Il était une fois la Révolution
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Malek Bensmaïl, cinéaste algérien qui n’est plus à présenter, auteur de documentaires très remarqués, tels que Contre-pouvoirs, La Chine est encore loin, Le Grand jeu, Boudiaf, un espoir assassiné, ou encore Décibled, à présenté, samedi soirIl était une fois la Révolution
Malek Bensmaïl, cinéaste algérien qui n’est plus à présenter, auteur de documentaires très remarqués, tels que Contre-pouvoirs, La Chine est encore loin, Le Grand jeu, Boudiaf, un espoir assassiné, ou encore Décibled, à présenté, samedi soir, sa fraîche et émoulue œuvre La Bataille d’Alger, un film dans l’histoire enfin, chez-lui à Alger. Une avant-première organisée par Hikayet Films, avec le concours du ministère de la Culture et l’Office national de la culture et de l’information (ONCI). En présence d’anciens techniciens de Gillo Pentecorvo, de réalisateurs, de moudjahidate, notamment Djamila Boupacha… Huit mois après sa sortie mondiale, où il a été salué et encensé partout. Grand prix du Festival du cinéma et de l’histoire, Taroudant (Maroc), première mondiale au Festival international du film documentaire d’Amsterdam (Pays-Bas), première arabe aux JCC de Carthage, Tunis (Tunisie), participation au Göteborg International Film Festival (Suède), Its All True, Sao Paulo et Rio de Janeiro (Brésil), Addis-Abeba Film Festival (Ethiopie) ou encore au Encounters South African Documentary Film Festival (Afrique du Sud). Mais la projection de La Bataille d’Alger, un film dans l’histoire exhalait un parfum nostalgique et une certaine fébrilité dans l’air. Car il portait, non pas sur le «making of», mais sur la genèse du film culte de Gillo Pentecorvo, La Bataille d’Alger (1965). «Ce film est avant tout, plusieurs émotions. Celle de l’enfance. Celle du cinéma. C’est un film qui m’a donné envie de faire du cinéma. Et celle de l’histoire. Le film raconte une histoire réaliste. Et comment il a nourri l’histoire. Un film qui a influencé des forces fascistes et indépendantistes. Il s’agit de rendre hommage à ce grand film et aux acteurs et figurants qui, eux-mêmes, ont été liés à l’histoire. Puisqu’ils ont été torturés et incarcérés par l’armée coloniale française…», présentera Malek Bensmaïl. Cinquante-trois ans après son tournage, Malek Bensmaïl, caméra au poing et à hauteur d’homme, est reparti sur les traces de ce grand film, un incontournable pour les cinéphiles du monde entier. Et presque sacré pour le peuple algérien. Il parle de sa cause, sa révolution, son histoire, son combat contre l’armée coloniale française. Coup de «Massu», les paras marchent sur Alger Et plus précisément, la fameuse et historique «Bataille d’Alger», en 1957, où l’armée française d’alors jouera son va-tout …en guerre. Une sorte de «solution finale», un casus belli déclaré contre une Casbah, résistante, résolue à se sacrifier. Pour démanteler la Zone autonome d’Alger, échappant à son contrôle-structure de l’ALN-FLN durant la Révolution algérienne (1954-1962) créée à l’issue du Congrès de la Soummam tenu le 20 août 1956 et concernant uniquement la capitale-. Alors, le général Massu (Jean Martin) et ses troupes, les belliqueux et impressionnants «paras» (parachutistes), marcheront sur Alger, sur La Casbah. Et puis ces héros, Ali La Pointe, magistralement campé par le regretté Brahim Hadjadj, le Petit Omar, Hassiba Benbouali… La Bataille d’Alger, un film dans l’histoire de Malek Bensmaïl, une coproduction entre Hikayet Films (Algérie), Ciné+, Histoire, Imago Films et Radio Televione Svizera (Suisse), Al Jazeera(Qatar), Radio-Canada et le ministère de la Culture algérien, retrace l’épopée de «La Bataille d’Alger», fait d’armes historique et film culte de Gillo Pentecorvo. Et ce, à travers une débauche d’archives inédites, témoignages-clés de Gillo Pentecorvo, sa femme, Picci Pentecorvo, Yacef Saâdi ayant incarné son propre rôle — chef de la Zone autonome d’Alger — dans le film La Bataille d’Alger, les historiens Mohamed Harbi et Daho Djerbal, Boudjemaâ Karèche, ancien directeur de la Cinémathèque algérienne, Franco Solinas, le scénariste du film original La Bataille d’Alger… Des éclairages, une narration entre Alger, Rome (Italie), Paris (France), New York et Philadelphie (Etats-Unis). Et où la fiction basée sur des faits réels et l’histoire se confondent. La magie de Malek Bensmaïl opère. Un documentaire très brillant, pour ne pas dire étincelant, de par la qualité de l’image et de la photographie et surtout de la fluidité dans la chronologie. Et puis, l’acteur principal n’est autre que La Casbah filmée sous toutes les coutures. De haut par des drones, dans ses patios et autres pittoresques venelles. De superbes images aériennes. Ce flash-back de Malek Bensmaïl est émaillé d’une foultitude d’anecdotes emplies d’émotion. Comme le tournage de la scène de la guillotine. La traversée du couloir de la mort et l’exécution du révolutionnaire était difficile et terrible. Le grand chanteur de chaâbi, Mohamed El Badji, incarnait son propre rôle de condamné à mort à Serkadji. Tous les techniciens de l’équipe de tournage pleuraient. Ou encore la confusion entre le tournage de La Bataille d’Alger et le coup d’Etat du colonel Houari Boumediène. Certains riverains, découvrant des chars se positionner sur les points névralgiques de la capitale, croyaient toujours au tournage de Gillo Pentecorvo. Le film a nécessité huit mois de repérages et 110 000 m de pellicule. Le film La Bataille d’Alger, récipiendaire du Lion d’or à Venise en 1966, a été censuré en France, a été un modèle anticolonial pour les pays africains et surtout pour les Black Panthers, mouvement révolutionnaire de libération afro-américaine, montré au Pentagone, recommandé comme manuel sur la guérilla urbaine, notamment au Irak contre les insurgés… Il a même inspiré une… mode. Celle de la l’uniforme «para» serré, près de la peau. Pour la petite histoire, lors de la promotion Battle of Algiers dans le métro new-yorkais, le slogan incitatif disait : «The Black Panthers seen it. Have you ?» (Les Black Panthers l’ont vu. Et vous ?). Une référence au béret et aux lunettes fumées de l’acteur Jean Martin (général Massu). Le total look des Black Panthers. Un documentaire d’excellente facture à voir. Il est programmé à partir du 3 mai à travers les salles de l’ONCI, Alger, Oran, Constantine, Les Issers… Read more