Leila Guertal : Une nouvelle vie pour les paniers algériens
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C’est autour d’un thé et de gâteaux finement confectionnés que Leila Guertal a organisé, samedi dernier, une exposition-vente de paniers customisés. Elle donne rendez-vous au 15e jour du mois de Ramadhan pour une nouvelle expo mais surtout une nouvelLeila Guertal : Une nouvelle vie pour les paniers algériens
C’est autour d’un thé et de gâteaux finement confectionnés que Leila Guertal a organisé, samedi dernier, une exposition-vente de paniers customisés. Elle donne rendez-vous au 15e jour du mois de Ramadhan pour une nouvelle expo mais surtout une nouvelle collection spéciale Ramadhan et un peu plus tard «plage». Rencontre avec l’artiste. Elle éteint son microphone, pose son stylo... une journaliste qui switche et balance vers une aiguille, du fil, de la colle, du ruban et des perles… Et elle le fait avec amour et plaisir. Elle revit son rêve et fait revivre en même temps le couffin algérien laissé de côté depuis des années. Elle s’appelle Leila Guertal. Elle confectionne des sacs, des paniers sous forme de couffins traditionnels. Pour les fidèles de la radio, une voix connue sous le nom de Leila Belkacem pour la rubrique internationale depuis 1996, intégrée peu de temps après avoir décroché un diplôme de littérature française à l’université d’Alger. Aujourd’hui, elle choisi de passer au travail manuel, artisanal et passionnant. Elle ne signe plus ses papiers, mais ses... paniers. Un travail d’amour et de plaisir. «Quelque chose était enfoui en moi depuis des années. C’était l’art. J’avais cette impression qu’il y avait un appel qui me disait fais quelque chose». Chez elle à Kouba, elle garde le même amour envers le métier mais cette fois-ci, le stress cède sa place à la sérénité. «J’avais envie de revivre mon rêve que j’ai toujours caché. Un rêve, lorsqu’on le vit pas, on l’oublie. Par peur de perdre cet amour pour l’artisanat, le travail manuel, j’ai décidé de décrocher de la radio». En janvier dernier, la retraite proportionnelle lui a été officiellement notifiée. Même si elle garde encore dans le sang le journalisme, elle affiche une satisfaction, le bien- être et surtout la conviction de ce qu’elle vient de choisir. «J’adore ce travail. C’est une sorte de yoga. Je ne suis pas senti un moment dans le regret. Si j’avais pris cette décision il y a quelques années, j’aurais peut-être regretté. Il y avait en fait un sentiment d’inachevé pour la radio, mais aujourd’hui j’ai l’impression d’avoir bouclé la page.» Touche Dans un espace,spécialement aménagé chez elle, elle se donne le temps, la patience et la concentration pour confectionner un panier signé Leila. Pour ses clientes, c’est vrai qu’elles doivent exprimer leur goût, ce qu’elles désirent, mais le dernier mot, la dernière touche lui revient exclusivement. Un peu du sur-mesure mais à sa manière. «Elles ne peuvent pas me bloquer dans une idée mais elles me donnent la tendance.»«Je suis toujours pressée d’aller vers le panier, l’habiller, l’étoffer et ce qui est bien, c’est que je ne vois pas le temps passer. Je suis encore plus pressée de voir le résultat final.» Leila peut consacrer deux heures à un panier comme elle peut rester deux jours. Il y a toujours ce sentiment de savourer l’œuvre finale. Une satisfaction absolue. Rien n’est particulièrement préparé ou programmé à l’avance. Souvent des coup de foudre pour des tissus ou des paniers qu’elle voit dans les magasins. Parfois, elle se laisse bercer par les paniers exposés. «Rarement c’est l’effet de surprise. C’est au fur à mesure que je décide du modèle. Je commence un modèle mais c’est en chemin que je change d’idée pour opter pour d’autres options. En d’autres termes, c’est un travail artistique qui suit le moral, l’humeur et surtout l’inspiration.» Un travail très encouragé par son entourage, ses amis, ses anciens collègues qui ont pris conscience de cette modernité avec un arrière plan ancien ou du traditionnel modernisé. D’ailleurs, cet entourage avait déjà un avant-goût de ce que Leila faisait. «Je confectionnais mes paniers moi-même et je les prenais au bureau, dans des visites familiales. Et tout le monde était épaté de ma production et je recevais d’ailleurs de des commandes...» Mais aujourd’hui, cette touche purement algérienne, Leila veut la faire connaître à l’étranger. Elle qui a fait plusieurs pays étrangers prend conscience que notre produit trouvera largement sa place. Du traditionnel qui a aussi de plus en plus sa place dans notre société. Les femmes particulièrement veulent se distinguer. Identité Une volonté de porter une identité. «Nous avons envie de porter une identité. Une touche moderne sur un travail artisanal, car tout le monde a compris que le travail artisanal à l’état brut ne peut pas être adéquat à la vie pratique.» Leila est convaincue qu’en redonnant vie au couffin traditionnel, c’est une personnalité qu’on donne à la femme. Un sac personnalisé, aucune autre femme ne le porte, qui dit mieux ! C’est une façon d’embellir la femme. C’est une façon de mettre l’art au service de la tradition. Leila respire le désir de faire la maitrise de l’art mais surtout la patience de mieux donner. Elle personnalise à sa façon : touches berbères, khamsa, fleurs, astuces avec de la 3d... mais surtout elle adore la touche africaine. Un continent qui l’a passionnée pendant sa carrière journalistique. D’ailleurs elle nous replonge dans des «souvenirs fabuleux» du journal africain de la Chaîne III. Comme «le difficile n’existe pas» pour Leila, aujourd’hui elle caresse le rêve d’avoir une petite galerie où exposer ses merveilles. «Je ne veux pas Laisser cette confection pour moi-même. Je veux aussi exposer ailleurs, au plan international. Des paniers tunisiens, marocains ont eu du succès, pourquoi pas les nôtres ?» Au 15e jour du Ramadan, une exposition est prévue encore chez elle pour dévoiler sa collection Ramadhan. Des idées, Leila ne manque pas. Pour l’été, une collection plage sera lancée aussi des paniers pour les baptêmes, les mariées… une selection thématique. Read more