Deux histoires, une seule douleur
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Le décor mis en place est une réplique d’une salle d’attente dans une zone de transit d’un aéroport de Paris. Assises sur des chaises, deux femmes attendent leurs vols respectifs, l’une vers Béjaïa et l’autre à destination de Berlin. Bien quDeux histoires, une seule douleur
Le décor mis en place est une réplique d’une salle d’attente dans une zone de transit d’un aéroport de Paris. Assises sur des chaises, deux femmes attendent leurs vols respectifs, l’une vers Béjaïa et l’autre à destination de Berlin. Bien qu’elles ne se connaissent pas, Lydia, de Béjaïa, et Lydia, de Berlin, des rôles interprétés respectivement par Lydia Larini et Lucie Zelger, ont beaucoup de points en commun. Elles traduisent les souffrances, vécues par les deux femmes, tout comme leurs mères, à travers les différents bouleversements historiques qui ont secoué leur pays. La générale de la pièce théâtrale La peur doit changer de camp, de la réalisatrice Lydia Ziemke, une coproduction algéro-allemande, a été présentée vendredi dernier au Théâtre régional de Béjaïa. Le travail de recherche effectué par les producteurs afin de «débusquer» des points de ressemblance dans l’histoire allemande et celle algérienne a abouti à montrer que quels que soient les guerres et les conflits, les traces que ces histoires engendrent sont à la fois douloureuses et enracinées dans les mémoires à travers la crainte et la méfiance. Un sentiment de peur permanent et des blessures encore vivaces ont touché, particulièrement, les deux femmes, chacune dans le sillage de l’histoire de son pays. La violation, le bannissement, l’agression sexuelle, l’exil et la mort sont le lot morbide de cette frange de la société dans l’Algérie colonisée, dans la période de la décennie noire, en Allemagne, déchirée par la crise humanitaire provoquée par la construction du mur de Berlin (1961 à 1989) et en Europe, meurtrie par les ambitions expansionnistes des nazis. L’un des points communs mis en évidence est le socialisme, une expérience sociale, politique et économique vécue aussi bien en Allemagne de l’Est qu’en Algérie à l’ère de Boumediène. Le terrorisme était également au menu des dialogues qui ont tourné sur les planches entre les comédiennes Lydia Larini et Lucie Zelger. Inquiète, Lucie a eu droit à un «éclairage» sur la nature du terrorisme, ses auteurs qui ne connaissent pas de distinction et leurs cibles. La pièce a été ponctuée de morceaux musicaux superbement interprétés par la chanteuse Rahima Khalfaoui. La pièce situe la première rencontre entre l’Algérie et l’Allemagne en 1945, quelque part dans une forêt en Alsace, lors de la Seconde Guerre mondiale, où des Algériens ont été enrôlés par l’occupant français, leur promettant l’indépendance, pour aller combattre l’Allemagne fasciste à l’époque. La guerre terminée, les deux soldats s’entrelacent avant de laisser la scène aux grand-mères, puis aux petites filles des deux combattants pour raconter l’horreur, puis l’espoir. «L’histoire des deux femmes représente une partie des développements historiques en Europe, en particulier en Allemagne de l’Est et en Algérie, qui ont contribué à cette atmosphère», écrit Omar Fetmouche, qui est à l’origine de l’idée du texte de la pièce. Notons enfin que la pièce a voyagé avant-hier au Théâtre régional de Tizi Ouzou et hier, au TNA. Read more