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Rencontrée dernièrement lors de la 13e tenue du Festival international du film oriental de Genève, en Suisse, la productrice iranienne, Elaheh, nous donne un large éclairage sur la cinématographie iranienne. Propos recueillis Par Nacima Chabani«Le marché intérieur du film iranien se porte bien»
Rencontrée dernièrement lors de la 13e tenue du Festival international du film oriental de Genève, en Suisse, la productrice iranienne, Elaheh, nous donne un large éclairage sur la cinématographie iranienne. Propos recueillis Par Nacima Chabani à Genève (Suisse) Comment êtes-vous venue dans le métier de la distribution de films, vous qui avez à peine la trentaine ? Je dirais que ma passion pour le cinéma remonte à il y a quatorze ans, alors que j’avais à peine 17 ans. Cela a commencé lorsqu’on me demandait souvent de réaliser des sous-titrages de film en anglais. Une langue que je maîtrise assez bien. Petit à petit, je me suis retrouvée au cœur de l’industrie du cinéma. Je suis détentrice, depuis dix ans, d’une licence en commerce international, avec une spécialité dans le domaine du cinéma, qui m’a permis d’allier ma passion pour le cinéma avec mes compétences académiques. Il faut dire que je me focalise depuis un certain temps sur la distribution de films documentaires à l’international, et ce, à travers ma compagnie de production et distribution baptisée «El Image». Cette dernière tente d’offrir une variété de films iraniens sur la plateforme online «Cinando». De même que j’ai ma propre boîte de distribution privée de films basée dans ma ville natale, Téhéran, ville où je vis d’ailleurs actuellement. Le Fifog d’or de la compétition officielle des longs métrages a été décerné au réalisateur iranien Mahmoud Ghaffari pour son film N° 17 Souheila... L’Iran est largement présent cette année au Fifog, avec cinq longs métrages, dont je suis distributrice de deux films sortis en 2017. Il s’agit de Souheila N° 17, une fiction réalisée par Mahmoud Ghaffari, en lice pour la compétition internationale, et Ferrari, d’Alireza Davood Nejad, en lice pour la compétition du Prix de la critique. Je suis venue avec une collègue qui est également distributrice du film Israfil, de Ida Panahandeh, une fiction sortie en 2017, en lice pour la compétition internationale du Fifog. Le réalisateur, Mahmoud Ghaffari, est également présent avec deux autres films, Ceci est un rêve et Hair, deux fictions respectivement sorties en 2013 et 2016, programmées dans la section World Panorama du Fifog. L’Iran ne peut être que fier d’avoir décroché le FiFog d’or pour le film N° 17 Souheila, du réalisateur iranien Mahmoud Ghaffari. Le film en question revient sur l’histoire d’une femme célibataire de 40 ans. Le désespoir la guette tellement qu’elle décide de trouver un mari au plus vite…, mais en Iran, où la religion est au centre de la vie, les choses demeurent assez compliquées. Comme le réalisateur n’a pas pu être présent pour recevoir son prix, il m’a chargée de transmettre le message suivant au public en cas de victoire : «Je suis content de recevoir ce prestigieux prix et je suis aussi très triste de ne pas être parmi vous ce soir. Je suis content que le festival fête la thématique féminine. J’offre le Fifog d’or aux femmes de mon pays qui luttent au quotidien pour leurs droits.» Quel est votre point de vue sur la production cinématographique iranienne actuelle ? Je dirais que la situation du marché du film iranien dépend du genre de films à diffuser. Concernant les films commerciaux, le marché du film à l’intérieur du pays se porte assez bien, excepté pour les films d’auteur et autoproduits, où la situation diffère lourdement. Le marché demeure très moyen et restreint, à l’image de plusieurs autres pays du monde. Pourriez-vous revenir sur les restrictions et la censure des pouvoirs publics sur l’industrie du film en Iran ? Il est clair que les producteurs et professionnels du film sont tenus d’obéir et de respecter les lois et conditions en vigueur dans le pays qu’imposent les pouvoirs publics. Il s’agit bien d’actions de censure qui concernent l’industrie du film dans le pays, ce qui est d’ailleurs le cas de mon film, Ferrari, qui est interdit de diffusion en Iran. La censure touche beaucoup plus les films qui abordent les sujets sur la femme et la condition féminine. Ceci revient au fait que dans le pays les femmes sont soumises et conditionnées, beaucoup plus que les hommes, par les lois religieuses. Des conditions et une situation qui ont été d’ailleurs abordées par les deux films iraniens proposés par ma société de distribution. Existe-t-il un problème de sous-titrage dans l’industrie du film en Iran, sachant que certains de vos films ont été présentés en langue anglaise au Fifog ? L’un de mes deux films, N° 17 Souheila, a été projeté en langue française, alors que le second, Ferrari, l’a été en sous-titrage anglais. Il faut savoir que la raison essentielle est la suivante : nous avons été prévenus de notre participation au Festival international du film de Genève à une période qui coïncidait avec la célébration du Nouvel An. La compagnie a été bousculée par le temps du fait que tous les studios d’enregistrement étaient fermés en temps de fête. Par ailleurs, je tiens à préciser que les traductions ne coûtent vraiment pas cher. Preuve en est, le sous-titrage du film Ferrari coûterait l’équivalent de 1000 à 1500 dollars. L’Iran est-l sollicité fréquemment dans d’autres festivals internationaux ? C’est une tradition que d’être présent chaque année au stand iranien du Festival de Cannes. Cette année, deux films iraniens ont été sélectionnés en compétition officielle à Cannes 2018, à savoir le long métrage en espagnol Everybody knows, d’Asghar Farhadi, et Three Faces, de Jafar Panahi. Ce dernier est déjà assigné à résidence dans son pays pour avoir manifesté contre le régime. Avez-vous déjà participé à des festivals de films algériens ou encore maghrébins ? Pour ne rien vous cacher, au Festival de Cannes j’ai déjà eu l’occasion de rencontrer quelques professionnels du cinéma algérien. Mon rêve est de pouvoir visiter unjour le Maghreb et y présenter mes films dans des pays comme la Tunisie et l’Algérie, dont j’ai beaucoup entendu parler et que j’affectionne particulièrement. Je suis une cinéphile qui regarde beaucoup les films algériens diffusés sur les chaînes de télévision. Read more