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Le monde de la culture algérienne est de nouveau en deuil. Sonia, l’une des icônes du 4e art, a tiré sa révérence, dimanche soir, à l’âge de 65 ans, suite à une longue maladie. Elle a été inhumée, hier, au cimetière de Dély Ibrahim, à AlgerUn pilier du théâtre tire sa révérence
Le monde de la culture algérienne est de nouveau en deuil. Sonia, l’une des icônes du 4e art, a tiré sa révérence, dimanche soir, à l’âge de 65 ans, suite à une longue maladie. Elle a été inhumée, hier, au cimetière de Dély Ibrahim, à Alger, en présence d’une foule nombreuse. Difficile de croire à la disparition brutale de cette dame hors pair qui a porté toute sa vie le théâtre algérien dans son cœur et l’a hissé au firmament de sa gloire. Elle a joué dans de grands classiques du théâtre. Son jeu de scène était des plus exceptionnels et sa présence était des plus élégantes. Avec le talent et la modestie qu’on lui connaissait, Sonia savait toucher la fibre du spectateur et le charmer. Cumulant une carrière riche de quarante ans, l’artiste a laissé des empreintes indélébiles pour la postérité. Nullement avare en conseils en direction de la jeune relève algérienne, Sonia se plaisait à lui prodiguer de précieuses recommandations pour le bon déroulement de leurs parcours. Sonia, Sakina Mekkiou de son vrai nom, a débuté sa carrière de comédienne à l’âge de 17 ans. Diplômée de l’Institut national d’art dramatique de Bordj El Kiffan en 1973, membre fondateur de la légendaire troupe «Masrah El Kalaâ», la défunte a joué dans une cinquantaine de pièces théâtrales dont, entre autres, Galou Lâareb Galou, Babor Ghreq et le monodrame Fatma. Elle a évolué aux côtés d’autres monstres de sa génération, à l’image de Azzedine Medjoubi, Abdelkader Alloula, Ziani Cherif Ayad, M’hammed Benguettaf et Tayeb Seddiki. Elle a produit des pièces phares telles que Hadhrya Wel Hawess, Sarkha ou encore Sans titres. La regrettée avait occupé le poste de directrice de l’ISMAS de 2001 à 2004 et des deux Théâtres régionaux de Annaba et de Skikda. Elle était également animatrice du théâtre de l’oref de 2005 à 2006. Elle avait pris sa retraite en 2015 pour mieux se consacrer à ses projets d’écriture et cinématographiques. Sa dernière prestation en tant que comédienne remonte à 2017, dans le film En attendant les hirondelles de Karim Moussaoui. Sonia laisse derrière elle une famille, des amis et un public éplorés. Certains de ses amis de cœur ont tenu à raconter par fragments la vie de cette comédienne intense, connue dans le théâtre contemporain algérien. Pour la dramaturge Nadjet Taïbouni, Sonia était d’une grande générosité et une femme amoureuse du théâtre. «Elle encouragerait les jeunes. Elle était d’une modestie contagieuse. Je lui dois mon amour au père des arts. Ma plume lui est reconnaissante. C’était une humaniste exemplaire et nationaliste hors pair. J’ai mal... Elle n’aimait pas le vide... Elle nous laisse un vide lourd à surmonter», témoigne-t-elle avec beaucoup de tristesse. De son côté, la comédienne Linda Sellam nous confie d’une voix étranglée par le chagrin que Sonia était un grande dame. Une actrice hors pair et une sœur sincère. «C’était, dit-elle, une femme publique très respectée et aimée par son public. L’Algérie a perdu un pilier important». Aussi élogieux sur les qualités de l’artiste, le scénographe Boukhari Habat se rappelle que quand il a commencé à travailler avec elle il y a 18 ans, elle était comédienne dans les Saltimbanques avec Rachid Farès. «J’ai fait la plupart des travaux avec elle, dont entre autres El Djamilette, Yamna, Les martyrs reviennent cette semaine, Le langage des mères. Le dernier spectacle que j’ai fait avec elle est Hadda y a Hadda. Sonia était une femme et une sœur que j’adorais. Le théâtre algérien s’est effondré avec sa disparition.» Abondant dans le même sens, la dramaturge Hamida Aït El Hadj estime qu’il y a eu plusieurs moments forts dans la carrière de Sonia. «Elle a géré l’ISMAS d’une main de maître. Elle a créé une ouverture. Elle a essayé de créer un lien familial entre les étudiants et les professeurs. Sur le plan pédagogique, il y a eu aussi des avancées. Quand elle a été commissaire du Festival du théâtre au féminin, j’ai vu l’engagement de la femme et de l’artiste par rapport aux problèmes de la femme arabe dans le monde. On sentait son engagement. Il y a eu aussi l’évolution d’une comédienne de l’INADC et son devenir en tant que metteur en scène. Il y a eu une évolution formidable dans son style de jeu. Sonia s’est faite remarquer dans plusieurs spectacles intéressants où l’on sentait toute l’expérience de la personne. C’était une femme qui avait un grand talent. Elle avait toute une histoire et tout un bagage qui lui permettaient d’avancer», confie-t-elle. Read more