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C’est sur fond d’annonces et d’instructions pour relancer l’économie hors hydrocarbures, mais aussi de notes négatives, que se termine l’année 2017. Une année marquée par des changements superficiels sur le plan économique, sans réformes prL’économie toujours en manque de lisibilité
C’est sur fond d’annonces et d’instructions pour relancer l’économie hors hydrocarbures, mais aussi de notes négatives, que se termine l’année 2017. Une année marquée par des changements superficiels sur le plan économique, sans réformes profondes dont l’urgence a été pourtant soulignée à maintes reprises. Au cours de l’année qui s’achève, l’économie algérienne a continué à fonctionner sans vision stratégique. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui a signé cette année son retour à la tête du gouvernement en pleine saison estivale (août) en remplacement de Abdelmadjid Tebboune (suite à un bras de fer avec le président du Forum des chefs d’entreprises (FCE)), l’a d’ailleurs reconnu en octobre dernier devant les hommes d’affaires de ce forum, les invitant à aider les pouvoirs publics à mettre en place une base de données et une cartographie de l’économie du pays. Cela pour dire qu’en 2017, trois ans après le début de l’épisode baissier des cours du pétrole et de l’aggravation du déficit budgétaire, l’Algérie n’a pas réussi à mettre en place une stratégie susceptible de lui permettre de faire face aux chocs externes. Les résultats sont là aujourd’hui. Au cours de cette année, les difficultés financières du pays se sont aggravées et le problème de gouvernance économique est resté sans solutions en raison de l’absence des réformes. Épuisement du FRR en février L’année 2017 a, en effet, mal démarré, avec l’épuisement du Fonds de régulation des recettes (FRR) dès février. Déjà, entre 2014 et 2016, ce montant est passé de 4400 milliards de dinars à quelque 840 milliards de dinars, alors qu’officiellement, il devrait conserver un montant légal de 740 milliards de dinars. Le gouvernement a bien reconnu ces difficultés. Dans le plan d’action d’Ahmed Ouyahia, rendu public quelques semaines après sa nomination, il est clairement noté que la situation des finances publiques est préoccupante. «Le recul de la fiscalité pétrolière a généré des déficits budgétaires répétés, entraînant la consommation de la totalité de l’épargne du Trésor qui était logée au Fonds de régulation des recettes (FRR) épuisé en février 2017», indique à ce sujet ledit document. Parallèlement, les réserves de change de l’Algérie se sont effritées pour atteindre 98 milliards de dollars (mds USD) en novembre dernier, avec une prévision de 97 mds USD d’ici la fin de l’année. Elles étaient à 102,4 milliards de dollars en septembre dernier. Ce matelas était, pour rappel, de 114,1 mds USD à fin décembre 2016, contre 144,1 mds USD à fin 2015. Résultat : au cours de cette année, la dépense publique s’est tassée et de nombreux projets ont été gelés. Là aussi, le gouvernement reconnaît la gravité de la situation. «Le Trésor public est désormais confronté à un déficit récurrent, et même ces deux dernières années, à une sévère crise de liquidités, entravant les programmes de réalisation», est-il encore indiqué dans le plan d’action du gouvernement. Ce qui explique d’ailleurs le ralentissement de l’activité économique et la réduction du volume des échanges entre les agents (entreprises, ménages, organismes, commerces, etc.), la baisse de la fiscalité ordinaire, de la liquidité et la demande à la consommation. Rien que pour les liquidités, la baisse est évaluée à 72% en juin 2017 pour un montant de 725 milliards de dinars. D’où le recours à la planche à billets et à d’autres mesures conjoncturelles sans réformes structurelles, à l’exemple du recadrage des importations. Gouvernance toujours en quête de réforme Côté gouvernance, le changement tarde à se faire au même titre que sur le plan politique. Les promesses de réformes étaient certes au rendez-vous dans les discours au cours de cette année, mais aussi à travers la promulgation de nouvelles lois (loi d’orientation de la PME et le nouveau code de l’investissement notamment). Mais sur le terrain, pas d’amélioration notable à souligner. Un investisseur privé du secteur des textiles, rencontré à la 26e Foire de la production nationale (FPN), ne manque de le relever. «Il est toujours difficile de faire des affaires en Algérie. Le climat n’a pas évolué en 2017. Les choses ne sont pas claires», regrettera-t-il. Une manière de mettre en exergue les tergiversations du gouvernement dans la mise en œuvre des réformes. Et dire que la lisibilité de la politique économique s’impose, du moment que le cap est mis sur la diversification de la production et des exportations. A ce sujet, également, place était plutôt aux appels et aux promesses. A l’ouverture de la 26e FPN, Ahmed Ouyahia a, encore une fois, assuré la détermination du gouvernement à aider et accompagner les opérateurs privés, notamment ceux qui exportent, sollicitant leur appui pour réduire les importations. «Aidez-nous à réduire les importations pour préserver les réserves de changes et par conséquent l’indépendance financière du pays.» C’est ainsi qu’il s’est adressé à des producteurs privés. Un SOS qui en dit long sur la situation économique du pays et qui expliquerait ce revirement dans certaines positions. Alors qu’il y a quelques années, précisément depuis 2013, les pouvoirs publics n’avaient cessé de prôner le développement des partenariats public-privé, écartant les opérations de privation, mais sans en assurer le cadre légal à cet effet, voilà qu’aujourd’hui, en cette fin d’année, l’on insiste sur l’ampleur des difficultés financières pour justifier cette volte-face traduite par la signature de la charte de partenariat public-privé, prélude à la privation des entreprises publiques. La couleur est donnée à ce sujet et le pas semble franchi, puisque le Premier ministre a affirmé que «l’ouverture du capital des PME publiques sera facilitée». «Nous faciliterons l’ouverture du capital des petites et moyennes entreprises publiques dans le cadre de la législation en vigueur», a-t-il souligné devant le patronat et l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA). Un cadeau ou une annonce de fin d’année signifiant un nouveau virage économique. Attendons pour voir. Read more