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La réalisatrice franco-algérienne Lidia Terki signe à travers Paris la blanche, un long métrage à forte charge émotionnelle. Inauguré le 21 avril dernier, le Festival international du film oriental de Genève, qui se poursuivra jusqu’au 29 de ce mGros plan sur les travailleurs immigrés
La réalisatrice franco-algérienne Lidia Terki signe à travers Paris la blanche, un long métrage à forte charge émotionnelle. Inauguré le 21 avril dernier, le Festival international du film oriental de Genève, qui se poursuivra jusqu’au 29 de ce mois, continue de décliner au quotidien sa riche programmation de projections, entre documentaires, courts et long métrages. Des films en rapport direct avec l’Orient dans sa relation avec l’Occident. En compétition internationale, le long métrage Paris la blanche a été projeté, mardi soir, dans la salle de cinéma Langlois-Grûtli de Genève. Ce film dramatique, d’une durée de 1h 26mn, coécrit et réalisé en 2017 par la réalisatrice franco-algérienne Lidia Terki, d’après une idée originale de Colo O’Hagan Tavernier, revient sur l’histoire poignante de l’immigration. Agée de 70 ans, Rékia décide, un beau jour, de fermer sa maison à double tour dans un village en Kabylie pour aller à la recherche de son mari, Nour, campé par l’excellent comédien algérien Zahir Bouzerar. Ce dernier, ratatiné par le poids de ses quarante-huit années d’absence de son pays d’origine, a toujours fait parvenir par le biais de son beau-frère une pension à sa femme pour subvenir aux besoins de ses enfants. Lasse d’attendre le retour de ce mari qui se fait désirer, Rékia, au caractère bien trempé, prend son courage à deux mains — elle qui n’a jamais quitté l’Algérie — pour aller faire la même trajectoire que son mari. La pétillante actrice Tassadite Mandi, alias Rekia, prend le départ à partir du port d’Alger avec cette vue imprenable sur la baie d’Alger. Traînant sa petite valise à roulettes, Rekia est bien déterminée à retrouver son époux pour le ramener à la maison. Sur son chemin, elle croise des âmes généreuses, qui l’aideront dans sa quête. Après avoir mené une petite investigation dans plusieurs lieux où son mari a séjourné, elle finit par trouver la bonne adresse où réside Nour. Ce dernier vit depuis trois ans dans l’un des foyers délabrés de la Sonacotra, qui, rappelons-le, est un bailleur social des travailleurs migrants, créé en 1956. Les retrouvailles sont des plus émouvantes. Malgré les années passées révolues à jamais, le couple semble s’aimer comme au premier jour, mais Rekia se rend très vite compte que son mari est un inconnu à ses yeux. En marge de la société dans laquelle il vit, Nour semble se faire une résolution de continuer à mener son train de vie peinard. Rekia essaye de le convaincre de rentrer au pays pour retrouver ses enfants et ses petits-enfants…, mais en vain. Lui, cet invisible, n’a pas la force de faire le chemin inverse et de rentrer bredouille chez lui. Les dés sont joués pour ce «chibani», qui a émigré dans les années 1960 en France. Profondément déçue par cette décision assassine, Rekia promet tout de même à son mari sur un ton affectueux de le ramener un jour ou l’autre chez eux. Paris, la blanche, de Lidia Terki, est un long métrage à la fois sur l’identité, sur l’humanité, sur les sacrifices de la vie et sur l’amour. Sur un fond musical de oud et de mandole, la narration évolue progressivement au gré de prises de plans bien étudiées et remarquablement filmées. Dans une note d’intention, la réalisatrice a choisi, comme elle le dit si bien, de faire participer dans son film trois langues, le français, l’arabe et le kabyle, découlant de la colonisation, de la pré-colonisation et de l’arabisation de l’Algérie. Lors d’un débat, organisé à l’issue de la projection, la réalisatrice, qui signe là son premier long métrage, a précisé qu’elle voulait absolument tourner son film en Algérie. «Beaucoup de personnes, dit-elle, se sont éloignées de cette baie d’Alger à plusieurs époques de l’histoire. C’est un trajet particulier. Le personnage principal, Rekia, aurait pu prendre l’avion, mais elle a pris le bateau. C’était aussi une manière pour moi de raconter à travers cette femme de 70 ans l’histoire de l’Algérie et des rapports entre la France et l’Algérie. Ce trajet de la Méditerranée par bateau, c’est quelque chose qui est imprimé de tous. Et même ceux qui partent aujourd’hui de la Syrie et de l’Afrique arrivent par la Méditerranée vers l’Europe, la Grèce. C’était important pour moi d’imprimer dans ce début de film, qui est assez muet, toutes ces images qui sont plus ou moins historiques et participent à l’histoire d’aujourd’hui». En fait, le but de Lidia Terki est de ne pas donner des directives. Elle fait un cinéma qui la caractérise, suscitant des questionnements, mais dont les réponses sont de l’ordre de l’humain et de l’histoire. Il est à noter, par ailleurs, que le Festival international du film oriental de Genève propose dans sa 13e édition une centaine de films internationaux, dont 58 sont en compétition dans la catégorie longs métrages, courts métrages et documentaires. L’Algérie est, pour sa part, présente avec quelques films dont, entre autres, En attendant les hirondelles, de Karim Moussaoui, Augustin, fils de ses larmes, Certifié Hallal, de Mahmoud Zemmouri, Enquête au paradis, H’na Barra, de Bahia Bencheikh-El Fegoun et Meriem Achour Bouakkaz, et Je te promets, de Mohamed Yargui. Read more