Camus revisité par Carme Riera et Fatéma Bakhaï
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Le Musée des arts modernes d’Oran a abrité, dans la soirée de mardi dernier, une intéressante rencontre. Une rencontre animée par l’icône de la littérature catalane, Carme Riera Guilera, et son homologue oranaise, la talentueuse écrivaine FatéCamus revisité par Carme Riera et Fatéma Bakhaï
Le Musée des arts modernes d’Oran a abrité, dans la soirée de mardi dernier, une intéressante rencontre. Une rencontre animée par l’icône de la littérature catalane, Carme Riera Guilera, et son homologue oranaise, la talentueuse écrivaine Fatéma Bakhaï. Ce dialogue littéraire a été organisé par l’Institut Cervantès d’Oran et animé par Inmaculada Jimenez Caballero, directrice de ce centre culturel espagnol. Cet échange s’est notamment focalisé sur l’écrivain, philosophe, romancier, dramaturge, journaliste, essayiste et nouvelliste français, Albert Camus. Né près de Annaba, Camus, prix Nobel de littérature en 1957, a vécu à Alger et à Oran. Sa mère est originaire de Minorque, en Espagne. «C’est la première fois qu’Oran a été citée dans un roman mondialement connu. En 1947, Camus a publié la Peste, un roman qui s’inspire de l’épidémie du typhus qui a sévi dans les années 1940 à Oran», souligne Fatéma Bakhaï. «Camus n’aimait pas Oran, car au moment où il y avait habité, il avait des problèmes de santé, financiers et familiaux. S’il avait vécu à Oran dans une autre période, il aurait dit qu’Oran est magnifique. Il faut faire la différence entre Albert l’homme et Camus l’écrivain. Derrière l’écrivain talentueux et humaniste, il y avait l’homme avec ses défauts et ses qualités», relativise la romancière oranaise. Les Algériens ont reproché à Camus d’être contre l’indépendance de l’Algérie. Dominique Birman, journaliste du Monde raconte une scène à laquelle il avait assisté à Stockholm : «Interrogé par un étudiant algérien sur la justesse de la lutte pour l’indépendance menée par le FLN, Camus avait répondu qu’il a toujours condamné la terreur et qu’il doit condamner aussi un terrorisme qui s’exerce aveuglément, dans les rues d’Alger par exemple, et qui un jour peut frapper sa mère ou sa famille. Il avait dit qu’il croit en la justice, mais qu’il défendrait sa mère avant la justice.» «Il aimait son Algérie à lui, non pas notre Algérie à nous…» Pour Fatéma Bakhaï, «il ne faut pas oublier que c’est un pied-noir. Il voulait que le sort des Algériens soit amélioré, mais il était partisan de l’Algérie française». Dans son premier roman, l’Etranger, le personnage principal tue un Arabe sur une plage algérienne. Fatéma Bakhaï livre sa lecture: «Pour moi, il n’avait pas voulu rabaisser l’Arabe. Ce n’est pas son sujet. Ce roman ne traitait pas de la colonisation. On devra se focaliser uniquement sur son œuvre littéraire qui est magnifique.» De son côté, Carme Riera Guilera, membre de l’Académie royale espagnole, qui a à son palmarès de nombreux prix littéraires, a rappelé que Camus avait pris la défense des Espagnols exilés antifascistes. Il avait aussi démissionné de l’Unesco pour protester contre l’admission de l’Espagne franquiste. Les origines espagnoles de Camus s’inscrivent aussi bien dans son œuvre, des Carnets à révolte dans les Asturies ou L’état de siège, par exemple, que dans ses adaptations de La Dévotion à la croix (Calderon de la Barca) ou Le Chevalier d’Olmedo (Lope de Vega). Dans sa carrière de journaliste, il avait écrit plusieurs articles engagés en faveur de la libération de l’Espagne du fascisme franquiste. Read more