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Le groupe Caméléon se produira à la salle Le Maghreb (ex-Le Régent), à Oran, le 17 février, à l’initiative de l’Office national de la culture et de l’information (ONCI), qui a programmé ce spectacle à la veille de la célébration de la JournéUn groupe de charme ancré dans la tradition musicale algérienne
Le groupe Caméléon se produira à la salle Le Maghreb (ex-Le Régent), à Oran, le 17 février, à l’initiative de l’Office national de la culture et de l’information (ONCI), qui a programmé ce spectacle à la veille de la célébration de la Journée du chahid. Ce sera une occasion, mais aussi une épreuve, pour cette formation d’Alger, qui aura à se frotter au réel de la scène oranaise, c'est-à-dire en dehors du succès enregistré sur les réseaux sociaux et des passages remarqués sur les plateaux de télévision. Depuis sa création, Caméléon a enregistré deux albums éponymes numérotés I et II, une façon de faire déjà expérimentée par le mythique Led Zeppelin, mais la comparaison s’arrête là. En effet, on est très loin de la fougue du rock dur du groupe britannique, car Hcen Agrane, fondateur avec son frère jumeau, Hocine, du groupe Caméléon, est plutôt un chanteur de charme, et la quasi-totalité des rythmes privilégiés dans ses compositions sont bien caractéristiques de chez nous. Les influences sont multiples, mais le mélange des genres acquiert chez nos musiciens une dimension particulière, avec une belle dose de création qui les fait un peu s' éloigner, et c’est tant mieux, des styles traditionnels ou folkloriques. C’est aussi, par beaucoup d’aspects, comparable à ce qu’ont fait à leur époque les jeunes chanteurs de la variété algérienne, notamment ceux des années 1970. REPRISE DE NADMAT, DE CHEB NASRO Le fait que cela émane d’un groupe et non d’une formation orchestrale place Caméléon dans l’air du temps et lui confère un cachet spécial. Le répertoire regorge de prénoms féminins et le thème de l’amour est décliné sur plusieurs formes, mais toujours dans le registre platonique. «Lbir» (le puits) est l’une de figures emblématiques du romantisme à l’algérienne qu’on retrouve dans le titre Kounti sghira, kount sghir (nous étions gamins) et ce jeu d’enfant, rehaussé par le son du violon, accentue la nostalgie, mais traduit peut-être aussi une impulsion de départ qui dure encore chez Caméléon comme s’il n’arrivait pas à se défaire d’un paradis perdu malgré les embûches du présent. Dans le titre El âdyan (Les ennemis) le rythme soutenu inspiré du style karkabou sonne comme une colère : «rahoum kathrou fi had zman / ana menhoum rani âyan/ mada bihoum ikhalouna» (ils sont de plus en plus nombreux/ d’eux j’en ai marre/ qu’ils nous laissent donc tranquilles). AHMED WAHBI, LE MENTOR Ce n’est sans doute pas un hasard si du répertoire raï, le chanteur a préféré reprendre le titre Nadmat (elle a regretté) de cheb Nasro, datant de la fin des années 1980, qui dit en substance ârfat belli hya ghalta (elle a su qu’elle avait tort). La thématique textuelle cadre bien avec le style du chanteur, qui s’est également inspiré de la musique, mais sans la reprendre telle quelle, et c’est justement son point fort. A Oran, Caméléon proposera sans doute aussi, hormis les derniers «singles» annonciateurs d’un troisième album, la reprise qu’il a récemment faite du titre de Ahmed Wahbi : Wahran rouhti khsara, et là aussi il ne s’agit nullement d’un mimétisme, mais bien de la reprise d’un titre, mais avec une sensibilité propre doublée d’un travail musical qui donne une autre vie à l’œuvre. «Il faut être honnête, je ne peux pas faire mieux que l’original de Ahmed Wahbi, qui est un artiste immense, mais j’essaye juste d’apporter ma façon de voir et de pratiquer la musique», avait déclaré le leader du groupe lors d’une émission de télévision. Hcene Agrane est nourri de toute cette culture musicale algérienne particulièrement riche et présentant des aspects divers. Si la reprise de Bekhta, toujours avec la même vision, est un hommage aux poètes d’antan (Abdelkader el Khaldi), le titre Selli Houmoumek felâchiya est un clin d’œil à des pratiques traditionnelles plus anciennes. Il faut sans doute saluer les capacités vocales du chanteur, alternant avec aisance les timbres doux et rock pour mieux exprimer les différentes émotions qui se dégagent des thématiques abordées. Au fil du temps, la musique s’est affinée, mais le style demeure. Beaucoup de rythmes, mais aussi des ballades, dont certaines sonnent comme des complaintes, comme c’est le cas avec Kount n’qoul (je disais) pleurant un amour perdu et où khatbouha (ils l’ont fiancée) est synonyme de khatfouha (ils l’ont kidnappée). Comme dans les mots, il suffit de peu de choses pour que les destins basculent irréversiblement: «wella bghat twelli/ qoulou lha tensani» (au cas où elle voudrait revenir/ dites-lui de m’oublier). Read more