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Connue pour avoir effectué un joli travail de photographe sur la fantasia et après avoir publié un ouvrage de référence sur cette pratique ancestrale, Leila Boutamine Ould Ali est revenue avec une collection de tableaux de peinture qu’elle expose en cLeila Boutamine Ould Ali expose ses «Fragments d’un songe équestre»
Connue pour avoir effectué un joli travail de photographe sur la fantasia et après avoir publié un ouvrage de référence sur cette pratique ancestrale, Leila Boutamine Ould Ali est revenue avec une collection de tableaux de peinture qu’elle expose en ce moment au Méridien sous l’intitulé «Fragments d’un songe équestre». En effet, il s’agit bien d’un tout autre univers que celui de la photographie. Si le cheval est toujours présent, l’univers proposé à la vue est par contre d’apparence étrange et où les sujets sont souvent décomposés, désorientés, comme si l’artiste a voulu briser le miroir du réel pour atteindre les strates du rêve. «C’est, confie-t-elle, une exposition de transit dans la mesure où j’ai senti qu’il fallait vraiment que je passe à autre chose, exorciser ses démons, comme on dit. C’est un travail sur les souvenirs que j’avais de cette tradition, sur ce que moi je ressentais de cette tradition, c’est-à-dire sa perfection, son imperfection, son équilibre, son devenir, etc. » Tout réside dans la technique utilisée mêlant des compétences de peintre et de photographe avec une démarche inverse car là ce sont les sujet dessinés qui sont photographiés et réimprimés sur la toile. «Ce n’est pas, explique-t-elle, une technique qu’on a l’habitude de voir. C’est une technique où c’est le sujet lui-même qui choisit son environnement sur des fonds que je construis comme de la peinture contemporaine abstractive.» Cette contemporanéité fait le lien avec l’universel mais l’artiste tient plus que tout à ce que les éléments «typiquement de chez nous» soient représentés en bonne place même si sa démarche vise aussi à désacraliser la tradition mais pour mieux la faire revivre. «On a toujours tendance à idéaliser le passé, à dire que tout ce qui vient du passé est bon mais, tranche-t-elle, ce n’est pas toujours vrai, car la tradition n’est jamais figée et les remarques ou les réflexions constructives qu’on apporte à son sujet peuvent la faire évoluer dans le bon sens.» Le rapport à l’autre est, chez Leila Boutamine, un élément fondamental dans sa réflexion sur son propre art. Un étranger à notre culture va être d’abord être captivé par l’esthétique à laquelle il est habitué avant de s’intéresser aux détails et ce n’est qu’à ce moment-là que la discussion sur les éléments qui nous définissent et qui font partie de notre identité va avoir lieu. Ce point de vue mis en avant pour cette exposition est motivé par la conviction que «nous ne sommes pas archaïques» et qu’«on ne risque pas forcément de détruire la tradition si on s’aventure à la réfléchir autrement». La préoccupation est philosophique mais l’artiste est sûr d’elle-même en disant : «Je m’adresse d’abord à ma société.» Autodidacte, elle est soulagée d’avoir été acceptée par les pairs dont certains ont été, dit-elle, bluffés par les effets auxquels elle a pu aboutir sans utiliser de procédés conventionnels comme la sérigraphie. Certaines images peuvent paraître désaxées mais chez elle le cheval demeure sur son piédestal. Read more