Hassan Remaoun : «Pour la création d’un centre de recherche en Afrique»
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«Dans nos relations à l’Afrique, ce qu’il faudrait c’est que justement ça ne se limite pas aux journées commémoratives. Il faut réfléchir à être plus efficaces à l’avenir dans notre effort de connaissances de l’Afrique.» C’est ce quHassan Remaoun : «Pour la création d’un centre de recherche en Afrique»
«Dans nos relations à l’Afrique, ce qu’il faudrait c’est que justement ça ne se limite pas aux journées commémoratives. Il faut réfléchir à être plus efficaces à l’avenir dans notre effort de connaissances de l’Afrique.» C’est ce que l’historien Hassan Remaoun a confié à El Watan Week-end. Selon lui, l’organisation de ce genre de rencontres s’impose. Il a abordé les relations qui existaient entre l’Algérie et l’Afrique subsaharienne pendant la Guerre de Libération nationale à travers le décryptage, mais aussi une lecture du journal du FLN El Moudjahid, qui a joué un rôle important et qui communique une forte masse d’information. «El Moujahid a joué un rôle important dans la diplomatie algérienne puisqu’il a permis de faire connaître à un large public et à de nombreux pays les positions de l’Algérie. Il a permis de faire connaître les luttes qui étaient menées en Algérie, et il a permis aussi de faire connaître les solidarités exprimées en direction de l’Algérie, et les liens forts qui commençaient à émerger entre l’Algérie et l’Afrique, des liens qui, malheureusement, ont été un peu fluctuants par la suite pour des raisons diverses. Parmi ces raisons, bien sûr, il y a les changements générationnels.» Selon le Pr Remaoun, il y a eu un intérêt certain dans les rapports avec l’Afrique : «Nous avons vu des personnalités importantes du FLN voyager en Afrique, nous avons vu aussi beaucoup de responsables africains venir au Caire puis à Tunis, et donc prendre contact avec les responsables algériens, et cette relation a été essentielle parce qu’il fallait surtout ne pas mener la lutte renfermés sur nous même. Il fallait montrer que les enjeux étaient africains, et effectivement, ils étaient africains puisque partout en Afrique, il y avait des luttes de libérations. Et donc, il y a un sentiment de solidarité naturelle qui a émergé, et quand on pense à l’époque les relations avec l’Afrique du Sud, avec l’Angola, le Congo, l’Union des populations camerounaises, même le Ghana, la Guinée ou le Mali ont été importants dans le soutien politique et diplomatique à l’Algérie. Ce sont des aspects à prendre absolument en ligne de compte et qu’il faut rappeler, surtout en ce moment où il y a des crises dans le Sahel.» Et d’affirmer que l’Algérie, en quelque sorte, a aussi une dette envers ces populations qui vivent aujourd’hui des moments extrêmement durs, difficiles : «Et ce sont ces mêmes populations qu’on a sollicité alors qu’elles vivaient dans des conditions déjà difficiles, nous les avons sollicitées lorsque nous en avions besoin et beaucoup d’entre elles ont répondu présent.» Cela dit, pour lui, l’Algérie ne tourne pas pour autant le dos à l’Afrique, il lui manque toutefois une vision stratégique : «Cette vision qu’on a essayé de monter dans les années 60’, qui a été menée dans les premières décennies de l’indépendance avec la création de l’OUA, puis de l’Union africaine, qui a montré que des liens importants se sont constitués entre l’Algérie et l’Afrique. Effectivement, en ce moment, il y a un problème de générations. Ce ne sont plus les mêmes générations qui sont au pouvoir. Il y a des changements générationnels qui ont eu lieu ici, qui n’ont pas eu lieu ailleurs, et effectivement, ce sont d’autres aspirations.» Voyage «Et il n’y a pas eu l’effort qui a été fourni pendant la Guerre de Libération pour prendre contact avec ces générations. Très peu d’Algériens voyagent en Afrique, très peu d’Africains viennent en Algérie en dehors des exilés, des émigrés. Nos universités n’accueillent pas massivement des Africains, les Algériens ne vont pas étudier en Afrique. Alors, il y a des relations humaines qui ont disparu, et vous avez donc des générations qui ont été socialisé autrement par les télés, les réseaux internet, les universités occidentales, qui fonctionnent aussi avec d’autres motivations que celles qui existaient dans les années 60’ et 70’.» Hassan Remaoun préconise que les Africains soient intégrés au sein de la société algérienne, notamment dans les universités, en se mêlant aux étudiants algériens, de telle manière qu’ils puissent vivre ensemble. Cependant, il est bien conscient que pour concrétiser cela, des problèmes d’ordre linguistique doivent être réglés : en Algérie, l’enseignement est surtout arabisé, alors qu’ailleurs en Afrique, l’arabisation est réduite, très restreinte. Mais au-delà de cette problématique, Hassan Remaoun souhaite voir la création d’un centre de recherche sur l’Afrique «qui regrouperaient bien sûr des linguistes (parce qu’il faut connaître les langues africaines, aussi bien les langues écrites que les langues parlées), des anthropologues, des historiens, des économistes, des sociologues, des spécialistes dans différents domaines. Il faut que nous accumulions un savoir sur l’Afrique contemporaine qui puisse nous aider, nous éclairer dans notre démarche, et qui puisse servir aussi les africains, parce que c’est un savoir qui pourrait être utilisé par tout le monde». Read more