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Mohamed Aïdaoui, plus connu sous le sobriquet de Natsu, a publié récemment aux éditions algériennes Z-Link, le tome 2 de la bande dessinée «Degga». Il est détenteur du Premier prix du Festival international de la bande dessinée d’Alger. Bien qu«J’ai trouvé ma voie, celle de la bande dessinée»
Mohamed Aïdaoui, plus connu sous le sobriquet de Natsu, a publié récemment aux éditions algériennes Z-Link, le tome 2 de la bande dessinée «Degga». Il est détenteur du Premier prix du Festival international de la bande dessinée d’Alger. Bien que médecin de profession, comment avez-vous basculé dans l’univers de la bande dessinée ? Disons que depuis que j’étais petit j’aimais dessiner. Je faisais des dessins partout, entre autres sur des cahiers, sur des feuilles volantes et sur les murs. En grandissant, j’ai continué à le faire, mais parallèlement à mes études. Ayant acquis plus d’assurance, j’ai commencé à poster mes dessins sur internet. Je dois préciser que c’était bien avant l’apparition du réseau social facebook. Je pense qu’à cette époque-là, je devais avoir la vingtaine. Il y avait un forum qui s’appelait ‘‘Accro TV’’ où les fans et les passionnés de bande dessinée aimaient se rencontrer et partager leurs dessins. Me concernant, j’ai été repéré par l’éditeur et journaliste de Z-Link, Salim Brahimi, qui faisait lui aussi ses débuts dans l’édition. Il avait édité le premier numéro du magazine Labstor. Mon futur éditeur m’avait signifié qu’il aimait bien ce que je faisais. Il m’a, alors, demandé si je voulais être édité et j’ai tout de suite accepté. Et c’est à partir de là que l’aventure a commencé. Je voudrais préciser que je suis âgé aujourd’hui de 36 ans et que cela fait assez longtemps que j’ai terminé mes études. Pourquoi avoir attendu neuf ans pour publier le deuxième tome de «Degga » ? Je vous le concède, j’ai beaucoup erré car c’était un projet que je ne voulais pas vraiment éditer. C’était un projet personnel que je voulais partager uniquement entre amis. Je dois reconnaître que mon projet était un peu mal dessiné, de façon non professionnelle. C’était juste pour le forum et internet pour rire. C’était une histoire drôle entre mes potes et moi mais l’éditeur a tout de même tenu à publier cette histoire. Après cette première expérience de publication, je voulais faire autre chose mais ceux qui avaient lu le premier tome me rappelaient, à chaque fois, en me demandant la suite du premier tome. Chaque année, je bossais un petit peu, je lâchais et je reprenais et ce, jusqu’à maintenant. L’histoire de «Degga» s’articule autour de la thématique romancée et imaginaire de la fête du sacrifice du mouton. Ce tome 2 est la suite de l’histoire du tome 1 qui parlait d’un adolescent qui rêvait d’avoir un mouton de combat pour participer à un tournoi. Dans le premier tome, le personnage principal entraîne son mouton pour la préparation du tournoi. Là, dans le tome 2, on se rapproche de l’événement. C’est la veille de ce fameux tournoi. On en apprend un peu plus sur la passé de ses parents. Une sorte de flash- back sur comment ses parents ont passé la fête religieuse de l’Aïd à un certain moment car il y a eu des répercussions sur le présent. Et on apprend un peu sur un éventuel futur où il y a aurait une sorte de milice qui interdirait l’Aïd et qui passerait une sorte de couvre-feu, qui serait contre la pratique de cette fête religieuse. Une fois qu’on lit l’histoire, on comprend mieux la portée du message. C’est un peu irréaliste mais j’espère que cela reste cohérent dans le cadre et dans l’univers de l’histoire. «Degga» se targue, aussi, d’être une histoire truffée de belles parodies. Effectivement mon histoire parodie beaucoup de films, de séries et de dessins animés. Il y a forcément de la fiction. Pour ne rien vous cacher, cela parodie le film Terminator, là où il y a un robot qui vient du futur. Il y a une sorte de mouton robot qui vient du futur. Bien sûr que j’ai essayé de parodier plusieurs univers et des séries de dessins animés connus. Peut-on espérer la sortie du troisième tome d’ici peu ? J’aurais aimé terminer l’ensemble de l’histoire en un seul tome mais il allait être vraiment épais. Donc j’ai dû le fractionner en plusieurs tomes. Je n’ai pas envie de faire l’erreur que j’ai faite avec le deuxième tome. Je pense que le troisième tome sera disponible dans les librairies dans un temps qui n’excédera pas celui du deuxième tome (rires). Concrètement arrivez-vous à concilier votre métier de médecin et celui de bédéiste-dessinateur ? Je pense qu’il y a plusieurs personnes qui arrivent à concilier deux métiers en même temps mais moi je n’ai pas pu y arriver. J’ai dû mettre de côté la médecine, même si on me dit qu’on peut faire les deux métiers. Peut-être qu’on peut faire les deux métiers à la fois mais moi cela me prend beaucoup de temps de dessiner. C’est un travail acharné. Parfois, quand on veut terminer à une date précise, on est obligé de travailler, de passer des nuits blanches. Je ne vois pas comment je pourrais travailler dans un service dans un hôpital et bosser la nuit sur mes planches. Ma carrière de médecin, je l’ai mise en stand-by en espérant améliorer ou démarrer ma carrière de bédéiste illustrateur. Sans prétention aucune, j’en suis à mes débuts dans la bande dessinée. Le chemin est encore long. Donc votre choix est fait, c’est la bande dessinée qui l’emporte ? J’essaye de me dire que le choix est fait mais il y a toujours la petite indécision des parents et des frères qui essayent de me rappeler à l’ordre de temps à autre. C’est frustrant et compliqué à la fois. Personnellement, je pense avoir trouvé ma voie mais quand on suit la raison, on se dit qu’on ne peut pas vivre de ce métier. Il y a, aussi, toujours cette possibilité de se dire qu’on reprendra, un jour, le chemin de l’hôpital. Justement pensez-vous qu’un bédéiste illustrateur peut vivre de son métier ? Je ne dirais pas non mais peut-être bien qu’on peut vivre de ce métier-là. Il faut savoir que j’ai terminé le deuxième tome en décembre 2016 et que cette bande dessinée n’est sortie que lors du Festival international de la bande dessinée d’Alger, en octobre dernier. J’ai comme l’impression qu’on est édité une fois par an. Et avec la publication d’un seul tome par an, ce n’est pas évident de vivre avec cette rente. Si nous arrivons à produire trois ou autre tomes par an et si l’éditeur joue le jeu, je pense que cela serait possible. Mais nous ne sommes pas encore arrivés à ce stade. Pour l’instant nous produisons un tome par an. Pensez-vous que la bande dessinée se vend bien en Algérie ? Ceux qui viennent me voir me disent qu’ils achètent ma bande dessinée. Je pense que c’est le cas de tous mes collègues. Maintenant, est-ce qu’ils sont nombreux ou pas, je n’en sais rien mais je pense, par ailleurs, que cela dépend du prix. Par exemple, ce deuxième tome est à 500 DA et le premier était cédé à 200 DA. Je me rappelle que les premières années avec mon éditeur, on voulait faire une bande dessinée pas trop chère, qui soit accessible à tout le monde, surtout pour les adolescents et les étudiants. J’ai reçu beaucoup de jeunes lors du Festival international de la bande dessinée d’Alger qui s’est tenu en octobre dernier et lors du Salon international du livre d’Alger qui s’est clôturé le 5 novembre dernier, qui sont venus me dire qu’ils aimaient mon histoire mais qu’ils ne pouvaient, hélas, pas acheter la bande dessinée. Donc nous nous retrouvons à leur acheter quelques exemplaires car nous sommes persuadés qu’ils ont envie de lire. Cela me fait mal de les voir ne pas pouvoir lire alors qu’ils m’ont suivi sur le premier tome. Je pense que les acheteurs existent mais qu’il n’y en a pas autant qu’avant. Je pense à mon humble avis que cela est dû à la hausse des prix. Read more











