La danseuse algérienne Samara fait vibrer les planches
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Ceci est d’autant plus marqué que le spectacle organisé jeudi au TRO, à l’initiative de l’Institut Cervantès, est animé dans une large mesure par une artiste algérienne, qui a investi ce créneau par passion. Samara, de son nom de scène, a su crLa danseuse algérienne Samara fait vibrer les planches
Ceci est d’autant plus marqué que le spectacle organisé jeudi au TRO, à l’initiative de l’Institut Cervantès, est animé dans une large mesure par une artiste algérienne, qui a investi ce créneau par passion. Samara, de son nom de scène, a su créer la symbiose avec le public le temps d’une prestation qui restera dans la mémoire de beaucoup d’amateurs. Tous les ingrédients y étaient, la fière allure, la grâce, la sensualité, la beauté du geste, mais aussi la force, celle du rythme souvent complexe, ou celle en rapport avec le physique nécessitant presqu'un entraînement de haut niveau pour réussir un jeu de jambes très particulier, mais certainement harassant. La coiffure, mais surtout les costumes sont des éléments esthétiques non négligeables pour donner du sens à l’interprétation et Samara en a «usé» quatre, allant du sombre au lumineux, en passant par le faste de la dorure et le clinquant, ensemble typiquement gitan comme pour mieux marquer la tradition. Les nuances se déclinent aussi dans les expressions du visage pour traduire la multitude des émotions qu’on veut exprimer ou partager. Le partage se fait avec le public, mais aussi avec les autres artistes, car tout cela ne serait rien si on ne tient pas compte de l’accompagnement musical à la guitare par Sergio Matesanz, son complice, cofondateur de sa troupe Amalgama Campania Flamenca, mais surtout du chant qui est à la base de tout avec le duo Ana Barba et Javier Allende. Une des prestations solo de ce dernier a d’ailleurs été fortement ovationnée par le public pour la force de l’interprétation et les flots d’émotions qui s’en dégageaient et qui ont été perçus y compris par ceux qui n’avaient rien compris au contenu textuel. De manière générale, hormis quelques désynchronisations sans incidence sur l’ensemble du spectacle, une véritable osmose a caractérisé le lien unissant la danseuse avec les musiciens. Les artistes composent avec des arrêts nets faisant intégralement partie des œuvres et le genre est tellement codifié que même s’il permet une part d’improvisation, il reste assis un socle de structures musicales sophistiquées et souvent érigées en dogmes. C’est de ce dialogue entre la guitare le chant et la danse que jaillit la résonance qui rend le style accrocheur et Samara en est bien consciente, car elle prend son métier très à cœur. «On ne monte sur scène que si on a quelque chose à dire», devait-elle déjà déclarer en 2013 lors d’une interview filmée accordée à l’APS. Elle venait de produire son premier spectacle, une création intitulée Senderos (chemins ou sentiers), présenté en octobre à la salle Ibn Zeydoun sur invitation de l’AARC. «Un chemin initiatique» sachant à l’avance qu’il lui restera beaucoup de choses à explorer. «Je poursuis, disait-elle, mon chemin avec humilité et sincérité et en plus je ne prétends pas être une ambassadrice du flamenco, car, hormis le fait qu’il n’est pas ma culture de naissance, il est un art très difficile.» L’acquisition des bases est une étape importante, mais la quête de perfectionnement dans ce vaste champ artistique est telle que, se réjouit-elle, même des artistes particulièrement âgés continuent à se produire sur scène par soif d’absolu. Native d’Alger, Samara n’a pourtant pas été éduquée pour aller dans cette voie, car ses parents la destinaient à une carrière professionnelle conventionnelle avec un diplôme en économie. Dans son enfance, elle a néanmoins été initiée à la danse classique. C’est finalement ce côté artistique qui allait influencer ses choix d’avenir. Pour parfaire sa formation, elle devait séjourner à Séville où elle a rencontré des apprenants venus du monde entier. Il y a un engouement planétaire, mais il est difficile de se frayer un chemin dans ce milieu où, en plus de la concurrence, on doit «faire face aux a priori et aux suspicions qui entourent tous ces prétendants qui ne sont pas espagnols ni gitans». Samara met en avant sa sincérité et reconnaît que lorsqu’on respecte les codes, les dogmes et la tradition, on a de fortes chances d’être accepté. Read more