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Avec un jeu de guitare spécifique, Eugenio Bennato a sans doute tous les atouts pour faire partie de la lignée prestigieuse des grands chansonniers du 20e siècle. Mais l’auteur-compositeur-interprète italien a plus d’un tour dans son sac, et ses coUn hymne à la solidarité et à la tolérance
Avec un jeu de guitare spécifique, Eugenio Bennato a sans doute tous les atouts pour faire partie de la lignée prestigieuse des grands chansonniers du 20e siècle. Mais l’auteur-compositeur-interprète italien a plus d’un tour dans son sac, et ses compositions parfois déroutantes s’étalent sur plusieurs registres. C’est en tout cas ce qu’il a démontré avec brio sur la scène du TRO, accompagné de son groupe, des musiciens en général polyvalents. Polyglotte, il chante aussi bien dans sa langue maternelle qu’en français, en portugais, en anglais ou en espagnol. La langue arabe déclinée en maghrébin est aussi présente dans son répertoire présenté à l’occasion. Les contenus embrassent un large éventail de thématiques et l’artiste italien n’oublie pas, dans ses élans d’artiste engagé, les marginaux, d’une part, et les drames qui se jouent en Méditerranée, d’autre part. Mais le monde décrit n’est pas uniquement sombre et une certaine joie de vivre se dégage de l’ambiance créée sur scène et rehaussée par une symbiose qu’il a su créer avec le public qui, pourtant, le découvre pour la toute première fois. Une de ses choristes s’avère être une excellente percussionniste, notamment à la batterie, et l’autre vocaliste exécute des pas de danse qui semblent parfois remonter à l’aube de l’Antiquité romaine. Son complice, qui chante en arabe, est en même temps rappeur, mais aussi violoniste, tenant l’instrument, une marque de fabrique, sur son genou, à la manière des musiciens maghrébins traditionnels (andalou, chaâbi, etc.) A la guitare électrique, un autre membre de son groupe exécute autant des riffs, avec des distorsions issues de la tradition du hard rock, que des solos, apparentés au jazz, le tout soutenu par un bassiste qui s’essaye parfois au besoin à la guitare rythmique. On devine aisément l’atmosphère qui peut se dégager d’un tel mélange des genres, entrecoupé par des chansons à l’ancienne, avec parfois des instruments traditionnels, comme la mandoline. Bennato privilégie ainsi, dans un élan de solidarité, les échanges, comme s’il voulait à tout prix élaborer une équation unificatrice d’un monde qui ne cesse de se diviser. Malgré l’harmonie, il ne faut peut-être pas trop chercher une logique à toute cette démarche artistique, motivée beaucoup plus par l’intuition et le feeling que par une volonté de donner un sens ou une orientation stricte à sa musique. Non logic song est, en effet, un des titres phares du spectacle, sans doute un écho au Logical song des Supertramp, le groupe qui a marqué toute une génération des années 1970/1980, mais le clin d’œil s’arrête au titre. N’empêche, Bennato mêle aussi parfois des passages types de la tradition rockabilly représentant la culture américaine des années 1950, à la manière de faire latine, un mélange détonant qui a fait vibrer le public. Le spectacle entre dans le cadre global d’une série d’événements culturels internationaux se limitant au bassin méditerranéen et organisés sous l’intitulé «Italia culture mediterraneo». Ceux-ci devraient s’étaler sur toute l’année 2018, «une année de culture et de dialogue dans la Méditerranée». Le programme pour l’Algérie est confectionné par le ministère des Affaires étrangères italien et son département de la coopération internationale, en collaboration avec le ministère algérien de la Culture, ainsi que l’ONCI. Il concerne plusieurs événements mêlant spectacles de danse classique, de théâtre, rencontres et projections cinématographiques, échanges littéraires et débats sur l’histoire, mais aussi gastronomie, design, etc. Référence à un thème d’actualité, l’Italie n’oublie par ailleurs pas son passé de pays d’émigration à travers un spectacle en chansons, images et réflexions, prévu à la salle El Mougar en juin et intitulé Italiens, quand les émigrés c’étaient nous. Cette initiative est considérée comme «un hymne à la solidarité et à la tolérance» comme l’est, dans une large mesure, le spectacle d’Eugenio Bennato. La prestation de ce dernier est l’une des manifestations programmées en dehors de la capitale. «Nous essayons de décentraliser nos activités vers des villes (Oran, Annaba, Béjaïa) qui ne disposent pas d’antenne du centre culturel italien basé uniquement à Alger et nous allons voir comment, à l’avenir, étendre nos activités en fonction de l’accueil du public», explique Maria Battaglia, directrice de l’Institut italien, agréablement surprise par la réussite du spectacle et le bel accueil qui lui a été réservé. Read more