, sans vous connaître et que la musique est un langage facile d’accès. Cette découverte bouleversante renforce l’attachement de l’homme à l’appareil jusqu’au jour où un neveu vole le transistor et le revend à un musulman qui, à son tour, le donne à sa sœur malade. L’histoire se déroule dans l’Inde d’Indira Gandhi, au milieu des années 1970, marquées par les troubles, la guerre avec le Pakistan et la pauvreté. Dans le village de Tatu, on marche pieds nus et on habite dans des maisons en terre cuite, la plupart dépourvues d’électricité. La radio dans ces lieux isolés du monde souligne le passage vers la modernité, vécue, à l’époque, comme une fascination. Cela rappelle les découvertes, l’une après l’autre, de la télévision, et plus tard, de l’internet et du smartphone. S’il y a une leçon à tirer du film de Sangar Vanjari, c’est bien celle-là: La technologie contribue parfois à libérer l’homme de ses convictions et de l’image fixe qu’il se fait du monde et de lui-même. La radio est justement cette belle fenêtre ouverte sur l’univers, sur l’autre. Le long métrage, par sa simplicité, tire sa force des décors naturels et du jeu réel des comédiens, qui n’évoluent pas comme dans les mélodrames de Bombay. Shashank Shende, une star du cinéma asiatique, a apporté beaucoup de crédibilité à ce long métrage qui se déroule comme un conte à tiroirs ouverts. Le public sympathise presque spontanément avec Tatu et son petit rêve d’avoir un transistor qui a apporté une touche de fraîcheur et de bonheur à sa morne existence. Shashank Shende est connu dans le sous-continent indien pour ses nombreux rôles dans des films tels que Stanley Ka Dabba,  Kaminey ou Chittagong. Sangar Vanjari, 30 ans, vient au cinéma par la grande porte du montage. Il a pendant des années monté des clips, des documentaires et des courts métrages. Redu marque ses débuts à la réalisation. Le film, à peine sorti en Inde, porte les points d’énergie d’un jeune cinéaste prêt à bousculer l’ordre établi et à briser les barrières du socialement conventionnel de Bollywood pour faire un cinéma proche de l’humain, sans maquillage, à tons chauds, ni lumières aveuglantes ni chansons à caisson vide. Retenez donc bien le nom de Sangar Vanjari. Il saura, par son talent, trouver le chemin des étoiles dans la galaxie en mouvement du cinéma indien, mondial par extension.  

La démocratie par le trou de la serrure

Pour le ministre de l’Intérieur, la victoire aux élections locales des deux représentants du régime, qui ont raflé la majorité des communes, est une «fête démocratique». Il parle comme si on avait affaire à un vrai challenge électoral, avec ses
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La démocratie par le trou de la serrure

Pour le ministre de l’Intérieur, la victoire aux élections locales des deux représentants du régime, qui ont raflé la majorité des communes, est une «fête démocratique». Il parle comme si on avait affaire à un vrai challenge électoral, avec ses projections mesurables et son suspense qui fait la force d’une compétition transparente, alors que la pratique de la fraude a été, encore une fois, l’élément central dans la conclusion statistique, soulevée et reconnue comme marque de fabrique de tous nos scrutins. Quand c’est le Premier ministre en personne qui l’évoque, même en la qualifiant par un doux euphémisme de «dépassement», pour dénoncer les abus dont a été victime son parti, il ne saurait y avoir de doute sur ce phénomène de triche, qui, dans sa dispersion incontrôlable parfois, n’épargne même pas ses propres concepteurs et dont le pouvoir, finalement, ne peut se passer pour continuer d’exister en l’état. C’est d’ailleurs pour être plus près de cette vérité que Bedoui s’est permis d’extérioriser sa pensée (et sa grande joie, il va sans dire) comme s’il s’agissait d’une véritable délivrance à l’annonce des scores qui ont surtout touché les taux de participation. Car c’est à ce niveau, et seulement à ce niveau, que le régime engage notamment  sa «crédibilité» pour se persuader qu’il entretient, malgré toutes les critiques qui sont formulées contre lui, une forme de légitimité populaire inébranlable vis-à-vis de la société. Vous pensez bien qu’avec les pourcentages aussi inespérés (45% en moyenne) qui ont marqué les résultats de la participation, le ministre de l’Intérieur, sur lequel reposaient tous les espoirs d’un «redressement» salutaire de la courbe après le cuisant revers des législatives, ne pouvait que se sentir soulagé d’avoir réussi son examen. Et on comprend son immense soulagement alors qu’il était attendu de pied ferme par son propre camp au moindre dérapage. Mais de là à pousser le bouchon jusqu’à transformer une tartuferie électorale en fête démocratique, il y a un pas que même les soutiens les plus acharnés du régime n’oseraient franchir. D’aucuns estiment donc que chez le ministre c’est l’émotion — comprendre la peur de perdre un pari aussi insensé — qui a pris le pas sur la raison. D’abord, comme tout Algérien qui connaît sur le bout des doigts le fonctionnement underground de nos élections (tous calibres), le représentant du gouvernement ne doit surtout pas feindre d’ignorer que les taux recensés au final ne reflètent pratiquement jamais la réalité. Pour ces locales, sur lesquelles le pouvoir a beaucoup misé pour se refaire une santé populiste, la règle de la fraude ne pouvait rester inopérante. Les chiffres, selon les experts qui travaillent sur ce genre de concurrence, même s’ils ne disposent pas de toutes les données mathématiques pour appuyer leurs argumentations, auraient ainsi été soumis forcément au système du dopage progressif pour ne pas trop s’éloigner d’une certaine limite d’acceptation. Ces experts partent du principe qu’il serait presque impossible de faire admettre une courbe ascendante aussi vertigineuse en un laps de temps, alors qu’au départ elle avait du mal à s’implanter. Pour eux, entre les six pour cent enregistrés aux environs de 11h-11h30 et les 46% qui ont terminé la course aux environs de 19h, il y a un passage incontournable par le bourrage des urnes. Ce constat, ensuite, peut être difficilement remis en cause au regard des multiples scènes de fraude caractérisée dénoncées un peu partout à travers le pays et qui démontrent, encore une fois, que les élections à l’algérienne ne sont jamais fiables. Le ministre de l’Intérieur a certes voulu minimiser l’ampleur des irrégularités enregistrées, toujours au profit des deux partis du pouvoir, mais la multiplication des abus a été telle qu’il ne pouvait les passer sous silence. La flagrance des manipulations des urnes par l’administration au service du régime a donné lieu à des réactions populaires parfois très violentes. C’est la preuve qu’il y a eu de fortes résistances à la fraude massive, démontrant pas là si besoin est que les heureux vainqueurs du scrutin ne sont pas ceux qui ont le plus de mérite. Comment dès lors parler de démocratie lorsqu’à la base des institutions les représentants du peuple sont imposés par le sommet. En effet, il serait surréaliste de voir le clan de Bouteflika diriger le pays sans l’hégémonie sur le moindre espace institutionnel des deux partis majoritaires à l’Assemblée nationale que sont le FLN et le RND. Qui pourrait concevoir une gouvernance sans ces deux bras du pouvoir, qui, même s’ils s’inventent une rivalité toute factice entre eux, se complètent dans la mobilisation et la propagande frénétique pour perpétuer le système dans sa nature autocratique et en tirer le plus grand avantage. A travers le maquillage des municipales, pourtant pas trop influentes sur les grands enjeux politiques qui se projettent sur la présidentielle de 2019, on peut avoir déjà un aperçu sur le «modèle démocratique» algérien. Un modèle qui respire l’autoritarisme et qui empêche la société de réaliser ses rêves de liberté. Quand on rappelle pour la quatrième fois au poste de Premier ministre un homme qui traîne autant d’échecs pour la même mission, la lecture se fait par elle-même : le régime préfère une «valeur» déclinante, mais sûre, au principe du changement auquel aspirent les Algériens. C’est d’ailleurs sur ce genre de négation qu’il se nourrit tout en voulant se donner une image rassurante sur les vertus de l’ouverture démocratique, alors que derrière la vitrine toutes les portes devant mener vers celle-ci sont fermées. Multipartisme inféodé, déstructuré, parfois corrompu. Presse indépendante parasitée, réprimée, soumise aux pires pressions. Syndicats autonomes dévalorisés, diabolisés, rejetés, ignorés, dépourvus de forces d’intervention. Associations citoyennes galvaudées, présentées comme de simples faire-valoir. Justice sous contrôle, dépendante et éloignée de son idéal. Assemblée nationale toujours en Chambre d’enregistrement, loin des préoccupations du peuple. Face au mécontentement des citoyens, pas de dialogue, pas de compromis constructifs, seule la répression. Et par-dessus tout, un culte de la personnalité jamais égalé. Vous voulez plus... sur notre démocratie ?

Un symposium dédié à la traduction

Un symposium international sous l’intitulé générique «La traduction et ses pratiques entre formation et actualisation» a été ouvert, mardi dernier, au Crasc, mais à l’initiative de l’unité de recherche sur la traduction et la terminologie que d
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Un symposium dédié à la traduction

Un symposium international sous l’intitulé générique «La traduction et ses pratiques entre formation et actualisation» a été ouvert, mardi dernier, au Crasc, mais à l’initiative de l’unité de recherche sur la traduction et la terminologie que dirige Kelthouma Aguis.  «Les interventions portent sur divers aspects de cette discipline regroupés autour de 5 axes de réflexion, mais ce qui est nouveau dans notre démarche, c’est l’introduction de la langue amazighe en tant que langue de travail, un fait inédit à Oran», précise-t-elle. De manière générale, l’état des lieux de la traduction en Algérie présenté lors de la conférence inaugurale par Saïd Boutadjine de l’université Abdelhamid Ibn Badis de Mostaganem, est peu reluisant. Les chiffres qu’il a communiqués parlent d’eux-mêmes et traduisent le peu d’intérêt accordé à cette discipline, comparé à l’âge d’or de la civilisation arabo-musulmane. «En comparaison avec l’Espagne, l’ensemble des pays arabes traduisent actuellement 2000 fois moins qu’il ne faut pour rattraper le retard», indique-t-il, mais les exemples sont multiples. Pour le cas précis de l’Algérie, le conférencier déplore par exemple le fait que la discipline ne soit pas encadrée et que, hormis l’inexistence des subventions, les rémunérations proposées par les éditeurs privés ne reflètent pas la réalité des efforts fournis par les traducteurs. Pour lui, la traduction se limite presque aux deux langues : l’arabe et le français, même si les ouvrages originaux sont publiés dans d’autres langues, ce qui suppose des pertes successives dommageables à la qualité des œuvres. Des œuvres qui sont également souvent bourrées d’erreurs faute de contrôle par les spécialistes de la langue. Cet aspect a été pris en charge par Zakaria Besbasi, qui a épluché le livre L’Algérie passé et présent traduit du français vers l’arabe par des auteurs algériens de l’université de Tizi Ouzou pour énumérer un certain nombre d’erreurs dues, selon lui, à une maîtrise imparfaite de la langue. A contrario, peut-on dire, l’intérêt de la communication que devait donner Kaci Sadi de l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou est que le sujet porte sur la traduction de l’arabe vers le tamazight. Il s’agit de l’adaptation sous forme de poésie de l’histoire de Sidna Youssef. Dans un contexte dominé par l’oralité, il a essayé d’analyser les techniques mises en œuvre (traduction, adaptation, réécriture, récréation, etc.) pour aboutir à cette qasida (taqsit) intégrée dans le patrimoine culturel traditionnel de la région kabyle. Le conférencier s’est basé sur l’ouvrage Les poèmes kabyles anciens collectés par Mouloud Mammeri, qui fait remonter cette adaptation au 17e siècle. La même histoire est évidemment également adaptée en «daridja» (arabe algérien) et cela fait dire au chercheur s’exprimant en aparté : «C’est extraordinaire de voir comment a été reçu cet héritage culturel du Moyen-Orient en Afrique du Nord avec ses deux langues.» Une séance complète présidée par Abderrahmane Zaoui est réservée à la thématique : «La traduction et les textes juridiques».  

Diversité et qualité

La 8e édition du Festival international du film engagé d’Alger (FICA) sera marquée  par 18 films en compétition. Cette huitième édition, qui sera organisée du 1er au 8 décembre à la salle El Mougar et à la Cinémathèque d’Alger, verra la pro
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Diversité et qualité

La 8e édition du Festival international du film engagé d’Alger (FICA) sera marquée  par 18 films en compétition. Cette huitième édition, qui sera organisée du 1er au 8 décembre à la salle El Mougar et à la Cinémathèque d’Alger, verra la projection de films documentaires et de films de fiction de haute facture ayant été primés lors de rendez-vous culturels internationaux. Les grandes lignes de cette édition 2018 ont été dévoilées à la presse nationale, hier matin, à la salle El Mougar, à Alger, par la commissaire du festival, Zahira Yahi, et par le directeur artistique, Ahmed Béjaoui. La commissaire du Fica a indiqué que le nombre de films est plus important cette année compte tenu de la programmation de six courts métrage. «Nous avons choisi, dit-elle, de donner de la visibilité à des films de formats différents, mais dont le contenu correspond à la philosophie du festival. Nous estimons, aussi, qu’il faut encourager ce genre de films et ceux qui les produisent». Ces six courts métrages hors compétition seront partagés sur deux séances, à savoir les 4 et 5 décembre à 10h. Ils seront suivis de débats avec les réalisateurs et les producteurs. Sur les vingt films restants entre fiction et documentaires, deux d’entre eux ne seront pas en compétition. Il s’agit du film documentaire Jean Ziegler, l’optimisme de la volonté, du réalisateur et producteur suisse Nicolas Wadimoff, qui sera projeté à l’ouverture officielle. Le deuxième film hors compétition, La route d’Istanbul, de Rachid Bouchareb, sera programmé à la clôture du festival. Ainsi, la compétition se jouera sur dix- huit films, dont neuf documentaires et neuf fictions. Comme chaque année, en dehors des projections, deux tables rondes et une conférence seront à l’honneur. La première table ronde, prévue le 3 décembre, à 10h à la salle El Mougar, sera consacrée au psychiatre et essayiste Frantz Fanon : «Fanon l’Algérie, peaux noires, écrans blancs». Plusieurs intervenants viendront évoquer l’œuvre de l’homme, dont son fils, Olivier Fanon, Alice Cherki, Manthia Diawara, Mehdi Lallaoui et Abdenour Zahzah. Pour sa part, la deuxième table ronde abordera «Le traitement de l’histoire contemporaine dans l’écriture filmique», où un panel d’experts se relieront pour donner leurs approches, dont l’universitaire irlandais David, le réalisateur Ahmed Rachedi, l’historien algérien Fouad Soufi  et Nais Van laer. Le festival recevra cette année le plus grand scénariste du monde, à savoir  le Français Jean-Claude Carrière, qui compte à son actif plus d’une centaine de films. Il animera, le 7 octobre à 10h, à la salle El Mougar, une conférence portant sur «L’écriture du scénario».  Comme à l’accoutumée, deux jurys seront installés, dont celui du film documentaire, qui sera présidé par Mireia Sentis et celui de fiction par Cheikh Oumar Sissoko. A l’image des éditions précédentes, les hommages ne seront pas en reste. Le Fica rendra hommage au réalisateur algérien Rachid Bouchareb pour l’ensemble de sa production, mais le festival n’oubliera pas d’avoir une pieuse pensée aux figures du cinéma qui nous ont quittés, à l’image de Youcef Bouchouchi, Mahmoud Zemmouri, Mohamed Bouamari et Stevan Labudovic. La conférencière Zahia Yahi a indiqué que le commissariat a entamé des pourparlers avec des producteurs étrangers pour demander une cession des droits d’auteur à titre gracieux. Certains ont accepté, d’autres pas. «Cette démarche nous permettait d’éviter de récupérer le volet consacré, habituellement, aux droits des films, sans compter, entre autres, les taxes et la démarche des transferts par la Banque d’Algérie. Nous avons eu affaire à des gens engagés, solitaires, dont les productions nous intéressaient et cela a été un des critères de sélection définitive.» L’oratrice ajoute que deux films asiatiques intéressants ont été visionnés, mais dont la version en langue française était inexistante. De son côté, l’universitaire et critique de cinéma Ahmed Béjaoui avoue que le festival détient un budget de plus en plus restreint. «Nous avons été aidés. C’est grâce à des gens que ce festival a pu exister avec sa qualité, mais nous avons un sérieux problème avec les vendeurs. Nous sommes tombés souvent sur des films de qualité, mais on nous a envoyés chez des vendeurs qui ne veulent pas céder leurs films sans payer des droits». Ahmed Béjaoui met l’accent sur un autre obstacle de taille. Très souvent les films qui sont soutenus par des festivals, comme Dubaï et Doha, ont dans leurs clauses l’interdiction d’être présentés dans les pays arabes. «Ils autorisent la projection de films dans de petits festivals européens, mais il y a cette petite clause qui nous bloque. Il y a même des Algériens qui signent cette clause. Je trouve que c’est une lutte inégale et injuste», dit-il. Si Zahira Yahi a refusé de donner le montant alloué pour cette édition 2017, mais elle rappelle que cette austérité est générale. «Nous faisons avec et nous nous adaptons à la situation, mais nous tenons à souligner que cette année le ministère nous a octroyé un budget, dont lui seul est habilité à donner le montant, qui reste insuffisant. Il est important de souligner que des partenaires et des sponsors nous accompagnent dans ce festival», précise-t-elle. Il est à noter que l’ensemble des films programmés au niveau de la salle El Mougar fera l’objet d’une deuxième projection le lendemain à la Cinémathèque d’Alger.  

A la périphérie de Rome, le déclin

Le film Fortunata dévoile le mal-vivre d’une société italienne en perte de repères et de confiance face aux contradictions et aux incertitudes du monde contemporain. Fortunata, de l’Italien Sergio Castellito, est l’un des films les plus puissant
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A la périphérie de Rome, le déclin

Le film Fortunata dévoile le mal-vivre d’une société italienne en perte de repères et de confiance face aux contradictions et aux incertitudes du monde contemporain. Fortunata, de l’Italien Sergio Castellito, est l’un des films les plus puissants retenus dans la sélection officielle du 39e Festival international du film du Caire. L’histoire paraît simple, mais la philosophie et la poésie de cet étonnant long métrage, écrit par Margaret Mazzantini, sont d’une telle profondeur qu’il ne doit pas échapper au jury de Hussein Fahmy pour le primer. C’est un film contemporain qui ne rompt pas avec la tradition néo-réaliste du cinéma italien. Le film débute avec un plan aérien large d’une placette, dans un quartier à la périphérie de Rome, où un groupe de Chinois et d’Italiens pratique un Tai Chi matinal sous la musique de la 9e symphonie de Beethoven. Rencontre de deux civilisations ? Changement de comportement ? Les Européens, d’habitude, font du jogging le matin, voilà qu’ils se mettent aux exercices gymnastiques chinois. Le quartier où habite Fortunata (Jasmine Trinca) avec Barbara, sa fille de huit ans, se distingue par des arcs de l’époque romaine. Ils sont là au milieu de bâtiments modernes, témoins d’une civilisation qui a peur de disparaître. L’idée de la disparition et de la dislocation est présente dans ce film à travers des personnages qui s’ennuient, qui se posent des questions brouillantes sur le sens de leur existence, qui ne croient presque pas à la possibilité du bonheur, qui se perdent. Fortunata s’est séparée de son mari Franco (Edoardo Pesce), un homme violent qui ne veut pas divorcer et qui ne cesse de la harceler sous prétexte de négliger leur fille et de la «laisser seule au milieu des Arabes». Franco est un policier mal dans sa peau. Il est impitoyable avec son ex-épouse, comment peut-il l’être avec les autres ? Coiffeuse à domicile, Fortunata passe la journée à se déplacer d’une maison à une autre pour gagner sa vie et faire des économies en vue d’ouvrir un salon de beauté. Un petit rêve qui prend l’ampleur d’un grand dans un univers où il faut travailler dur pour vivre simplement. Elle est aidée par Chicano (Alessandro Borghi, star montante du cinéma italien), un garçon mélancolique qui vit avec une mère ayant perdu la raison, merveilleusement interprétée par l’Allemande, Hanna Schygulla, révélée notamment par les films de Rainer Werner Fassbinder (Gibier de passage, Le mariage de Maria Braun, Berlin Alexandrerplatz, etc.). Ancienne comédienne de théâtre, la mère de Chicano n’arrête pas de répéter des scènes d’Antigone, de Sophocle. Le parallèle avec la tragédie grecque n’est pas un hasard, bien entendu. Antigone, la fille incestueuse d’Oedipe, n’a-t-elle pas défié le roi Créon, son oncle, en enterrant son frère Polynice, mort dans une bataille pour le pouvoir à Thèbe ? En fait, chacun dans l’entourage de Fortunata vit une tragédie. Chicano, tatoueur, résiste mal au drame intérieur avec sa mère. Fortunata, qui ne trouve parfois pas les mots pour parler à sa fille, l’emmène chez le psychologue. Patricio (Stefano Accorsi) étudie le cas de Barbara en lui demandant de s’exprimer par le dessin et par l’utilisation de figurines. «Rêver avec les mains», précise-t-il. Il s’intéresse graduellement à la mère, à laquelle il va s’attacher. La relation amoureuse va se développer, suscitant la jalousie de l’ex-mari. Le psychologue, lui-même, a connu dans son enfance une histoire douloureuse avec son père. Ce père que tout le monde veut tuer, symboliquement. Pour Fortunata, l’amour aurait pu être une chance. Autant que pour Patrizio, lui qui, chaque jour, fait face «au merdier avec un sourire», comme il le confie. «Le soir, j’ai mal à l’estomac», ajoute-t-il. L’amour pour Chicano ne signifie presque rien. Il va sombrer dans la déprime. Pourtant, Fortunata disait à sa fille : «L’important, c’est l’amour.» Il arrive aux parents de mentir et d’abandonner le terrain de la tendresse. Mais où est donc passé le père de Chicano ? Pourquoi le père de Barbara est-il agressif ? Et pourquoi le père de Patrizio est-il parti  ? Et qu’a donc fait Fortunata à son père ? L’absence ou la faillite des pères est l’expression du déclin. Déclin des valeurs sociales. Déclin d’une certaine civilisation. Déclin d’un certain sens de la vie. Déclin d’une certaine moralité. Tout semble s’effondrer dans le monde où Fortunata tente de trouver sa voie, de faire vivre sa fille. Va-t-elle réussir ? Va-t-elle dépasser ses propres fantômes ? «Mon père disait : qui sait si cette vie est mieux que l’autre ?» confie Fortunata. «Mais, on ne connaît que celle-là», réplique Patrizio. La densité des dialogues a amené le Sergio Castellito à recourir, parfois, à la technique du théâtre filmé pour mieux restituer le propos et mieux dévoiler les douleurs internes de ses personnages, comme ces deux scènes de querelle entre Fortunata et Patrizio au bord du lac ou dans l’Agora. Un choix réussi pour un cinéaste qui a été lui-même acteur et qui a su bien diriger ses comédiens et bien explorer les petits secrets de la tragédie grecque. En plus d’un scénario d’une rare intelligence et des images dessinées presque à la main, le long métrage est une grande invitation à s’interroger sur l’attitude de l’individu, de l’humain, au milieu d’un monde en mouvement, de valeurs qui changent et de «petites dictatures» qui se multiplient sous plusieurs formes, y compris humaines. Fortunata, presque seule, résiste, mais jusqu’à quand ? Barbara sera-t-elle une femme heureuse? Que fera Franco ? Vous constatez donc, vous-mêmes, amis lecteurs, que le film de Sergio Castellito provoque un interminable torrent de questions. Les spectateurs de la salle du petit théâtre de l’Opéra du Caire sont sortis avec cette envie de revoir le film pour lever le voile sur les plis encore cachés de l’œuvre. Le cinéaste a, lui, laissé toutes les fenêtres ouvertes.  

Profondes mutations et virage numérique

Dix-huit intervenants, 48 heures de débats animés par des experts nationaux et  internationaux, vont donner un maximum de décryptage. Les 11es journées euro-maghrébines sur la communication publicitaire seront inaugurées aujourd’hui à l’hôtel E
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Profondes mutations et virage numérique

Dix-huit intervenants, 48 heures de débats animés par des experts nationaux et  internationaux, vont donner un maximum de décryptage. Les 11es journées euro-maghrébines sur la communication publicitaire seront inaugurées aujourd’hui à l’hôtel El Aurassi (Alger). «Rôle de la communication dans la dynamique de la vie économique», telle est la thématique principale choisie par RH International Communication. Les débats aborderont les questions qui touchent l’entreprise et tous ses publics, salariés, fournisseurs et partenaires, clients et consommateurs, mais aussi toutes ses fonctions, production, marketing, communication, vente, ressources humaines et leurs interactions. Dix-huit intervenants, 48 heures de débats animés par des experts nationaux et internationaux, vont donner un maximum de décryptage. Ce séminaire vient dans un contexte particulier. La communication publicitaire en Algérie continue sa mutation, après une période de rattrapage vis-à-vis de ses voisins qui connaissent une croissance continue depuis plus d’une décennie. Touchée par les réalités économiques, elle stagne, recule même sur certains secteurs, comme l’automobile et même la téléphonie, pour qui l’âge d’or de la voix semble appartenir au passé ; et la transformation en distributeur de data et de contenus n’a pas encore réellement commencé. Elle touchera prochainement les smartphones (quotas) et dans ce cadre, on attend de voir si la production locale prendra le relais et offrira une alternative. Contacté, Riad Aït Aoudia, directeur général MediAlgeriA, nous livre ses observations : «Certains annonceurs sont touchés par la diminution du pouvoir d’achat, les multinationales qui font leur budget en devises sont aussi touchées par la baisse du dinar, les moins prudentes tentent de corriger cela en réduisant leur budget marketing, mais au final, cela leur coûte une perte de parts de marché qu’elles ont mis des années à gagner, d’autant plus que dans les produits de grande consommation (FMCG), les acteurs locaux ou régionaux sont très actifs.» La même source ajoute : «Le secteur de l’équipement des foyers (électroménager) connaît lui une bonne croissance, boostée par le marché des logements et la croissance démographique qui ne baisse pas. A part une ou deux exceptions, le secteur bancaire demeure sans offre innovante et ne décolle pas. Le secteur de l’assurance souffre d’un problème de marge lié à une guerre des remises qui fait que les budgets marketing sont absorbés par le soutien aux prix.» Globalement, le marché algérien souffre de la gratuité imposée par le digital. Aujourd’hui, à part le sport (Bein Sports), le streaming gratuit (flux vidéo) fait des ravages : il n’existe pas d’offres de contenus payées par les consommateurs. Les tentatives de protéger les contenus ou de les faire payer n’ont eu jusque-là en réalité que peu de succès. La démocratisation des moyens de paiement en ligne pourra en partie apporter des solutions pour combler ces déficits. L’affichage urbain devient incontournable aujourd’hui pour les annonceurs, qui le perçoivent comme le chemin le plus court et le plus pratique pour toucher le maximum de consommateurs. Une présentation sur «la communication extérieure  : enjeu majeur pour l’économie de demain», sera présentée par Mourad Hadj Saïd, président-directeur général de SPA AD Display.

Le secret dévoilé de Dar Joued

Le Caire (Egypte). De notre envoyé spécial Selma Baccar, qui est la doyenne des cinéastes tunisiennes, termine avec El Jaïda, une trilogie consacrée à la cause de la femme tunisienne, commencée en 1976 avec Fatma 75 et poursuivie, en 2005, avec Khoch
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Le secret dévoilé de Dar Joued

Le Caire (Egypte). De notre envoyé spécial Selma Baccar, qui est la doyenne des cinéastes tunisiennes, termine avec El Jaïda, une trilogie consacrée à la cause de la femme tunisienne, commencée en 1976 avec Fatma 75 et poursuivie, en 2005, avec Khochkach » (pavot). Les deux longs métrages racontent les douleurs des femmes, mais aussi les acquis obtenus ou arrachés au fil des ans. Dans Fatma 75, Selma Baccar est revenue sur le code de statut personnel, introduit par Habib Bourguiba à l’indépendance de la Tunisie. Un pas révolutionnaire, que la cinéaste célèbre, sous un angle différent, dans son dernier long métrage El Jaïda, a présenté, samedi 25 novembre au soir, à l’Opéra du Caire, dans la compétition «Horizon du nouveau cinéma arabe», au 39e Festival international du film du Caire qui se déroule jusqu’au 30 novembre. Au public nombreux présent dans la salle El Hanager, Salma Baccar a expliqué sa démarche cinématographique, qui s’inscrit dans un combat, entièrement assumé, en faveur de l’égalité en droits et en obligations entre femmes et hommes. Elle a parlé aussi de Dar Joued, sorte de maison de redressement consacrée aux femmes considérées comme «insoumises» ou «rebelles» par leurs époux ou leurs tuteurs (oncle, frère, père, etc.). Elles sont envoyées dans ce lieu par un cadi assisté de deux assesseurs, l’un représentant le hanbalisme, l’autre le malékisme. Il s’agit en fait d’un tribunal religieux aux sentences sans appel. C’est du moins ce qui est montré dans El Jaïda, dans lequel Raouf Ben Amor interprète le rôle du «magistrat» intraitable, misogyne sur les bords et conciliant avec la haute société tunisoise de l’époque. Selon les historiens, Dar Joued a été créé au XVIe siècle en Tunisie pour disparaître au milieu du XXe siècle. Peu d’écrits ont été consacrés à ces établissements effacés de la mémoire tunisienne. Selma Baccar s’est appuyée sur le témoignage d’une ancienne «détenue» et sur l’essai de l’historienne Dalenda Largueche sur Dar Joued (Marginales en terre d’islam) pour construire une histoire, un véritable concentré de drames vécus par des femmes forcées d’accepter un ordre qui ne laisse aucune brèche à la liberté, au moment où les nationalistes tunisiens se battaient pour libérer le pays du joug colonial. Un parallèle sur lequel Selma Baccar a travaillé pour suggérer, probablement, que libération ne signifie pas liberté. Mariée à un homme qui à l’âge de son père, Leïla (Souhir Ben Amor) est poussée par l’impuissance sexuelle de son mari, dans les bras d’amants. L’époux (Taoufik El Ayeb), humilié, se venge d’elle en l’envoyant à Dar Joued où elle est accueillie par la maîtresse des lieux, l’impitoyable El Hadja ou El Djaïda (Fatma Ben Saïdane). Bahidja (Wajiha Jendoubi), femme raffinée, refuse toute relation avec son époux (Khaled Houissa) après l’avoir surpris dans des ébats amoureux avec sa sœur. «Je refuse de divorcer. Tu oublies que le dernier mot me revient», lui déclare-t-il avant de l’envoyer à Dar Joued, reçevoir «une petite correction». Hassnia (Selma Mahdjoubi) a été envoyée également pour apprendre les bonnes manières par son oncle. Il a découvert qu’elle était en relation avec Othmane (Bilel El Beji), un jeune nationaliste. Espace mélancolique L’oncle, représentant d’une certaine bourgeoisie tunisoise, refuse toute idée d’indépendance, à large ou à petite échelle. Il y a aussi Mariem (Najoua Zouhir), qui vit heureuse avec son mari, mais qui est harcelée par sa belle-mère, qui lui reproche de ne pas enfanter des garçons. Elle est également transférée à Dar Joued pour qu’elle devienne plus «docile» et qu’elle accepte sa situation. El Jaïda est là pour assurer ce que lui demande l’ordre masculin. Elle tente d’humilier les «détenues» pour les rendre moins résistantes. Entre les femmes naît une complicité qui va évoluer au fil du temps et des événements. Après tout, elles sont toutes dans la même galère. Venant de classes sociales différentes, les accrochages, parfois cruels, sont inévitables. La jeune Hassnia, avec son air candide, apporte une certaine douceur à un espace fermé et mélancolique. Selma Baccar, qui a co-écrit les dialogues avec Wajiha Jendoubi, filme ses complicités avec un regard de femme. D’où une certaine profondeur et une certaine crédibilité des plans. Il y a aussi la position de la féministe qui se met en avant, surtout dans la scène où Bahidja conseille à sa fille de ne jamais renoncer aux études. «Cela fera de toi une femme indépendante», a-t-elle dit. Sans s’attarder sur les contradictions profondes du mouvement nationaliste tunisien, notamment entre opérationnels de terrain et politiques de salon, Selma Beccar a décidé de rendre un grand hommage à Habib Bourguiba en montrant, triomphalement, son retour au pays, le 1er juin 1955, après un exil forcé, à bord du navire Ville d’Alger. Féministe convaincue, Selma Baccar a pris soin de rappeler que le 13 août 1956, Habib Bourguiba a instauré le Code de statut personnel, qui proscrit, entre autres, la répudiation et la polygamie et qui impose le consentement mutuel pour le mariage. Dar Joued a disparu en 1957 dans la foulée du mouvement de libération et du féminisme actif de Bourguiba. Passant brutalement de la fiction au documentaire, Selma Baccar a pris un gros risque en évoquant la situation actuelle en Tunisie à travers le discours d’une militante critiquant les islamistes. Le risque n’est pas dans le propos politique, du reste revendiqué, mais dans la démarche cinématographique. Le lien fait avec l’actualité immédiate est d’aucune utilité pour le film. Au contraire, il le surcharge et le dévalorise même. Selma Baccar avait-elle réellement besoin d’enchaîner son long métrage de cette manière  ? Assurément non. Mais le fait de l’avoir fait a réduit le long métrage à un simple manifeste féministe. Dommage. Elue en octobre 2011 membre de l’Assemblée constituante au nom du Pôle démocratique, la cinéaste a éprouvé du mal à s’éloigner de son engagement politique en surchargeant à outrance la dernière partie de son film. En femme de gauche aux idées claires, elle semble défendre la partie lumineuse de Bourguiba, la quête de la modernité. Cela paraît accompagner l’émergence de la nostalgie pour l’époque bourguibiste en Tunisie. Au Caire, Selma Baccar a créé le débat, voire de la polémique, en défendant «l’égalité» des femmes et des hommes devant l’héritage. «L’homme ne se sentira libre qu’en réalisant la liberté de la femme», a-t-elle déclaré lors du débat qui a suivi la projection du film. Elle a précisé qu’elle traîne depuis au moins 2007 le projet du film (donc, il n’y a pas un rapport avec la révolte populaire de janvier 2011). El Jaïda, projeté en avant-première le 9 novembre 2017 à Tunis lors des Journées cinématographiques de Carthage, est sorti dans les salles tunisiennes le 12 novembre.

Le roi de la kouitra

Membre de l’ensemble de la Société des concerts du conservatoire d’Alger, puis soliste à l’orchestre de la RTA dès sa création, son jeu nous envoûta durant de longues et belles années, il connut les directions de Mohamed Fakhardji, Abderrezak Fek
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Le roi de la kouitra

Membre de l’ensemble de la Société des concerts du conservatoire d’Alger, puis soliste à l’orchestre de la RTA dès sa création, son jeu nous envoûta durant de longues et belles années, il connut les directions de Mohamed Fakhardji, Abderrezak Fekhardji, Mustapha Skandrani, Zerrouk Mokdad et la compagnie des plus illustres noms de la nouba algéroise… Cet artiste exigeant et curieux de tout a poussé l’élégance et la subtilité «mandolinistique» à son paroxysme, lui conférant un discours d’un intimisme bouleversant. Cet intimisme résonne en écho à une philosophie de vie fuyant les scènes artistiques désormais vendues aux décibels, aux paillettes et au mercantilisme… Son jeu si particulier, composé d’un doigté caressant et chatouillant les cordes, alliait à la perfection la préciosité de l’arabesque et l’émouvante austérité propre à l’esthétique arabo-andalouse. Contre l’invasion de l’ornementation excessive polluant le discours musical, notre artiste était un fervent défenseur de la limpidité, obtenant de sa snitra des notes perlées au sens si profond. A ce propos, Si Mustapha Bahar exhibait son leitmotiv préféré : «Un grain de beauté fait le visage attrayant, sa multitude un repoussoir !!! » Avec son immense et exceptionnelle connaissance du répertoire et son art consommé de la snitra enchanteresse, notre grand artiste est resté fidèle au joyau philosophique et esthétique de la nouba : simplicité et modestie au service de la musique. «Servir la musique et non s’en servir», aimait-il répéter. Fort loin des égos surdimensionnés qui déforment et trahissent l’esprit de notre belle musique, il les appelaient les frelons envahisseurs… Si Mustapha Bahar a renoué avec la pratique musicale ayant cours jusqu’au début du XXe siècle : le cercle familial ou la petite cour des aficionados humant la moindre nuance, s’émouvant à la magie d’une inflexion dont les vrais maîtres avaient le secret. Le tarab avait du sens… Notre noble artiste fut digne de ses filiations : L’émouvante snitra de Omar Hibbi et l’enchanteur Kyatri Ahmed Sebti ne l’ont jamais quitté, peuplant ses rêves et abreuvant son inspiration. Il les évoquait sans cesse. Rappelons que ces deux illustres musiciens furent les disciples du père de ammi Mustapha : Mohamed Bahar, dit El Hassar, le tisserand qu’il fut et dans l’atelier duquel convergèrent tous les grands noms de la nouba algéroise de l’époque pour étancher leur soif de savoir auprès d’une source fiable et intarissable. Naturelle compagnie de la quotidienneté et de l’attachement à un fil conducteur. Et la hantise de le perdre. Avec courage et abnégation, Si Mustapha Bahar a su se hisser aux cimes d’un minimalisme propre aux interprètes de génie. Il doit énormément à son père pour sa connaissance du répertoire andalou : Mohamed Bahar, que les grands noms de cette musique sollicitaient pour sa grande mémoire. Mohamed Benguergoura et l’irremplaçable Dahmane Benachour venaient de Blida en calèche puiser dans le répertoire de ce généreux donateur. A la moindre demande, ce petit commerçant fermait boutique, se saisissait de sa kwitra pour dispenser son immense savoir et transmettre le flambeau à une autre génération. La famille Bahar nous a donné un autre grand artiste, le cousin de Mustapha : Mohamed Behar, le roi de la kwitra et modèle pour tant de générations ! Soucieux de conjurer ce dicton de Amadou Hampâté Bâ, selon lequel une bibliothèque brûle à chaque décès d’un vieillard africain, Si Mustapha Bahar n’a cessé de transmettre son savoir, aussi bien en Algérie qu’en France, où il enseigna à Bourges avec son cousin Mohamed. Ammi Mustapha, tu peux partir en paix pour avoir su donner jusqu’à ton dernier souffle de centenaire… Merci pour cet exigeant et toujours élégant compagnonnage que j’ai eu le grand privilège de partager avec ton autre fidèle disciple : Cheikh Zerrouk Mokdad, actuel dirigeant de l’Ensemble régional d’Alger . Ta simplicité, ton élégance, ta délicatesse et la générosité avec laquelle tu nous recevais, la finesse avec laquelle tu nous embarquais dans tes savoureuses anecdotes nous manqueront à jamais. Et les perles sonorités de ta délicieuse snitra nous accompagneront toujours… Paix à ton âme et joyeuses retrouvailles de ta merveilleuse snitra avec l’incomparable kwitra de Si Mohamed dans les jardins de l’Eden ! Allah yarhamkoum !Amîn !     (*) Dirigeant de l’Ensemble Albaycin Fondateur de l’Ensemble national et son premier dirigeant Fondateur du Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes

C’est elle la plus belle

Les deux premiers shows seront l’occasion de découvrir son nouveau spectacle. Accompagnée par une troupe de danseuses et danseurs, son spectacle plein d’humour sera rehaussé par la présence exceptionnelle d’invités surprise. Cet événement qui m
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C’est elle la plus belle

Les deux premiers shows seront l’occasion de découvrir son nouveau spectacle. Accompagnée par une troupe de danseuses et danseurs, son spectacle plein d’humour sera rehaussé par la présence exceptionnelle d’invités surprise. Cet événement qui mêle des sensibilités et des talents sera suivi le troisième jour par la projection en avant-première en Algérie du nouveau film de Nawell Madani, une comédie, C’est tout pour moi, avec François Berléand. Nawell Madani a pris un soin particulier à inscrire son pays d’origine dans sa longue tournée. Son attachement profond à l’Algérie fait d’elle une des plus belles ambassadrices.   Plus de 20 millions de vues En 2011, Nawell Madani abandonnait la danse pour se lancer en solo et écrire son premier one-woman-show C’est moi la plus belge !, en collaboration avec Ali Bougheraba à la mise en scène. Après un passage au Jamel Comedy Club et au Grand Journal de Canal Plus, elle arpente les petites salles et se lance sur le viral avec des vidéos sur Instagram qu’elle nommera les «Instawell». Elle sera la première humoriste à utiliser cette application. Le succès est au rendez-vous, elle totalisera plus de 20 millions de vues. Nawell ne quitte alors plus la scène et commence son Welltour à travers la France. Octobre 2013, on la découvre aux Feux de la rampe, où elle jouera à guichets fermés durant trois mois. Elle donne rendez-vous à son public sur toutes les scènes parisiennes et de province, avant de se retrouver sur des scènes mythiques, telles que le Palais des Glaces, le Trianon, ou des salles prestigieuses, comme le Cirque royal de Bruxelles, la Bourse du travail à Lyon, le Silo à Marseille, le Zénith de Montpellier. Réalisatrice, scénariste et comédienne Preuve de son succès fulgurant, le spectacle cumule aujourd’hui plus de 75 000 spectateurs. Nawell est aussi nommée dans la catégorie one-woman-show pour les Globes de cristal 2015 auprès d’artistes reconnus, comme Gad Elmaleh, Florence Foresti, Gaspard Proust et Alex Lutz. Un an plus tard, elle va pouvoir accomplir son rêve : jouer à l’Olympia et «gagner la fierté de son père». Là encore, elle ne fait rien comme les autres. Elle clôturera la saison avec trois Olympia complets. S’ensuivra, en 2016, le Palais des sports complet, elle sera la première humoriste belge à faire Forest National, complet également en Belgique, un Olympia supplémentaire en juillet 2016 et on la retrouvera pour les dernières représentations de son spectacle en tournée dans toute la France et au Comedia, à Paris, tout le mois de mars 2017. Une dernière série de représentations de ce spectacle est prévue en décembre, notamment à l’Olympia. 2017 est une année riche pour Nawell, car on la retrouve au cinéma dans Alibi.com réalisé par Philippe Lacheau et également dans son premier film en tant que réalisatrice, C’est tout pour moi, et dont elle a également écrit le scénario.  

Hommage à Djamal Allam

La soirée a été animée par une pléiade de talentueux artistes locaux. Les spectateurs ont eu droit à un véritable one man show sur les planches du TRB de la part de Djamel Allam qui a raconté une série d’anecdotes, livré des confessions et des mes
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Hommage à Djamal Allam

La soirée a été animée par une pléiade de talentueux artistes locaux. Les spectateurs ont eu droit à un véritable one man show sur les planches du TRB de la part de Djamel Allam qui a raconté une série d’anecdotes, livré des confessions et des messages collant à l’actualité… Emouvant était l’hommage rendu par l’Office national des droits d’auteur et des droits voisins (ONDA), dans la soirée de samedi, au chanteur Djamal Allam au théâtre régional Malek Bouguermouh de Béjaïa (TRB). La salle était pleine comme un œuf, le public s’assoit à même le sol. La moitié des sièges est occupée par des invités dont une multitude de comédiens et de chanteurs de la scène nationale, aux côtés de deux ministres, à savoir Azeddine Mihoubi, le ministre de la Culture, et Ould Ali El Hadi, le ministre de la Jeunesse et des Sports, en plus de la présence du wali de Béjaïa, Mohammed Hattab, et du DG de l’ONDA, Sami Bencheikh El Hocine, qui ont honoré l’auteur de Mara dyughal (quand il reviendra) en lui dédiant ce spectacle et en lui offrant des cadeaux. En dehors du programme musical tracé pour cette soirée et interprété par une pléiade de talentueux artistes locaux, les spectateurs ont eu droit à un véritable one man show sur les planches du TRB de la part de Djamal Allam, qui a raconté une série d’anecdotes, livré des confessions et des messages collant à l’actualité, puisqu’il a parlé également de la femme, des élections et de l’état de sa ville natale, Béjaïa. Djamal Allam s’est approprié la scène comme au bon vieux temps où il enchantait ses fans, à la façon, cette fois-ci, d’un comédien jouant une pièce de théâtre constructive. C’est la seconde partie de la soirée. Sur une chaise, face au public dans son costume blanc, une écharpe jaune autour du cou, l’auteur de Djawhara a puisé de ses réserves de force pour offrir pour la énième fois de l’amour et beaucoup de plaisir à ses inconditionnels malgré sa voix «cassée par la chimio», dira-t-il, et le corps affaibli par la maladie. «Tout d’abord je dois préciser que je ne suis pas mort», lance-t-il à ses détracteurs qui l’ont donné comme décédé sur un site électronique d’informations, il y a quelques mois. «Ceux-là ont fait beaucoup de mal à ma famille, mais je leur pardonne. Nous sommes tolérants malgré votre méchanceté», lance-t-il avant de clore cette polémique. Malgré sa fatigue, l’artiste se ressource lorsqu’il retrouve le grand compositeur Safy Boutella. Ce dernier a composé un fond musical et un extrait du recueil de poésie Le Prophète de Gibran Khalil Gibran, où il parle des enfants, superbement déclamé samedi par Djamal Allam. Dans le même contexte, l’auteur de Ur tsru (Ne pleure pas) dénonce la misogynie et appelle à aider «la femme, qui donne la vie, à avoir sa place qui lui sied dans la société». Tantôt il s’assoit, puis il se lève et fait quelques pas hésitants, Djamal Allam fait le tour de la scène, puis assène une autre observation. «J’ai constaté que sur les listes électorales les noms des candidates sont remplacés par des roses, des avatars ou des voiles. Ceci est le reflet d’une société conservatrice et fermée sur elle-même et qui pèse de tout son poids sur la vie publique». Et c’est de cela que parle le court métrage de Djamal Allam, Le banc public, projeté en début de soirée et qui lui a valu un Olivier d’or lors du dernier Festival du film amazigh. «Les mentalités doivent changer. Et c’est ici même, sur ces planches, à travers l’art et le théâtre qu’on peut éduquer, cultiver et civiliser les gens», dit-il. Dans la foulée, l’auteur de Thella (Elle existe) informe son public que bientôt, «un recueil de poésie qu’il a édité, accompagné d’un CD, sera disponible dans les librairies». Par ailleurs, le public qui est venu également écouter Djamal Allam n’a pas été déçu. L’artiste a puisé dans ses chefs-d’œuvre, à l’exemple de Mara dyughal, Awid afusim, avec lesquels il a subjugué ses fans qui reprenaient en chœur ses chansons. Le ministre de la Culture, Azeddine Mihoubi, a profité de cette soirée pour annoncer publiquement qu’un «autre hommage au chanteur Djamel Allam sera organisé à l’Opéra d’Alger, mais nous avons tenu à ce que d’abord sa ville natale lui rende hommage en premier». Il a également saisi l’occasion pour répondre à l’accusation de «récupération» qui lui a été faite pour sa dernière visite personnelle qu’il a effectuée chez Djamel Allam en s’interrogeant : «Que devrions- nous faire ? Si on se déplace, on nous accuse de récupération et lorsqu’on ne vient pas, on nous reproche l’oubli des artistes.» Et de glisser : «Ne nous dites pas que le fait que le président Bouteflika  salue cette initiative de l’ONDA et Djamal Allam relève aussi de la récupération.» Par ailleurs, une pléiade d’artistes évoluant dans divers genres musicaux s’est relayée pour interpréter quelques chansons de Djamal Allam, ainsi que d’autres titres de leurs propres répertoires. Parmi eux, Tayeb Brahim, Mamou Benzayed, Boudjemaâ Agraw, Boualem Bouzouzou, Groupe Talsa, Yassine Zouaoui, Mounia, Samia et Yasmine Bouyahya, Aziz Zaïdi et Hafid Djemaï.  

Jeu de la mémoire et de l’instantané

Le troisième roman de Jaoudet Gassouma, Cubaniya, publié aux éditions Chiheb International, est une fiction, avec des outils de la réalité. A la fois journaliste, écrivain, plasticien et réalisateur, Jaoudet Gassouma a présenté, son roman Cubaniya
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Jeu de la mémoire et de l’instantané

Le troisième roman de Jaoudet Gassouma, Cubaniya, publié aux éditions Chiheb International, est une fiction, avec des outils de la réalité. A la fois journaliste, écrivain, plasticien et réalisateur, Jaoudet Gassouma a présenté, son roman Cubaniya, samedi après-midi, à la salle de conférences du Bastion 23, à Alger. Avec la verve littéraire et poétique qu’on lui connaît et reconnaît, Jaoudet Gassouma avoue que parvenir au fruit final de ce troisième roman a été une aventure un peu particulière, dans la mesure où il s’est essayé à l’écriture en utilisant le pronom personnel «je». Façon singulière de donner l’impression au lecteur qu’il est lui. L’auteur explique que le titre du roman s’est imposé de lui-même et que la phonétique du titre choisi, Cubaniya, est utilisée dans le parler algérien. «On a l’habitude, dit-il, d’utiliser ce terme d’une manière triviale en disant en arabe dialectal, ‘‘ils sont venus les Cubaniya’’. Il s’agit d’une compagnie de gens qui vient comme cela. Le terme n’est jamais péjoratif, mais est plutôt joyeux et festif. Mais en même temps, c’est révélateur. J’ai rajouté un ‘‘y’’ pour qu’on puisse avoir une référence algérienne. Mais l’origine du mot cubanya, c’est ce système D, qui fait qu’on fait des astuces pour essayer de se débrouiller. A Cuba, il y a un embargo. C’est une transition très difficile. C’est ce système de débrouille qu’on appelle ‘‘la Cubaniya’’. En même temps, c’est aussi, l’esprit cubain». Pour rappel, le roman Cubaniya a été réalisé dans le cadre d’un voyage offert par un mécène, à Cuba, entre La Havane et Trinidad,. Durant une dizaine de jours, des plasticiens, des photographes, des vidéastes, des musiciens et des auteurs ont rempli leur esprit d’images, de sons et de sensations pour les décliner, par la suite, dans leurs projets littéraires et artistiques. Ainsi, le fil conducteur du roman, ce sont toutes ces correspondances autour du tropique du Cancer. Un tropique qui passe du sud de l’Algérie vers le nord de Cuba. Jaoudet Gassouma précise qu’il n’est pas parti faire du tourisme à Cuba, mais plutôt une immersion dans le centre de la vieille Havane. Le vécu a été poignant, puissant et sensationnel à la fois. Après cette immersion, l’auteur a dû, par la suite, se documenter pour affiner l’esthétique de certaines informations. C’est dire que son roman est une œuvre de fiction. C’est un assemblage d’éléments du réel, qui sont mis au service de la fiction. Cubaniya se décline sous la forme de deux histoires d’amour entre un protagoniste et deux femmes : Doudja, d’Alger, et Yusa, de Cuba. Ces deux femmes ne sont autres que des incarnations sur les questions que se pose le narrateur sur certaines révolutions. En effet, il s’interroge sur ce que sont devenues ces révolutions, mais en même temps les interrogations ne sont pas frontales, mais allégoriques. Dans cette histoire, un troisième personnage féminin se greffe dans le récit. Il s’agit de Syria l’incomprise, qui a des moments de doute et de désarroi. Elle est présente et oubliée à la fois mais on devine en filigrane la Syrie, qui est mise à l’honneur. «J’ai essayé de poser toutes mes questions sur les révolutions et sur ces révoltes dans un monde allégorique. Moi ce que j’ai fait à travers ce roman, qui est modeste en soi, mais qui est porteur d’une charge émotionnelle assez intéressante. Dans le sens où c’est une proposition esthétique. J’essaye d’être dans la poésie, dans la littérature, tout en questionnant le monde. Ce roman a été écrit comme un récit de voyage, mais qui porte une charge émotionnelle, car on découvre autant Alger que Cuba», ajoute-t-il. Le roman est aussi construit sur des antagonismes. Preuve en est : le lecteur retrouve l’expression El Bahdja pour signaler que la ville est âgée et il y a El Mahroussa comme une sorte de petite fille qu’on protégerait. La vieille Havane et la jeune Havane sont également citées. Il y a un passage entre les deux âges. La ville a toujours été un protagoniste important dans les ouvrages de Jaoudet Gassouma. Il continue à croire que les villes sont des entités vivantes avec lesquelles on interagit comme on interagirait avec d’autres personnages. A la question de savoir si l’auteur Jaoudet Gassouma veut éveiller les consciences à travers la publication de son dernier-né, il indique qu’il veut juste raconter des histoires avec des codes et une grammaire. «Cette grammaire, si elle touche les sens et l’émotion, elle suscite aussin de la réflexion autour du récit. Je pense que c’est le plus important» conclut-il.  

Quand l’Afrique devient «une illusion»

L’homme africain n’est pas au bout de ses peines. Pour l’ancien président français, Nicolas Sarkozy, cet homme n’était pas encore «entré dans l’histoire». Pour le cinéaste tchadien Mahamat Saleh Haroun, l’homme africain est rattrapé par
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Quand l’Afrique devient «une illusion»

L’homme africain n’est pas au bout de ses peines. Pour l’ancien président français, Nicolas Sarkozy, cet homme n’était pas encore «entré dans l’histoire». Pour le cinéaste tchadien Mahamat Saleh Haroun, l’homme africain est rattrapé par l’impuissance, symboliquement sexuelle, dans son dernier film  Une saison en France, projeté, vendredi soir, au petit théâtre de l’Opéra du Caire, à la faveur de la compétition officielle du 39e Festival international du film du Caire. Après Un homme qui crie, l’un des ses précédents films, Mahamat Saleh Haroun revient avec un drame social qui peut porter plusieurs titres,  L’homme qui pleure, L’homme en débandade, L’homme qui s’effondre,  L’homme qui souffre... Pourtant, le propos du film est d’apparence généreuse, puisqu’il s’agit de dénoncer les conditions d’accueil et d’asile des personnes étrangères en France. Abbas Mahadjir (Eriq Ebouaney) est un enseignant de langue française qui a fui les violences dans son pays, la Centrafrique. Il veut s’installer en France avec ses deux enfants, Asma (Aalayna Lys) et Yacine (Ibrahim Burama Darboe). Il engage alors une procédure pour avoir le statut de réfugié, mais qui s’avère longue, tortueuse, complexe et incertaine. Il trouve le soutien de Carole (Sandrine Bonnaire), avec qui il entretient une relation amoureuse forte. Etienne (interprété par le jazzman centrafricain Bibi Tanga), un ami de Abbes, qui adore la littérature et qui vit sous une tente de fortune, sous un pont, cherche aussi à reconstruire sa vie en France. Il met de côté son instruction et sa culture pour occuper le poste d’agent de sécurité dans une boutique, alors que Abbes se lève, chaque matin, très tôt pour gagner sa vie dans un marché de fruits et légumes, sans abandonner la lecture. Sensible à la précarité de Abbes et de sa famille, obligés à chaque fois de changer d’appartement, Carole tente d’aider son amant avec l’idée d’avoir, à terme, un foyer stable. Elle veut en finir avec le spectre de la solitude, alors que Abbes cherche à assurer, comme un père responsable, un avenir à ses enfants. Asma et Yacine, scolarisés, ne cessent de harceler leur père en lui posant des questions blessantes sur leur situation, pas claire à leurs yeux. Etienne, qui est lié à une Française d’origine maghrébine, rencontre le même blocage physionomique que Abbes. «Je suis fini», lui confie-t-il. L’amertume d’Etienne le pousse à dire à Abbes que la Centrafrique est «une illusion». «L’Afrique ? C’est une illusion», persiste-t-il. «Il n’y a plus de place pour le gens comme nous en France, il faut partir», conseille Abbes. «Moi, je reste ici», réplique Etienne, qui, plus tard, va commettre l’irréparable. Un paradoxe que le cinéaste n’a pas visiblement vu. A travers ses dialogues, Mahamat Saleh Haroun offre un discours qui va au-delà du pessimisme sur l’Afrique, c’est presque de la haine de soi, devenue un trait de caractère chez certains cinéastes du continent ces derniers temps. Comme dans Timbuktu, du Mauritanien Abderrahamne Sissako,  Une saison en France offre une image piteuse de l’Africain, abattu, peu combatif, résigné, assisté, passif, peu sûr de lui, hésitant, plaintif... Bref, une image honteuse et pitoyable. «J’ai essayé de saisir la complexité des situations à travers les trajectoires de différents personnages qui n’ont pas eu d’autre choix que de fuir leur pays. Quel est le destin de ces hommes et femmes jetés sur les routes de l’ exil ? Telle est la question qui court tout au long du film», a déclaré, dans une interview, Mahamat Saleh Haroun. Mais faut-il pour autant présenter le retour en Afrique comme impossible ? Et présenter la France, et l’Europe par extension, comme «la solution», «le rêve suprême» ? Le scénario, linéaire et prévisible, ne laisse presque rien à la magie cinématographique. Le spectateur assiste à une histoire banale qu’un étudiant en cinéma peut résumer dans un court métrage. La scène figée de la célébration de l’anniversaire de Carole, avec un plan fixe ennuyeux par sa lenteur, pousse à plusieurs questionnements sur la démarche cinématographique actuelle de Mahamat Saleh Haroun, devenu ministre de la Culture et du Tourisme du Tchad, après avoir présenté, au Festival de Cannes en 2016, un documentaire dénonçant les atteintes aux droits humains et aux libertés de l’ancien président tchadien, Hissen Habré, Une tragédie tchadienne. Cette démarche ne se renouvelle plus. Est-ce à cause du nouvel engagement politique ? Ou des financiers qui imposent souvent leur logique et leur vision aux cinéastes du continent  ? L’idée en cours actuellement est de ne jamais montrer l’Africain capable de prendre en main son destin, de se battre dans son pays plus qu’ailleurs pour des conditions d’existence meilleures et pour les libertés politiques, sociales et culturelles. Une saison en France  n’échappe à cette règle, à ces stréotypes. Le réalisateur de Bye bye Africa  (1999), en panne d’idées visiblement, a poussé l’opportunisme jusqu’à évoquer l’éradication du camp de migrants, La jungle de Calais, en octobre 2016. Mahamat Saleh Haroun reproche, en vrac, à l’Europe, de ne pas venir en aide aux réfugiés africains en faisant parler Abbes, qui a décidé de prendre le large. Il aurait pu simplement l’exprimer dans une interview ou dans un documentaire au lieu de le faire dans une fiction sans aucun relief ni aucune profondeur. Brutalement dit, Mahamat Saleh Haroun, qui compte pourtant parmi les valeurs sûres du cinéma africain, aurait pu éviter l’humiliation du navet.  

Blessures d’enfance

Dans ce nouveau livre, à la fois thérapie, revanche et témoignage, l’auteur relate les souffrances d’un homme pendant toute une période de l’enfance jusqu’à l’âge  adulte, atteint d’une névrose d’angoisse (troubles anxieux).  «Il suf
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Blessures d’enfance

Dans ce nouveau livre, à la fois thérapie, revanche et témoignage, l’auteur relate les souffrances d’un homme pendant toute une période de l’enfance jusqu’à l’âge  adulte, atteint d’une névrose d’angoisse (troubles anxieux).  «Il suffisait d’une séparation qui s’annonçait, soit du côté de mon père, ou celle qui émanait de mon grand-père, pour que je tombe malade ou que je sois envahi d’une angoisse étouffante. Cette pathologie névrotique ne me quitta pas durant toute mon enfance, à telle enseigne que mon papa, ayant remarqué chez moi des comportements anormaux et n’ayant pas compris ma situation, ni mon état psychologique, décida de me mettre à la disposition d’un centre médico-social», écrit Karim Benkrimi dans ce livre. Commencera alors un long chemin de croix pour le jeune garçon, privé d’affection parentale, confronté à des lendemains qui déchantent. Au fil des 136 pages du récit, il évoque avec ses mots, sensibles, forts, terribles parfois, les humiliations infligées par ceux qui ne comprennent rien à la maladie psychique, sujet tabou assorti à tort d’une assignation à la folie, et les défaillances de la prise en charge de ce type de pathologie par les pouvoirs publics. Dans cet ouvrage écrit à la première personne avec un soubassement psychanalytique, Karim Benkrimi narre aussi, à sa manière, ses échecs amoureux et scolaires,  le mépris et le marasme de son milieu professionnel et son retour à la vie après avoir repoussé les limites de son handicap et transformé sa destinée. Grâce d’ailleurs à des études réussies, il est devenu un homme accompli, un modèle de réussite pour autrui, en dépit d’une longue traversée du désert semée d’embûches. Son récit autobiographique, un autoportrait douloureux et courageux, est conçu comme un tombeau pour les blessures d’enfance. Mais au-delà du témoignage, dont la lecture est fluide, l’écrivain nous transmet par le récit de sa propre vie son optimisme, sa capacité à rebondir, son envie de continuer à vivre heureux contre vents et marées. «Vu mon optimisme, je continue à batailler dans ma vie. Malgré tout ce que j’ai subi, je reste coriace et stoïque. Il n’est pas question de baisser les bras», confie-t-il à juste titre à la fin de son livre. Né le 31 décembre 1960 à El Bahia, Kouba (Alger), Karim Benkrimi a commencé sa carrière bancaire en 1985 à la Banque de l’agriculture et du développement rural. Il est titulaire d’un diplôme d’études supérieures de banque (DES Banque) et est l’auteur de deux ouvrages spécialisés consacrés à son domaine d’étude et de formation. Le premier ouvrage, édité en France, s’intitule La problématique de la gestion des crédits  (Edilivre, 2008). Le second, édité en Algérie, a pour titre Crédit bancaire et économie financière  (El Dar El Othmania, 2011).  

Appel à participation aux cinéastes

La 16e édition du Festival culturel national annuel du film amazigh (FCNAFA), se tiendra du 24 au 28 décembre 2017 dans la wilaya de Tizi Ouzou, apprend-on de la direction locale de la culture. La date limite de dépôt des films soumis à cette compétit
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Appel à participation aux cinéastes

La 16e édition du Festival culturel national annuel du film amazigh (FCNAFA), se tiendra du 24 au 28 décembre 2017 dans la wilaya de Tizi Ouzou, apprend-on de la direction locale de la culture. La date limite de dépôt des films soumis à cette compétition cinématographique est fixée au 5 décembre prochain pour les trois catégories de films concernés (longs métrages, courts métrages et documentaires), a-t-on indiqué. Les films en lice, accompagnés du dossier d’inscription, doivent être déposés au siège du festival, sis à la maison de la culture Mouloud Mammeri, avenue Houari Boumediène. Selon les organisateurs, le Festival du film amazigh, qui sera marqué par la commémoration du centenaire de la naissance de l’écrivain, anthropologue et linguiste Mouloud Mammeri (1917-2017), sera axé cette année sur le volet de la formation, considérée comme pierre angulaire de ce rendez-vous. «Cette édition s’est fixé comme objectif principal l’implication des professionnels autour des problématiques du champ de l’audiovisuel, du cinéma et l’initiation des jeunes cinéphiles aux techniques audiovisuelles et de réalisation de films», a précisé le commissaire du festival. Quels sont les critères requis pour postuler à cette rencontre dédiée au 7e art d’expression amazighe ? Selon le règlement du FCNAFA, remis à la presse, la participation est ouverte à tous les réalisateurs de nationalité algérienne ayant réalisé un film en langue amazighe, sous réserve d’accepter le règlement du festival. Les films proposés pour la compétition officielle doivent être présentés dans la langue amazighe par un réalisateur et/ou un producteur, et ce, en deux copies en version originale et en format blue ray. «La production du film ne doit pas dépasser trois ans. Le comité de visionnage du festival demeure le seul habilité à accepter ou à refuser tout film proposé». Les films sélectionnés pour la compétition officielle au festival seront choisis par le comité de visionnage et la liste sera rendue publique. Le jury de la compétition officielle est constitué de personnalités issues du domaine artistique et professionnel du cinéma et des médias, est-il encore précisé dans le règlement du festival. Les prix de l’Olivier d’or seront décernés aux meilleurs films de fiction longs métrages, courts métrages, films documentaires, aux meilleures interprétations féminine et masculine du film de fiction long métrage.

Quand des parents prennent leur fille en «otage»

La famille et sa cohésion sont un débat d’actualité en Europe. Le vieux continent n’a pas que des ennuis économiques ou des problèmes de gestion des flux migratoires. Il fait face, malgré les apparences, à de profonds déchirements sociaux, dont l
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Quand des parents prennent leur fille en «otage»

La famille et sa cohésion sont un débat d’actualité en Europe. Le vieux continent n’a pas que des ennuis économiques ou des problèmes de gestion des flux migratoires. Il fait face, malgré les apparences, à de profonds déchirements sociaux, dont le taux élevé de divorces n’est que l’expression la plus visible du mal-être. Le cinéaste slovaque, Juraj Lehotsky, a repris, à sa manière, la thématique de la séparation des parents dans Nina, projeté, jeudi soir au petit théâtre de l’Opéra du Caire, à la faveur de la compétition officielle du 39e Festival international du film du Caire. Nina (Bibiana Novakova), douze ans, est une fille débordante d’énergie. Championne de natation, elle décroche des médailles d’or et de bronze et veut l’argent. Mais Nina vit partagée entre sa mère, Matka (Petra Fornayova), et son père, Otec (Robert Roth). Elle souffre en silence en se concentrant sur le sport, sur sa cabane du jardin, où elle fabrique un petit monde merveilleux avec des objets qu’elle trouve et avec des granulés de bois que son père lui apporte de son usine. Elle veille aussi sur ses chenilles qui, ici, suggèrent la transformation et l’envie de se libérer du cocon. Nina tente de se créer un monde parallèle pour oublier les querelles renouvelées de ses parents malgré la séparation. Otec, souvent silencieux, paraît toujours attaché à son épouse. Il est gêné par l’idée que Matka essaie de refaire sa vie avec un Autrichien. Elle se met à parler allemand, ce qui agace sa fille. «L’anglais me suffit», lui dit-elle. A l’époque médiévale, les Allemands avaient colonisé les territoires qui appartiennent à l’actuelle Slovaquie. Il en reste des traces. Matka néglige sa fille. Nina se rapproche de plus en plus de son père, plus présent, en dépit de son air distant, ce qui met en colère Matka. Nina finit par se rebeller contre un ordre qui lui est imposé. Les enfants ont-ils un jour compris le divorce de leurs parents ? Compris les scènes de ménage  ? Compris les violences conjugales  ? L’intérêt du film de Juraj Lehotsky est qu’il raconte l’histoire du point de vue de Nina qui, parfois, ne sait pas si elle doit abandonner son enfance et son insouciance pour essayer, au moins, de comprendre ce qui se passe autour d’elle. L’égoïsme et l’entêtement des parents l’étouffent, alors qu’à son âge, la tendresse et la caresse sont vitaux pour la construction de la personnalité. Matka et Otec semblent avoir oublié cela. Ils ont négligé la fragilité de leur enfant en devenant la source de son malheur. Ils vont l’apprendre à leurs dépens. Le drame social est plutôt bien mené sans forcer la narration. Le silence est bien utilisé. Autant que la musique. Les regards pensifs de Nina résument tout son drame intérieur. Le gros plan sur le visage dévasté d’Otec ne laisse aucune place au doute: c’est un homme blessé et désarmé qui tire son énergie de l’amour naturel de sa fille. Il est souvent filmé de dos pour souligner son désarroi. Les lumières du jour et de la ville voyagent dans le long métrage pour évoquer le vague à l’âme tant de Nina que de ses parents. Pour retrouver un semblant d’amusement, Nina se met sur une grue que son père conduit pour voir le monde d’en haut. Une symbolique intelligente pour souligner que les enfants sont souvent vus de haut par les adultes qui, parfois, les prennent d’une main pour les relâcher de l’autre. Juraj Lehotsky a évité, avec soin, les sentiers battus que peuvent suggérer ce genre d’histoires et a dépassé «le stylisme» de l’image pour ne retenir que la spontanéité, aidé par le jeu naturel de Bibiana Novakova, le réalisme prononcé des décors et la fluidité du scénario. «Le film parle aussi de pardon : j’ai évité l’aspect moralisateur pour favoriser une histoire où le spectateur peut se demander s’il est possible de pardonner, je voulais ouvrir une réflexion sur la manière de se défaire des émotions négatives pour recommencer sur de bonnes bases», a expliqué Juraj Lehotsky, dans une interview. Se débarrasser des sentiments négatifs est justement l’un des grands défis qui se pose à la mécanique humaine. L’humain est au cœur de l’œuvre de ce cinéaste de 42 ans. En 2008, il a été retenu à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes pour son documentaire Blind Loves (Amours aveugles) sur le partage amoureux entre personnes non voyantes, une thématique originale, jamais abordée au cinéma. En 2013, il a réalisé Zazrak (Miracle) sur l’amour, rendu coupable, d’une adolescente.

Mostaganem : L’université abrite une intéressante rencontre littéraire

Une rencontre littéraire, deux auteurs et plein de livres. Dans le cadre du cycle des conférences de l’université de Mostaganem, organisé en collaboration avec le Centre d’études maghrébines algérien (CEMA), à la salle de conférences de la Bibl
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Mostaganem : L’université abrite une intéressante rencontre littéraire

Une rencontre littéraire, deux auteurs et plein de livres. Dans le cadre du cycle des conférences de l’université de Mostaganem, organisé en collaboration avec le Centre d’études maghrébines algérien (CEMA), à la salle de conférences de la Bibliothèque centrale, les auteurs Nourine Djelouat et Ahmed Saïfi Benziane ont été conviés, mercredi dernier, à une rencontre littéraire par le département de langue française pour évoquer leurs expériences d’écrivains en général et leurs récentes productions : L’ecchymose du soleil et Yumma, parues en 2017 aux éditions Harmattan. Hadj Miliani, modérateur de la rencontre, dans son allocution de présentation, s’est adressé au public composé majoritairement d’étudiants des spécialités littéraires en déclarant que «l’université, ce n’est pas seulement des cours, mais aussi des activités littéraires et scientifiques, qui sont hautement bénéfiques pour l’apprenant et il ne peut y avoir de littérature sans lecture». Plusieurs cordes à son arc, Nourine Djelouat, natif de Mostaganem, est à la fois enseignant en économie à l’université d’Oran, maître de judo et écrivain prolifique. Un personnage atypique. De par sa vaste culture générale, l’auteur du recueil de poèmes L’ecchymose du soleil a expliqué comment son expérience personnelle, ponctuée d’une étude en psychanalyse de huit ans, lui a permis de faire un travail sur soi en quête de liberté. N’est-ce pas là la vraie âme du poète, dont l’esprit vagabonde en transcendant tous les carcans de la vie. «Toutes les connaissances éparses que j’avais adoptées ont fait l’écrivain que je suis aujourd’hui», témoigne-t-il. En effet, dans ce texte, Nourine Djelouat restitue des souvenirs et des cogitations sur une période sombre de sa vie : son séjour en prison. «L’homme de réflexion cède la place à l’artisan qui s’emploie à ciseler les mots… Au point de nous offrir par moments une langue dont lui seul détient la maîtrise», lit-on dans l’affiche de présentation. Ahmed Saïfi Benziane est, quant à lui, journaliste. Dans un discours pertinent, il a expliqué comment son aventure journalistique a nourri en lui cette envie d’écrire un roman en s’inspirant de son vécu, du langage des Oranais composé de dialectes locaux, de l’espagnol, du français et de l’arabe classique. «C’est après avoir tenté cette expérience journalistique que l’idée d’écrire un livre a germé en moi», confie-t-il. Au terme de cette rencontre enrichissante, Hadj Miliani a suggéré aux organisateurs de programmer «des séances de restitution» pour essayer de comprendre le retour après que l’étudiant a lu les deux textes. «Les étudiants assistent aux rencontres littéraires, écoutent les écrivains et puis rien. On aimerait bien programmer une deuxième rencontre avec les auteurs pour avoir un débat sur les livres», explique-t-il. Cette année, qui a démarré de la plus belle des manières, s’annonce très riche en manifestations littéraires comme pour redorer le blason d’une université connue anciennement pour ses activités culturelles et essayer de rattraper le retard. Maïssa Bey, Amin Zaoui, Ameziane Ferhani, Yasmina Khadra, ou encore l’auteur en herbe, Tawfiq Belfadel. Hadj Miliani quant à lui présentera le résultat de ses travaux sur le dramaturge Ould Abderrahmane Kaki. Reste maintenant à espérer que les délais soient respectés et que tous les rendez-vous auront lieu au grand bonheur des lecteurs mostaganémois.

Gouraya : Du théâtre pour apprendre le français

Tel ce petit point lumineux qui perce l’univers obscur afin de pouvoir s’orienter, le petit théâtre de Gouraya accueille des bouts de chou depuis 15 ans, des enfants âgés de 7 années et plus. Aujourd’hui, Maddi  Smaïl, ex- professeur de frança
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Gouraya : Du théâtre pour apprendre le français

Tel ce petit point lumineux qui perce l’univers obscur afin de pouvoir s’orienter, le petit théâtre de Gouraya accueille des bouts de chou depuis 15 ans, des enfants âgés de 7 années et plus. Aujourd’hui, Maddi  Smaïl, ex- professeur de français, s’organise de manière à accueillir les après-midi des vendredi, samedi et mardi des groupes mixtes d’enfants. Le hangar est superbement peint et bien aménagé. Un espace pas du tout pollué, qui favorise l’expression orale et corporelle des comédiens en herbe. Nous avons pu voir des petites filles accompagnées par leurs parents, y compris les garçons, pour rejoindre le hangar, qui s’est transformé en un atelier de théâtre. Pour améliorer l’apprentissage de la langue française, les yeux des élèves joyeux sont fixés sur leur maître, un grand gaillard qui met ses élèves à l’aise pour se familiariser avec la langue de Molière. Ce qu’ignorent les élèves, c’est qu’ils sont entraînés dans l’initiation au théâtre sans qu’ils se rendent compte. «Ils apprennent la langue française par le jeu, la liberté de s’exprimer à travers leur  corps, la liberté du son», déclare Maddi Smaïl. C’est la méthode du pédagogue français, Célestin Freinet, décédé à l’âge de 70 ans, en 1966, j’essaye de faire apprendre aux élèves comment savourer un bonbon, je leur inculque des techniques simples depuis leur jeune âge, afin qu’ils puissent savourer la langue française», ajoute-t-il. Chaque élève doit se soumettre à la discipline, au respect et au sérieux durant sa présence au petit théâtre. «Chez eux à la maison, j’invite les enfants à dessiner les lettres de l’alphabet apprises chez moi, c’est l’écriture syllabique», nous dit-il. Après la récitation des chiffres, suivie de celle des lettres alphabétiques, Smaïl Maddi demande aux élèves la récitation en chœur. Ils forment des figures géométriques dès que Smaïl le demande. L’ambiance est détendue. Quelques moments de répit, l’enseignant invite les élèves à se lâcher et libérer leurs mouvements selon les rythmes des chansons proposées. Les élèves du groupe commencent à parler en français, une langue qu’ils viennent de découvrir, sous le regard de leur enseignant. Quelques corrections sont apportées. Plus tard, ils commenceront à apprendre des petits textes pour jouer une pièce de théâtre en français. L’ambiance est festive. «Mes anciens élèves travaillent aujourd’hui dans les hôpitaux, dans l’éducation nationale, dans l’administration, alors que leurs copains sont partis en Europe, quelques-uns étudient dans les universités en France», nous avoue avec fierté Smaïl. Ses élèves sont séduits par la langue française. Au milieu de cette ambiance festive, ils apprennent une nouvelle langue, loin des curiosités, dans un charmant petit théâtre incrusté au milieu de la cité urbaine de la localité côtière de Gouraya. Enseignant retraité, pédagogue, passionné par une communication efficace avec les enfants, Smaïl Maddi est respecté par leurs parents, après avoir constaté l’épanouissement de leur progéniture, à l’issue de leur passage dans ce «hangar».

La route des abeilles : L’amour pour en finir avec la guerre en Syrie

Une comédie romantique syrienne, entre deux bombardements et trois fake news, c’est possible. C’est même surprenant. Abdellatif Abdelhamid en a donné l’épreuve avec La route des abeilles, projeté au 39e Festival international du film du Caire. Le c
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La route des abeilles : L’amour pour en finir avec la guerre en Syrie

Une comédie romantique syrienne, entre deux bombardements et trois fake news, c’est possible. C’est même surprenant. Abdellatif Abdelhamid en a donné l’épreuve avec La route des abeilles, projeté au 39e Festival international du film du Caire. Le cinéaste croit à l’amour de l’après-guerre. A peine une semaine après sa sortie à Damas, Tarik Ennahl (La route des abeilles), de Abdellatif Abdelhamid, a été projeté, mercredi soir, au 39e Festival international du film du Caire, pour la première fois en dehors de la Syrie. Cette comédie romantique rompt d’une manière brute et douce à la fois avec «l’habitude» du cinéma syrien de ces six dernières années, qui s’est concentré sur les drames de ce pays, livré à toutes les violences, à toutes les manipulations et à toutes les incertitudes depuis 2011. Bassil Al Khatib, Ghassan Chmeit, Said Joud, Najdet Anzour et Mohamed Abdelaziz, ceux qui font le 7e art en Syrie actuellement, soutenus par l’entreprise d’Etat, ont raconté la guerre selon une vision presque unique. Bassil Al Khatib a assumé sa position politique favorable au pouvoir de Bashar Al Assad à travers sa trilogie, Al Oum, Souriyoun et  Al Ab,  alors que Mohamed Abdelaziz, plus nuancé, a tenté surtout d’aborder la tragédie à l’échelle d’homme dans son excellent Al Rabe’a bi tawkit al firdaws (Quatre heure, selon l’horloge du paradis), sorti en 2015. «Avant la crise, nous produisons deux films. Aujourd’hui, nous pouvons produire jusqu’à quatre à cinq films, et ce, malgré les menaces sécuritaires. Il est arrivé que des roquettes tombent sur les lieux de tournage ou que Daesh soit à cent mètres des équipes des films. Mais nous continuons à faire des films en Syrie», a déclaré Amr Ahmed Hamed, directeur des festivals à l’Entreprise publique du cinéma de Damas, devant le public et les journalistes présents à la salle El Hanager de l’Opéra du Caire où La route des abeilles a été projeté. A la presse de Damas, Ahmed Al Ahmed, ministre de la Culture syrien, a soutenu, dernièrement, que la crise du pays a contribué à améliorer la qualité des films. «Des films qui aujourd’hui sont primés dans les festivals», a-t-il souligné. Abdellatif Abdelhamid a surpris tout le monde en proposant une comédie romantique avec une idée toute simple : «Opposer l’amour à la guerre.» Ce n’est pas l’amour en temps de guerre, mais l’amour au sortir de la guerre. Rester ou partir ? Dans la foulée, le cinéaste, qui a écrit le scénario et qui a joué presque son propre rôle, celui de Djamel, un réalisateur de film, évoque la question sensible du «rester ou partir». Soumis à des pilonnages, harcelés par les groupes terroristes de différentes couleurs et orientations, écrasés par la pauvreté et la faim, des millions de Syriens ont été forcés au départ ces dernières années. Certains sont des réfugiés, d’autres des sans-papiers et d’autres encore tentent de «s’intégrer» comme ils le peuvent en Amérique du Nord, en Europe et en Asie. Abdellatif Abdelhamid, qui s’offre une belle scène de début rappelant le cinéma italien des années 1950, a concentré tous ces sujets en jouant à fond la carte de la légèreté avec les risques que cela entraîne. Ramzi (Yamen Hgele), un jeune aide- soignant, débarque dans une maison damascene où il loue une chambre. Le matin, au réveil, son regard tombe sur la ravissante Leila (Jina Anid) qui étend son linge. Le coup de foudre est speed comme un petit coeur envoyé sur Viber. Pour illustrer la scène, le cinéaste a choisi un extrait de la célèbre chanson de Fairouz, Tarik enahl, qui donne son titre au film. «Plusieurs fois, toi et moi sommes restés en bordure de la plaine et sur la ligne du ciel bleu, qui est la route des abeilles», chante la diva libanaise. Le «toi et moi» est doublement présent dans la comédie de Abdellatif Abdelhamid. Djamel, qui peine à trouver une comédienne à son film, rencontre par hasard Leila dans un cafétéria où elle attendait Ramzy. Il lui propose alors de venir au casting. Leila, qui a perdu ses parents dans un bombardement, doit informer son frère qui se prépare à partir au Canada pour y vivre. Au tournage, elle rencontre Salim (le Libanais Pierre Dagher), un comédien qui vit presque l’automne de sa vie. Salim veut se convaincre de l’amour de Leila qui le repousse, à chaque fois, d’une manière élégante, même si elle semble, parfois, attirée par la force de son caractère et par la blancheur de l’âge. Ramzy, aveuglé par le grand amour, est agacé par les allers et retours de Salim. Il tente alors de le défier sans aller vers la violence de l’homme jaloux. Ramzy a le don d’imiter tous les sons, celui qui lui attire de la sympathie de tout le monde. Dans un univers d’amour et de rêve, tombe parfois une roquette pour rappeler que la guerre n’est pas finie et que la mort rôde toujours. Pour dépasser réellement l’image de noirceur des derniers films syriens, Abdellatif Abdelhamid a choisi de tourner certaines scènes au niveau de la ville côtière de Tartous (160 au nord de Damas) pour suggérer une certaine joie de vivre retrouvée. Ramzy et Salim jouent, par exemple, à celui qui tient le plus sous l’eau, comme dans les temps de l’insouciance. Le film est chargé de signes de gaieté à travers les robes colorées de Leila, les fleurs sur les terrasses, les parcs de loisirs, le restaurant en bord de mer... Les Syriens sont-ils en train de retenter de vivre ? «Il faut aller vers une nouvelle vie», propose Leila, interrogée lors du casting avec Djamel. Entre deux coeurs Leila, partagée entre deux coeurs aimants, se perd dans la troisième voie, celle de son cousin qui vit en Allemagne et qui attend son arrivée pour qu’elle s’installe avec lui et vivre l’amour et tourner la page des peurs. «Tu sais que je t’aime toujours», lui dit-il dans une communication par internet, après avoir disparu pendant un certain temps. Leila ne sait plus quoi faire ? L’amour est d’un côté brûlant, glaçant de l’autre. Il est également hésitant. C’est une charge lourde sur les épaules frêles de Leila. Abdellatif Abdelhamid joue avec l’idée de l’amour incandescent pour, paradoxalement, faire éteindre «le rêve» d’aller vivre ailleurs et «faire sortir» la guerre des têtes et des corps. Le départ est perçu par le cinéaste comme une déchirure ou comme un naufrage de l’amour. Il le montre quelque peu brutalement en essayant de ne pas s’éloigner de l’esprit aérien de son film. Le cinéaste s’est, pour les besoins de sa cause hédoniste, autorisé des facilités, visiblement assumées, dans la narration et dans le scénario. Il ne laisse même pas le soin à son spectateur de deviner la suite, il lui délivre parfois en vrac comme dans un mélodrame simple. Les moments de tristesse et d’allégresse, les passages à vide et les questionnements sont abordés d’une manière basique. Pas la peine de se triturer les méninges. Abdellatif Abdelhamid, qui semble s’adresser prioritairement au grand public sans verser dans le cinéma commercial, revient aux histoires d’amour à l’ancienne en y ajoutant des touches de fantaisie pour parler sa Syrie triste. Une Syrie qui commence à peine à panser ses blessures et croire à la possibilité d’une délivrance. La scène de la roquette désarmée avec facilité par Ramzy dans le patio de la maison sous le regard de Leila et de son frère souligne cette volonté d’en finir avec les tragédies et rêver d’une vie paisible. Au Festival du Caire, le cinéma syrien est également présent avec La pluie de Homs, de Said Joud, dans la section Horizons du cinéma arabe. Le film, produit en 2014, narre l’histoire des civils restés à Homs, pris en otages par des snipers et des terroristes dans une ville en ruine. Contrairement Abdellatif Abdelhamid, Said Joud, 37 ans, est obsédé par la guerre. Tous ses derniers films comme Mon autre ami (2013) et En attendant l’automne (2015) sont traversés de la douleur, mais aussi de la colère exprimée par rapport à ce qui se passe en Syrie et dans la région arabe. La seule région au monde où le sang coule chaque jour.

N’oubliez pas de respirer !

Les parents et les professionnels qui travaillent avec eux se plaignent souvent que «les enfants ne sont pas livrés avec une notice», et c’est vrai : nous avons plus de documentation en achetant une micro-onde qu’en accueillant un bébé au monde. Co
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N’oubliez pas de respirer !

Les parents et les professionnels qui travaillent avec eux se plaignent souvent que «les enfants ne sont pas livrés avec une notice», et c’est vrai : nous avons plus de documentation en achetant une micro-onde qu’en accueillant un bébé au monde. Comment affronter cette réalité, avec la vague montante de conseils aux parents et la croissance du taux de dépression et d’autres problèmes mentaux chez les jeunes ? J’ai une solution à suggérer pour ces trois défis : les enfants ne sont pas livrés avec une notice, la vague montante de conseils aux parents et la croissance de la détresse en hausse chez les enfants. Le remède est plus simple qu’on ne l’imagine : n’oubliez pas de respirer. Vous avez probablement entendu dire que «Les personnes blessées blessent les autres à leur tour» ou «Les victimes deviennent des bourreaux», des truismes qui évoquent la tragique réalité de la maltraitance des enfants et de la violence dans les relations intimes. Murray Strauss, un des contributeurs majeurs à notre compréhension de la maltraitance familiale, a déclaré au Boston GLOBE en 2012 : «Quand les parents donnent la fessée à leur enfant, à long terme il y a plus de chances qu’il devienne le contraire de ce qu’ils désirent, un agresseur, une personne déprimée, ou avec des problèmes de contrôle émotionnel.» Nous pouvons aider les parents efficaces à rester sur la bonne voie et briser le cycle de la transmission intergénérationnelle de violence familiale en opérant un changement fondamental, correctement coordonné dans les politiques pédiatriques, de santé publique et de services sociaux, et en mettant en place des programmes de parentage positifs et préventifs. Mais quel est l’élément essentiel de tels programmes ? Dans chaque interaction avec un de mes fils, aujourd’hui adulte, ou mes petits-enfants, prononcer ces mots «n’oublie pas de respirer» me donne un temps pour voir où j’en suis dans mon cœur et mon esprit. Puis, ça me permet aussi d’envisager où ils en sont dans leur cœur et leur esprit. La patience n’est-elle pas ce que nous voulons pour nos enfants ? Si nous la ressentons envers nous-mêmes, il nous sera plus facile de l’accorder aux plus jeunes. L’éducation pour les parents – sur le développement de l’enfant (à quoi s’attendre à chaque étape de l’enfance), les compétences parentales (comment s’y prendre) et l’apprentissage émotionnel social (comment gérer les conflits internes et interpersonnels) – peut aider les pères et les mères à développer des attitudes et des comportements positifs. Nous devons rendre l’éducation parentale disponible, accessible, abordable et attrayante pour tous les parents. Il est important de reconnaître que les garçons et les filles, et les pères et les mères ont des besoins différents et des styles de communication parfois divergents. Même si le mouvement des femmes aux Etats-Unis a généré des progrès sociaux remarquables, quelques défenseurs sont allés trop loin, avec des conséquences désastreuses pour les garçons. Une des conséquences est qu’aujourd’hui les normes de comportements scolaires et d’accomplissements académiques sont plus naturelles pour les filles que pour les garçons. La physicalité est une caractéristique de la nature des garçons, pas un défaut ! Les garçons ont généralement besoin de plus d’exercice que les filles. Il est important de le reconnaître au niveau individuel, familial, social, scolaire, et dans les programmes parentaux, qui impliqueront davantage les pères en proposant des activités plus physiques et en leur accordant plus de temps. Si nous aidons mieux les parents, ils aideront mieux leurs enfants. Dans les références ci-dessous, vous trouverez des perspectives qui soutiennent «Notre Appel» pour une éducation parentale universelle : http://bit.ly/2huhjtI. A travers des politiques et des pratiques, l’éducation parentale a la capacité potentielle de réduire, voire d’éliminer les causes sous-jacentes de la maltraitance envers les enfants et de la violence domestique, de soutenir les nombreux merveilleux parents qui font de leur mieux, et d’élever des enfants résilients et optimistes dans des foyers aimants et chaleureux.

«Une victoire pour la vie»

Le coup d’envoi de la 39e édition du Festival international du film du Caire a été donné, lundi soir, au centre de conférences d’El Manara Hall, dans la périphérie de la capitale égyptienne. Toutes les stars du grand et du petit écran étaient
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«Une victoire pour la vie»

Le coup d’envoi de la 39e édition du Festival international du film du Caire a été donné, lundi soir, au centre de conférences d’El Manara Hall, dans la périphérie de la capitale égyptienne. Toutes les stars du grand et du petit écran étaient là ou presque : Leïla Alwi, Ahmed Hilmy, Yousra, Kinda Allouche, Hend Sabry, Nabila Abid, Mahmoud Homeida, Ilham Chahine, Mouna Zaky, Hany Ramzy, Madleine Tabar (Liban), Ahmed Izz, Dalal Abdelaziz, Darine Hadad et Magdi Al Houari. L’Algérie était représentée par les comédiennes Amel Bouchoucha et Mouni Boualem. Le jeune comédien, Asser Yassin, star montante du cinéma égyptien, était le maître de cérémonie, entamée avec un mini-concert sur des musiques de films (Mission impossible, James Bond, Le suspect, La terre , etc.) et une chanson interprétée par la Syrienne Assala, en hommage à l’art, «le fen», une reprise d’un célèbre titre de Mohamed Abdelwahab. Asser Yassin a salué la chanteuse et actrice Shadia, malade, à qui le festival est entièrement dédié. Shadia a eu des rôles dans au moins 70 films (des comédies romantiques et des comédies musicales pour la plupart) entre 1948 et 1984. La comédienne Yousra, désignée présidente d’honneur du festival, a pris la parole ensuite pour dire : «Fière d’être artiste et d’être égyptienne. Ravie d’être parmi les artistes qui représentent l’amour et la beauté.» Yousra a présenté, sur scène, le comédien Hussein Fahmy, président du jury des longs métrages, ancien président du Festival du Caire. «Durant cette présidence, j’ai essayé de présenter le cinéma égyptien sous une meilleure forme et une meilleure image. Le cinéma égyptien mérite un festival fort. C’est le cinéma mère, dans la région arabe, qui continue à être au même niveau que le 7e art mondial», a déclaré Hussein Fahmy. Le jury est composé également de Kinda Allouche (Syrie), Hany Abou Assad (Palestine), Jack Lee (Chine), Smiriti Kiran (Inde, directrice de création du Festival de Bombay), Fabienne Babe (France), Khairy Beshara (Egypte) et Petr Vaclav (Tchéquie). Ils doivent évaluer seize films en compétition officielle. Il s’agit, entre autres, de The seeds of violence, de Lim Tae-Gue (Corée du Sud), Tunis by night, de Ilyes Baccar (Tunisie, seule film arabe en course), Disparitions, de Boudjewijn Koole (Norvège, Pays-Bas), Nina, de Juraj Lehotsky (Slovaquie, Tchéquie), Insyriated, de Philippe Van Leeuw (Belgique, Liban), The Intruder, de Leonardo Di Constanzo (Italie, Suisse), Redu, de Sangar Vanjari (Inde), Killing Jesus, de Laura Mora (Colombie, Argentine), The way station, de Hong Anh (Vietnam), Une saison en France, de Mahamat Saleh Haroun (France, Tchad) et Jardin de grenadiers, de Ilgar Najaf (Azerbaïidjan). L’Algérie est absente dans toutes les catégories du festival. Dans la section «Horizons du cinéma arabe», sont en compétition, entre autres, El Jaida, de Selma Baccar (Tunisie), La pluie de Homs, de Joud Saïd (Syrie), Le chemin des abeilles, de Abdullatif Abdulhamid (Syrie), La sueur de pluie, de Hakim Belabbes (Maroc) et Un certain Nasser, de Badih Massaad et Antoine Waked (un documentaire). Le jury de cette section est composé de Mahmoud Al Massad (Jordanie), Ahmed El Morsy (Egypte) et Rym Ben Massoud (Tunisie). Dans la section «La semaine de la critique», plusieurs longs métrages ont été retenus, comme Thorn, de Gabriel Tzafka ( Danemark, Grèce), Village rockstars, de Rima Das (Inde), The Swan, de Asa Helga Hjorleifsdottir (Islande) et Just Charlie, de Rebekah Fortune (Grande-Bretagne). Lors de la cérémonie d’ouverture, le ministre de la Culture égyptien, Hilmi Nemnem, a donné une profondeur politique au Festival du Caire. «Il y a quarante ans, ce pays était partagé entre deux courants. «Une humanité ouverte» Un courant qui voulait mener l’Egypte et toute la région vers les ténèbres de l’histoire, période dépassée. En face, il y avait un autre courant qui connaît la valeur de ce pays, respecte l’art, respecte la vie et la gaieté. Parmi les partisans de ce courant est né le Festival international du film du Caire pour qu’il exprime l’art de la gaieté, l’art de la vie, l’art de l’amour, la modernité et l’Etat civil», a-t-il déclaré, rappelant la lutte entre islamistes et nationalistes dans l’Egypte des années 1970. Le Festival du Caire est, selon lui, une adresse pour une grande histoire cinématographique, pour la civilisation de l’Egypte et pour une humanité ouverte «qui rejette le terrorisme et le radicalisme». «Une humanité qui combat l’obscurité, l’oppression et tous les ennemis de la vie et les partisans de la mort. Ceux-là mêmes qui polluent non seulement notre pays et notre région, mais également le monde entier. Avec l’art, le cinéma et le Festival du Caire, nous vaincrons pour la vie, pour l’amour et pour l’Etat civil moderne», a souligné Hilmi Nemnem. La jeune comédienne tunisienne, Hend Sabry, a reçu le prix Faten Hamama de l’excellence aux côtés des Egyptiens Samir Ghanem et Maged El Kedwany, ainsi que la Britannique Elizabeth Hurley. La projection du film d’ouverture, une production américaine, Moutain between us (La montagne entre nous) du Palestinien Hany Abou Assad, a été interrompue après une vingtaine de minutes. «Les mauvaises conditions de projection nous empêchent de bien voir le film. Le son n’est pas bon et l’image n’est pas assez nette. Le film sera reprogrammé après», regrette le cinéaste palestinien. L’Australie est l’invitée d’honneur du Festival du Caire.  

Les mystères d’une confidence un peu trop risquée

On peut l’affubler de toutes les intentions velléitaires de sortir de l’ombre, mais sûrement pas de celle de mentir aussi effrontément sur un régime qu’il a lui-même de tout le temps appuyé et qu’il continue de soutenir. Ami fidèle et considér
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Les mystères d’une confidence un peu trop risquée

On peut l’affubler de toutes les intentions velléitaires de sortir de l’ombre, mais sûrement pas de celle de mentir aussi effrontément sur un régime qu’il a lui-même de tout le temps appuyé et qu’il continue de soutenir. Ami fidèle et considéré comme faisant partie des cercles rapprochés du Président, l’homme qui vient de soulever une véritable tempête médiatique, et bien sûr politique, n’a pas l’habitude de jouer avec le feu au point de porter un coup fatal à la crédibilité d’une gouvernance déjà fortement décriée, et devenue par ses incarnations et ses excroissances visibles et souterraines de plus en plus insaisissable depuis la maladie de celui qui a la haute charge de l’assumer. Non, Farouk Ksentini n’a pas menti, ni même fabulé, en s’ouvrant à la presse sur la rencontre qu’il a eue avec Bouteflika et surtout sur les ambitions — vraies ou supposées — qui animent ce dernier pour briguer un cinquième mandat. Cette certitude est confirmée par ses propos un peu sibyllins, certes exprimés sous forme de réponse indirecte au démenti de la Présidence, mais qui dans le fond ne le déjugent pas, bien au contraire. Pour rester en phase avec sa déclaration et ne pas céder à la tentation d’entrer dans une polémique stérile qui serait toujours à l’avantage des plus puissants, il affirme avoir été «surpris», comme tous les Algériens, par le communiqué laconique «attribué» à la présidence de la République, qui considère ses propos comme «mensongers» et donc en mesure de tromper l’opinion publique. A l’évidence, on remarquera qu’elle est quand même très suspicieuse cette affaire Ksentini, qui tombe mal pour le régime, à un moment où celui-ci fait des pieds et des mains pour affirmer sa fiabilité dans la foulée des élections locales. Très suspicieuse parce qu’elle remet au goût du jour la lancinante question sur la réalité du pouvoir, dont la sphère décisionnelle ne semble plus détenir un centre névralgique de commande. Lorsque l’homme de droit, en sa qualité d’avocat qui maîtrise bien les artifices juridiques, soutient sciemment que le démenti est «attribué» à la présidence de la République, il veut tout simplement nous suggérer que cette réponse du Palais demeure mystérieuse et truffée de non- dits et de faux-fuyants, car, selon la lecture à laquelle il nous invite, elle pourrait émaner de canaux non identifiés, sauf celui du Président en personne. En refusant d’ajouter de l’huile sur le feu, eu égard au respect qu’il témoigne au Président, Ksentini affirme sous forme de confidence qu’il a été bel et bien reçu par celui-ci en présence de son frère conseiller, et que tout ce qu’il a dit ne revêt aucun caractère spéculatif, ni l’aspect d’une machination qui aurait semé le trouble au niveau des clans. Qui a donc intérêt, dans l’antre de la Présidence, à vouloir étouffer une communication qui porte pour une fois la volonté exprimée du premier magistrat pour un cinquième mandat présidentiel, alors que jusque-là, ce sont les réseaux annexes qui se sont chargés de la tâche, en distillant à petites doses et selon les conjonctures les projections vers cet objectif à la manière d’un ballon-sonde, qui finira par éclater. Dans ce jeu d’instigation, qui va comme un gant à tous les courtisans qui ont intérêt à voir Bouteflika rester dans son trône le plus longtemps possible, la palme revient incontestablement au fantasque patron du vieux parti, qui ne rate pas une occasion pour louer les mérites d’une autre mandature de Bouteflika, alors que celle que nous vivons actuellement, péniblement en raison de son invalidité, est déjà très, très problématique. Y aurait-il des forces obscures parmi le clan dominateur qui seraient incompatibles ou antagoniques avec un énième rempilage de l’actuel locataire d’El Mouradia, et qui verraient par conséquent cette perspective, à l’évidence aventureuse pour tout le pays, comme une barrière à leurs plans ? Ksentini aurait-il, sans le savoir, mis le doigt dans ce qu’il est convenu d’appeler une «intrigue de palais» surprise sûrement en pleine maturation ? Qui serait, dans ce cas, derrière le rejet catégorique de l’information rendue publique par l’avocat et qui parce qu’elle soutient tout haut ce qui se murmure depuis des mois a affolé tout l’establishment, au point de ne plus savoir comment neutraliser et rendre inféconde une «fuite» aussi flagrante, sans donner l’impression de perdre la face ? Ce qui paraît relever de l’imaginable, en tout cas, c’est que l’auteur (ou les auteurs) de la réplique, tapi(s) au sein de la Présidence, a (ont)adressé à l’opinion publique une autre interprétation du message concernant la prochaine élection présidentielle, échéance qui semble être au centre de tous les enjeux politiques et qui, par ses prolongements, a fini par faire de l’ombre aux municipales, malgré tous les efforts des pouvoirs publics à vouloir donner à ces dernières une certaine consistance. Même si on ne le déclare pas clairement, l’option d’une élection sans Bouteflika n’est pas à exclure. Pour une fois, au sommet on ne veut pas en entendre parler, encore moins associer le Président à sa propre détermination. Et ce serait, en pointillé, une sorte de reconnaissance de son incapacité à aller au-delà de ses limites, même si sa volonté exprime le contraire, constat que l’opposition ne cesse d’établir et qui lui a servi d’argument massue pour soulever le problème de la vacance du pouvoir, lequel devient à ses yeux, par cette résolution, à désavouer sans la moindre hésitation Ksentini, de plus en plus flagrante et donc passible d’un règlement constitutionnel. Au demeurant, les tenants du pouvoir, qui multiplient les improvisations, savent que le moment est peut-être venu de ne plus fuir la réalité. Ils savent que le Président n’est plus dans les meilleures conditions physiques et intellectuelles pour assumer des charges de l’Etat qui pèsent de plus en plus lourdement sur ses épaules. Cette démission, forcée par une maladie aggravante, le met en retrait de multiples prérogatives qui relèvent strictement de sa compétence. C’est donc à raison que les Algériens, les partis politiques non assujettis au régime et la société civile se demandent qui à la place (ou au nom) du Président se voit confié le relais de la décision. En termes plus terre à terre, qui s’ingère dans la sphère décisionnelle si le Président ne peut pas tout contrôler, même si le leitmotiv qui nous est servi est que les institutions fonctionnent normalement. Alors vraie vacance du pouvoir ou actes de diversion ? La censure contre Ksentini est peut-être un élément de réponse…

The Mountain between us en ouverture

Le 39e Festival international du film du Caire se déroule du 21 au 30 novembre en l’absence de l’Algérie. The Mountain between us (La montagne entre nous), du Palestinien Hany Abou Assad, a ouvert, hier soir, le 39e Festival international du film du C
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The Mountain between us en ouverture

Le 39e Festival international du film du Caire se déroule du 21 au 30 novembre en l’absence de l’Algérie. The Mountain between us (La montagne entre nous), du Palestinien Hany Abou Assad, a ouvert, hier soir, le 39e Festival international du film du Caire. Le film, qui explore l’idée toujours renouvelée de la survie en milieu hostile, réunit deux comédiens britanniques, excellents dans leurs rôles, Idris Elba et Kate Winslet. Nous reviendrons dans notre prochaine édition sur ce long métrage (sorti début octobre 2017) qui questionne avec finesse les rapports humains avec cette interrogation philosophique : «Et si votre vie dépendait d’un   étranger.» Alors, une réponse dans la salle ? Pour l’histoire, sachez que Hany Abou Assad est le premier cinéaste arabe, donc étranger, à réaliser un film américain produit par la major 20th Century Fox. Autant parler d’une révolution. Et si le cinéma américain dépendait désormais de la fraîcheur étrangère  ? Le choix du comité du Festival du Caire, mené par la critique Magda Wassef, de cette fiction pour lancer le festival, annonce en fait une programmation riche de films venus des cinq continents qui invitent à la réflexion et au questionnement sur le rapport à l’autre, sur l’étranger qu’on ne connaît pas et sur les rêves et les désillusions du monde contemporain. En tout, 175 films sont au programme représentant 53 pays. L’Algérie brille par son absence, faute de production «programmable» dans un Festival international, comme celui du Caire, qui figure parmi les 15 plus importants au monde (Catégorie A). Comment l’autre voit le drame des autres ? C’est une question fort présente dans la sélection officielle cette année. Il y a d’abord Birds are singing in Kigali (Les oiseaux chantent à Kigali), des Polonais Krzysztof Krauze et Joanna Kos-Krauze. Le long métrage, comme son titre ne l’indique peut-être pas, revient sur les séquelles du génocide des Tutsis au Rwanda en 1994. Il y a aussi Insyriated, du Belge Phillipe Van Leeuw. Tourné entièrement en arabe, le film narre le drame intérieur d’une famille syrienne prise dans les filets piquants de la guerre. Une saison en France, du Tchadien Mahamat Saleh Haroun (qui n’est pas encore sorti sur les écrans en Europe), raconte l’histoire d’un enseignant de français qui fuit une autre guerre, celle de la Centrafrique, pour tenter de trouver un semblant de vie en France. Men dont’ cry (Les hommes ne pleurent pas), du Bosniaque Alen Drljevic, rappelle que les fantômes de la guerre des Balkans volent toujours au-dessus des têtes. Il suffit de regrouper des hommes, des Bosniaques, des Croates et des Serbes, dans un hôtel, la suite est un jeu de massacres. Banalisation du drame Killing Jesus, de la Colombienne Laura Mora, s’appuie sur des faits réels, relatifs à l’assassinat d’un enseignant de sciences politiques dans un pays qui s’est habitué aux meurtres et à la corruption. Que faire face à la banalisation du drame ? Laura Mora ose la question dans son premier long métrage. Fortunata, de l’Italien Sergio Castellito, s’intéresse, lui, à une thématique euro-européenne, celle du spleen d’une femme qui a raté son mariage et qui tente de trouver un sens à sa vie. Tunis by night, du Tunisien Elyes Baccar, raconte la Tunisie post-Ben Ali à travers les déchirements d’une famille, partagée entre l’ouverture et la fermeture. Elyes Baccar semble marcher sur les pas de Nouri Bouzid, qui a déjà abordé cette thématique dans Mille feuilles (Manmoutech). Sexy Durga, de l’Indien Sanal Kumar Sasidharan, est une des curiosités du Festival du Caire cette année. Ce road movie particulier tente de s’interroger sur l’Inde, ses contradictions et ses richesses. Autre curiosité : Et mon cœur transparent,  des Français Raphaël et David Vital-Durand, repose, encore une fois, l’idée de la mort, de l’amour et du sens de l’existence à travers l’histoire de Lancelot, un homme qui perd la femme qu’il aime dans un accident. Dans un autre registre, le Grec, Yannis Sakaridis, s’intéresse dans Amerika square à la crise des réfugiés syriens et irakiens en Grèce. Dans la section consacrée aux cinémas arabes, le Festival du Caire a sélectionné le dernier long métrage du Syrien Abdelatif Abdelhamid, Tariq Al nahl (Le chemin des abeilles), titre inspiré de la célèbre chanson de Faïrouz. Le film plonge dans les tourments de personnes partagées entre le désir de rester au pays et le rêve de partir ailleurs pour fuir les tragédies de la guerre. Autre film à suivre au Caire :  Arq chta  (Sueur d’hiver), du Marocain Hakim Belabbas, qui a décroché le Grand Prix du meilleur film marocain au dernier Festival de Tanger. La fiction s’intéresse aux gens de la terre, en racontant l’histoire douloureuse d’un agriculteur endetté. Le jury des longs métrages en compétition est présidé par l’Egyptien Hussein Fahmy, secondé, entre autres, par le Palestinien Hany Abou Assad, le Chinois Jack Lee, le Thèque Peter Vaclav et la Syrienne Kinda Allouche. L’Australie est l’invitée d’honneur du 39e Festival du Caire. La comédienne tunisienne Hind Sabri et les acteurs égyptiens Maged Al Kadaouani et Samir Ghanem seront honorés par le prix Faten El Hamama de l’Excellence. Enfin, la 39e édition du Festival du Caire est dédiée à la chanteuse Chadia.

Aït Menguellet et Idir en duo à Wattrelos

Cela fait longtemps qu’ils n’ont pas fait scène commune. Aït Menguellet et Idir se retrouveront de nouveau dans un concert exceptionnel le 25 novembre 2017, à partir de 20h, à la salle Roger Salengro de Wattrelos (région Hauts-de-France). L’initi
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Aït Menguellet et Idir en duo à Wattrelos

Cela fait longtemps qu’ils n’ont pas fait scène commune. Aït Menguellet et Idir se retrouveront de nouveau dans un concert exceptionnel le 25 novembre 2017, à partir de 20h, à la salle Roger Salengro de Wattrelos (région Hauts-de-France). L’initiative de ces retrouvailles musicales entre les deux grandes figures de la chanson kabyle est à mettre à l’actif de la dynamique association ZIK Sans frontières et la Boîte à musiques Wattrelos. Les deux ambassadeurs de la chanson algérienne animeront un autre gala le 10 février 2018 à la salle La Merise, à Trappes, une commune située dans le département des Yvelines, en région Ile-de-France. Après cette tournée, Idir animera les 4 et 5 janvier prochain à la coupole du Complexe olympique Mohamed Boudiaf d’Alger un concert, après une absence de 38 ans de la scène artistique nationale. Prévu initialement le 12 janvier, premier jour de l’an amazigh, le spectacle a été avancé en raison d’engagements antérieurs de l’artiste, a-t-on annoncé. L’auteur de Avava Inouva, sa toute première chanson qui l’a propulsé au firmament dans les années 1970, prévoit d’autres sorties dans les wilayas de Béjaïa, Batna et Bouira, où il compte des milliers de fans. Lounis Aït Menguellet, qui vient de fêter ses 50 ans de carrière,  avait entamé sa tournée mondiale dans l’Hexagone le 9 avril dernier à Saint Priest (Lyon). Au programme, 11 spectacles animés dans plusieurs villes à forte concentration maghrébine, comme Lyon, Sarcelles, Nancy, Marseille, Bordeaux, Aubervilliers. Auparavant, il s’était produit à l’Olympia de Montréal, au Canada, où il avait également dédicacé en primeur son dernier album intitulé Tudert Nni (Une certaine vie). Lounis Aït Menguellet retrouvera le public algérien le 8 décembre prochain à l’Opéra d’Alger Boualem Bessaïeh, à 16h.

Théâtre régional d’oran : Houari Benchenet dévoile au public son tout dernier titre en hommage à Blaoui El Houari

Houari Benchenet a dévoilé, lundi soir au TRO, son tout dernier titre, un hommage poignant et très émouvant au chantre de la chanson oranaise, Blaoui El Houari. L’intro, évoquant la tristesse, est exécutée au violoncelle, tandis que les paroles son
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Théâtre régional d’oran : Houari Benchenet dévoile au public son tout dernier titre en hommage à Blaoui El Houari

Houari Benchenet a dévoilé, lundi soir au TRO, son tout dernier titre, un hommage poignant et très émouvant au chantre de la chanson oranaise, Blaoui El Houari. L’intro, évoquant la tristesse, est exécutée au violoncelle, tandis que les paroles sont accompagnées d’une mélodie au violon à déchirer le cœur. «Kiwsal dhak lakhbar» (quand la nouvelle est tombée), entonne l’artiste qui, à un moment, submergé par l’émotion, ne s’est pas privé de laisser couler quelques larmes. La chanson évoque la mort du «cheikh», mais aussi son parcours, notamment son engagement pour la cause nationale et sa jeunesse avec la bande qui l’accompagnait à son époque (el banda zahouania). Son attachement au terroir (la poésie melhoun) et ses clins d’œil à la jeunesse (yad el marsam) ont été également rappelés dans cette chanson interprétée en play-back. Le spectacle organisé au TRO par un mécène avait pour intitulé L’unité nationale, d’où la présence autant des autorités locales, des élus, mais surtout des candidats aux prochaines élections locales, toutes tendances confondues. «Aujourd’hui, nous célébrons l’Algérie dans son ensemble», a déclaré l’humoriste Bessam, invité à l’occasion pour un intermède ayant rehaussé l’ambiance après les moments d’émotion suscités par la première chanson. Ensuite, Houari Benchenet est revenu sur scène, mais cette fois avec un orchestre complet, pour interpréter quelques-uns de ses succès. L’un des plus connus, Arssam wahran, est cette ballade oranaise de Cheikh Mekki Nouna, qui mêle des moments de nostalgie à un hymne à la ville, ses quartiers et ses personnages illustres. Une autre de ses plus belles chansons, Rani mdamar, où il dit en substance, «rani mdamar khellouni nhadj laamar, khelouni netfakar li rahet ounsatni», une chanson sur l’exil et le chagrin d’amour. Il déclame d’abord «hak brayti fi hadh el ounouane ou djib li ya mersoul lakhbar ezina» (voici l’adresse et ramène moi de bonnes nouvelles). Houari Benchenet sait aussi faire de l’ambiance avec des chansons sur le rythme karkabou. Des moments de joie de vivre, comme avec Ana lyoum lakite ezine (Aujourd’hui j’ai rencontré la beauté) caractérisent aussi le spectacle du chanteur. Le titre est particulièrement rythmé, avec une cadence effrénée pour la circonstance, un appel à la danse mais aussi aux youyous, comme on en entend lors des fêtes. Au fait, Houari Benchenet a la caractéristique de jouer sur plusieurs registres. Il sait manier le verbe pour déclamer de la poésie, il maîtrise les codes du vieux raï inspiré des poètes du melhoun mais il s’essaie aussi souvent aux ballades modernes pour, au fond, exprimer la même chose, la vie, ses vicissitudes et ses promesses.  

«Je suis un homme libre et j’ai dit à travers ce pamphlet ce que la presse n’a pas osé dire !»

Avec calme et lucidité, Rachid Boudjedra a tranché dans le vif, samedi dernier à Constantine, en apportant un démenti catégorique aux informations selon lesquelles il aurait accepté de supprimer de son pamphlet Les contrebandiers de l’histoire, le pas
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«Je suis un homme libre et j’ai dit à travers ce pamphlet ce que la presse n’a pas osé dire !»

Avec calme et lucidité, Rachid Boudjedra a tranché dans le vif, samedi dernier à Constantine, en apportant un démenti catégorique aux informations selon lesquelles il aurait accepté de supprimer de son pamphlet Les contrebandiers de l’histoire, le passage où il affirme que Kamel Daoud faisait partie du GIA. Profitant d’un point de presse improvisé lors de la vente-dédicace de ses œuvres, à la librairie Media-Plus, Boudjedra a tenu à réaffirmer ses dires, en promettant de donner plus de détails à ce sujet. Répondant aux questions des journalistes, l’auteur de La dépossession a précisé qu’il n’a pas critiqué la qualité ou le style des écrits de ces auteurs, mais qu’il tente de dévoiler les objectifs et «la malice qui réside dans les œuvres» de Boualem Sansal, Wassyla Tamzali, Kamel Daoud, Yasmina Khadra et certains parmi les cinéastes. Il a dit clairement que les œuvres citées dans son pamphlet sont une forme de «viol» de l’histoire pour plaire à leurs maîtres, et ce, au détriment de la dignité et l’histoire des Algériens. «C’est le ras-le-bol de tout ce qui a été écrit sur l’Algérie qui m’a poussé à réagir. Particulièrement après la parution du livre sur Bouaziz Bengana», a déclaré le conférencier, qui a rappelé que Bengana était un tortionnaire qui a choisi la cause colonialiste en torturant les nationalistes et les communistes à Biskra, entre autres. «J’étais très malade, je ne pouvais ni dormir ni manger. Je me demande pourquoi Sansal a fait des militants de l’ALN des nazis dans Le village allemand, et pourquoi il a déclaré que l’attentat de Nice ressemblait à celui du Milk Bar en 1956. C’est un cumul que j’ai extériorisé. Je suis un homme libre et j’ai dit à travers ce pamphlet ce que la presse n’a pas osé dire !», a-t-il commenté. En réponse à la question d’El Watan de son avis sur la lettre que lui a adressée Yasmina Khadra et publiée en début d’octobre dernier, Boudjedra a souligné que la critique de la société doit se faire dans le seul intérêt des Algériens. «Certes, pour ma part j’ai critiqué la société algérienne, mais une critique objective et non pas pour plaire à mes maîtres, en racontant des mensonges sur l’histoire de l’Algérie». Et de préciser sur Yasmina Khadra, dans son roman Ce que le jour doit à la nuit, «il  a procédé de la même manière que Mahmoud Zemmouri, qui a montré, dans un film réalisé dans les années 1980, les Algériens et les Européens vivant ensemble tranquillement durant la guerre et danser le twist», ce qui n’est pas vrai. Pour lui, c’est une déformation flagrante et inadmissible de l’histoire. «J’ai toujours apprécié Yasmina Khadra et je n’ai pas dit qu’il n’est pas un écrivain. Bien au contraire, mais dans mon pamphlet j’ai dit qu’il a trouvé un nouveau créneau d’écriture, politico-policier, et qui n’existe pas chez nous. Son écriture est classée dans les genres européens», a-t-il soutenu. Pour ce qui est de Kamel Daoud, l’invité a exprimé son doute envers le patriotisme de cet auteur. «Moi je ne le juge pas sur ce qu’il a fait quand il était jeune. Tout le monde commet des erreurs, mais je me suis exprimé sur ce qu’il est en train de dire et d’écrire aujourd’hui», a-t-il dit. Et d’arguer que la critique est nécessaire pour avancer et progresser et non pas pour insulter. Il a ajouté qu’il ne juge pas Kamel Daoud pour sa participation à un camp de vacances religieux. «Tous les camps formaient les gens théologiquement et militairement à la fois, et je précise qu’il était très jeune. Mais maintenant il est en train d’écrire pour le Français, il dit que la Palestine et les bombardements de Gaza ne sont pas son problème. La question palestinienne est sacrée chez les Algériens. C’est pourquoi je mets en doute ses écrits», a-t-il souligné. Et d’ajouter sur le même auteur : «Je l’ai entendu récemment sur une chaîne française dire que les enfants algériens ne parlent pas l’arabe. Cela veut dire quoi ? Il a sous-entendu que l’enfant algérien parle le français. Veut-il faire plaisir à ses maîtres ! C’est de la déformation de la réalité, ce n’est pas vrai, l’enfant algérien parle l’arabe et le tamazight.» Rachid Boudjedra a conclu qu’il est soulagé maintenant après avoir dénoncé tout cela, et son pamphlet n’est qu’une réaction aux attaques contre les Algériens et l’histoire de l’Algérie.  

Rachid Taha célèbre Dahmane El Harrachi

Pour rendre hommage à la mémoire et exprimer ses remerciements au grand auteur, compositeur et interprète de chaâbi, Dahmane El Harrachi, Rachid Taha donnera un concert «tribute» baptisé «Rachid Taha chante Dahmane El Harrachi», le 2 décembre 2017,
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Rachid Taha célèbre Dahmane El Harrachi

Pour rendre hommage à la mémoire et exprimer ses remerciements au grand auteur, compositeur et interprète de chaâbi, Dahmane El Harrachi, Rachid Taha donnera un concert «tribute» baptisé «Rachid Taha chante Dahmane El Harrachi», le 2 décembre 2017, à l’Institut du monde arabe. Un événement musical entrant dans le cadre du «week-end chaâbi» lancé par l’IMA. Et ce, en reprenant le répertoire riche de Dahmane El Harrachi. Bien sûr figurera Ya Rayah, Zouj hmamat, Elli Yezraa Errih,Elli heb slahou, Hassebni khoud krak, Ach eddani n’ khaltou,Ya dzaïr, Essenat ghir leklam, Khalou trigue, Chraa Allah,Ya Sayelni, Eli rah ouella, Ya kassi… De son vrai nom Abderrahmane Amrani, Dahmane El Harrachi -d’après la biographie de Achour Cheurfi -est né le 7 juillet 1926 à El Biar (Alger). Il avait à peine 5 mois lorsque ses parents, originaires de Biskra, changèrent de domicile et vinrent s’installer à El Harrach, à Alger. Son père, Cheikh El Amrani, était le muezzin de la Grande Mosquée d’Alger. Le pseudonyme d’El Harrachi a été adopté en souvenir de sa jeunesse passée à El Harrach. Après l’école coranique, le certificat d’études et «l’enseignement de la rue», le jeune Dahmane apprend le métier de cordonnier. Receveur de tramway sur la ligne Bab El Oued-El Harrach, il observe la population algéroise. D’artiste amateur -il fabriquait lui-même ses «guembers» avec une manche à balai et une boîte de conserves- il devint professionnel après avoir sillonné le territoire national. Il travaillera avec des artistes de renom, tels que Hadj Menouar, Khelifa Belkacem et Abdelkader Quehala. Il sera également le «banjo» de toute l’œuvre d’El Hasnaoui. En 1949, il émigre en France, où il ne cessera de chanter l’exil. Il deviendra par la force des choses un auteur compositeur au répertoire spécifique. Alger lui inspire Bahdja Ma Thoul et la guerre de Libération doublera son amour pour le pays, Blad El Kheir. Après l’indépendance, il donnera de vrais chefs-d’œuvre, dont Elli hab Eslahou, Elli yezraâ Errih, Khabi Serrek, Dhak ezzine ala slamtou, Ya el Hadja. D’une virtuosité musicale naturelle et spontanée, son répertoire est une somme de poésies nourries d’une sensibilité sincère et profonde. En 50 chansons environ, Dahmane El Harrachi a touché à tous les thèmes : l’émigration, la famille, la morale…Il mourut le 31 août 1980 dans un accident de voiture entre Aïn Benian et Alger. Il est enterré à Alger au cimetière d’El Kettar. «Voilà, voilà, que ça recommence à Bamako» Actuellement, Rachid Taha et ses musiciens animent une résidence au festival-concept intitulé «La croisée des chemins» se déroulant du 17 au 25 novembre à Bamako, Kayes et Sikasso, au Mali. Rachid Taha et Aly Keita, le virtuose du balafon, ont inauguré cet événement culturel pluridisciplinaire, vendredi dernier, au Parc national du Mali. Une nouvelle scène en plein air. D’autres artistes maliens se succéderont à Bamako sur les scènes du Parc national du Mali, du Musée national du Mali, du restaurant Les saveurs du Patio et de l’Institut français du Mali, tels que la révélation Fatoumata Diawara, le styliste Xuly Bët, la chorégraphe Kettly Noël… Durant 10 jours, Bamako célèbre le métissage des cultures à travers un riche programme de manifestations culturelles et artistiques : conférences, tables rondes, projection, pièces de théâtre, spectacles jeune public, défilés de mode et concerts. Une expérience inédite placée sous le signe de la fraternité, l’amitié, la création et l’échange. Une belle initiative franco-germano-malienne. En, 2018, Rachid Taha sortira un single, une mise en jambes de son nouvel album.     Institut du monde arabe (Paris) Samedi 2 décembre 2017 à 20h Auditorium (niveau -2) Concert : Rachid Taha chante Dahmane El Harrachi Ticket : 26 CE/Collectivité Dem. d’emplois : 22 Adhérents IMA/SAIMA : 14 jeunes -26 ans : 12 Réservation sur site Par téléphone au : 01.40.51.38.14

Une des figures de proue de la mode mondiale

Des dizaines de proches et de personnalités, dont le président Béji Caïd Essebsi, ont rendu hier un dernier hommage au grand couturier franco-tunisien Azzedine Alaïa, qui va être inhumé dans le célèbre village bleu et blanc de Sidi Bou Saïd. La d
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Une des figures de proue de la mode mondiale

Des dizaines de proches et de personnalités, dont le président Béji Caïd Essebsi, ont rendu hier un dernier hommage au grand couturier franco-tunisien Azzedine Alaïa, qui va être inhumé dans le célèbre village bleu et blanc de Sidi Bou Saïd. La dépouille de cette figure atypique et adulée du monde de la mode est arrivée de France accompagnée des mannequins Naomi Campbell et Farida Khelfa, qui étaient très proches du couturier, a indiqué à l’AFP l’ambassadeur de France à Tunis, Olivier Poivre d’Arvor. Entourée de dizaines de personnes, elle a quitté le domicile du couturier, décédé à 77 ans, en milieu de journée pour rejoindre le cimetière de Sidi Bou Saïd, dans la banlieue nord de Tunis, selon des journalistes de l’AFP sur place. Des dizaines de proches et de personnalités sont venus se recueillir sur sa dépouille, comme le chef de l’Etat tunisien, Béji Caïd Essebsi. Le ministre de la Culture, Mohamed Zine El Abidine, a salué devant la presse le talent du couturier et jugé qu’il avait dans ses créations exprimé «la quintessence, la beauté, l’imagination fertile» de la Tunisie. Azzedine Alaïa, fils d’agriculteurs, né en Tunisie vers 1940, avait travaillé chez une couturière de quartier pour financer ses études aux beaux-arts avant de tenter sa chance à Paris à la fin des années 1950. Il s’est fait connaître du monde entier dans les années 1980 en inventant le body, le caleçon noir moulant, la jupe zippée dans le dos, des modèles qui ont contribué à définir la silhouette féminine sexy et assurée d’alors. Il a ensuite travaillé à son rythme, loin des défilés et de la presse, grâce à un réseau de clientes très fidèles.

Promenades gastronomiques à la Sardaigne

La Semaine de la cuisine italienne dans le monde arrive à sa deuxième édition avec l’objectif de promouvoir au niveau international les traditions culinaires comme signe distinctif de l’identité et de la cuisine italiennes. Dans le sillage du grand
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Promenades gastronomiques à la Sardaigne

La Semaine de la cuisine italienne dans le monde arrive à sa deuxième édition avec l’objectif de promouvoir au niveau international les traditions culinaires comme signe distinctif de l’identité et de la cuisine italiennes. Dans le sillage du grand succès de la première édition en 2016, qui a vu l’organisation de près de 1400 événements dans 180 pays au monde, l’ambassade d’Italie, l’Institut culturel italien et l’Agence italienne pour le commerce extérieur en Algérie organisent la deuxième édition en Algérie du 20 au 26 novembre 2017. Elle sera dédiée à la découverte de la région de la Sardaigne désignée comme «région phare». Durant cette semaine, de nombreux événements sont prévus entre concerts, shows culinaires, conférences et promenades gastronomiques dans des restaurants sélectionnés. La cuisine italienne a traversé les frontières et gagné tous les continents. Les échanges algéro-italiens sont basés aussi sur le goût méditerranéen qui fait désormais partie du paysage culinaire quotidien de deux peuples.  Cette semaine sera en réalité un véritable voyage gustatif et culturel qui fera découvrir auprès de grands chefs, d’experts culinaires et d’artistes, le goût extraordinaire de la cuisine italienne. L’ambassadeur d’Italie en Algérie, Pasquale Ferrara, a insisté dans une conférence de presse tenue hier sur «la culture partagée de la nourriture en Méditerranée et la dimension communautaire qu’il faut mettre au centre de l’attention. Il y a une relation entre la nourriture et le territoire et c’est la clé du succès de l’industrie alimentaire». Le but, dira-t-il aussi, est «la formation car nous avons invité des chefs italiens pour partager leurs expériences». A ses yeux, «la cuisine italienne est toujours une découverte et une émotion. Ce sera un véritable voyage culturel et un bouquet de sensations qui seront offerts de la part des grands chefs  d’experts culinaires, d’intellectuels et d’artistes». Un bout de Sardaigne sera ainsi présent à Alger. Deuxième île de la Méditerranée par la taille, la Sardaigne compte de nombreux coins de paradis. La Sardaigne préfère se tourner vers un tourisme de qualité. Elle a pendant longtemps opté pour un tourisme balnéaire, grâce à une forte accessibilité de l’île et à l’émergence d’un parc hôtelier particulièrement dense. Or, aujourd’hui, elle veut se tourner vers des formes de tourisme plus culturel. Ce nouveau type de tourisme permet de mettre en avant l’identité de l’île et de valoriser son patrimoine culturel. Que faire en Sardaigne ? Tout d’abord du farniente et de la plage. Ce sont en effet les activités principales avec ses eaux bleu turquois, la Sardaigne possède un patrimoine marin exceptionnel. Originale et simple en même temps, la cuisine sarde s’est enrichie au cours de sa longue histoire des apports extérieurs au travers des contacts et échanges avec plusieurs cultures méditerranéennes.  

«J’ai trouvé ma voie, celle de la bande dessinée»

Mohamed Aïdaoui, plus connu sous le sobriquet de Natsu, a publié récemment aux éditions algériennes Z-Link, le tome 2 de la bande dessinée «Degga». Il est détenteur du Premier prix du Festival international de la bande dessinée d’Alger. Bien qu
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«J’ai trouvé ma voie, celle de la bande dessinée»

Mohamed Aïdaoui, plus connu sous le sobriquet de Natsu, a publié récemment aux éditions algériennes Z-Link, le tome 2 de la bande dessinée «Degga». Il est détenteur du Premier prix du Festival international de la bande dessinée d’Alger. Bien que médecin de profession, comment avez-vous basculé dans l’univers de la bande dessinée ? Disons que depuis que j’étais petit j’aimais dessiner. Je faisais des dessins partout, entre autres sur des cahiers, sur des feuilles volantes et sur les murs. En grandissant, j’ai continué à le faire, mais parallèlement à mes études. Ayant acquis  plus d’assurance, j’ai commencé à poster mes dessins sur internet. Je dois préciser que c’était bien avant l’apparition du réseau social facebook. Je pense qu’à cette époque-là,  je devais avoir la vingtaine. Il y avait un forum qui s’appelait ‘‘Accro TV’’ où les fans et les passionnés de bande dessinée aimaient se rencontrer et partager leurs dessins. Me concernant, j’ai été repéré par l’éditeur et journaliste de Z-Link, Salim Brahimi, qui faisait lui aussi ses débuts dans l’édition. Il avait édité le premier numéro du magazine Labstor. Mon futur éditeur m’avait signifié qu’il aimait bien ce que je faisais. Il m’a, alors, demandé si je voulais être édité et j’ai tout de suite accepté. Et c’est à partir de là que l’aventure a commencé. Je voudrais préciser que je suis âgé aujourd’hui de 36 ans et que cela fait assez longtemps que j’ai terminé mes études. Pourquoi avoir attendu neuf ans pour publier le deuxième tome de «Degga » ? Je vous le concède, j’ai  beaucoup erré car c’était un projet que je ne  voulais pas vraiment éditer. C’était un projet personnel que je voulais partager uniquement entre amis.  Je dois reconnaître que mon projet était un peu mal dessiné, de façon non professionnelle. C’était juste pour le forum et internet pour rire. C’était une histoire drôle entre mes potes et moi mais l’éditeur a tout de même tenu à publier cette histoire.  Après cette première expérience de publication, je voulais faire autre chose mais ceux qui avaient lu le premier tome me rappelaient, à chaque fois, en me demandant la suite du premier tome. Chaque année, je bossais un petit peu, je lâchais et je reprenais et ce, jusqu’à maintenant. L’histoire de «Degga» s’articule autour de la thématique romancée et imaginaire de la fête du sacrifice du mouton. Ce tome 2 est la suite de l’histoire du tome 1 qui parlait d’un adolescent qui rêvait d’avoir un mouton de combat pour participer  à un tournoi. Dans le premier tome, le personnage principal entraîne son mouton pour la préparation du tournoi. Là, dans le tome 2, on se rapproche de l’événement. C’est la veille de ce fameux tournoi. On en apprend un peu plus sur la passé de ses parents. Une sorte de flash- back sur comment ses parents ont passé la fête religieuse de l’Aïd à un certain moment car il y a eu des répercussions sur le présent. Et on apprend un peu sur un éventuel futur où il y a aurait une sorte de milice qui interdirait l’Aïd et qui passerait une sorte de couvre-feu, qui serait contre  la pratique de cette fête religieuse. Une fois qu’on lit l’histoire, on comprend mieux la portée du message. C’est un peu irréaliste mais j’espère que cela reste cohérent dans le cadre et dans l’univers de l’histoire. «Degga» se targue, aussi, d’être une histoire truffée de belles parodies. Effectivement mon histoire parodie beaucoup de films, de séries et de dessins animés. Il y a forcément de la fiction. Pour ne rien vous cacher, cela parodie le film Terminator,  là où il y a un robot qui vient du futur. Il y a une sorte de mouton robot qui vient du futur. Bien sûr que j’ai essayé de parodier plusieurs univers et des séries de dessins animés connus.   Peut-on espérer la sortie du troisième tome d’ici peu ? J’aurais aimé terminer l’ensemble de l’histoire en un seul tome mais il allait être  vraiment épais. Donc j’ai dû le fractionner en plusieurs tomes. Je n’ai pas envie de faire l’erreur que j’ai faite avec le deuxième tome. Je pense que le troisième tome sera disponible dans les librairies dans un temps qui n’excédera pas celui du deuxième tome (rires). Concrètement arrivez-vous à concilier votre métier de médecin et celui de  bédéiste-dessinateur ? Je pense qu’il y a  plusieurs personnes qui arrivent à concilier deux métiers en même temps mais moi je n’ai pas pu y arriver. J’ai dû mettre  de côté la médecine, même si on me dit qu’on peut faire les deux métiers. Peut-être qu’on peut faire les deux  métiers à la fois mais moi cela me prend beaucoup de temps de dessiner. C’est un travail acharné. Parfois, quand on veut terminer à une date précise, on est obligé de travailler, de passer des nuits blanches. Je ne vois pas comment je pourrais travailler dans un service dans un hôpital et bosser la nuit sur mes planches. Ma carrière de médecin,  je l’ai mise en stand-by en espérant améliorer ou démarrer ma carrière de bédéiste illustrateur.  Sans prétention aucune, j’en suis à mes débuts dans la bande dessinée. Le chemin est encore long. Donc votre choix est fait, c’est la bande dessinée qui l’emporte ? J’essaye de me dire que le choix est fait mais il y a toujours la petite indécision des parents et des frères qui essayent de me rappeler à l’ordre de temps à autre. C’est frustrant et compliqué à la fois. Personnellement, je pense avoir trouvé ma voie mais quand on suit la raison, on se dit qu’on ne peut pas vivre de ce métier. Il y a, aussi, toujours cette  possibilité de se dire qu’on reprendra, un jour, le chemin de l’hôpital.   Justement pensez-vous qu’un bédéiste illustrateur peut vivre  de son métier ? Je ne dirais pas non mais peut-être bien qu’on peut vivre de ce métier-là. Il faut savoir que j’ai terminé le deuxième tome en décembre 2016 et que cette bande dessinée n’est sortie que lors du  Festival international de la bande dessinée d’Alger, en octobre dernier. J’ai comme l’impression qu’on est édité une fois par an. Et avec  la publication d’un seul tome par an, ce n’est pas évident de vivre avec cette rente. Si nous arrivons  à produire trois ou autre tomes par an et si l’éditeur joue le jeu, je pense que cela serait possible. Mais nous ne sommes pas encore arrivés à ce stade. Pour l’instant nous produisons un tome par an. Pensez-vous que la bande dessinée se vend bien en Algérie ? Ceux qui viennent me voir me disent qu’ils achètent ma bande dessinée. Je pense que c’est le cas de tous mes collègues. Maintenant, est-ce qu’ils sont nombreux ou pas, je n’en sais rien mais je pense, par ailleurs, que cela dépend du prix. Par exemple, ce deuxième tome est à 500 DA et le premier était cédé à 200 DA. Je me rappelle que les premières années avec mon éditeur, on voulait faire une bande dessinée pas trop chère, qui soit accessible à tout le monde, surtout  pour les adolescents et les étudiants. J’ai reçu beaucoup de jeunes lors du Festival international de la bande dessinée d’Alger qui s’est tenu en octobre dernier et lors du Salon international du livre d’Alger qui s’est clôturé le 5 novembre dernier, qui sont venus me dire qu’ils aimaient mon histoire mais qu’ils ne  pouvaient, hélas, pas acheter la bande dessinée. Donc nous nous retrouvons à leur acheter quelques exemplaires car nous sommes persuadés qu’ils ont envie de lire. Cela me fait mal de les voir ne pas pouvoir lire alors qu’ils m’ont suivi sur le premier tome. Je pense que les acheteurs existent mais qu’il n’y en a pas autant qu’avant. Je pense à mon humble avis que cela est dû  à la hausse des prix.

Il voit grand… bleu

Le beau livre, Le Nomade du pigment, est d’abord un travail d’orfèvre, de dextérité et de créativité. Conçu à quatre mains. L’artiste peintre, Karim Meziani, le maître du pigment qu’on ne présente plus, et Samir Djama, photographe d’art e
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Il voit grand… bleu

Le beau livre, Le Nomade du pigment, est d’abord un travail d’orfèvre, de dextérité et de créativité. Conçu à quatre mains. L’artiste peintre, Karim Meziani, le maître du pigment qu’on ne présente plus, et Samir Djama, photographe d’art et éditeur (Colorset). Une rencontre qui ne pouvait être que prometteuse. L’œil design de Samir Djama et le doigté de Karim Meziani. Un rendez-vous artistique et créatif qui a été enfin calé. Car, avant, chacun vaquait à ses occupations. Karim Meziani avait en tête, depuis un bon moment, un projet de livre qui regrouperait des photos de ses œuvres phares  soutenues par des fragments de textes issus de critiques picturales, des entretiens, témoignages «oculaires», impressions… Une sorte de trace d’amabilité et marque de reconnaissance à l’endroit de ceux qui ont cru en lui, en son art, son rêve, sa «folie» créatrice… Karim Meziani avait croisé Samir Djama lors du Salon international du livre d’Alger de l’année dernière. Le projet avait séduit Samir Djama. «Je voulais rendre hommage aux critiques d’art et aux journalistes (français) d’avoir écrit sur moi durant 30 ans. Ils croyaient en moi. D’une manière esthétique et objective. Avec un œil extérieur. L’écriture est importante dans l’œuvre d’un artiste. Vous savez, des critiques d’art m’ont acheté des tableaux. C’est de la poésie. Ils transcrivaient ce que je ressentais. Ce sont des clients émotionnels. L’œuvre leur parle. Pour moi, un critique d’art est un artiste qui a raté sa vocation… J’ai réuni leurs propos… j’ai choisi les critiques d’art de l’époque. Leurs critiques  sont un travail informel et universel. La sélection a été effectuée avec l’éditeur de Colorset, Samir Djama… Je lui ai fait confiance. Il a ressorti mon rendu d’après une conception artistique…» Un humaniste En compulsant le beau livre Le Nomade du pigment, on est invité à un périple, tantôt pastoral, agreste et altier des cimes d’Arris, sa terre natale, tantôt insulaire, son havre niçois, tantôt outre-Atlantique, la Floride, transalpine, dans un petit coin de Florence ou encore à Alger, au pied marin. Des escales océane, méditerranéenne, bucolique, florentine, maghrébine, urbaine, algérienne, française, universelle…Bien qu’il défende ses couleurs, il n’en aime qu’une. Sa préférée, le pigment. Et par-dessus tout, le bleu, le grand bleu, le large, le vaste, la quiétude… Celui de l’évasion, du vague à l’âme, du songe mystique… Depuis, il annonce mais ne renonce jamais à sa couleur. «Un art qui se cherche autant qu’il s’impose, brut, beau, toujours un plus proche de l’idéal qu’il s’est forgé», dit de lui L. Albano. Michel Gaudet légende : «Il sait aussi détenir de sa culture maghrébine l’image des créneaux de protection, visibles dans toute cité arabe et surtout celle des marabouts, symboles de sagesse, constructions fondatrices de cette philosophie…» «Karim Meziani est un éternel nomade, on voyage avec lui au travers de sa peinture et c’est un cheminement vers la beauté du pigment, intense et absolu», consigne B. Bondoux-Verhille. Quant à l’éditeur de Colorset, Samir Djama, il confirme: «C’est avant tout une rencontre humaine. Karim Meziani, c’est quelqu’un de spontané. Il m’a laissé toute la liberté dans la conception. Cela est très important. Conférer à quelqu’un toute la latitude de s’exprimer.» Karim Meziani est un tantinet «philosophe, voire philanthrope, de la palette». Pour lui, l’argent n’est pas important mais éphémère. Mais l’œuvre est éternelle. Il offre ses œuvres à des associations caritatives. Et justement, il cède les droits d’auteur de cet ouvrage à une association. Karim Meziani ne se refait pas. Il est un homme bleu. Un nomade. Il ne possède rien mais a tout, l’essentiel. Karim Meziani Le Nomade du pigment Beau livre Colorset (2017)

Vive émotion

Décédé lundi dernier dans un hôpital parisien suite à une longue maladie, à l’âge de 86 ans, l’artiste peintre algérien, Choukri Mesli, sera enterré, aujourd’hui, dans sa ville natale, Tlemcen. La dépouille mortelle du défunt — recouverte d
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Vive émotion

Décédé lundi dernier dans un hôpital parisien suite à une longue maladie, à l’âge de 86 ans, l’artiste peintre algérien, Choukri Mesli, sera enterré, aujourd’hui, dans sa ville natale, Tlemcen. La dépouille mortelle du défunt — recouverte de l’emblème national —, a été acheminée, directement de l’aéroport international Houari Boumediène vers le palais de la culture Moudfi Zakaria. Ils étaient nombreux, sa famille, ses amis, ses anciens élèves, des artistes et des admirateurs à rendre un dernier hommage à l’un des fondateurs de l’art moderne algérien. Outre la présence de la veuve, des enfants, de la sœur et du frère du défunt, on pouvait apercevoir, entre autres, Nourredine Chegrane, Louisette Ighilahriz, Karim Sergoua, Zoubir Hellal, Jaoudet Gassouma, Nadira Laggoune, Zehira Yahi, Najet Khadda, Mohamed Yahiaoui, Djahida Ouahadef et Djamel Matari. L’ambiance était empreinte de tristesse, de larmes et de souvenirs, irrévocables à jamais. Dans une oraison funèbre, un représentant du ministère de la Culture, Aïssani Hiham, a soutenu que l’«Algérie a perdu un de ses valeureux fils, un pilier de l’art plastique et un homme ayant la stature des grands hommes». Après avoir observé une minute de silence, le fils du défunt, déchiré par la douleur, a rappelé que la source d’inspiration de son père était, justement, le silence. Il remerciera, élégamment, l’assistance d’être venue, ainsi que le ministère de la Culture. Place ensuite à une série d’émouvants témoignages qui ont ému les présents. Au nom des étudiants des arts plastiques, le plasticien Karim Sergoua a révélé que son ancien professeur, Mesli, n’était pas un simple accompagnateur pédagogique, mais aussi un enseignant humaniste. L’artiste peintre Denis Martinez indique que Choukri Mesli fait partie de ceux qui lui ont permis d’être ce qu’il est aujourd’hui. Il rappelle que quand l’Ecole des beaux-arts d’Alger a rouvert ses portes en 1963, sous la direction de Bachir Yelles, il faisait partie de l’époque enseignante aux côtés de Mesli. «Nous étions, dit-il, très peu nombreux du côté algérien. A notre arrivée à l’école, il y avait beaucoup de problèmes, de contradictions et de tendances. Nous voulions que les générations à venir soient des générations fortes dans tous les domaines. Nous voulions multiplier le nombre d’artistes pour renforcer la culture algérienne. Nous avions un double rôle, de pédagogues et d’artistes-peintres. Nous avons créé, aussi, le groupe ‘‘Aouchem’’ en 1967». Denis Martinez témoigne que Choukri Mesli était un excellent pédagogue et qu’il n’y a pas eu de coupure entre l’artiste et le pédagogue. C’était quelqu’un qui aimait la vie. Denis Martinez se souvient que la dernière fois qu’il a vu le défunt, c’était en 2001, à Paris, pour un film documentaire, Choukri Mesli, le peintre et passeur de rêves, réalisé par Mostefa Djadjam. L’orateur regrette, cependant, que le défunt ait été cloîtré chez lui à cause de la maladie et de surcroît en exil. «Il n’a pas pu faire profiter les dernières générations de sa manière de parler et de partager», estime-t-il. Au passage, Denis Martinez n’omet pas de révéler qu’il a été destinataire d’un livre provenant d’Angleterre, réalisé par une Américaine spécialisée dans l’histoire de l’art. Cette dernière a publié un livre intitulé Pourquoi sommes-nous artistes ?, levant le voile sur les cent mouvements artistiques de ces cent dernières années. Un large chapitre est, d’ailleurs, consacré au groupe «Aouchem». Pour sa part, le designer-plasticien algérien, Zoubir Hellal, reconnaît que c’est grâce à Choukri Mesli qu’on a pu ouvrir une école d’art et que beaucoup de générations y ont fait leurs études. Zoubir Hellal a frôlé l’Ecole des beaux-arts d’Alger à l’âge de 15 ans. Il avoue qu’il ne considérait pas Mesli comme son professeur, mais comme son père. «Il nous demandait, affirme t-il, à chaque fois l’origine de nos parents, faisant référence à l’histoire de la peinture algérienne. Il incitait ses élèves à avoir des repères sur le plan de la séquence historique, laquelle formait la culture universelle. Il nous apprenait à avoir une certaine liberté de pensée. Mesli était un homme entier qui nous apprenait à être, nous aussi, entiers comme lui. Je pense que la transmission a été bien léguée. La chaîne n’a pas été rompue.» Pour la plasticienne Djahida Houadef, Mesli reste l’un des pionniers de la peinture algérienne. La nation algérienne a perdu une école et une mémoire. Elle a soutenu que, certes, l’homme a tiré sa révérence, mais que garderons-nous de l’artiste ? Elle avoue que ce qui la rend triste aujourd’hui, c’est de ne pas savoir où trouver les œuvres du défunt. Elle s’est posé, d’ailleurs, plusieurs questionnements dans ce sens- là : «Est-ce qu’il y a une transmission qui est assurée ? Où est tout le travail de Mesli ?» «Nulle part ailleurs», lance-t-elle. Toujours selon elle, Choukri Mesli est un pionnier de la peinture algérienne qui a porté l’art moderne dans l’esprit de la peinture algérienne. «Il faut assurer la transmission, saisir et rassembler le patrimoine national. Où est notre patrimoine ? On ne retrouve nulle part les œuvres des grands artistes algériens. Qu’avons-nous constitué depuis l’indépendance de l’Algérie jusqu’à nos jours ?» tonne-t-elle. Aux alentours de midi, le cercueil de l’artiste peintre Choukri Mesli a été sorti par des éléments de la Protection civile pour être transporté à Tlemcen, et ce, sous des youyous stridents, lancés par sa sœur Fadhéla. Nacima Chabani

Mémoires vivantes d’un révolutionnaire convaincu

Chargé de souvenirs, d’émotions et d’images marquantes dans la vie de son auteur, le livre de Allaoua Daksi, Daksi à cœur ouvert, paru en 2017 aux éditions Scolie, se déclare comme un ouvrage inédit, conçu comme une machine à remonter le temps.
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Mémoires vivantes d’un révolutionnaire convaincu

Chargé de souvenirs, d’émotions et d’images marquantes dans la vie de son auteur, le livre de Allaoua Daksi, Daksi à cœur ouvert, paru en 2017 aux éditions Scolie, se déclare comme un ouvrage inédit, conçu comme une machine à remonter le temps. Usant d’un style simple et fluide, Allaoua Daksi s’est adonné à cœur joie à une tâche ardue, celle de convoquer sa mémoire fertile, en fouillant à la recherche de tous les faits, proches et lointains, aussi anodins soient-ils, qui l’ont marqué dans sa vie. Le livre est aussi l’histoire de la famille Daksi, qui a offert sept frères au mouvement nationaliste, dont le célèbre martyr Abdesslem, dont une grande cité de Constantine porte aujourd’hui le nom. Au fil des pages, que le lecteur peut parcourir sans s’ennuyer, on découvre les origines des ancêtres de l’auteur, qui auraient quitté Séville, en Andalousi, pour se fixer à Constantine au début du 17e siècle. Commencera ainsi un long périple de la famille Bendaks, devenue Daksi, à travers les siècles, jusqu’à l’occupation de la ville de Constantine par les Français. De fil en aiguille, l’auteur, né à la veille de la Deuxième Guerre mondiale, évoque comment il a été influencé très jeune par l’engagement de ses frères dans le mouvement nationaliste. Très méticuleux sur les moindres faits, l’enfant de Zenkat Lamamra, dans la vieille ville de Constantine, se laisse aller dans de longs chapitres pour raconter ses souvenirs épars. Ceux d’une enfance marquée par la distribution des journaux du PPA-MTLD, l’ambiance à l’école coranique, les séances de films au cinéma Nunez (actuel Royal), les cours à l’école Arago, où il était un élève turbulent, mais studieux, les jeux dans les ruelles de Souika et les bagarres entre rivaux du CSC et du MOC. Allaoua ne veut rater aucun détail des années de sa jeunesse fougueuse au lycée d’Aumale (actuel Redha Houhou) et ses bonnes notes en rédaction. «Un espace où fécondent les attentes et les rêves d’avenir», note-t-il. Le déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954 le marquera à vie. Il avait à peine 16 ans. «Le grand jour, tant attendu, tant rêvé, est là, bien présent», écrit-il. Il sera le témoin d’une époque tumultueuse dans l’histoire de sa ville et de sa famille. Le fameux épisode du différend entre Boudiaf et la délégation de Constantine dans le groupe des 22 revient avec insistance, ainsi que les souvenirs de ces moments durs, où les frères Daksi se sont quittés les uns après les autres pour l’exil et le maquis. Premiers liens avec le réseau Jeanson Appelé pour accomplir son service militaire, après des tentatives échouées pour rejoindre le maquis, Allaoua embarque au printemps 1958 pour Marseille, puis débarque à la caserne de Beynes, dans les Yvelines. Il découvre Paris, où il profite des journées de permission pour de longues promenades. C’est là qu’il fera ses premiers contacts avec les responsables du FLN à Barbès. A 20 ans, une grande aventure commence avec la désertion de l’armée, puis la vie en clandestinité et le lien avec le réseau Jeanson, celui des fameux «Porteurs de valises». Une activité très intense dans des conditions éprouvantes, qui prendra fin avec son arrestation en février 1960. L’ouvrage de Daksi consacre de longs chapitres, qui forment un précieux document sur les activités de ce réseau entre 1958 et 1960, dont l’auteur fut un des acteurs les plus en vue. «L’apport de ce réseau à la Fédération de France est inestimable, tant sur le plan matériel, transport et hébergement, que sur le plan financier, avec l’acheminement des fonds collectés au profit du Trésor de l’Algérie en lutte», écrit l’auteur. Dans la partie consacrée au procès du réseau, en septembre 1960, Daksi rend un vibrant hommage à ses amis. «Pourtant, ces justes ont tout donné, ne récoltant à la fin que l’opprobre des leurs, qui les traitèrent de ‘‘traîtres’’, et l’indifférence, sinon la méfiance, de nos autorités, au grand dam des principes de l’ouverture vers l’autre et du partage humain», notera-t-il. Les années suivantes seront passées à la prison de la Santé à Fresnes, puis au camp de Tholl, dans la région lyonnaise. Durant ces séjours, il connaîtra de près des personnalités comme Mohamed Boudia, Bachir Boumaâza et Abdellah Fadhel. Libéré après le cessez-le-feu, il retourne à Constantine pour vivre les retrouvailles avec sa famille à Zenkat Lamamra, la rue aux Huit martyrs, puis le référendum de juillet 1962, la grande joie de l’indépendance et les responsabilités au sein du FLN. Allaoua apportera ses témoignages sur la crise de l’été 1962, après la prise de la ville de Constantine, le 25 juillet 1962, par les troupes du commandant Berredjem El Mili, et les événements tragiques qui suivirent. Ses expériences au sein du FLN, puis au ministère de l’Habitat, seront éphémères. Il se retire pour s’engager dans le secteur privé. Mais l’aventure la plus passionnante que Allaoua va connaître sera dans le domaine sportif, où il sera le premier président de la Fédération algérienne des sports scolaires, puis président de la Fédération algérienne de handball (FAHB) en 1975. Une époque à écrire en lettres d’or dans l’histoire du sport algérien. A 79 ans, Allaoua Daksi n’a rien perdu de sa verve. Son livre, dans lequel ceux nés dans les années 1930 et 1940 se reconnaîtront sûrement, résume les péripéties d’une vie pleine, avec le mérite d’avoir apporté son témoignage pour les jeunes d’aujourd’hui. Cela devrait inciter les «vieux» de sa génération à suivre son exemple. Il serait vraiment temps.                                                                                                         Daksi à cœur ouvert, de Allaoua Daksi. Scolie Editions 2017 – 328 pages- Prix 950 DA.

Par le recours à l’ijtihad, elles sont à l’origine d’une véritable transgression dans l’exégèse islamique

Dans Islamo-féminisme. Des femmes relisent les textes religieux aux éditions Koukou (Alger, octobre 2017), Fériel Bouatta analyse le discours tenu par «des actrices religieuses afin de dégager sa nature et de voir dans quelle mesure il reste situé dans
El Watan - Culture

Par le recours à l’ijtihad, elles sont à l’origine d’une véritable transgression dans l’exégèse islamique

Dans Islamo-féminisme. Des femmes relisent les textes religieux aux éditions Koukou (Alger, octobre 2017), Fériel Bouatta analyse le discours tenu par «des actrices religieuses afin de dégager sa nature et de voir dans quelle mesure il reste situé dans le cadre du religieux, ou bien s’en éloigne pour rejoindre, malgré ce qu’elles en disent, le féminisme laïque, se revendiquant de l’universalité. Et de noter que celles qui optent pour la relecture des textes religieux par la voie de l’ijtihad sont à l’origine «d’une véritable transgression dans l’exégèse islamique, car celle-ci est réservée aux seuls hommes». - Le féminisme qui puise ses fondements dans l’islam que vous étudiez est-il un contrepoids au féminisme qui se prévaut de valeurs universelles telles que l’égalité des droits inscrite dans des lois civiles ? Tout d’abord il faut clarifier ce que l’on entend par féminisme, Il concerne l’ensemble des références et des systèmes de valeurs utilisés pour lutter contre les inégalités et les discriminations subies par les femmes ainsi que le système social qui maintient la suprématie masculine. Cela étant dit, la pensée féministe n’a jamais été monolithique, d’où l’importance de parler de féminisme au pluriel. A titre illustratif, le mouvement féministe en Algérie, dès sa création, va essentiellement s’appuyer sur les lois civiles inscrites dans la Constitution et qui consacrent l’égalité entre les hommes et les femmes, autrement dit sur la notion d’égalité des droits pour contester les discriminations à l’encontre des femmes. Ainsi, elles vont fonder leurs revendications pour l’amélioration de la condition féminine, principalement autour de la question de la refonte du code de la famille, qu’elles perçoivent comme étant l’un des véhicules privilégiés du système social patriarcal. Tandis que le féminisme, qui fait l’objet de notre propos, va, quant à lui, puiser sa légitimité dans les différentes sources de l’islam, considérant que celles-ci portent en elles un message de justice et d’égalité entre les sexes, mais qui a été altéré par des interprétations religieuses, patriarcales, des sources scripturaires. - Ce féminisme représente-t-il une évolution du féminisme, voire une révolution ? Sinon comment qualifieriez-vous ce phénomène qui s’enracine dans plusieurs pays musulmans et occidentaux  ? L’avènement de ce phénomène nous renseigne sur un ensemble d’évolutions qui ont vu le jour ces trente dernières années aussi bien dans les sociétés musulmanes qu’auprès des musulmans d’Occident. Pour comprendre son émergence, certaines données socio-historiques nécessitent d’être évoquées. En effet, à l’instar de tous les courants de pensées, le féminisme musulman n’est pas un phénomène ex nihilo, mais il constitue bel et bien le fruit de l’histoire contemporaine. Autant dire que l’on ne peut pas le comprendre sans la prise en compte du revitalisme islamique que connaissent les populations musulmanes. Cette dynamique transnationale que certains théoriciens qualifient de «réislamisation» a été en partie amorcée par l’islamisme. Rappelons que celui-ci, contrairement à la «réislamisation», recouvre un ensemble de tendances qui ont en commun l’utilisation politique de la religion. Ce qui le conduira à participer à la réactivation des normes religieuses au sein des communautés musulmanes. Cette rétrospective non exhaustive nous permet de mieux situer la genèse du féminisme musulman, mais aussi de mieux comprendre les formes d’appropriation religieuses que la réislamisation rend possible, notamment grâce à la diversité du marché religieux qui la caractérise. En effet, dans un contexte marqué par une pluralité de l’offre religieuse, ni l’islamisme politique, ni l’islam officiel et encore moins l’islam hérité des parents n’ont le monopole du champ discursif religieux. C’est dans ce paradigme où la référence religieuse est réactivée que vont apparaître de nouveaux discours produits par des femmes musulmanes. Elles vont se saisir des textes scripturaires comme instance de légitimité pour remettre en question les conceptions religieuses qui consacrent la ségrégation des sexes et qui les relèguent en arrière-plan, revendiquant de la sorte une égalité dans et par l’islam. Et c’est précisément dans l’apparition de nouvelles figures féministes, qui tout en revendiquant leur adhésion à une tradition du livre, bousculent de l’intérieur  les institutions religieuses, que l’on peut percevoir une forme de révolution. En effet, celles-ci se réapproprient du religieux qui, jusque-là, était un champ essentiellement masculin, pour mettre en place de nouvelles exégèses féminines, qui se saisissent de la catégorie du genre pour l’interprétation des textes sacrés, leur permettant ainsi de rompre avec les conceptions traditionnelles de la femme musulmane et des rôles véhiculés par l’islam normatif. Ainsi, de nouvelles voix vont se faire entendre, qui déconstruisent «la catégorie femme» théorisée par les féministes «traditionnelles» puisqu’elles la considèrent comme un référent monolithique qui essentialise les femmes et invisibilise leur ancrage historique, culturel, social, ethnique et racial. - Féminisme et islam, est-ce compatible  ? Juxtaposable ? Ce débat sur la compatibilité de l’islam avec le féminisme ou bien la juxtaposition du mot féministe et islam a suscité beaucoup de polémiques. En effet, ces deux entités sont souvent entendues comme étant opposées, voire irréconciliables. Cette vison puise ses origines dans l’idéologie coloniale qui présuppose une supériorité occidentale se traduisant, notamment dans le statut réservé à la femme dans les pays colonisés et qui justifierait ainsi la mission civilisatrice promue par l’administration coloniale. Ce présupposé sera réactivé lors des attentats du 11 septembre. Il sera consolidé par la diffusion de la thèse du «choc des civilisations» qui, rappelons-le, postule l’existence d’invariants qui caractérisent les sociétés et les cultures. Et, ainsi, contribuent à les différencier, en considérant que ce ne sont plus les individus qui fabriquent leur culture (bien évidement dans des processus de ruptures, de tension, destruction et innovation), mais c’est plutôt l’immuabilité de leurs cultures qui les fabrique. Cette théorie, qui consacre le relativisme culturel va participer d’une part à véhiculer une vison stéréotypée des femmes musulmanes et de l’islam de manière générale, lesquels sont représentés dans des catégories figées et hors de l’histoire. Et d’autre part, les valeurs universelles -qui n’ont intégré la notion d’égalité entre les sexes que très récemment-, sont perçues dans cette approche comme étant un corpus de valeur essentiellement lié à la civilisation occidentale, de sorte qu’ils ne sont pas transposables à d’autres cultures. Bien qu’il se déploie dans le paradigme religieux, le féminisme islamique va également déranger les tenants de la tradition musulmane qui le perçoivent comme un concept occidental et donc étranger au système de valeurs musulmanes. Et enfin d’autres acteurs interrogeront la légitimité de ses ambitions en tant que courant de pensée. C’est le cas pour certaines féministes universalistes qui vont le réceptionner avec défiance, le considérant comme un islamisme qui ne dit pas son nom. - Comment est né ce féminisme ? Qu’est-ce qui le caractérise ? Ce mouvement, qui se construit d’abord comme un mouvement intellectuel, a vu le jour dans les universités iraniennes durant les années 90, porté par des femmes qui vont revendiquer un certain nombre de réformes sans révoquer le cadre islamique érigé par le régime iranien. Elles se sont inspirées du concept de justice sociale promue par la révolution iranienne et puisée dans la tradition musulmane. Elles vont diffuser leurs travaux dans des revues et des colloques dans lesquels elles démontrent que l’ensemble des schémas et représentations codifiés dans la jurisprudence musulmane, (consolidée au IXe siècle et qui donnera naissance aux principales écoles juridiques), que le fiqh, en tant que corpus juridique qui légitime l’infériorité du statut de la femme, est une construction humaine produite dans un contexte social et historique marqué par le patriarcat. Cette dissociation entre ordre patriarcal et message religieux leur permet de déconstruire l’immuabilité prêtée au fiqh et envisager une réforme dans son cadre qui serait à la fois adaptée aux transformations de l’époque contemporaine et conforme avec l’égalité entre tous les êtres humains sans distinction de race ou de sexe. Autrement dit, les concepts de ce féminisme islamiste sont centrés sur l’interprétation de l’exégèse du Coran et des hadiths en neutralisant les éléments misogynes. - Comment va-t-il se développer ? Ce féminisme, qui s’est déployé d’abord sous la forme d’un courant intellectuel, va se transformer en mouvement social éminemment politique. C’est le cas notamment des théologiennes marocaines qui ont participé à l’élaboration de la réforme de la Mudawana. Elles sont également très actives dans l’Asie musulman tels la Malaisie et le Pakistan. Parallèlement à la naissance de ce courant de pensée, des intellectuelles d’ascendance musulmane établies dans des universités américaines et européennes vont se revendiquer de ce mouvement et produire une littérature scientifique allant dans le sens de cette pensée, mais au-delà de la production d’un discours savant, elles vont également opter pour des stratégies d’action en se constituant en réseaux et collectifs. On peut d’ailleurs citer le collectif national Femmes musulmanes de Belgique qui milite pour une lecture autonome des écrits religieux dans une perspective féministe, mais aussi en contexte européen ; celles-ci militent pour la normalisation de la présence des femmes musulmanes dans l’espace public européen. - Une convergence entre le féminisme dit laïque ou universel et le féminisme d’essence religieuse est-elle concevable ? Le féminisme islamiste est pluriel, certaines de ses actrices puisent leurs références aussi bien dans les écrits que dans les valeurs universelles pour négocier les termes de leur libération, estimant que celles-ci ne sont pas antinomiques. On peut, en effet, considérer que la démarche entreprise par ces deux types de féminisme diffère en termes de corpus mobilisés par chacun d’eux mais qu’ils poursuivent une finalité commune qui est l’égalité entre les hommes et les femmes. Cette convergence d’objectif ouvre la possibilité vers des alliances, cela a d’ailleurs pris forme, notamment dans certains pays où des féministes laïques et islamistes ont travaillé ensemble pour promouvoir leurs droits. C’est le cas notamment pour les féministes au Maroc et en Iran. Cette alliance objective a été également portée dans le milieu intellectuel où plusieurs ouvrages ont été consacrés à la manière avec laquelle ces deux courants de pensée peuvent collaborer et s’enrichir mutuellement. - Comment expliquez-vous que ce féminisme n’a pas trouvé d’intellectuels (les) et universitaires pour le relayer et l’alimenter en Algérie, contrairement au Maroc voisin ? A la différence de pays, tels que le Maroc, le Pakistan et la Malaisie. …Les féministes algériennes ne convoqueront pas le registre religieux pour réclamer un changement dans les rapports sociaux entre les hommes et les femmes. Les pionnières du mouvement féministe algérien qui verront le jour dans les années 1980 trouveront dans les ambivalences du projet nationaliste algérien des outils profanes leur permettant de réclamer un changement en direction de leur statut. En effet, le nationalisme algérien portera à la fois des référents religieux hérités du mouvement réformiste, mais il inclura également dans son idéologie des registres de provenance universelle empruntés aux idéologies séculières. L’autre élément explicatif, selon nous, puise ses origines dans l’histoire coloniale algérienne. Les effets de la politique coloniale en Algérie continueront de peser sur l’Algérie post-coloniale. Cela se traduit dans les faits par l’inexistence de centres de production du savoir religieux, les institutions religieuses ayant été détruites par l’administration coloniale, contrairement au Maroc ou à l’Egypte dont les institutions d’autorité religieuses ont été préservées. Ce qui contribuera dans ces deux pays à la production d’une élite religieuse locale constituée également de femmes théologiennes qui vont pouvoir militer pour leur droit à partir de ce registre. Quant aux femmes algériennes, qui appartiennent à des associations religieuses ou bien à des partis politiques islamistes, ne produisent pas de discours qui remettent en question la ligne de leurs partis, d’ailleurs certaines d’entre elles vont même militer pour le maintien et le renforcement du code de la famille. Nous pensons également que l’expérience islamiste algérienne dans sa traduction violente va d’une certaine manière participer à cette désaffection du religieux par les féministes algériennes. - Une question, plus personnelle. Comment avez-vous été amenée à vous intéresser à ce féminisme, vous qui avez été élevée par une mère féministe laïque  ? Ne considérez-vous pas son combat et celui des Algériennes appartenant à une génération qui a vécu et combattu les affres du terrorisme islamiste et qui militent pour le remplacement du code de la famille par une loi civile comme dépassé ? Mon héritage maternel a été fondamental pour la construction de ma conscience féministe, mais j’appartiens à une autre génération, et donc à une autre Algérie. En effet, contrairement à ma mère qui a vécu dans une Algérie où subsistaient des foyers de laïcité, où cette parole laïque n’était pas encore confisquée par le régime et par les islamistes, son approche constituait un référent opératoire dans les milieux universitaire, culturel et politique en Algérie. Cependant, l’expérience islamiste que va connaître l’Algérie conjuguée à la contre sécularisation menée par le régime pour endiguer les formes contestataires de l’islamisme auront comme conséquence la réislamisation du champ social algérien. Cela étant dit, ma curiosité intellectuelle s’est orientée vers l’observation et l’analyse de ces changements qui structurent le paysage socio-culturel de l’Algérie d’aujourd’hui. Les postures qui appréhendent cette réislamisation comme un recul en termes de droits des femmes, me semblent restrictives car elles occultent les avancées opérées par les femmes algériennes réislamisées aussi bien dans l’espace public que privé. En effet, leurs nouvelles fonctions religieuses, politiques, économiques indiquent d’importants bouleversements dans les rapports sociaux qui sont à l’œuvre. Cela revient à dire que même si pour l’instant les femmes réislamisées ne produisent pas de discours revendicatifs, elles bousculent par leurs pratiques les stéréotypes de la femme dans la tradition patriarcale. D’où cette question dans le cadre de la thèse que j’effectue actuellement : les jeunes femmes universitaires travailleuses algériennes n’expérimentent- elles pas, par les nouvelles fonctions qu’elles occupent, des formes de socialisation du féminisme islamiste ?  

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