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Après avoir édité son premier ouvrage intitulé De Robba à l’arbre de fer, j’écris mon nom, paru en 2013 aux éditions Edilivre, le docteur Driss Reffas vient de signer un second opus consacré aux luttes de la paysannerie prolétaire dans la régioLa Grappe rouge, ou la lutte de la paysannerie prolétaire
Après avoir édité son premier ouvrage intitulé De Robba à l’arbre de fer, j’écris mon nom, paru en 2013 aux éditions Edilivre, le docteur Driss Reffas vient de signer un second opus consacré aux luttes de la paysannerie prolétaire dans la région de Sfisef (ex-Mercier Lacombe) dans les années 1940. La Grappe rouge, roman (114 pages) édité par Dar El Qods, est une rétrospective des luttes sociales ayant marqué l’Algérie de l’entre-deux-guerres, où la population rurale était en grande partie une sorte de sous-prolétariat voué aux travaux les plus rudes et aux conditions de vie des plus misérables. «Pourtant, cette paysannerie prolétarisée, peu qualifiée et souvent surexploitée, ne se manifesta ni dans les luttes du mouvement syndical, où sa place était particulièrement marginale, ni sur les lieux de travail, comme en témoigne la relative rareté des conflits sociaux enregistrés à cette époque», souligne, en préface, Hani Abdelkader, écrivain et archiviste. Vivant sous les oppressantes dispositions du Code de l’indigénat, qui leur interdisait toutes velléités revendicatives, ces ouvriers de l’entre-deux-guerres et leurs luttes sociales restent mal connus à ce jour, explique M. Hani. «D’où l’intérêt de ce témoignage que nous exhume le docteur Reffas sous la forme vivante d’un redoutable roman historique. En respectant les noms de personnes, les dates et les événements, l’auteur restitue aussi fidèlement que possible la vie difficile des ouvriers préparant et exécutant les fameuses grèves de 1937 dans ce petit coin d’Algérie qu’était alors Mercier Lacombe», ajoute-t-il. L’auteur met, en effet, en exergue le rôle prépondérant des militants du PCA et des syndicalistes de l’époque à faire apparaître un engagement anticolonialiste chez les ouvriers agricoles, qui défièrent, en cette année 1937, la puissante caste des propriétaires terriens coloniaux et annoncèrent, à Sfisef, les prémices du mouvement de Libération nationale. Mercier Lacombe a connu, durant les années 1930, une activité politique intense, qui a mis mal à l’aise l’administration coloniale, rappelle Dr Reffas. «De l’ENA au PPA, beaucoup de militants discrets ont réussi à inculquer le sentiment nationaliste à une frange oppressée, malgré le handicap de l’analphabétisme. Les manifestations du 2 mars 1937 et la tentative de mise en place de l’équipe de football du Croissant Club de Mercier Lacombe (CCML), à laquelle le maire s’opposa en 1934 pour ne pas concurrencer le club européen, le MLS, qui a vu le jour en 1932, a laissé apparaitre un engagement politique mûr», révèle-t-il. Pour M. Hani, ce livre, en dépit de toutes les insuffisances dont il peut souffrir, vient donc combler une lacune dans l’histoire locale des luttes des ouvriers agricoles au plus fort de la domination coloniale en Algérie. «La Grappe rouge constitue, de fait, un matériau de travail pour les historiens algériens souvent handicapés par l’indisponibilité des archives, la rareté des publications et l’absence de témoignages», témoigne-t-il. Read more