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Le Caire De notre envoyé spécial LIntrusa (L’intruse), de l’Italien Leonardo Di Constanzo, a décroché la pyramide d’or, le Grand Prix du 39e Festival international du film du Caire (CIFF), qui s’est déroulé du 21 au 30 novembre 2017. En revenMême l’utopie a des limites
Le Caire De notre envoyé spécial LIntrusa (L’intruse), de l’Italien Leonardo Di Constanzo, a décroché la pyramide d’or, le Grand Prix du 39e Festival international du film du Caire (CIFF), qui s’est déroulé du 21 au 30 novembre 2017. En revenant à des thématiques plus humaines, le cinéma italien est en train de marquer un retour remarquable sur la scène mondiale, surtout avec la remontée en puissance de la Mostra de Venise, qui surclasse désormais le Festival de Cannes, très concentré sur le cinéma européen, français surtout, et nord-américain. L’Italie, qui ne semble pas en mesure de se débarrasser du phénomène de la mafia, fait face à beaucoup de problèmes sociaux liés aux violences de cette organisation. Avec calme et finesse, l’Italien Leonardo Di Constanzo explore ces drames à travers le quotidien de La Messeria, un centre de prise en charge d’enfants défavorisés à Naples (sud de l’Italie), où Giovanna (Raffaella Giordano), travailleuse sociale, tente de faire oublier aux futurs adultes l’entourage dur dans lequel ils vivent, aidée par des bénévoles. A Naples, la Camorra impose sa loi et ses silences. Un jour, Maria (Valentina Vannino), l’épouse d’un tueur de cette organisation criminelle, débarque avec ses deux enfants dans le centre que Giovanna gère. Elle ne dit rien sur l’action de son mari et abuse de la bonne volonté de Giovonna qui lui offre le gîte. Un matin, la police débarque et arrête l’époux de Maria, accusé d’assassinat d’un jeune homme. Giovanna est choquée. «Je viens d’apprendre ce matin que cet homme était caché ici», dit-il à l’inspecteur de police qui l’interroge. Le voisinage est également étonné. Que faire ? Giovanna est face à dilemme moral ? Faut-il chasser Maria et ses enfants et les livrer à la rue ? Ou faut-il les garder avec le risque de vider le centre des enfants et perdre sa crédibilité ? Les familles font pression pour que Maria parte, surtout que la femme développe un comportement agressif. Giovanna résiste en avançant l’idée que «le cycle» doit s’arrêter, pensant au futur des deux enfants. La fille de Maria, inquiète par la tournure que prend la situation, se met en colère contre sa mère. Elle porte des bottines rouges. Des pieds déjà dans le sang ? Les éducateurs du centre tentent de la consoler en l’intégrant aux jeux de création des autres enfants. Exercice compliqué. L’avenir d’une fille d’un tueur est-il déjà tracé ? Giovanna a compris que son combat sera de plus en plus difficile. L’utopie a des limites, semble suggérer Leonardo Di Constanza. Son film, servi par des dialogues soignés et une mise en scène parfaite, confirme que les bonnes intentions ne suffisent parfois pas pour faire triompher l’esprit de solidarité. «C’est un film complet qui a réuni tous les éléments du travail artistique dans un style cohérent pour raconter une histoire mettant à l’épreuve les moralités dans une société impitoyable», a souligné l’acteur égyptien, Hussein Fahmy, président du jury, à l’annonce du Grand Prix. Le réalisme qui se dégage du film L’intrusa trouve son explication dans le parcours professionnel même de Leonardo Di Constanza, connu par la réalisation de documentaires tels que Les sept marins de l’Odessa et Un cas d’école. Il a déjà traité de la thématique de l’influence et de la puissance de la Camorra dans son premier long métrage, L’intervallo, sorti en 2012, racontant l’histoire d’un jeune travailleur obligé par la mafia de surveiller une jeune fille rebelle. Ce film a été également tourné à Naples. En 2014, Leonardo Di Constanza a participé au projet collectif d’un court documentaire, Les ponts de Sarajevo, dédié à la ville bosniaque, où plus de 10 000 personnes ont trouvé la mort lors de la guerre des Balkans, au début des années 1990. Read more