Le bûcher des vanités
newsare.net
La «drama» algérienne Ennar El Berda (le feu qui glace), réalisée par Farid Benmoussa et diffusée sur l’EPTV, la chaîne de télévision de service public, se distingue des 18 programmes proposés lors de ce mois de Ramadhan. Dans la même veine quLe bûcher des vanités
La «drama» algérienne Ennar El Berda (le feu qui glace), réalisée par Farid Benmoussa et diffusée sur l’EPTV, la chaîne de télévision de service public, se distingue des 18 programmes proposés lors de ce mois de Ramadhan. Dans la même veine que les feuilletons El Bedra et Chafika de Amar Tribèche et Mawiid Maâ El Kadar de Djaâfar Gacem, la nouvelle série goupillée par Farid Benmoussa, Ennar El Berda (le feu qui glace), se veut être une série dramatique, contemporaine, actuelle et typiquement algérienne. Par opposition aux «dramas» turque, égyptienne, syrienne… Certes, on emprunte leurs «gimmicks». Mais le produit est algérien. Le pitch ? Djazia, une jeune veuve éplorée, quitte sa famille, sa ville et surtout son passé, qui va la poursuivre, la rattraper. Fuir sa réalité. Elle choisit une destination, un destin, une destinée, Alger. Le cœur gros et le bagage léger. Dans un concours de circonstances très usité dans les «dramas». Une recette qui marche encore et toujours. Et cela va très vite. Une conjonction mêlant accident, hôpital, salle d’attente, ambulance, crise cardiaque, angoisse, espoir… Par miracle, Djazia survit. Elle est recueillie par une âme charitable, un bon samaritain, le généreux et élégant petit vieux au look latino, Rabah, tout juste sorti d’une télénovéla (série hispanique «élastique»). Elle réussit à gagner la confiance de cette famile «hôte» et à se faire apprécier. En usant de son charme, de sa matière grise… Et puis, elle commence à prendre de la place, à envahir l’espace et à brasser de l’air. Dans cet entourage, selon toute vraisemblance, indécemment nanti, certains l’apprécient et d’autres se méfient de cette intruse au surprenant entrisme. D’où ce questionnement ambivalent. Qu’est-ce qui motive cette «étrangère», cette mystérieuse Djazia ? Que «fomente»-t-elle ? Que recherche-t-elle ? Nesrine Serghini crève le petit écran Le feuilleton Ennar El Berda de Farid Benmoussa dont le scénario est de Bachir Malek et les dialogues sont signés Aïda Renadi et Abdelkader Guidoum, évolue dans une intrigue allant crescendo. Et de fil en aiguille, se tissent mensonge et vérité, bien et mal, modernité et tradition, espoir et désespoir, amour et trahison, pouvoir et argent, illusion et réalité… Dans le feuilleton Ennar El Berda, le réalisateur met de l’emphase sur les plans et les séquences par des longueurs, pour ne pas dire langueurs dans l’articulation, la transition. Des interludes contemplatifs soutenus par une musique de circonstance. Il insiste sur le silence éloquent. C’est une ponctuation. Il exhibe aussi cette esthétique - la décoration et le décor, le clinquant et le «bling bling», le contraste des couleurs «bollywoodiennes». Et surtout le souci du détail dans son viseur, le point de vue. Le réalisateur nous raconte un conflit de générations. Il filme plutôt des jeunes et surtout leur fraîcheur, leur naïveté, leurs problèmes existentiels, l’addiction à la drogue, leurs actes manqués, le spectre des gens toxiques leur miroitant gloire, succès, opulence, argent facile... Et contrairement à ce que l’on croit, dans Ennar El Berda, ce sont les «méchants» qui crèvent l’écran, le petit bien sûr. Ils sont incarnés, véritablement haïssables, par Nesrine (Nesrine Serghini) et Racim (Akram Djeghim). Mention spéciale. Les deux font la paire. Ambitieux, cupides, vénéneux, «marchant sur des cadavres»… Mais dans ce panier de crabes, des âmes sensibles. Celles des petites gens, positives. Comme le rôle de la grand-mère, campé par Aïda Guechoud, faisant foi mais pas de charbonnier. Celui joué avec justesse par Khaled Benaissa, l’amoureux transi de Djazia mais sensé et prudent, Fella, sa sœur, handicapée motrice mais attendrissante et une belle leçon de courage et de vie. Ennar El Berda est un feuilleton, certes sophistiqué, mais frais et jeune. Read more