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May Ziadé, brindille de cèdre en «enfer dantesque»

Dans son 26e roman en arabe, Nuits d’Isis Copia, trois cent et une nuits à l’enfer d’Asfourieh ,l’écrivain algérien pétri d’érudition académique, Waciny Laredj, démontre qu’il est le maestro de la littérature foncièrement humaine. Les
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May Ziadé, brindille de cèdre en «enfer dantesque»

Dans son 26e roman en arabe, Nuits d’Isis Copia, trois cent et une nuits à l’enfer d’Asfourieh ,l’écrivain algérien pétri d’érudition académique, Waciny Laredj, démontre qu’il est le maestro de la littérature foncièrement humaine. Les souffrances des individus, comme les décrépitudes des peuples à travers l’Histoire, ont toujours été ses principales préoccupations romancées. Laredj sait où le bât blesse. L’auteur de 2084, l’Histoire du dernier Arabe, nous exhume l’écrivaine palestino-libanaise, May Ziadé, (1886-1941), de son vrai nom, Marie Ziadé, soixante-seize ans après sa mort au Caire. C’est la vie douloureuse d’une auteure polyglotte et féconde, conçue d’un père libanais, Elias Ziadé, et d’une mère palestinienne orthodoxe, Nazha Mouammar.May s’installa ensuite au Caire en 1908, où son père dirigeait la revue arabe Al Mahroussa. Excellente oratrice, May avait été influencée par Baudelaire, Lamartine, de Bryon, et l’inamovible GibranKahlil Gibran, dont son roman, les Ailes brisées chambarda la fille du Cèdre. Ecrivant sous le nom de plume Isis Copia, cette pionnière du féminisme oriental et fondatrice en 1912 d’un Salon littéraire accueillant d’illustres écri-vains de l’époque, fut accusée, à tort, de démence, pour que ses cousins paternels fassent main basse sur son héritage en terre des Cèdres, à Chahtoul. Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage, comme proclame l’adage. L’Histoire des grandes figures se répète, nous interpelle même : si seulement onze personnes avaient assisté à l’enterrement du mastodonte Karl Marx en mars 1883, à Londres, voilà que la poétesse May Ziadé détrône le philosophe allemand, car n’avaient vu les pelletées de terre lors de son ensevelissement automnal que trois personnes : Ahmad Lutfial-Sayyid, Khalil Moutran et Antoine Al Jamil. Une bougie orientale de cire rarissime, éteinte dans l’oubli et l’ostracisme, la condition féminine d’alors ne fut guère reluisante. Misogynie, patriarcat, et dénigrement de la gent féminine, semblent être des pratiques non encore abolies. L’enfant prodige de Sidi Boudjnane (Tlemcen) puise toute sa puissance narrative à la quête des trois cent et une nuits que May avait endurées à l’hôpital psychiatrique d’Asfourieh, à Beyrouth. Elle ne cessait de crier qu’elle était saine, sobre et consciente. Vainement. May Ziadé, native de Nazareth, fit fleurir, encore adolescence, son premier poème, Les fleurs de rêve. «Ils m’ont fait sortir de ma maison à quatre heures de l’après-midi... Mes proches m’ont jetée à El Ousfouria, asile des fous, pour agoniser puis mourir à petit feu... Je suis votre Sainte Ma-rie, pourquoi donc m’abandonniez-vous ?». La trame fictionnelle suppose l’existence d’un journal intime, écrit par May Ziadé au cours de son internement à Asfourieh. Lequel journal fut caché par l’infirmière Suzanne Blueheart entre deux murs d’une maison habitée par May Ziadé à sa sortie de l’enfer. A l’image du personnage phare des thrillers de Dan Brown, Robert Langdon, deux universitaires joignent leurs efforts durant trois longues années, un homme narrateur, travaillant depuis trente ans au département des Manuscrits (Bibliothèque nationale française-François Mitterrand), et Rose Khalil, femme anthropologue libanaise, reliée à l’université américaine de Beyrouth (AUB). A la traque du manuscrit perdu ou détruit, ils sillonnèrent Le Caire, Rome, Berlin, Vienne, Rome, Paris, Londres, Beyrouth et Nazareth. Un périple périlleux, truffé d’embûches. Et de belles coïncidences, comme ce crash d’avion en partance de Paris à destination du Caire, que les deux chercheurs devaient prendre, mais s’y résignèrent à la dernière minute. Le destin leur décréta un second souffle pour achever leur enquête. L’architecte de la Maison andalouse édifie son œuvre romanesque de pierres narratives polies, d’où jaillissent des proses étonnamment éblouissantes. Isis Copia crache son désarroi, éclabousse son journal d’asile forcé. «L’absence est l’enfer terrestre. J’effleure l’existence. Seigneur, ne suis-je pas ta Sainte Marie ? Pourquoi donc m’abandonniez-vous ? Je flétris entièrement. Je ne peux ni vivre ni mourir... J’écris pour que je ne périsse pas d’étouffement de folie...» Elle s’égosillait à clamer son indemnité psychique. «Je ne suis pas folle ! Je suis juste mélancolique des suites d’une grande perte. Je n’ai pas encore perdu ma raison… Aujourd’hui, j’ai le droit de m’évanouir tel un nuage, au fond de mon amour qui m’a sculptée... Ma vraie famille a cessé d’exister avec la mort de ma mère. Après elle, le grand abîme. Mon monde devint une jungle d’Amazonie, dépourvu de frontières. Ne rôdent qu’obscurité et bêtes féroces. Je suis advenue une femme sans soutien». Suite à la perte de ses parents, May Ziadé se retrouva à la merci de ses cousins paternels, machiavéliques. A chaque page, sa détresse se dresse, s’escrime à vaincre sa dégénérescence. «J’ai bravé le vide toute seule, après que Dieu m’a délaissée, pour que j’affronte le destin qu’il m’a imposé». A l’asile, le médecin, Miller, se déguisant en Georges l’orientaliste, teste sa folie. Etonné qu’elle ait appris à jouer au piano chez les nonnes de Nazareth, se souvenant de Mozart et de Schumann. Elle se plaint de Joseph Ziadé, son cousin, tenu responsable de cet enfermement infernal à Asfourieh, le bien-aimé qui l’a répudiée pour convoler en justes noces avec une Française moins gracieuse qu’elle. A son entrée à Asfourieh, May Ziadé rejeta repas et médicaments, contestant avec véhémence la sentence d’aliénation, fabriquée de toutes pièces. Elle eut même peur qu’on l’assassine par empoisonnement. May Ziadé se remémore de sa conférence à l’AUB, fin octobre 1922, obnubilée par les progrès des Yankees. Elle mentionne moult détails y afférents au gouffre de sa claustration involontaire : l’espace clos, les murs dénudés, le jardin verdoyant, les cèdres, les pins d’Alep, le gigantesque saule, le comportement agressif du personnel médical, la déchéance des vraies folles, les exhortations, les gémissements, les agonies. Bref, un monde lugubre, cruel, déshumanisé. Une fois, May Ziadé demande une chaise, une table, des cahiers et un crayon, pour écrire ses mémoires, mais Mme Choquat, infirmière obèse et dédaigneuse, avec une poitrine plantureuse, s’en moqua éperdument. May la vexa en abordant les bourrelets lipidiques et les parties intimes poilues de Mme Choquat. May Ziadé fut une femme hors du commun, elle adorait la musique, la danse, la sculpture. En face de l’infirmière Suzanne Blueheart, si douce et compréhensive, a contrario de Mme Choquat, May dénonce le climat délétère de la culture arabe, empreinte «d’hypocrisie et de peur du tout ce qui est nouveau… J’écris pour maintenir la flamme bleue qui vacille dans mes tripes... Je suis la femme fatale qu’on ne peut éviter». Sa demeure d’enfance à Nazareth, en face de la Mosquée blanche et l’église, les gazouillis des oiseaux et les encens qui en émanaient, la hantèrent à jamais. Comme les souvenirs de son défunt père. Waciny Laredj, en grand écrivain investigateur, avait même visité le chêne sous lequel May griffonna ses premiers vers. Alors qu’entre Gibran Khalil Gibranvivait, à New York, et May Ziadé, au Caire, naquit une idylle littéraire qui durera dix-neuf années (1912-1931), date de la mort de l’auteur du Prophète, sonnant le glas de cette épopée épistolaire inédite, amour platonique. May, qui s’est entichée de Gibran, qui, une fois décédé, elle se sentit dépaysée, orpheline de tendresse. Pour May, Gibran fut «une lumière, un nuage, un rayonnement... Peu importe si tu m’aimes, mais que tu écrives sur moi pour que je me sente une femme capable de devenir ta bien-aimée éternelle, ton amante, à vrai dire. Folle de toi.... Pourtant, tu ne m’as pas gratifiée de cette chance, au milieu de ton armée de femmes... Où est ma place dans ce jardin parfumé, mon chéri ? Je cours vers toi, pour que je cueille le désir de tes yeux...Gibran, homme flou, le Dieu des pluies et des tempêtes». May Ziadé en voulait aussi à la presse, complice de sa démoralisation, et à ceux qui l’ont laissée dépérir à Asfourieh, telles ces grandes plumes arabes : Taha Hussein, Mahmoud Abbas El Akkad, et Co. Le Syrien Fares Khouri engagea un ex-ministre comme avocat, Habib Abou Shehla, qui mena une bataille judiciaire éprouvée, pour secourir cette femme pesant à peine trente kilos, squelettique de surcroît. Une plaidoirie qui donna ses fruits de libération d’Asfourieh, plus grand asile d’alors au Moyen-Orient. Quelle fierté ! Amine Reyhani la délivre enfin de l’asile effrayant, lui consacrant une maison dans une ferme herbeuse, avec un air pur. Toutefois, May Ziadé se devait de présenter une conférence, prouvant sa salubrité mentale. Ce jour-là, elle enfila son manteau gris, ses cheveux ayant vite blanchi. Dans la salle, elle eut droit à des ovations revigorantes. Malgré les quintes de toux qui déchiraient ses poumons, elle lutta bravement pour survivre à l’abandon. Atteinte de neurasthénie à l’entame de la Deuxième Guerre mondiale, cette «Virginia Woolf» arabe, morte aussi sept mois plus tôt par suicide, dans une rivière anglaise, flanche et ploie sous la dépression, frôlant le suicide, s’en alla avec le goût d’inachevé en termes d’émancipation de la femme orientale. La terre cairote enveloppa son corps, loin de son Liban nostalgique. Nuits d’Isis Copia est un roman débordant de sensibilité, que Laredj sait narrer, très limpide, douloureux, évocateur des grands défis de la condition féminine dans le monde arabe, si frustré, masochiste et bourreau de la création. Laredj est venu rendre justice à l’auteure de Ténèbres et Rayons, dépoussiérant sa mémoire enfouie par préméditation. Waciny Lardej, né le 8 août 1954, de descendance morisque, enseignant à La Sorbonne et à l’université d’Alger, est l’auteur talentueux d’une vingtaine d’œuvres littéraires majeures, traduites en maintes langues, dont les Balcons de la mer du Nord, Femmes de Casanova, Royaume des papillons, Mémoire de l’eau, Fleurs d’amandiers, Livre de l’Emir, Mémoire de l’Aveugle, les Fantômes de Jérusalem, Gar-dienne des ombres, les Ailes de la reine, l’Impasse des Invalides, les Doigts de Lolita, les Cendres de l’Orient. Il est récipiendaire de prix littéraires distingués : prix Cheikh Zayeddes Lettres (2007) et Katara du roman (2015), entre autres.

La spécificité identitaire des deux rives

Le numéro 4 de la revue Le lien, édition 2018, vient de paraître, avec, comme à l’accoutumée, un éditorial de la ministre de l’Education nationale,  Nouria Benghabrit. Fidèle à la logique et à la démarche qui la caractérisent, cette publica
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La spécificité identitaire des deux rives

Le numéro 4 de la revue Le lien, édition 2018, vient de paraître, avec, comme à l’accoutumée, un éditorial de la ministre de l’Education nationale,  Nouria Benghabrit. Fidèle à la logique et à la démarche qui la caractérisent, cette publication allie deux qualités cardinales : la signifiance de sa thématique, en cohérence avec les missions du service ELCO, dont elle est la carte de visite et le miroir, d’une part, et, de l’autre, la hauteur de vue analytique de ses auteurs. Sur la pertinence des objets sur lesquels elle a focalisé l’attention, on observera qu’elle offre comme un florilège de réflexions sur ce qui a trait à la science, à la pédagogie et à la culture, perçues sous l’angle de la dynamique de la production intellectuelle et artistique traversant la Méditerranée du nord au sud et du sud au nord. En cela elle demeure fidèle à son titre, qui connote une passerelle enjambant la Méditerranée. Sur les échanges entre les deux rives, le va-et-vient des hommes et de leurs productions est appréhendé à partir de problématiques dont le dénominateur commun est l’apport fécond de l’un à l’autre. Le professeur Noureddine Toualbi-Thaâlibi, coordonnateur du service ELCO, se penche sur la contribution de l’Algérie à l’enseignement de la langue arabe en France, et, dans une réflexion prospective, dessine des lignes directrices pouvant configurer le profil et le statut de cette langue dans l’Hexagone à brève et moyenne échéances. S’agissant du concours à la recherche en France de l’élite scientifique algérienne, Abderrahmane Tadjeddine, directeur de recherche émérite au CNRS, et Abdelkader Djeflat, professeur à l’université de Lille, montrent l’effort productif d’une intelligentsia algérienne qui stimule la recherche en France et encadre des thèses dans de nombreuses universités algériennes et françaises. Les professeurs, Youssef Nacib et Abdelmadjid Merdaci, se sont intéressés pour leur part à l’aide apportée par le corps enseignant français à l’école algérienne débutante en 1962 et à l’université d’Alger, qui disposait alors d’un personnel enseignant algérien insuffisant en nombre et en qualification. De son côté, la professeure Christiane Achour-Chaulet analyse avec une minutie remarquable l’itinéraire et l’œuvre de Assia Djebar, symbole de rencontre intellectuelle entre les deux rives par la médiation de la langue de Molière, ce qui a valu à la romancière et essayiste son élection à l’Académie française. Dans le domaine de la littérature et des arts, le professeur Rachid Guerbas explique avec pédagogie le sens et l’histoire de la musique andalouse, en évoquant, par la relation d’expériences vécues, le succès de la musique algérienne en France. Pour sa part, Slimane Benaïssa, dramaturge, acteur et metteur en scène, s’intéresse au concept d’identité étudié à partir de son propre vécu théâtral en France. Il traite en particulier d’un problème qui concerne l’émigration algérienne en France : l’arabe dialectal. Son analyse percutante fait écho à la posture défendue sur ce thème pendant deux décennies par le premier dramaturge de l’indépendance : Kateb Yacine. Enfin, El-Hocine Messadek, ancien directeur et fondateur du journal arabophone El-Massa’, décrypte les données et les répercussions de la distribution de la presse algérienne en France. Il voit d’ailleurs dans Le lien un échantillon de cette presse algérienne.

Du talent et des ambitions

Abdelghani Taïbi est venu très tôt à la peinture. Dès ses débuts, il s’est illustré en remportant en 1995 le premier prix lors d’un Salon organisé par la wilaya d’Oum El Bouaghi. Comment est-il venu à la peinture ?, lui avons-nous demandé «J
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Du talent et des ambitions

Abdelghani Taïbi est venu très tôt à la peinture. Dès ses débuts, il s’est illustré en remportant en 1995 le premier prix lors d’un Salon organisé par la wilaya d’Oum El Bouaghi. Comment est-il venu à la peinture ?, lui avons-nous demandé «J’ai appris le dessin dès l’école primaire et j’ai développé mon don grâce à notre professeur de collège. Je dois beaucoup à Rachid Belmechri, qui m’a appris les rudiments de la peinture», nous a-t-il confié. Après ses études, il s’est inscrit à l’Ecole des beaux-arts de Batna, où il a suivi un cursus en études artistiques appliquées. C’est pendant une exposition collective dans le hall de la salle An Nasr que nous avons pris contact avec l’artiste. Une casquette noire vissée sur le crâne, portant une barbe bien soignée, Abdelghani reçoit les visiteurs avec le sourire derrière ses lunettes noires, en vrai intellectuel qu’il est. «Avant d’entrer à l’Ecole des beaux-arts, je n’appréciais pas beaucoup la peinture de Picasso. En réalité, je n’y comprenais rien. Plutôt, j’avais une inclination ou un penchant pour le classicisme. Plus tard, j’ai découvert la portée philosophique et picturale des œuvres de l’auteur de la célèbre toile de Guernica», révèle-t-il. Taïbi, qui avait d’autres cordes à son arc, s’est inscrit à l’université pour l’obtention d’un Master de littérature comparée. «Je m’intéresse à l’intersémiotique pour faire un lien entre la littérature et l’art plastique. Mon thème de prédilection est la comparaison entre l’œuvre de Diderot et la peinture de Picasso», poursuit-il. En outre, Ghani, pour les intimes, s’intéresse de près à la scénographie. Il y a deux ans, il a rejoint le Théâtre régional pour s’initier à la scénographie. «C’est un art très proche de ce que je fais. Je dois beaucoup au scénographe Abderrazak Zaâboub, qui connaît tous les arcanes de cet art et notamment l’art dramatique. Lui-même est artiste-peintre». Taïbi participe de temps à autre aux Salons de peinture pour se frotter aux autres artistes. Il a exposé ses peintures aux Festivals de Tlemcen, d’Alger, d’Oum El Bouaghi, de Skikda et d’autres villes du pays. D’ailleurs, il s’est vu attribuer le premier prix au Festival national des jeunes à Skikda en 2017. Ses tableaux ont pour titre «La biomécanique de la société», «La résurrection», et «Ethas» en hommage à Mohammed Did. Sa peinture est toute tournée vers le symbolisme et le surréalisme, genres dans lesquels il excelle. Ghani, qui a beaucoup de projets en tête, ne compte pas s’arrêter là, mais entend poursuivre son bonhomme de chemin. Ce qui nous pousse à lui souhaiter de grands succès dans son art.

A Ciambra ou le pénible passage à l’âge adulte

Le jeune cinéaste italo-américain Jonas Carpignano aime plonger dans les quartiers lugubres des villes italiennes pour raconter des histoires à échelle humaine. Il a fallu qu’il découvre un lieu marginal de la petite ville côtière de Gioia Tauro,
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A Ciambra ou le pénible passage à l’âge adulte

Le jeune cinéaste italo-américain Jonas Carpignano aime plonger dans les quartiers lugubres des villes italiennes pour raconter des histoires à échelle humaine. Il a fallu qu’il découvre un lieu marginal de la petite ville côtière de Gioia Tauro, dans la région de Calabre, dans le sud de l’Italie, pour trouver suffisamment de matière aux fins d’écrire et de tourner deux longs métrages, Mediterranea, plusieurs fois primé en 2016, et A Ciambra, qui était en compétition officielle au 3e Festival d’Annaba du film méditerranéen. Le personnage de Pio, apparu dans le dernier court métrage de Jonas Carpignano (2014), reprend vie dans A Ciambra (les deux films portent le même titre). Une manière artistique pour le cinéaste de donner une continuité à ses récits et de nourrir ce qui paraît être une trilogie sur les migrants et les minorités, les populations de la périphérie. Pio (Pio Amato), un adolescent Rom de Calabre, veut devenir homme et marcher sur les pas de ses frères aînés qui vivent d’arnaques et de petits larcins. Il fait tout pour être à la hauteur de son frère Cosimo (Damiano Amato), son modèle. Pio est également un enfant, joue avec les autres gamins du quartier au vélo, part parfois se réfugier dans les bras de sa mère. L’emprisonnement de Cosimo avec le père ouvre la voie à Pio pour faire vivre sa famille. Il se sent alors responsable, surtout que sa mère, qui le couvre de tendresse, doit payer une lourde amende pour des factures d’électricité non payées. La vie à la marge a également son prix. Les lignes de la liberté Pio se fait aider par son ami burkinabè Ayiva (Koudous Seihon). Malgré la différence d’âge, il est son confident. Ayiva aide Pio à traverser certaines difficultés. Mais Pio sera-t-il à la hauteur de l’amitié ? Va-t-il trahir ? C’est le dilemme qui se pose à un enfant en phase difficile de transformation vers l’âge adulte. Il doit s’adapter aux règles et aux codes des adultes. Il l’apprendra, à ses dépens, en s’approchant d’un chef de la redoutable mafia locale. La caméra de Jonas Carpignano suit Pio partout dans ses mouvements et ses déplacements. Une caméra qui dévoile l’inconscience de l’enfant et l’univers des gitans où les plus petits peuvent se permettre de boire de l’alcool et fumer devant leurs parents sans gêne. Les lignes de la liberté sont poussées donc jusqu’au bout. La vie à la marge le permet amplement. La démarche cinéaste est de mêler la fiction au documentaire. Les acteurs jouent en fait, pour la plupart, leurs propres personnages. Pio est un enfant que le cinéaste a rencontré alors qu’il n’avait que 7 ans. Le quotidien de Pio a servi de matière dramaturgique pour Jonas Carpignano. Le film, d’une durée de deux heures, est marquant par son réalisme (ou son néoréalisme) en s’appuyant sur le regard intense d’un enfant-adulte qui scrute tout ce qui l’entoure en tentant de percer ses mystères. Dans le monde des Roms La quête de mieux comprendre le monde des Roms est là. D’où la valeur documentaire du film qui montre aussi que les Roms vivent dans de mauvaises conditions sociales et matérielles, sont obligés de se débrouiller pour pouvoir vivre, sont exclus du système social italien. Le long métrage insiste également sur l’importance de la famille chez les Roms, surtout que Pio trouve la protection chez ses sœurs, ses frères et ses parents. Une famille qui le harcèle également. Ayiva travaille, lui, durement pour aider sa fille et sa sœur, restées en Afrique. Le film a également une valeur psychiologique et sociologique puisqu’il entre dans l’intimité d’un adolescent déterminé malgré sa fragilité et son manque d’expérience dans la vie et explore son univers familial (comme cette belle et bruyante scène du dîner chez les Amato). Pio sent qu’il peut soulever les montagnes d’Italie, mais il se rend compte qu’il reste dépendant des autres et de son environnement. Et découvre, grâce à un groupe de ghanéens installés non loin de chez lui, que l’Afrique est le territoire de la chaleur humaine. Comme pour Pio, Jonas Carpignano suit le personnage de Ayiva, déjà présent dans son précédent film,  Mediterranea. En cela, la démarche de ce jeune cinéaste de 34 ans est originale. Elle est inévitablement contemporaine. Avec Jonas Carpignano, on peut croire qu’un personnage continue à vivre après la fin d’un film !

Les bonnes feuilles

Demain, tu viendras avec nous, on verra ce que tu sais faire. Maintenant, laisse-nous. Hafnaoui fut reconduit à sa tente. Il ne pouvait deviner ce qui l’attendait le lendemain et pendant sa première nuit au repaire des bandits, il dormit peu. Il mangeai
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Les bonnes feuilles

Demain, tu viendras avec nous, on verra ce que tu sais faire. Maintenant, laisse-nous. Hafnaoui fut reconduit à sa tente. Il ne pouvait deviner ce qui l’attendait le lendemain et pendant sa première nuit au repaire des bandits, il dormit peu. Il mangeait, de temps à autre, des bouts de galette et de viande séchée, puisant dans un sac qu’on lui avait apporté en début de soirée. Il sortait aussi, par moment, pour s’asseoir au seuil de sa tente scrutant les hommes encore éveillés, réunis en petits groupes autour de feux de bois, discutant en grillant des morceaux de viande au bout d’un bâton ou d’un poignard. Parfois, ses yeux s’égaraient entre les parois des montagnes, puis, plus haut, dans le ciel sans nuages où les étoiles étaient particulièrement brillantes, cette nuit. Le lendemain, le réveil fut agité. - Le jour était à peine levé lorsque les hommes se mirent en selle, prêts à prendre la route. Sabre à la taille, fusil en bandoulière, le regard aiguisé des grands jours, ils n’attendaient que le signal du départ. Hafnaoui se réveilla en sursaut aux premiers hennissements des chevaux. Il avait pris le soin de ne pas quitter ses bottes pour ne pas rester à la traîne pour sa première razzia avec la bande, et lorsque le nuage de poussière soulevé par les hommes d’Amer Ben Lahcen parvint à sa tente, il était déjà à son seuil, debout, le menton haut, mais sans excès, et les mains sur les hanches. Un cavalier se détacha du groupe, traînant derrière lui le cheval de Hafnaoui qui adressa instinctivement un sourire à l’animal. Il se saisit de la bride et, d’un bond, se mit en selle, puis regarda le bandit. - Pour toi, pas d’armes aujourd’hui, annonça l’homme de Ben Lahcen, devinant les pensées de Dayem. - Pas d’armes ! Mais comment pourrais-je…     - Pas d’armes, aujourd’hui. Le bandit tourna bride, rejoignit au galop les autres. Amer leva une main annonçant le départ. La troupe s’ébranla vers la sortie du repaire, bientôt suivie par Hafnaoui Dayem. Les hommes chevauchèrent pendant deux heures avant de repérer au loin un petit groupe de cavaliers, cinq hommes à cheval et sans aucun chargement. - Ces hommes n’ont pas l’air d’être de riches marchands, espérons qu’ils ne sont pas sortis les bourses vides, dit Saad. - Et bien, allons leur demander gentiment, répliqua son chef avant de donner l’ordre aux hommes d’attaquer. Les voyageurs furent rapidement encerclés par les bandits, hurlant et brandissant leurs armes en l’air. Hafnaoui, légèrement en retrait, étudiait attentivement les méthodes de la bande. Dépossédés de leurs armes mais toujours à cheval, les cinq hommes regardèrent en direction du chef qui s’approchait au trot. Ses acolytes s’écartèrent à son passage. - Donnez ce que vous avez, voyageurs, et prolongez votre vie, clama-t-il. Cette sommation faite sur un ton solennel fut néanmoins accompagnée d’un sourire. Mais l’un des hommes encerclés adressa un regard audacieux à Amer. - Va au diable, chien galeux, cracha-t-il. Amer le fixa, les sourcils bien hauts, puis la tête légèrement inclinée sur le côté. L’autre ne s’arrêta pas. - Et si tu es un homme, je te défie au combat devant tes compagnons et les miens, lança-t-il fièrement. Dayem était impressionné. Il regarda Amer guettant sa réaction. Le chef des bandits tira paresseusement un pistolet de sa ceinture, le pointa sur le cavalier qui venait de le provoquer en duel et fit feu. L’autre tomba de son cheval, l’épaule ensanglantée. - Je suis un homme qui n’a aucune patience, cria-t-il, le canon de son arme pointé en l’air. Maintenant, vos bourses. Il se tourna vers les membres de sa bande. - Prenez tout ce que possèdent ces hommes, sauf lui, dit-il en désignant le blessé. Il s’éloigna aussitôt sous le regard étonné des voyageurs. Une heure plus tard, les bandits s’arrêtèrent à nouveau, cette fois, sur une colline. Leur chef, le regard interrogeant l’horizon, était contrarié. - Pas de caravane aujourd’hui, dit-il. - Attendons encore un peu, suggéra Saad. - Cela ne servirait à rien… Les routes ne sont plus ce qu’elles étaient… Depuis qu’il y a ces révoltes. Maintenant il y a cet homme à l’ouest qui attaque les soldats français. Ses hommes sont de plus en plus nombreux. - Il s’appelle Bouamama. - Oui, Bouamama… Amer garda le silence un moment. Bientôt, il n’y aura plus de caravanes… Et nous serons obligés de devenir des gens honnêtes, dit-il à voix haute. Derrière lui, les hommes rirent. Saad sourit. Son attention fut ensuite attirée par un troupeau de moutons qui évoluait en bas de la colline, longeant un cours d’eau. Trois cavaliers, fusils à l’épaule, gardaient le troupeau qui comptait au moins 250 têtes. - Un méchoui pour le déjeuner, ce ne serait pas une mauvaise idée, pas vrai ? suggéra le chef de la bande. Ses hommes approuvèrent bruyamment. - Ils ne sont que trois et ils n’ont même pas de chien, remarqua l’un d’entre eux. - S’ils n’ont pas de chien, je me porte volontaire, proposa Hafnaoui. Amer qui avait presque oublié sa présence, se tourna lentement vers lui. Hafnaoui avança sa monture, emplit ses poumons d’air. - Je peux nous ramener des moutons pour le méchoui, j’irai seul et sans utiliser d’arme… même pas un poignard. En faisant cette proposition, il réussit à retenir l’attention de ses compagnons. Et si Amer avait l’air curieux, on pouvait déjà lire de la méfiance sur le visage de Saad. Comme les autres, il devait être étonné par l’audace du jeune homme, mais il se garda bien de le montrer. - Sans arme, dis-tu ! s’exclama Amer. - Sans arme, confirma Hafnaoui. Et je ne veux même pas que vous interveniez si les bergers me repèrent. Les voix des cavaliers s’élevèrent à nouveau dans un bourdonnement amusé. - Et combien de moutons comptes-tu nous ramener ? demanda un bandit. Le chef se tourna lentement vers lui avec le sourire puis regarda Dayem, attendant sa réponse. - Et bien, un mouton pour deux hommes… Nous sommes 18, cela nous fait 9 moutons. - Et comment vas-tu t’y prendre ? l’interrogea le chef de la bande. - Vous le verrez d’ici… j’ai juste besoin de cordes, beaucoup de cordes. D’un même geste de la main, Amer autorisa le jeune homme à passer à l’acte et ses acolytes à lui apporter les cordes. Sans perdre de temps, Hafnaoui descendit de son cheval. Et pendant que les autres jetaient à ses pieds toutes les cordes qu’ils avaient, il se mit à enlever ses vêtements pour ne garder que son saroual et ses bottes, sous le regard à présent franchement intrigué de ses compagnons. Même Saad ne pouvait plus masquer sa surprise. Dayem s’enroula, l’une après l’autre, les cordes autour des épaules et de la taille. Il tourna son regard en direction du troupeau qui s’éloignait lentement, plissa les yeux comme pour évaluer la distance à parcourir, puis, sans dire un mot, il courut. Les hommes suivirent du regard ce fou couvert de cordes, qui dévalait la colline. Un fou agile, cependant, qui savait, à chaque fois, où mettre les pieds. Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour arriver au pied de la colline, mais, contre toute attente, il s’arrêta brusquement, puis s’engouffra dans un buisson. De loin, on vit des rameaux et des arbrisseaux bouger et au bout d’un moment, l’un des arbrisseaux se détacha des autres, s’éloignant à toute vitesse. Amer fronça les sourcils, mais finit par sourire en s’apercevant que Hafnaoui s’était confectionné un camouflage fait de branches et de feuilles qu’il avait enserrées autour de son front avec une corde. Le bandit traversa rapidement le cours d’eau, se dirigea à toute vitesse vers le troupeau. Il s’approcha, dos courbé, des derniers moutons, et au bout de quelques pas, bondit sur l’un d’eux, agrippa ses pattes et le fit tomber à terre. Il enroula une corde autour des pattes de l’animal pour l’empêcher de se redresser. Une fois la corde nouée, le voleur se leva, et, laissant sa prise sur place, marcha à pas feutrés derrière le troupeau. Quelques instants plus tard, il sauta sur un autre mouton, l’attacha aussi solidement que le premier et le laissa derrière lui, immobilisé au sol. Il faisait en sorte que chacune des bêtes attachées, soit dissimulée derrière un roc ou un buisson. Il devait à chaque fois choisir la proie et l’abri. Hafnaoui en était déjà à son quatrième mouton et, à la tête du troupeau, les bergers qui devisaient calmement ne pouvaient se douter qu’un arbrisseau les suivait au pas, immobilisant, l’un après l’autre, les derniers moutons du troupeau. - Cet homme est le diable, murmura Amer Ben Lahcen. Derrière lui, les hommes savouraient volontiers cette parenthèse offerte par Dayem. On riait, on jurait et on se défiait. - Deux pièces d’or qu’il se fera repérer avant le neuvième mouton. - Pari tenu. Leur complice attacha son cinquième mouton, mais au sixième, il s’immobilisa. L’un des bergers venait d’arrêter son cheval. Comme s’il avait soupçonné quelque chose, le cavalier, un long fusil à l’épaule, avait laissé ses deux compagnons avancer, regardant vers l’arrière du troupeau. - Les choses risquent de se compliquer pour notre ami, dit Amer à Saad. Entendant cette phrase, un homme se saisit d’un fusil, prêt à le pointer sur le berger, mais le chef l’arrêta d’un geste de la main. - On avait dit pas d’intervention. La scène qui se déroulait en bas de la colline et sur laquelle les brigands avaient pleine vue, leur imposa un silence total. D’un côté du tableau, on voyait le jeune voleur, sous son camouflage, allongé, le bras posé sur un mouton, une main enserrant sa corne, et, de l’autre, un cavalier armé regardant dans sa direction sans le voir. Hafnaoui, en sueur et haletant portant déjà de nombreuses écorchures sur le corps se savait seul. Il espérait surtout que la vigilance du berger retombe avant que ne passe le dernier des moutons, car, à ce moment-là, l’homme à cheval aurait une meilleure vue et pourrait être alerté par une brassée de laine mal dissimulée. Les grosses moustaches du chef des bandits se retroussèrent. A côté de lui, Saad était figé. Leurs acolytes, spectateurs muets, attendaient le dénouement de la scène.

Lorsqu’on est passionné, on est déjà un peu un héros

Les scènes de votre premier roman, Complot à Alger (2007) se déroulent durant la période ottomane. Le dernier, Promesse de bandit (éditions Frantz Fanon) a pour cadre l’époque coloniale (fin XIXe siècle). Pourquoi cet attrait constant pour l’histoi
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Lorsqu’on est passionné, on est déjà un peu un héros

Les scènes de votre premier roman, Complot à Alger (2007) se déroulent durant la période ottomane. Le dernier, Promesse de bandit (éditions Frantz Fanon) a pour cadre l’époque coloniale (fin XIXe siècle). Pourquoi cet attrait constant pour l’histoire ? C’est un genre que j’apprécie particulièrement. C’est quelque chose d’assez subjectif, en réalité. Le passé, comme contexte pour un roman, octroie un certain nombre de possibilités que le présent ne donne pas, notamment sur le plan esthétique. Dans Complot à Alger, comme dans Promesse de bandit, c’est le décor d’une époque éloignée et l’allure des personnages que je trouve intéressants. On est quelque peu dépaysé dans les deux cas, qu’il s’agisse d’un palais habité par un dey ou d’un espace désertique peuplé d’aventuriers, de cavaliers fougueux et traversé par des caravanes chargées de marchandises. De plus, je voulais raconter une histoire dans laquelle les Algériens sont les maîtres de leur destin dans leur propre pays, à une époque où celui-ci était dirigé par des étrangers. Des Algériens qui ont leur propre personnalité, qui ont confiance en eux. Je pense qu’il est intéressant de raconter des histoires qui se passent à l’époque coloniale, mais dans lesquelles l’occupant joue un rôle secondaire et où les Algériens sont décrits autrement que comme des gens opprimés ou résistants. L’histoire est celle d’un bandit en herbe qui est contrarié dans ses projets. La bande dans laquelle il est enrôlé était aux prises avec l’armée coloniale. Les personnages, au demeurant ordinaires, avaient participé à leur manière à la résistance contre l’occupant, menée à la même période par Bouamama, chef des Ouled Sidi Cheikh el ghraba... Personne n’aime l’occupant français dans ce récit. Les bandits menés par Ben Lahcen ne reculent devant rien pour dépouiller les voyageurs de leurs biens, qu’ils soient Algériens où Européens. Mais ils sont particulièrement hostiles à l’occupant français et, comme on peut le constater dans le roman, ils éprouvent une certaine satisfaction lorsqu’ils réussissent à infliger des coups douloureux aux soldats français. Evidemment, ces brigands ne sont pas animés par un sentiment de patriotisme, mais leur aversion envers l’occupant est instinctive et ils savent parfaitement que ces soldats étrangers n’ont rien à faire dans leur pays. Parallèlement, la révolte de Bouamama, même si elle est plus ou moins lointaine de leur repaire, leur pose un sérieux problème, puisqu’elle a eu pour effet de renforcer la présence militaire sur une partie de leur terrain de chasse. Elle a également fait que les caravanes chargées de marchandises se fassent plus rares. Même chose pour les Européens de passage dans la région, incluant les Espagnols qui, et c’est un fait historique, récoltaient l’alfa dans la partie ouest du pays, à l’époque où la révolte de Bouamama gagnait du terrain. En somme, les bandits n’aiment personne, mais ils détestent particulièrement les soldats français. Et c’est précisément parce qu’ils se sentent pris en étau qu’ils décident d’organiser un grand coup, une opération spectaculaire que je n’évoquerai pas ici pour ne pas gâcher l’histoire aux lecteurs. Des personnages, comme le peintre Dinet ou même des héros locaux, apparaissent furtivement au fil du récit... Effectivement, l’objectif est double, en réalité. D’abord, il s’agit de planter réellement le décor de cette époque. La rencontre furtive, et tout à fait fictive, avec Etienne Dinet, mais aussi la mention faite au sujet de la construction encore inachevée d’une tour métallique en plein cœur de Paris par un certain Eiffel qui a promis de la livrer l’année suivante sont autant de repères pour le lecteur plongé dans un monde désertique fait d’espaces pierreux et d’horizons infinis. Il y a aussi le passage qui évoque les héros Abba et Mokhtar Ben Mofok, des chevaliers connus pour leur bravoure, respectivement à Laghouat et à Djelfa et là, c’est un repère un peu plus personnel, car c’est mon défunt père qui me parlait de ces deux héros et c’est, en quelque sorte, un hommage que je lui fais en les évoquant dans un roman. Il y aussi, bien sûr, la révolte de Bouamama qui représente un autre repère historique pour le lecteur. En fait, dans cette région des Haut plateaux, dans un décor, en apparence, désertique, il y a une foule de personnages et une succession d’événements et c’est presque étouffant pour les bandits qui sillonnent la région et surtout pour le personnage principal, Hafnaoui Dayem. En parlant de repère historique toujours, il y a aussi, dans la dernière partie, une sorte de clin d’œil aux Algérois en particulier et à leur histoire récente. En résumé, le fait d’intégrer des repères réels dans un récit fictif est à même de lui conférer  davantage d’épaisseur et une certaine vraisemblance utile. C’est du moins ce que je crois. Le réalisme dans une histoire fictive est un élément très important. Vous avez fait le choix de sortir de la ville qui est devenue le décor obligé des jeunes romanciers algériens. Vous avez préféré les vastes paysages steppiques. On constate d’ailleurs votre maîtrise de la géographie et de l’histoire de ces régions dont, je pense, vous êtes originaire. Le choix n’est donc pas fortuit ? En fait, je suis né à Alger, dans un quartier populaire où il y a, du reste, beaucoup d’histoires à raconter. Mon premier roman parle d’ailleurs d’Alger, à l’époque ottomane. L’histoire est fictive, mais il est toujours agréable de situer une histoire dans une ville que nous connaissons et dans laquelle nous vivons. Mais je ne suis pas qu’Algérois. Je suis d’origine de Djelfa, une wilaya où je ne me suis rendu qu’une douzaine de fois, à peu près, mais dont je connais pas mal de choses à travers ce que me racontaient mes parents. Dans mon roman, je ne précise pas où l’aventure se passe, dans quelle wilaya exactement. Je parle plutôt de la région des Hauts Plateaux, en général. J’avais en tête, en écrivant Promesse de bandit, des histoires puisées dans le vécu des gens de cette région, racontées par mes parents. Des récits d’aventures, mais aussi des histoires amusantes, parfois. Des histoires de chevaliers audacieux, de fantasia et celles d’aventuriers rusés qui se tirent toujours d’affaire en trouvant l’idée qu’il faut au bon moment. Des histoires de bandits aussi. Et le personnage de Hafnaoui Dayem est un peu une sorte de mélange des personnages de ces récits. Il y a aussi le paysage des Hauts Plateaux qui est particulier, car ce n’est ni celui du grand désert de sable, ni celui du nord du pays. Dans certaines régions des Hauts Plateaux, il y a une sorte de décor pierreux et de rochers érodés par les vents et le temps qui font penser aux films western. D’ailleurs, certaines scènes du roman  Promesse de bandit évoquent quelque peu ces films. L’influence de l’écriture cinématographique, constatée dans votre premier roman fantastique, est évidente dans le second texte. Qu’en dites-vous ? Tout à fait d’accord. En fait, je suis un grand amateur de films de cinéma et cela a eu une influence sur mon écriture. Dans Complot à Alger comme dans Promesse de bandit, le visuel est très cinématographique, par moment du moins. Et le rythme du récit, lui-même, s’apparente à celui d’une succession de scènes d’un film. Le rythme est assez soutenu comme dans un film d’action avec quelques moments de répit, l’équivalent de la pause pub, dans les films, mais, fort heureusement, sans la pub. Plus sérieusement, l’idée c’est de plonger le lecteur le plus vite possible dans l’histoire, puis retenir son attention tout en évitant, à tout prix, de l’ennuyer en tournant en rond. Et les moments de répit sont là pour lui permettre de souffler et de réfléchir un instant à ce qu’il a lu. Après, il faut que cela reparte très vite, avec des scènes visuelles, et si possible, chargées d’actions. Globalement, je ne pense pas pouvoir faire autre chose qu’un récit visuel. Pendant longtemps, les romans ont influencé la production cinématographique et il est probablement tout aussi logique que le cinéma marque de son empreinte la production littéraire contemporaine, et c’est très intéressant, à condition que l’on soit amateur du genre. Comme pour les films que j’aime, les histoires que je raconte ne sont tristes ou qui ont une fin triste. Malheureusement, il y a trop souvent des fins tristes dans nos films comme dans nos romans. Dans nos films surtout, nos héros meurent à la fin ou, dans le meilleur des cas, ne parviennent pas à réaliser leurs objectifs. Je pense qu’il est temps que les Algériens aient des héros vivants aussi bien dans les romans que dans les films, des héros qui vont jusqu’au bout de leur aventure et qui réalisent leurs objectifs. Dans  Promesse de bandit, les Algériens ne sont pas décrits comme des gens écrasés par l’occupant. Ils ont une vie, ils ont des buts et ils font tout pour les réaliser. Ils ne sont pas passifs, ils ne sont pas, non plus, des spectateurs. Hafnaoui Dayem, le personnage principal du roman, est un homme brillant, pas à cause de ce qu’il fait, mais parce qu’il a une passion. Il veut absolument être célèbre, même si cela lui en coûte. Son rêve est discutable, évidemment, puisqu’il veut être un grand bandit, et il comprendra, au fil des pages, qu’il est dans l’erreur. Mais cela ne change rien au fait qu’il soit un passionné, qu’il soit, en quelque sorte, réellement vivant. Lorsque le héros ne meurt pas à la fin d’une histoire, il ne doit pas se contenter de rester en vie. Il doit être réellement vivant. Et cela se mesure par la passion et ce qu’il fait pour la réaliser. Lorsqu’on est passionné, on est déjà un peu un héros. Il suffit de mener les choses plus loin. Y a-t-il projet d’une adaptation cinématographique pour ce texte ou même pour le premier ? Non. Plusieurs personnes ont dit que le premier roman était fait pour une adaptation cinématographique. Mais il n’y avait aucun producteur parmi elles. Aucun réalisateur ne m’a contacté et je dois dire que je ne me suis rapproché d’aucun cinéaste pour lui en faire la proposition. Pour le roman qui vient de sortir, il est encore tôt pour faire des démarches dans ce sens, l’objectif premier est de faire connaître le roman en tant que tel. Mais mon éditeur, qui pense que Promesse de bandit est tout à fait adaptable au cinéma, n’exclut pas le fait d’explorer cette possibilité. Attendons qu’un réalisateur le lise pour savoir ce qu’il en pensera.

Nadia Belarbi : «Ecrire pour l’enfant était mon rêve»

Après un cursus universitaire qui s’est soldé par l’obtention de deux licences, une en littérature arabe et une autre en psychologie, Nadia Belarbi, la trentaine, issue d’une famille originaire de Oued R’hiou, manifeste son attachement à la pédag
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Nadia Belarbi : «Ecrire pour l’enfant était mon rêve»

Après un cursus universitaire qui s’est soldé par l’obtention de deux licences, une en littérature arabe et une autre en psychologie, Nadia Belarbi, la trentaine, issue d’une famille originaire de Oued R’hiou, manifeste son attachement à la pédagogie de la catégorie la plus fragile qu’est l’enfant. Conseillère pédagogique, liée avec le secteur de l’Education, Nadia s’est aussi lancée dans l’écriture. «Depuis mon jeune âge, je m’intéressais à l’élaboration des écrits sur des sujets différents que je présentais à mes enseignants. Au fil des années, je fus éprise par cette belle sensation», dit-elle. «Mon amour pour les lettres et ma spécialisation m’ont, semble-t-il, forgée et m’ont encouragée à m’orienter vers le créneau de la littérature pour enfants», ajoute-t-elle. Pour elle, l’enfant est la case de départ de la formation de toute société. «Je pense que l’enfant est la première cellule sociale qu’il faut d’abord protéger des conflits des différents courants et ensuite lui inculquer les valeurs suprêmes de civisme, d’humanisme et de tolérance», affirme Nadia. C’est d’ailleurs dans cette perspective qu’elle a entamé ses travaux et qu’elle a mis sur les étals deux ouvrages. Le premier, une pièce théâtrale éditée par Dar El Kifaya, et le second, édité par Dar El Adib, destiné aussi aux enfants scolarisés. Pleine d’allant, cette jeune écrivaine et dramaturge se penche actuellement sur un autre projet et appelle tous les intellectuels à s’unir dans des clubs littéraires pour l’échange des idées. «Nous manquons énormément d’espaces et de lieux où nos idées peuvent fertiliser et se propager», conclut-elle.  

Tizi Ouzou : Djamel Mati invité du Café littéraire

Le Café littéraire de la ville de Tizi Ouzou a accueilli, samedi dernier, l’écrivain Djamel Mati. La rencontre s’est déroulée en présence d’un public connaisseur au café-restaurant Aminel, devenu depuis quelque temps un lieu d’échanges et d
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Tizi Ouzou : Djamel Mati invité du Café littéraire

Le Café littéraire de la ville de Tizi Ouzou a accueilli, samedi dernier, l’écrivain Djamel Mati. La rencontre s’est déroulée en présence d’un public connaisseur au café-restaurant Aminel, devenu depuis quelque temps un lieu d’échanges et de débats littéraires. L’invité de Malek Amirouche a présenté son roman, Yoko et les gens du Barzakh, lauréat du grand prix Assia Djebar. Pour planter le décor, le jeune écrivain a donné un aperçu global sur son roman, qui retrace le destin de trois familles que tout sépare, mais elles se croisent pour partager la douleur d’une tragédie accablante dans un huis clos total. L’amour, la douleur profonde, la culpabilité se côtoient au quotidien sous le regard de Yoko, qui est au centre du drame. Le poids de la tragédie impose un isolement total. «Le Barzakh, un entre-deux-mondes qui se trouve à la frontière de notre passé et de l’incertitude qui nous attend. Un isthme sur lequel nous n’avons aucune emprise, uniquement l’attente de quelque chose que nous ne connaissons pas. Un endroit où nos actes nous jugent», écrit l’invité du Café littéraire et philosophique de Tizi Ouzou, dans la première page de son livre. Drames humains, réels, la harga (migration), le racisme… A travers ce roman, Djamel Mati raconte «des drames humains, réels, tels que la harga et le racisme», qui sont plus que jamais d’actualité. Par ailleurs, Hocine Kheloufi, auteur-compositeur et interprète, a égayé l’assistance par des morceaux musicaux et des chansons telles que la longue marche, tikli i tulen, un vibrant hommage aux précurseurs du combat pour la reconnaissance de tamazight.   La rencontre s’est terminée par une vente-dédicace des livres de l’auteur, après une collation offerte gracieusement  par l’établissement  Aminel. «Notre gratitude va à Toufik Bouzegza, qui abrite généreusement le Café littéraire et philosophique de Tizi Ouzou», a tenu à souligner Amirouche Malek, l’organisateur de cette rencontre littéraire.

Jusqu’à la fin des temps, de Yasmine Chouikh, décroche le grand prix

Jusqu’à la fin des temps, le premier long métrage de la cinéaste algérienne Yasmine Chouikh, a décroché, mardi soir au théâtre régional Azzeddine Medjoubi, le Annab d’or, grand prix, du 3e Festival de Annaba du film méditerranéen, qui s’est d
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Jusqu’à la fin des temps, de Yasmine Chouikh, décroche le grand prix

Jusqu’à la fin des temps, le premier long métrage de la cinéaste algérienne Yasmine Chouikh, a décroché, mardi soir au théâtre régional Azzeddine Medjoubi, le Annab d’or, grand prix, du 3e Festival de Annaba du film méditerranéen, qui s’est déroulé du 21 au 27 mars 2018. La comédienne, Djamila Arras, qui a joué le rôle de Djoher dans le même long métrage, a obtenu le Prix de la meilleure interprétation féminine. «Cette comédienne jouait avec subtilité et humour. Elle est venue pour mourir, mais s’est retrouvée forcée de vivre. J’ai trouvé le personnage très beau. Avec ces détails, la cinéaste est arrivée à nous faire adopter ses personnages. Il y a dans le film un ton très singulier. Un beau regard de cinéma pour un premier long métrage. J’ai aimé la manière de la cinéaste de regarder tous les personnages, leurs contradictions, leurs faiblesses, leurs failles. Elle est arrivée à être émouvante sans être sentimentale», a expliqué le scénariste français Jacques Fieschi, président du jury. L’Algérie était également en course avec En attendant les hirondelles, de Karim Moussaoui. «C’est un beau film aussi. Il a eu beaucoup de récompenses ailleurs. Ce n’est pas le cas pour Yasmine Chouikh. Nous avions donc voulu l’encourager pour lancer davantage son film», a confié le président du jury. Le Annab d’argent est revenu au film  Eté 93, de l’Espagnole Carla Simon. Une fiction qui évoque l’histoire d’une fillette qui a perdu ses parents et qui quitte la ville pour s’installer chez son oncle à la campagne. Pour son long métrage saisissant A Ciambra, l’Italo-Américain, Jonas Carpignano, a obtenu le Prix du meilleur réalisateur. Il suit dans cette fiction, qui s’inscrit dans un néoréalisme italien rafraîchi, le quotidien de Pio, un adolescent rom, qui fait tout pour prouver qu’il est devenu homme, dans la région de Calabre (sud de l’Italie). Le docu-fiction La chasse aux fantômes, du Palestinien Raed Andoni, a obtenu le Prix du public. Le jeune comédien égytien, Ahmed El Fischawy, a décroché le Prix de la meilleure interprétation masculine pour son rôle principal dans la comédie dramatique Sheikh Jackson, de Amr Salama. Le court métrage algérien  That lovely life primé That lovely life, d’Iskander Rami Aloui, a décroché le Annab d’or du meilleur court métrage. Le Annab d’argent est revenu à Entre les deux chambres, de Merouane Boudiab. Le jury, présidé par l’acteur tunisien Driss Behi, a accordé son Prix spécial à Dahniz, de Mohamed Benabdallah. Cette année, la compétition dans la section courts métrages était réservée aux Algériens. Le réalisateur belge Jean-Jacques Andrien, président du jury documentaire, a eu un coup de cœur pour Carré 35, du Français Eric Caravaca, qui tente de percer, dans ce film, le secret de la mort de sa sœur, un secret de famille. «Dans ce film Il y a une adéquation entre le fond et la forme. La forme est au service du fond. Je trouve que c’est une réussite. Nous faisons la différence entre le documentaire de création, le cinéma documentaire et le film journalistique d’information. Il y a le monde du cinéma et il y a le monde de l’information. Nous avons choisi de primer des films qui participaient du monde du cinéma», a souligné Jean-Jacques Andrien. Les droits de diffusion du film tunisien Fleur d’Alep cédés à l’Algérie Le jury, qui a décidé de ne pas attribuer le Annab d’argent, a accordé deux mentions spéciales pour les documentaires Des moutons et des hommes et Fais soin de toi, des Algériens Karim Sayad et Mohamed Lakhdar Tati. «Karim Sayad a réussi à s’approcher d’un groupe de jeunes et de moins jeunes de la banlieue populaire d’Alger. J’ai trouvé cela intéressant comme démarche sociologique. Le réalisateur à réussi à s’introduire dans ce milieu et à traduire en termes cinématographiques ce qu’il a trouvé. Pour Fais soin de toi, nous avons voulu saluer ce courage d’avoir abordé des questions qui sont généralement taboues. Le réalisateur s’est jeté à l’eau. Il a approché le sujet avec une certaine fraîcheur», a souligné le président du jury. Najib Ayed, directeur des Journées cinématographiques de Carthage (JCC), a été honoré par un Annab d’amitié, autant que le cinéaste tunisien Ridha Béhi, qui a décidé de céder ses droits de diffusion de son dernier film Fleur d’Alep  à l’Algérie. «L’essentiel est qu’on montre nos films. J’espère aller vers une coproduction avec l’Algérie pour le prochain film (L’île du pardon)», a-t-il déclaré. D’autres Annab d’amitié ont été accordés aux comédiens algériens Nadia Talbi et Hassan Benzerari, et au réalisateur suisse, Barbet Schroeder. Le Festival de Annaba et son commissaire, Saïd Ould Khelifa, n’ont pas oublié de rendre hommage aux Algériens Youcef Bouchouchi et Mahmoud Zemmouri, ainsi qu’au Tunisien Tayeb Louhichi, disparus ces derniers mois. Azzeddine Mihoubi, ministre de la Culture, a annoncé, lors de la cérémonie de clôture, la rénovation et la modernisation de la salle El Manar de Annaba pour en faire un multiplex de quatre salles dotées de DCP et a rappelé la décision de charger l’AARC (Agence algérienne pour le rayonnement culturel) de s’occuper des salles de cinéma au niveau national.

Leïla Aslaoui présente son dernier recueil de nouvelles

Samedi dernier, au Théâtre régional d’Oran, la romancière Leïla Aslaoui a présenté sa toute dernière production littéraire, un recueil de nouvelles, intitulé Raison garder, publié chez Média-Plus. Devant un public venu nombreux, nonobstant le
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Leïla Aslaoui présente son dernier recueil de nouvelles

Samedi dernier, au Théâtre régional d’Oran, la romancière Leïla Aslaoui a présenté sa toute dernière production littéraire, un recueil de nouvelles, intitulé Raison garder, publié chez Média-Plus. Devant un public venu nombreux, nonobstant les conditions météorologiques très délicates, l’auteure de Sans voile, sans remords (prix de l’Association des écrivains d’expression française en 2013), a expliqué comment lui est venue l’idée d’écrire ce livre. «Je voulais mettre à nu les nombreuses dérives qui polluent le quotidien des Algériens en les tournant en dérision. Il y a un adage algérien qui dit : hem ybeki w hem ydhahek (un malheur fait pleurer et un autre fait rire, ndlr). La décadence de notre société pèse sur les esprits et je voulais tenter de dérider l’atmosphère en riant de nos problèmes», déclare Leïla Aslaoui. Mohamed Daoud, universitaire, chargé à cette occasion de présenter l’auteure et d’apporter son analyse d’homme littéraire, a résumé son allocution en une phrase : «Ce recueil de nouvelles est une radioscopie de l’Algérie d’aujourd’hui.» Dans 11 nouvelles qui dépeignent les calamités du quotidien des Algériens, les mots tentent une touche humoristique. «Les morts rient aux éclats», ou «Mon nikab, mon oxygène», ou encore «Autres temps, autres mœurs», sont des sujets où l’hypocrisie, l’intégrisme et autres maux se dénoncent avec un humour fin et subtil. «Aller à la mairie pour retirer un simple papier administratif, prendre les transports en commun, s’attabler dans un restaurant ou bien voir les cérémonies d’hommage qu’organisent les autorités pour des artistes délaissés de leur vivant ont été mes sources d’inspiration», explique Leïla Aslaoui. Mourad Senouci, directeur du théâtre d’Oran et organisateur de cette rencontre littéraire dans le cadre du Café littéraire du TRO, a exprimé vouloir voir un jour les nouvelles de Leïla Aslaoui adaptées sur scène, tant les sujets sont sensibles et drôles à la fois. «Je trouve qu’il est vraiment important de traiter nos problèmes par l’humour. J’ai appris cela de notre dramaturge Abdelkader Alloula, qui aimait faire passer des messages dans une comédie théâtrale», dit-il. Le recueil de nouvelles est actuellement disponible dans toutes les librairies en Algérie.

Lila Borsali demain soir au théâtre d’Oran

Lila Borsali se produira au Théâtre régional d’Oran dans le cadre de la tournée de promotion de son nouvel album Pour l’espoir. Le court métrage musical Laissez-moi aimer, réalisé par le cinéaste Belkacem Hadjadj, dans lequel la chanteuse interpr
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Lila Borsali demain soir au théâtre d’Oran

Lila Borsali se produira au Théâtre régional d’Oran dans le cadre de la tournée de promotion de son nouvel album Pour l’espoir. Le court métrage musical Laissez-moi aimer, réalisé par le cinéaste Belkacem Hadjadj, dans lequel la chanteuse interprète un rôle, sera projeté en ouverture du spectacle. Un concert sous le signe de l’amour, de la paix, de la tolérance et de l’espoir sera donné, demain, au Théâtre régional d’Oran, à partir de 19h. Lila Borsali sera présente pour enchanter son public. La chanteuse se produira dans le cadre de la tournée de promotion de son nouvel album Pour l’espoir. Elle sera accompagnée de deux comédiens conteurs et d’une troupe de danse. Le court métrage musical Laissez-moi aimer, réalisé par Belkacem Hadjadj sur un scénario de Tahar Boukella, qui accompagne la sortie du dernier opus de Lila Borsali et dans lequel elle tient le rôle de «la porteuse de l’espoir», sera projeté en ouverture du spectacle. Le spectacle est un mélange de genres novateurs, qui donne à l’authenticité du patrimoine andalou de nouvelles formes d’expression modernes, ouvertes sur la chanson -comme support principal-, le cinéma, le conte et la chorégraphie. Le prix du ticket d’entrée à l’événement est fixé à 800 DA, à acheter au niveau des guichets du TRO. Le spectacle Pour l’espoir est attendu à Tlemcen le 30 mars et à Annaba le 11 avril. Née à Alger d’une famille tlemcénienne de mélomanes, poussée par son désir de chanter, Lila, dès l’âge de 11 ans, apprend à jouer de la mandoline en classe d’initiation, dirigée par M. Bekkaï. Elle rejoint, quelque temps après, l’orchestre sénior de la prestigieuse association Ahbab Cheikh Larbi Bensari et en devient l’une des solistes piliers du groupe. Avec l’association Les Beaux-Arts d’Alger, elle participe à diverses manifestations, où elle excelle dans l’interprétation de la nouba et du hawzi. Parmi ses albums, Fraq Lahbab, en 2010, Nouba Ghrib, en 2013 et Nouba Hosn Es-Selim, en 2015, et son dernier-né, Pour l’espoir.  

Nawell Madani au festival d'Annaba : « J'ai envie de faire une vraie tournée en Algérie »

« C'est tout pour moi », le premier long métrage réalisé par Nawell Madani a été projeté au 3ème Festival d'Annaba du film méditerranéen devant une salle comble.  Dimanche soir, Annaba a réservé un accueil triomphal à la comédienne belgo-al
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Nawell Madani au festival d'Annaba : « J'ai envie de faire une vraie tournée en Algérie »

« C'est tout pour moi », le premier long métrage réalisé par Nawell Madani a été projeté au 3ème Festival d'Annaba du film méditerranéen devant une salle comble.  Dimanche soir, Annaba a réservé un accueil triomphal à la comédienne belgo-algérienne Nawell Madani à la faveur de la projection de son premier long métrage « C'est tout pour moi », en séance spéciale au 3ème Festival d'Annaba du film méditerranéen. Une foule dense s'est regroupée autour du théâtre régional Azzeddine Medjoubi avant l'ouverture des portes. La salle était déjà archicomble, moins d'une heure avant le début de la projection du film où la comédienne raconte partiellement sa vie et son parcours professionnel dans la danse, le stand up et le seul en scène. Forts applaudissements, lors de l'entrée de Nawell Madani en salle.    L'artiste a invité son père à Annaba après une demande exprimée par Said Ould Khelifa, commissaire du festival. « J'ai rempli les salles d'Europe grâce à la bénédiction de mes parents. A travers mon film, je voulais montrer que les jeunes peuvent aller au bout de leurs rêves en se faisant accompagner de leurs parents. C'est la plus belle chose qui peut vous arriver. Mes parents n'ont pas pris de vacances pendant dix sept ans pour nous offrir de bonnes études Mon père est avec moi Annaba et partira après avec moi à Los Angles », a déclaré Nawell Madani après avoir essuyé ses larmes, lors du débat public qui a suivi la projection. « Les algériens aiment la culture et aiment sortir mais il n'y a pas assez d'événements. Notre public est ouvert et généreux. Il aime partager. J'ai fait des salles dans ma vie. Mais, je n'ai jamais été aussi bien accueillie, comme je l'ai été en Algérie, peut être que je suis algérienne et qu'à travers mon histoire, je raconte celle des algériens. Lorsque vous êtes accueillis avec des youyou, ça vous transperce le cœur », a-t-elle confié.    Elle est revenue sur les trois spectacles qu'elle a présentée à l'Opéra d'Alger Boualem Bessaieh en janvier dernier avec la présence de 7000 spectateurs. « Là, j'ai envie de faire une vraie tournée en Algérie, de créer des résidences pour ne pas avoir des gens qui se bousculent ou du surbooking. On va faire comme cela se fait ailleurs pour éviter que les billets soient vendus trois fois le prix. Il faut offrir aux algériens de la qualité, prendre son temps et s'installer. Je souhaite monter une école de stand up en Algérie. Les jeunes ont envie de cela et d'exprimer. Nous avons de magnifiques théâtres. Il faut qu'il ait un suivi. Après ce festival, il y a des jeunes qui ont envie de prendre une caméra ou de jouer, il faut les suivre », a confié Nawell Madani. Selon elle, le film « C'est tout pour moi » n'est pas un biopic. « J'ai plus galéré dans ma vraie vie que ce que vous avez vu à l'image. J'ai mis douze ans à construire ma carrière à Paris. En Belgique, il n'y a pas d'émissions de divertissement où tu peux t'exposer. J'ai dormi dans ma voiture, je me lavais dans la piscine municipale du 19ème. J'étais convaincue que je pouvais y arriver. Le milieu de l'humour est dure. Femme, maghrébine et musulmane, je suis jugée dans tous les sens. Je suis montée sur scène en Algérie et j'ai gardé la même liberté de ton qu'en France. Il y a des à priori sur le pays. Je dis que les algériens sont ouverts avec une richesse rare. J'ai envie de montrer cela », a-t-elle déclaré.    Nawell Madani écrit un nouveau long métrage. « Mais, je ne vais pas lâcher la scène. J'aime ce rapport avec le public. Toutes mes avant-premières se sont passées comme celle-ci. C'est bien de montrer son film, mais c'est mieux de voir le public et de partager avec lui. Je ferais une alternance entre le cinéma et la scène », a-t-elle dit. « J'ai envie de montrer aux jeunes filles que tu peux être femme, maghrébine, musulmane, venue des quartiers pauvre et réussir. J'ai un spectacle, un film qui tourne, j'ai d'autres films avec de magnifiques acteurs. Je vais ouvrir une école en Belgique. Donc, si tu veux, tu peux », a-t-elle conclu.

Sadia Chabane couronnée

Ce concours a regroupé 14 candidates issues des communes de Larbaâ Nath Irathen, Aït Agouacha, Irdjen, Aït Oumalou et Tizi Rached. La jeune lycéenne Sadia Chabane, 19 ans, originaire du village Aït Freh, a été élue Miss Nath Irathen, à l’issue
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Sadia Chabane couronnée

Ce concours a regroupé 14 candidates issues des communes de Larbaâ Nath Irathen, Aït Agouacha, Irdjen, Aït Oumalou et Tizi Rached. La jeune lycéenne Sadia Chabane, 19 ans, originaire du village Aït Freh, a été élue Miss Nath Irathen, à l’issue de la 3e édition d’un concours de beauté organisé, samedi, à la salle de cinéma Afrique du chef-lieu de daïra de Larbaâ Nath Irathen, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Les membres du jury, composé, entre autres, de Nadir Guendouli, connu dans l’organisation de ce genre d’événements, ont également choisi, comme 1re dauphine, Lisa Mekdoud, d’Aït Oumalou et étudiante en 2e année à l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. La troisième place de ce concours est revenue à Ouerdia Mahiouz, aide-soignante stagiaire, tandis que  Lynda Belkacemi,  élève en 1re A.S,  a occupé la quatrième loge.  Notons aussi que cette activité, organisée par Sabrina Ziane-Chaouche, en partenariat avec l’association culturelle Ibtourene, a suscité un engouement remarquable dans la région, et ce, en raison, notamment du nombre important  de personnes qui ont assisté au défilé des 14 candidates en lice pour décrocher la couronne de Miss Nath Irathen. La journée était également pleine d’animation, avec des artistes et comédiens qui ont égayé l’assistance durant plus de trois heures. La coqueluche  de la jeune génération, Cylia Ould Mohand, a, d’ailleurs, agrémenté l’événement par de belles productions. Il en est de même pour une autre étoile montante de la chanson kabyle, en l’occurrence Melissa Sekhi, qui a interprété des chansons envoûtantes. «Le concours a enregistré une réussite, surtout qu’il a permis à nos filles de découvrir le monde de la mode.  La sélection des candidates était vraiment rude, car, nous avons pris en considération plusieurs critères, comme le niveau d’études et de culture générale. Nous tenons à remercier tous ceux qui nous ont aidés pour la réussite de ce concours qui a regroupé les candidates issues des différentes régions d’Ath Irathen, à savoir les communes  de Larbaâ Nath Irathen, Aït Agouacha, Irdjen, Aït Oumalou et Tizi Rached», nous a déclaré  Madame Ziane-Chaouche. Rappelons enfin que  Leticia Arad , du village Adni,  avait remporté la couronne de la précédente  édition.

«W» ou le moine bouddhiste de la terreur

Le massacre des Rohingyas, minorité musulmane en Birmanie, est toujours couvert d’un lourd silence médiatique international actuellement. Le cinéaste suisse, Barbet Shroeder, dévoile dans son nouveau documentaire, Le vénérable W, projeté samedi 2
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«W» ou le moine bouddhiste de la terreur

Le massacre des Rohingyas, minorité musulmane en Birmanie, est toujours couvert d’un lourd silence médiatique international actuellement. Le cinéaste suisse, Barbet Shroeder, dévoile dans son nouveau documentaire, Le vénérable W, projeté samedi 24 mars au soir, au Théâtre régional Azzeddine Medjoubi, à l’occasion du 3e Festival de Annaba du film méditerranéen, relate le discours haineux de certains moines bouddhistes qui ont nourri les violences contre les musulmans. Entré clandestinement en Birmanie, Barbet Shroeder a suivi Ashin Wirathu (ou W), un moine raciste, adepte de la «pureté» de la race et de la religion. Il compare les musulmans au poisson-chat d’Afrique «qui se reproduit rapidement et qui détruit son environnement». De sermon en sermon, il sert un discours débordant de haine contre les musulmans, «venus en Birmanie prendre les richesses et épouser les femmes». Il pousse ses adeptes à haïr les musulmans, à boycotter leurs commerces et à les chasser des terres. Il dirige le mouvement nationaliste islamophobe «969», qui ressemble au parti nazi allemand des années 1930. Il est bâti sur l’idée de la défense de «la race et de la religion». 969, créé à l’origine par le sinistre Kyaw Lwin, considère la minorité musulmane, 4 % seulement de la population, comme «une menace» pour la race birmane (majoritaire) et pour le bouddhisme. La Birmanie, à 90 % bouddhiste, est composée d’une centaine de minorités ethniques, dont les Rohingyas, qui vivent au nord de l’Arakan, aux frontières avec le Bangladesh, et qui sont privés de la nationalité birmane depuis 1982. Devant la caméra de Ashin Wirathu, qui adore s’entourer de foules comme un gourou d’une secte, il développe ses idées terrifiantes sans aucun complexe. Des idées relayées sur internet et propagées au moyen de DVD et CD. Les adeptes de 969 (créé en 1999) pratiquent sur le terrain les théories haineuses que W développe en s’attaquant aux biens des musulmans et aux mosquées. A partir de 2012, les violences prennent une autre ampleur. Les musulmans sont ciblés physiquement en raison de leur religion. Des émeutes suivies d’assassinats sont commises dans plusieurs régions de Birmanie, comme le développe le documentaire de Barbet Schroeder. A chaque fois, elles sont nourries par le discours de 969, qui répand de fausses informations sur les réseaux sociaux, évoquant notamment le viol de filles bouddhistes par des musulmans. «Facebook est devenu un océan de propagande antimusulmane. Le régime a réussi à boucler complètement le pays. Les gens n’osent pas parler, mais la majorité du pays est favorable au génocide», a constaté le cinéaste, lors du débat qui a suivi la projection à Annaba. Face aux critiques internationales, le mouvement 969 change de peau, en 2014, pour devenir Ma Ba Tha, l’Association pour la défense de la race et de la religion en Birmanie, devenue ensuite, en 2017, la fondation philanthropique Bouddha. Mais, l’idéologie de cette fondation est discrètement protégée par le régime militaire de Naypyidwa, la nouvelle capitale de la Birmanie. Entre-temps, le gouvernement de Aung San Suu Kyi a adopté la loi sur la race et la religion, qui reprend en grande partie la philosophie extrémiste de Ashin Wirathu. Des musulmans brûlés vifs Les images montrées par Shroeder sont insoutenables. Des musulmans achevés à la machette ou brûlés vifs par des bouddhistes déchaînés sont montrées. Parfois, plusieurs cadavres sont rassemblés comme un amas de bois pour être brûlés sous les yeux des bouddhistes. Le bouddhisme n’est-il pas une religion pacifiste qui prône l’acceptation de l’autre et la sagesse ? Une voix off tente d’équilibrer en expliquant les principes de base du boud-dhisme qui refuse la violence. «En 2015, j’ai lu un rapport établi par l’université de Yale, qui évoquait qu’un génocide allait se produire. Je me suis alors renseigné et j’ai constaté que cela allait impliquer des bouddhistes, ce qui était en contradiction avec les enseignements du bouddhisme. Pour moi, c’était quelque chose que je devais tirer au clair, puisque moi-même j’étais intéressé par le bouddhisme quand j’avais 19 ans. Quand je fais des films, c’est pour en savoir plus. J’ai découvert donc l’existence d’un mouvement extrémiste bouddhiste qui voulait préserver la race et la religion», a détaillé Barbet Schroeder. Après six mois de préparation, le cinéaste est parti en Birmanie pour tourner le film avec une petite caméra et une équipe de deux personnes. Il a constaté l’existence d’un silence dans les médias sur le drame des Rohinyas. «En ce moment, les militaires birmans rasent au bulldozer des villages des Rohingyas en entier. Ils veulent faire disparaître les preuves. C’est un geste criminel. Ce genre de nouvelles passe inaperçu dans les médias parce que nous sommes inondés d’informations. Et, l’inondeur en chef, c’est Donald Trump, qui, chaque jour, lance des menaces», a-t-il noté. Barbet Schroeder a critiqué Aung San Suu Kyi, conseillère spéciale de l’Etat et porte-parole de la présidence birmane, prix Nobel de la paix (1991). «Elle est partie prenante dans la mesure où elle fait partie d’un groupe de propagande dont la mission est de justifier les actions de l’armée. Elle soutient, par exemple, que les Rohingyas brûlent leurs propres maisons alors qu’ils sont des centaines de milliers à fuir leurs villages.  San Suu Kyi va se retrouver un jour devant un tribunal comme les Serbes du Kosovo pour rendre des comptes. Elle ne pourra pas dire qu’elle obéissait aux ordres puisqu’elle est élue et donc responsable. Elle se retrouve dans la position du maréchal Pétain en France avec la collaboration avec les Allemands. Aung San est couverte de sang et d’opprobre. Elle ne se relèvera pas», a soutenu le cinéaste. Selon lui, Aung San Suu Kyi n’a pas participé directement au massacre, mais elle a laissé faire, n’est jamais intervenue ni contre ni pour les Rohingyas. «Tout simplement, elle pense en bouddhiste. Elle est prisonnière des militaires, qui contrôlent tout, la police, les frontières, etc. En fait, il n’y avait pas moyen de les arrêter après qu’ils ont commencé les massacres. Il y a un nettoyage ethnique en Birmanie. Au Kosovo, c’était la même chose. Les Serbes brûlaient les maisons dans les villages musulmans et chassaient les gens. Les drames en Birmanie sont plus extrêmes qu’au Kosovo», a-t-il souligné. Non distribué aux Etats-Unis, projeté en séance spéciale au dernier Festival de Cannes (sélectionné à la dernière minute), le documentaire Le vénérable W fait actuellement le tour du monde. «Malheureusement, je n’ai pas trouvé de distributeurs en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Aujourd’hui, le cinéma documentaire, avec un film aussi difficile que Le vénérable W, qui exige des versions différentes, puisque tourné en birman, ne trouve pas preneur. Je comptais sur des chaînes internationales comme Netflix ou Amazon. Refus. Les responsables m’ont dit qu’ils cherchent à atteindre un public maximum. Le public ne peut pas lire tous les sous-titres. Le film n’a pas encore été diffusé à la télévision en France et en Suisse. Il y a donc tout un parcours à franchir pour arriver à la reconnaissance, mais je ne pense pas qu’il existe une conspiration contre le film», a regretté Barbet Schroeder. Barbet Schroeder est connu, notamment, pour avoir réalisé des fictions et des documentaires comme La vierge des tueurs, Général Idi Amin Dada, L’avocat de la terreur (sur Jacques Vergès) et Amnesia.

«L’Algérie, que j’aime, m’a beaucoup suivi»

 Je suis un célèbre animateur de télévision de l’émission «Questions pour un champion». Je suis...Je suis…Julien Lepers ! Et je suis à Alger pour animer le Grand Quizz de la francophonie à El Mougar. Entretien réalisé par K. Smail  
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«L’Algérie, que j’aime, m’a beaucoup suivi»

 Je suis un célèbre animateur de télévision de l’émission «Questions pour un champion». Je suis...Je suis…Julien Lepers ! Et je suis à Alger pour animer le Grand Quizz de la francophonie à El Mougar. Entretien réalisé par K. Smail   Vous êtes adopté par les téléspectateurs algériens. On vous aborde familièrement dans les rues d’Alger… Je suis heureux de revenir. Je suis content d’être là.  Ma récente visite, c’était lors du Salon international du livre d’Alger (SILA). C’est mon troisième voyage. Je vous signale que Marseille est à trois quarts d’heure d’avion. On est à côté (rires). J’aime l’Algérie. J’anime le Grand Quizz de la francophonie. C’est un quizz questions-réponses. «Questions pour un champion», on n’en parle plus. D’ailleurs, je tiens à remercier l’ambassadeur de France en Algérie, M. Xavier Driencourt, pour m’avoir convié au Printemps francophone et gastronomique «Goût (good) de  France, ainsi que Grégor Trumel, conseiller de la coopération et de l’action culturelle et directeur de l’Institut français d’Algérie…Ce sera un quizz convivial, bienveillant  et  amusant. Vous avez animé le Grand Quizz de la francophonie à la salle El Mougar, dans le cadre de la 4e édition du Printemps francophone et gastronomique baptisé «Goût (good) de  France», du 17 au 25 mars 2018,  à travers  ses  cinq Instituts français en Algérie… Oui, effectivement. Le Grand Quiz de la francophonie a vu la participation de 600 personnes, toute la salle El Mougar. Les 16 meilleurs  ont été sélectionnés et scindés en 4 groupes de quatre qui sont montés sur scène. Dont il a émané 4 finalistes. Et il n’en est resté qu’un ou une. Tout est possible. Le champion ou la championne de la francophonie. N’oublions pas le féminin. En ce moment…les lauréates et les lauréats ont reçu des cadeaux conséquents. Les questions du quizz ont porté sur la culture générale, l’histoire, la géographie, la gastronomie de l’Algérie, le sport,  les arts,  la musique, notamment le  raï.  Et cela, durant 1h30. Sous le signe de l’amitié algéro-française… Oui, absolument. Les gens étaient contents de me voir. L’Algérie m’a beaucoup suivi. Durant les 28 ans de «Questions pour un champion». L’émission française la plus regardée dans le monde grâce à TV5 Monde. J’insiste pour que vous le notiez, ici. (rires). Les quizz, j’en fais beaucoup à travers le monde. Questions-réponses animées par Julien Lepers. Je ne parle pas de Questions pour un champion. On n’en parle plus.   On tourne la page… Oui. Et là on tourne la page. On fait autre chose.   A force de poser des questions et de connaître les réponses, vous êtes incollable… Non, pas du tout. Je n’ai pas beaucoup de mémoire. J’en ai plus que quelques uns, évidemment (rires).  Mais je ne peux pas tout retenir.   Et la francophonie, un partage, un échange… Je suis très ouvert à la francophonie. J’aime beaucoup la langue française. Elle est tellement riche. Nous ne pouvons pas la posséder, nous Français, tellement elle est difficile et belle. J’ai  écrit un livre intitulé les Fautes de français. Plus jamais «j’habite Alger». Et  non pas, «j’habite à Alger ou Paris». Moi, j’habite Paris. Et je faisais cette erreur. Et je le faisais pendant 20 ans, vous voyez. Et au bout je recevais un courrier fou. Les gens, les professeurs de français déploraient: «Mais non pas vous Monsieur Lepers. Vous qui êtes un exemple à la Télévision. Ne faites pas des fautes aussi élémentaires que cela…». Je lis les lettres. Je constate comment est perçu le jeu «Questions pour un champion». Comment est-il reçu ? Qu’est-ce qu’il faudrait que je modifie, que je garde et que j’amplifie ? La langue française est magnifique. La francophonie, pour moi, c’est l’avenir. C’est très important. Je pense que dans les  vingt ans à venir, grâce à l’Afrique,  les chiffres sont formels, il y aura de plus en plus de locuteurs francophones. Et celui qui m’a fait vraiment aimer la francophonie, c’est Abdou Diouf, l’ex-président du Sénégal. Un homme politique remarquable, d’une grande ouverture d’esprit et de tolérance. Il a été secrétaire général de la francophonie. Il venait toujours sur le plateau  des «Spéciales Questions pour un champion» pour remettre des récompenses aux gagnants. Et il m’a invité à quatre sommets de la francophone.  Où  42  chefs  d’Etat  étaient présents. Oui, j’aime la francophonie, vecteur de diversité,  d’ouverture,  de tolérance, d’enrichissement...Tout  cela,  pour  moi, ce sont des mots qui veulent dire quelque chose. Vous  adorez  aussi  la musique, cette  passion première. Vous  avez composé des tubes,  notamment Pour le plaisir, pour Herbert Léonard (1981) et  Amoureux fous, pour Julie Pietri (1983)… Pour le plaisir, pour Herbert Léonard…Il y longtemps.  Pour le plaisir, oui, c’est vrai, c’était un succès. Trois millions de disques vendus. A l’époque où vous vendiez du disque. Il y eut aussi des succès avec Sylvie Vartan, Sheila… Je me demande si je ne vais pas reprendre la musique. Ne serait-ce que pour mon plaisir. Composer pour les autres. Concevoir des projets orchestraux, des instrumentaux… Justement vous n’êtes pas inactif. Des projets plein la tête… Je viens de lancer une application B1-Bethewone. La seule application permettant  de  jouer  24h/24, 7jours sur 7 en direct contre des milliers d’autres joueurs sur des questions de culture générale et de gagner du cash. Soit  900 compétiteurs par jour (https://bethewone.com). Bethewone, c’est du délire, et ça décolle.  Contrairement à ce qu’on croit, je m’intéresse beaucoup à l’économie. Mon journal de chevet, c’est les Echos. Je suis aussi l’égérie de plusieurs marques. S’il y a des marques algériennes, je pense à  Cévital, qui aurait besoin de l’image, un porte-drapeau, de quelqu’un comme moi pour se lancer sur le marché international,  je serais heureux d’y contribuer. Travaillons ensemble, serrons-nous la main…

Kamel Daoud, prix Méditerranée

Le jury du prix Méditerranée, présidé par Dominique Fernandez, de l’Académie française, a dévoilé vendredi à Paris la liste de ses lauréats de 2018. Pour sa 33e édition, le prix Méditerranée a choisi de couronner cette année l’écrivain a
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Kamel Daoud, prix Méditerranée

Le jury du prix Méditerranée, présidé par Dominique Fernandez, de l’Académie française, a dévoilé vendredi à Paris la liste de ses lauréats de 2018. Pour sa 33e édition, le prix Méditerranée a choisi de couronner cette année l’écrivain algérien Kamel Daoud  pour son deuxième roman Zabor ou les psaumes (éditions Actes Sud - Barzakh). Juste après l’annonce des palmarès, Jean-Marc Pujol, maire de Perpignan et membre du prix, s’est exprimé avec satisfaction : «J’admire son écriture et son courage. Ses romans et ses chroniques me fascinent. Les écrits de Kamel Daoud incarnent mes interrogations sur le monde.»  Le prix Méditerranée étranger 2018 a été décerné à l’écrivain américain Daniel Mendelsohn, pour son récit traduit en français, sous le titre Une odyssée, un père, un fils, une épopée (Flammarion). Cyril Dion a été primé pour son premier roman Imago. Une mention spéciale du jury est attribuée à l’écrivain albanais Bashkim Shehu, pour son roman traduit par Michel Aubry, sous le titre Le jeu, la chute du ciel (éditions des Quatre Vivants). Le prix Méditerranée, qui récompense aussi les auteurs d’essais, de la poésie et du livre d’art, parrainé par la Ville de Perpignan, le Conseil départemental des Pyrénées-Orientales, la Région Occitanie/ Pyrénées-Méditerranée et la Caisse d’épargne Languedoc-Roussillon, a été fondé en 1985 à Perpignan par le Centre méditerranéen de littérature (CML) présidé par  l’écrivain André Bonet. La cérémonie de remise des prix Méditerranée 2018 se déroulera le samedi 6 octobre 2018 à 15h dans les salons de l’hôtel Pams.  

Elle réchauffe les espoirs

En dépit de la pluie et de la grêle, les mélomanes sont venus, très nombreux, découvrir l’intégralité du cinquième album de Lila Borsali. En effet, l’Opéra Boualem Bessaïeh était déjà plein à craquer une heure avant le début du concert.
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Elle réchauffe les espoirs

En dépit de la pluie et de la grêle, les mélomanes sont venus, très nombreux, découvrir l’intégralité du cinquième album de Lila Borsali. En effet, l’Opéra Boualem Bessaïeh était déjà plein à craquer une heure avant le début du concert. C’est dire que Lila Borsali est une voix sûre dans l’échiquier de la chanson andalouse. Ce concert promotionnel et exceptionnel à la fois, d’une durée de deux heures, a charmé l’ensemble des convives de par son approche très originale. Si, habituellement, un interprète de musique est accompagné sur scène, seulement de son fidèle orchestre, Lila a, cette fois-ci, innové en présentant un concept original alliant le chant, le conte, le théâtre et la danse. La soirée est étrennée par la projection d’un court métrage de douze minutes intitulé Laissez-moi aimer, produit par le réalisateur Belkacem Hadjadj. L’histoire narrée est celle d’une pièce musicale andalouse chorégraphiée dans un décor contemporain, à savoir dans le métro d’Alger, et ce, sous le thème universel de l’amour, souvent empêché de s’exprimer, mais jamais vaincu. Ce court métrage est en fait le résumé du cinquième album de Lila Borsali Pour l’espoir, dans le mode djarka. Place ensuite au déroulé du spectacle, avec l’entrée sur scène d’un orchestre composé de douze virtuoses musiciens. Dès les premières notes musicales de la touchia Jarka jouées, un danseur investit la scène en faisant des pas de danse contemporaine mesurés. Il est très vite rejoint par d’autres artistes, placés en arrière de la fosse. Pour mieux situer l’histoire de la nouba dans le temps et l’espace, deux comédiens, Djamel Labri et Amirouche Rebbat, incarnant des rôles aux âges différents, se lancent, par intermittence, dans la genèse de deux histoires d’amour, qui se sont déroulées à deux époques différentes. La première légende raconte l’histoire contrariée de Assim le musulman et Isabelle la catholique, vécue dans une petite ville de Teruel, en Espagne, vers 1112. La deuxième histoire d’amour revient sur l’idylle, en 2017, de Tamandra et Tarek. L’artiste, Lila Borsali, dans un timbre vocal des plus raffinés, se lance dans l’interprétation de la nouba complète Pour l’espoir, composée par le musicologue tlemcénien, Toufik Benghabrit. Avec la classe qu’on lui connaît et ses performances artistiques incontestées, Lila Borsali décline, par des haltes bien structurées, l’ensemble des titres de son album : Metchaliya Jarka, Oser aimer, Bonheur à deux, Regards, Passion, Loin de toi, L’amour des uns, la haine des autres, L’Amour est roi, Victoire et Laissez-moi aimer. Si l’interprète a été à la hauteur des espérances, il n’en demeure pas moins que le public n’a pas été avare en applaudissements et en youyous. Une véritable osmose s’est opérée tout au long de ce sublime voyage musical fantasmatique. A travers la sortie simultanée de son court métrage et de son cinquième album, prônant l’acceptation de la différence de l’autre et le savoir vivre-ensemble, Lila Borsali a réalisé un rêve qui lui tenait à cœur, celui de mettre en exergue la relation directe de la musique avec la société. «Mon idée était une autre manière de voir la musique andalouse et de la présenter sans pour autant toucher à ses principes. C’est important pour moi que cette musique reste comme elle est. C’est ce qui fait, d’ailleurs, son fondement. C’est vraiment une relation avec le patrimoine et la créativité. A travers ma démarche, j’ai voulu enrichir le patrimoine», avait-elle déclaré, jeudi soir, lors de la présentation de son court métrage à l’hôtel El Djazaïr à Alger. Il est à noter que ce concert Pour l’espoir sera reconduit le 29 mars à Oran et le 11 avril à Annaba.

La gazelle d’Ibn Tufayl se réfugie à Alger

Le romancier prolifique, Amin Zaoui, l’avait déjà martelé, sans ambages, dans ses entretiens précédents, annonçant la couleur et la nature de son piédestal littéraire : «Si ce que j’écris dérange, c’est que je ne dois pas être loin du sens d
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La gazelle d’Ibn Tufayl se réfugie à Alger

Le romancier prolifique, Amin Zaoui, l’avait déjà martelé, sans ambages, dans ses entretiens précédents, annonçant la couleur et la nature de son piédestal littéraire : «Si ce que j’écris dérange, c’est que je ne dois pas être loin du sens de la littérature. Ainsi je qualifie l’écriture ! Je n’aime pas le lecteur bardé de certitudes. Ni le romancier d’ailleurs.  La lecture, comme l’écriture, sont des actes de questionnement perpétuel. Une angoisse  !  La littérature pose des questions, propose des incertitudes, elle n’est pas faite pour dicter des réponses.» Dans son tout nouveau roman en arabe, Hor Ben Yaqdhan, Zaoui n’aura pas dérogé à la règle d’écriture qui est la sienne. Toujours le verbe en sempiternelle  éruption, il a flambe les uns, cuit les autres. C’est l’histoire d’un homme, Aksil Snoussi, alias Hor Ben Yaqdhan, qui narre sa vie en dents de scie. Déjà, enfant, il fut conçu d’une façon tinctoriale ! Son père, Issac Snoussi, engrosse sa servante, Selouana, chargée de trier et teindre la laine à toison avec ses pieds. Son père voluptueux, délaissant sa vraie épouse, Assafou (qui veut dire «tison»), il s’éprit de Selouana pour la mettre en flammes. A terme, elle accoucha d’un garçon, surnommé Aksil, le héros/narrateur de ce roman broyeur de tabous. Au cours de la grossesse, l’épouse légitime de son père, faisait semblant d’être enceinte, pour étouffer le scandale dans son œuf plein.  L’aspect sensuel, voire charnel, bat son plein dans les romans de Zaoui. Cela se passait dans une petite bourgade baptisée «El Touffaha» (La pomme), ceinte de figuiers de Barbarie. Au départ, le premier noyau maintenait, vaille que vaille, la pureté sanguine et le patrimoine génétique de l’aïeul fondateur. Puis, il eut beaucoup de filles s’adonnant entre elles aux turpitudes, et ainsi la décision fut prise de les marier aux étrangers, embusqués  derrière la clôture épineuse. Selouana, femme naïlie aux charmes irrésistibles, s’étant évadée d’une toile d’Etienne Dinet. Issac, volage qu’il était, alla la dénicher aux confins du désert, au grand dam d’Assafou qui s’éprit du garçon d’écurie, Yakoub Qamar Ezzaman, dont la sueur l’excitait à outrance. Cet amant équin sera englouti par la guerre des Six-Jours, jetant Assafou dans un désarroi au bord de la schizophrénie, elle se consumait brindille par brindille.  Un jour, Selouana disparut pour ne plus jamais revenir barboter ses pieds nus dans les grandes bassines de laine multicolore. Isaac, auparavant volage, accusa mal le coup et dépérissait à petit feu. Il commença à filer du mauvais coton, son humeur devenant acariâtre, il fut harponné par la mélancolie, frisant l’hallucination. Le fils d’Assafou, Hor Ben Yaqdhan,  ira ensuite à Alger, pour poursuivre ses études au lycée, puis à l’université. Hébergé et nourri par  Sidi Mouley, le fils de l’oncle d’Issac Snoussi, à vrai dire, dans une résidence somptueuse au Télemly, qui fut aussi le propriétaire de la teinturerie pastorale. Il a eu deux jumelles, Djenina et Djamila, deux gouttes de miel à déguster les yeux fermés, deux gazelles sybarites, si en rut, que le nouveau débarqué ne tardera pas à écumer leur lit. Le trio s’assouvit des plaisirs fous, à l’insu de Lalla Batoul, la mère des deux belles pucelles. Lalla Batoul, qui vénérait son mari à souhait, quoiqu’envoûtée, elle aussi, par la voix cet exégète islamiste qui rendait souvent visite à son mari. La voix du cheikh Mahmoud Morsi El Qnadsi, qui était, avec sa tunique des théologiens d’El Azhar, la risée des mioches, lui titillait les sens, elle se blottit contre Hor Ben Yaqdhan, tantôt en rêvassant, tantôt en pleurant le désir fuyant à bout de sourate, volatile, en somme.  Mariée contre son gré, Djenina, prénommée ainsi en l’honneur de la fille éponyme de Messali El Hadj, sombra dans la folie, re jointe par sa sœur jumelle Djamila, prénommée, elle aussi, comme la fille de Ferhat Abbas. Toutes les deux compostèrent leur ticket de démence à l’Hôpital psychiatrique Frantz Fanon, à Blida. Les mêmes lieux déraisonnables recevront durant une bonne petite semaine Hor Ben Yaqdhan, pour simuler une folie, pour les besoins de l’exemption du service national. Il décrocha son diplôme en psychologie clinique, et sa première fonction algéroise le mit dans un département d’hygiène et de dératisation. La carte militaire sine qua non pour sa titularisation. D’où l’idée de Sidi Mouley de la cagoule psychiatrique pour Aksil. L’auteur du Dernier juif de Tamentit, aborde l’histoire de ce Palestinien, Yasser Berghouti, copain de chambre universitaire de Hor Ben Yaqdhan, qui menait une vie dévergondée, insouciant de la «cause éternelle» de son pays colonisé par Israël depuis 1948. Les frasques de l’étudiant des Territoires occupés, qui alla enfin émigrer aux USA pour «cueillir un rêve» inaccessible à Ghaza, effrité de surcroît, finit par ébranler Hor Ben Yaqdhan, qui, naguère, croyait en la sainteté de la cause embourbée. Trahie. Autre personnage sibyllin, Houari, le frère des deux sardanapalesques jumelles. Communiste, licencieux, ne jurant que par Lénine, Marx et Engels, n’étanchant sa soif qu’avec les bons vins, il changea subitement de cap, et de cape, pour s’islamiser, slalomant sur la nouvelle vague déferlante, suite à la mort de Boumediène et le renversement du shah d’Iran. Houari ira même se terrer aux frontières algéro-marocaines, revenant six mois plus tard raconter des bobards, ayant faussement combattu et défait les Soviétiques à Kaboul ! Comme dans son roman en arabe, Avant l’amour de peu, Zaoui mène le lecteur dans une ville qu’il chérit tant : Oran. La ville mouvementée de nuit, arborant ses délices nocturnes tant désirés diurnement, avec ses panoplies de bar/cabarets à ne pas désemplir. L’on vide ses chagrins dans un verre, ou une fente duveteuse !  Hor Ben Yaqdhan aime la bière, les femmes, libertin, aimant Piaf et Oum Kelthoum et Brel et Chikha Remity, l’escapade via le train Alger-Oran-Alger, ne ratant pas pour autant de siroter son café au mythique Cintra, où Albert Camus avait roulé sa bosse. Ce beau texte, écrit dans un arabe limpide, castré des envolées lyriques ou surcharges narratives (lipidiques) nuisibles et inutiles. Le roman pour Zaoui, bilingue magistral et auteur d’articles osés, se doit un vecteur d’idées progressistes, provocateur des guêpiers sociétaux ou démêleur de nœuds gordiens. Texte exquis, tourbillonne la tête du lecteur crédule, qui croit que les choses existentielles sont toujours cartésiennes, rectilignes, voire exagérément sacralisées, comme dans son dernier roman en français l’Enfant de l’œuf, où les gens acceptent l’idée qu’on soit un Arabe, mais de confession chrétienne. Amine Zaoui réussit, haut le verbe, à peindre une société désorientée, ne sachant à quel saint/sein se vouer, une société  à califourchon entre un Orient de plus en plus fanatisé et un Occident épanoui et laïc. L’auteur de la Chambre de la vierge impure brosse un tableau déroutant de cette Algérie des années post-indépendance, avec ses révolutions agraires, labourées par des bœufs myopes. L’effluve de la liberté prend le dessus dans ce roman agréablement relaté. Vivement recommandé aux férus de l’essayiste de l’Incendie au paradis.   Par Belkacem Meghzouchene Romancier algérien

L’histoire à écrire, réécrire

La Française Jacqueline Gozland, qui se revendique algérienne, raconte en 78 minutes la fabuleuse histoire de la Cinémathèque d'Alger dans son nouveau documentaire Mon histoire n'est pas encore écrite, présenté en avant-première algérienne, jeudi 22
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L’histoire à écrire, réécrire

La Française Jacqueline Gozland, qui se revendique algérienne, raconte en 78 minutes la fabuleuse histoire de la Cinémathèque d'Alger dans son nouveau documentaire Mon histoire n'est pas encore écrite, présenté en avant-première algérienne, jeudi 22 mars, au 3e Festival de Annaba du film méditerranéen qui se déroule jusqu'au 27 mars. Le film a été tourné à l'occasion de l'exposition relatant les 50 ans de la Cinémathèque algérienne, organisée en mai 2015 au Musée algérien d'art moderne et contemporain (Mama) d'Alger. «Je suis à Alger pour fêter cette salle aux 1000 histoires. Jusqu'à ce retour, je vivais dans la crainte de retrouver cette mémoire meurtrie de mon Algérie perdue. C'était le 25 novembre 1961. Des fusillades éclataient de partout. Dans la hâte de notre départ, j'avais emmené ma poupée. Après tant d'années d'absence, Alger me prend dans ses bras. Cette joie à peine perceptible semblait avoir effacé ces longues années d'absence et d'attente. Mes parents me donnaient comme second prénom Messaouda. Messaouda, cette autre part de moi même, cette lumière manquante. Je rentre à la maison courir après mes fantômes», confie la réalisatrice dans le commentaire du début. Le 23 janvier 1965, la Cinémathèque d'Alger a ouvert ses portes dans la salle Le Club, au 26, rue Ben M'hidi (ex-rue d'Isly). Le Français Jean-Michel Arnold a confié, dans le documentaire, avoir proposé à Mahieddine Moussaoui, alors directeur du Centre national du cinéma, de créer une Cinémathèque en Algérie, où les gens du cinéma peuvent rencontrer les spectateurs. «L'idée de regrouper tous les films de Vautier, Chanderli, Clément et des reporters américains partait déjà de l'époque du GPRA. La cellule ''image et son'' était présidée par Mahieddine Moussaoui. Le service photos était à Tunis. Moussaoui, qui était un visionnaire, voulait créer un INA (Institut national d'audiovisuel) avant l'heure», raconte le critique Ahmed Bedjaoui. Ahmed Hocine (frère de la moujahida Baya Hocine) fut nommé premier directeur de la Cinémathèque algérienne. Selon Jean-Michel Arnold, la plupart des employés de la cinémathèque venaient de La Casbah d'Alger. Farouk Beloufa rappelle, pour sa part, que cinq séances étaient assurées, entre 13h et 00 h, à la Cinémathèque d'Alger, «lieu d'échanges et de débats», dans les années 1970. «A chaque séance, la salle était pleine. La cinémathèque accueillait les étudiants de la fac d'Alger, les clients des Galeries algériennes et les gens de La Casbah. C'était la première fois que les jeunes filles pouvaient venir au cinéma. C'était une cinémathèque populaire ouverte aux jeunes», se souvient Ahmed Bedjaoui. Des grands noms du cinéma à Alger Il évoque l'épisode d'un début d'émeutes en raison de la colère du public qui n'a pas pu accéder à la salle pour voir le film, Monterey Pop, de Donn Alan Pennebaker, en 1968 (sur le célèbre festival musical de l'époque). «Arnold était heureux. Il m'a dit, c'est bien, les gens adorent le cinéma», appuie Ahmed Bedjaoui. Selon Jean-Michel Arnold, Henri Langlois, l'un des fondateurs de la Cinémathèque française, n'a jamais hésité à envoyer des classiques du 7e art à la Cinémathèque d'Alger. Arnold se souvient que les films muets étaient parfois accompagnés de musique vivante, jouée au piano, lors de la projection. La Cinémathèque d'Alger a connu deux avant-premières mondiales du cinéaste français Jean-Luc Godard, Deux ou trois choses que je sais d'elle et La Chinoise. De grands noms du cinéma mondial ont visité et animé des débats à la cinémathèque, à l'image de Werner Herzog, Youssef Chahine, Tito Bras, Costa Gavras, Sembène Ousmane, Mohamed Hondo, Nicholas Ray et d'autres. Arnold parle aussi de l'organisation à Alger de La quinzaine des Réalisateurs (une importante section du Festival de Cannes). «Arnold avait un désir d'excellence. Il était rigoureux au travail. Lorsqu'il fait un cycle sur un cinéaste, il le poursuit jusqu'au bout. Il ne peut entamer un cycle Renoir, s'il lui manquait un film», témoigne Ahmed Bedjaoui. Merzak Allouache confie, de son côté, à avoir appris l'art du cinéma grâce à la Cinémathèque d'Alger. «A l'époque, toutes les tâches étaient liées à l'édification nationale», rappelle Lyazid Khodja, un des animateurs de la Cinémathèque algérienne. Malheureusement, Boudjemâa Kareche, ou Boudj, qui a dirigé la Cinémathèque algérienne à partir de 1978 jusqu'à sa mise à la retraite en 2005, n'a pas été interviewé dans le documentaire. Il aurait refusé. «Boudj, tu ne le sais pas, mais c'est grâce à ton invitation (en 1987) que je suis revenue en Algérie après vingt cinq années d'absence», avoue la réalisatrice dans le documentaire. «Nous avons lutté pendant vingt ans pour que le documentaire puisse voir le jour. On m'a refusé le financement du film parce qu'il ne faisait pas partie de l'histoire de France, m'a-t-on dit. Cela a été un grand choc pour moi. La rencontre avec Boudj, fort fatigué, n'a pu se faire au moment du tournage. Nous lui rendons un hommage comme s'il était là. Les personnalités sont fondamentales, bien sûr, mais ce qui compte dans une cinémathèque, ce sont d'abord les films et le public», explique Jacqueline Gozland. Elle a rappelé que le film La Bataille d'Alger de Gilo Pontecorvo a été interdit en France pendant 38 ans. «132 ans de colonisation qu'il fallait taire», souligne-t-elle. Elle n'a pas omis de rendre hommage au photographe algérien Lyes Meziani (qui apparaît dans le film), décédé récemment à Alger.

Avoir la ville sur le corps

Des Syriens, qui ont fui la guerre dans leur pays, une guerre interminable, travaillent dans un chantier à Beyrouth, au Liban. Ils construisent un gratte-ciel, mais n'ont pas le temps ni l'autorisation légale de sortir de leur lieu de travail pour visiter l
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Avoir la ville sur le corps

Des Syriens, qui ont fui la guerre dans leur pays, une guerre interminable, travaillent dans un chantier à Beyrouth, au Liban. Ils construisent un gratte-ciel, mais n'ont pas le temps ni l'autorisation légale de sortir de leur lieu de travail pour visiter la ville, pour humer l'air frais. C'est l'idée développée par le jeune cinéaste syrien, Ziad Kalthoum, dans Taste of cement (Le goût du ciment), documentaire, en compétition au 3e Festival de Annaba du film méditerranéen. A Beyrouth, le couvre-feu est imposé aux réfugiés et travailleurs syriens après 19h pour on en sait quelle raison. Sortir après cette heure équivaut à une reconduction aux frontières ou à des sanctions. Lorsqu'ils terminent le travail, les constructeurs, qui ont quitté des maisons effondrées en Syrie, partent se reposer au sous-sol en passant par un trou, ils n'ont presque aucune idée sur la ville, ses ruelles, ses marchés, ses cafés, ses restaurants, ses lieux de loisirs, ses boutiques et ses habitants. Ils ne la regardent que d'en haut. Ils ont la sensation d'avoir Beyrouth sous les pieds, mais se rendent compte vite que la ville, où ils sont venus se réfugier, est loin d'eux. Elle les écrase de tout son poids et de tout son orgueil. En plus de l'isolement, les travailleurs-réfugiés, jeunes pour la plupart, vivent dans la monotonie des jours qui passent. Ils se rendent compte qu'ils sont venus reconstruire une ville détruite, partiellement, par la guerre, après avoir fui un pays en phase avancée de destruction et d'effacement. Construction/destruction/reconstruction, trois pistes sur lesquelles s'est engagé le cinéaste syrien pour raconter, en fait, avec un bruitage angoissant, un double drame : l'enfermement dans un endroit ouvert des travailleurs et la destruction qu'apporte la guerre. Plusieurs villes syriennes ont été complètement rasées par les multiples bombardements depuis 2011. Le Liban, qui a connu la guerre, tente de se reconstruire au milieu de menaces extérieures, alors que la Syrie ne peut plus arrêter le processus de destruction. Un char sous les eaux Ziad Kalthoum, qui est réfugié en Allemagne, oppose deux plans pour mieux exprimer son souci : un char blindé tire sur des quartiers déjà détruits en Syrie, et une grue qui bouge dans un sens circulaire pour faciliter l'action des bâtisseurs au Liban. La caméra plonge parfois sous l'eau pour montrer l'épave d'un char. Le cinéaste rêve peut-être qu'un jour la guerre s'arrêtera et que le matériel de guerre, et donc de destruction, soit «avalé» par les eaux salées de la mer pour disparaître à tout jamais. Le ciel et la terre paraissent comme une métaphore dans un film où la plongée -contre-plongée- dévoile la détresse d'hommes presque perdus. Les images précises de Talal Khoury, qui s'attardent sur les visages tristes des ouvriers et leurs regards perdus, montrent toute la détresse des hommes forcés à quitter leur pays, parfois leur foyer, pour aller vivre ailleurs en cherchant un peu de quiétude et juste un peu de dignité. Ils sont aujourd'hui des millions de réfugiés syriens à vivre au Liban, en Jordanie, en Turquie, en Irak, en Grèce, en Egypte et ailleurs dans le monde. C'est le mouvement de réfugiés le plus important au monde après la Seconde Guerre mondiale. Le goût du ciment a l'avantage d'être un documentaire cru qui explore la profondeur d'une blessure en peu de mots, mais avec des images fortes, une musique absente et un silence troublant. 

ONDA : Une recette de 5,1 milliards de dinars enregistrée en 2017

Les recettes de l’Office national des droits d’auteur et droits voisins (ONDA) ont atteint en 2017 plus de 5,1 milliards de dinars, avec une hausse de 8,57% par rapport à l'année précédente, a-t-on appris jeudi auprès du directeur général, Sami Be
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ONDA : Une recette de 5,1 milliards de dinars enregistrée en 2017

Les recettes de l’Office national des droits d’auteur et droits voisins (ONDA) ont atteint en 2017 plus de 5,1 milliards de dinars, avec une hausse de 8,57% par rapport à l'année précédente, a-t-on appris jeudi auprès du directeur général, Sami Bencheikh El Hocine, lors de son passage à Tébessa. Cette croissance est appelée à la hausse en 2018, surtout avec l’implantation de nouvelles agences à travers le territoire national. Ajoutant que 89% de ces revenues seront distribuées aux artistes et mis au profit de la créativité, dont le nombre dépasse les 21 000 entre adhérents et titulaires de droits voisins, parmi eux 300 adhérents qui bénéficient actuellement de la pension de retraite. En attendant la perception sur les nouvelles chaînes privées algériennes, le directeur général de l’Onda a fait savoir que la Radio nationale algérienne, à elle seule, paye entre 200 et 300 millions de dinars par an. Concernant le problème du piratage et des atteintes aux droits à la propriété intellectuelle, Bencheikh El Hocine a indiqué que son Office s’est impliqué pour résoudre plus de 100 conflits. Son intervention à Tébessa devant un parterre d’artistes, écrivains et autres était d’apporter leur adhésion à l’Office en leur présentant des explications sur l’utilité de l'Onda qui, selon lui, est seul habilité à assurer un fonds à répartir équitablement au profit des artistes.

Des mots à la bouche

Et la bonne adresse, ce soir-là, est sise au 7, rue Hassani Issad. A l’Institut français, à Alger. Plus précisément à la Brasserie café bibliothèque. Une table d’hôtes de circonstance. Parmi les convives, Xavier Driencourt, ambassadeur de Fran
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Des mots à la bouche

Et la bonne adresse, ce soir-là, est sise au 7, rue Hassani Issad. A l’Institut français, à Alger. Plus précisément à la Brasserie café bibliothèque. Une table d’hôtes de circonstance. Parmi les convives, Xavier Driencourt, ambassadeur de France en Algérie, Gregor Trumel, conseiller de la coopération et d’action culturelle et directeur de l’Institut français d’Algérie et directeur de l’Institut français d’Algérie, Jean-Jacques Beucler, directeur de l’Institut français d’Alger, Adila Bendimerad, actrice et scénariste, Véronique Beucler, romancière et professeure agrégée, Damien Ounouri, réalisateur, Idir Benyounès, directeur du quotidien La Dépêche de Kabylie… Mais ceux qui régalaient,  c’étaient deux cuisiniers français de Bordeaux : Pauline Xiradakis,  dirigeant deux restaurants, La Tupina et La Kuzina, et Johan Chaussetier. Au four, aux fourneaux et au moulin. Ils se sont débrouillés comme des chefs. Pour offrir non pas un «festin nu», frugal, mais une «grande bouffe». Soupe de poireaux, pommes de terre et calamar, merlan aux haricots blancs et légumes de saison. Et un clavier de desserts signé Honoré Pâtisserie. Des viennoiseries algéroises. Pas un Paris-Brest, mais un «Paris-Alger». Et ce n’était guère un «dîner de cons». Car il ne s’agissait pas de «ripailler». Faire bombance, mais avec finesse. «Des nourritures terrestres», comme dirait André Gide. Et justement, le dîner de la francophonie est baptisé «Les saveurs du savoir». Et la carte, c’est consigné par une table… des matières… grises. Saveur et savoir, cela rime. A quoi ? ça sert et se sert à point… nommé. Et la leçon est compulsée par Roland Barthes, issue de la leçon inaugurale au Collège de France, est à retenir : «Vient peut-être maintenant l’âge d’une autre expérience : celle de désapprendre, de laisser travailler le remaniement imprévisible que l’oubli impose à la sédimentation des avoirs… Sapientia : nul pouvoir, un peu de savoir, un peu de sagesse, et le plus de saveur possible.»  La chef, Pauline Xiradakis, confiera : «Chaque culture a une gastronomie intéressante. L’important, ce sont ses traditions et produits. Et en Algérie, vous avez la chance d’avoir des légumes et fruits frais et pas traités, comme ceux que j’ai vus au marché du 1er Mai ( Mellah). Vous êtes en avance…»  

Coopération algéro-française : Atelier de «réflexion partagée en philosophie» à Tipasa

«Pensée créative, l’artiste et l’artisan, la créativité» ; «poésie» ; «pensée créative et situation problème, l’œuvre d’art» ; «pensée créative dans la vie» ; tels sont les thèmes des séminaires sélectionnés et qui seront débat
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Coopération algéro-française : Atelier de «réflexion partagée en philosophie» à Tipasa

«Pensée créative, l’artiste et l’artisan, la créativité» ; «poésie» ; «pensée créative et situation problème, l’œuvre d’art» ; «pensée créative dans la vie» ; tels sont les thèmes des séminaires sélectionnés et qui seront débattus respectivement au niveau de Ghardaïa, Laghouat, Boussaâda, Tipasa. Ces rencontres sont destinées aux lycéens, étudiants et enseignants. L’animation des conférences est assurée par Marie-Laure Dupin, consultante en formation et ex-enseignante coordinatrice au ministère français des Affaires étrangères, et Danièle Dupin, philosophe, inspectrice dans l’éducation nationale, expert international par la Commission européenne. Les animatrices françaises, invitées par l’Association algérienne des études philosophiques (AAEP), ont achevé leur mission entamée à Ghardaïa le 21 mars 2018 par l’encadrement d’un atelier ayant pour thème «la pensée créative dans la vie» et au centre de la Munatec à Tipasa le jeudi 29 mars. Soucieuse  de la réussite du séminaire, Malika Bendouda, enseignante-chercheure, présidente du bureau de l’AAEP de Tipasa, commence à préparer ce rendez-vous avec une poignée d’étudiants et d’enseignants, dans le but de fructifier cette rencontre avec les deux  Françaises, experts de l’ARP. Malika Bendouda avait coordonné deux ateliers au centre universitaire de Tipasa lundi dernier, afin d’inciter les étudiants et ses collègues enseignants à mieux réfléchir sur la manière d’aborder le thème choisi pour Tipasa avant d’engager les débats. La citoyenneté et le partage, tels étaient les thèmes des deux ateliers coordonnés par l’universitaire Malika Bendouda. Les conférences programmées en ce mois de mars s’articuleront sur des sujets relatifs à la construction d’une culture de paix, à l’ouverture sur le monde extérieur, à la  maîtrise de l’oralité, la résolution des conflits, au développement d’une éducation citoyenne, à l’apprentissage au respect et à l’écoute de l’autre, tout en demeurant attentif, critique et créatif, dont le but essentiel consiste à bâtir une démocratie, pour devenir progressivement un citoyen éclairé au sein de la société. Il suffit de respecter le protocole des ateliers.  

J’ai voulu offrir une tribune à des gens qui n’en ont pas

Votre fatwa ne s’appliquera pas ici raconte des histoires inédites de lutte contre le fondamentalisme musulman résultant de 300 entretiens d’hommes et de femmes engagés contre ce mouvement politique extrémiste menés par l’auteure dans plus d’une
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J’ai voulu offrir une tribune à des gens qui n’en ont pas

Votre fatwa ne s’appliquera pas ici raconte des histoires inédites de lutte contre le fondamentalisme musulman résultant de 300 entretiens d’hommes et de femmes engagés contre ce mouvement politique extrémiste menés par l’auteure dans plus d’une vingtaine de pays musulmans. «Pour écrire ce livre, j’ai voyagé un peu partout pendant trois ans. Je n’ai pas pu me rendre dans certains pays comme au Soudan, pour des raisons de sécurité ou parce que je n’ai pas pu obtenir de visa, j’ai dû alors travailler par skipe». «C’est un travail en réseau». Pour présenter et faire connaître son livre, édité en France en octobre 2017, Karima Bennoune a effectué une tournée en France qui l’a conduite à Lille, Lyon, Marseille, Paris et Rennes grâce au réseau associatif progressiste. L’éditeur a indiqué qu’il n’y a pas eu de répondant de la part des médias français auxquels il a envoyé un exemplaire du livre, alors que certaines librairies ont refusé de recevoir l’auteure. Nous l’avons suivie à Rennes et à Paris. A Rennes, elle est intervenue à l’institut de Sciences politiques à l’invitation du Mouvement de la paix. A cette occasion, Roland Nivet, coordinateur du mouvement de la paix Bretagne, a rappelé la solidarité apportée aux militants de la démocratie et de la lutte anti-intégriste en Algérie pendant les années 1990 du Mouvement de la paix qui fête cette année son soixante-dizième anniversaire. A chacune de ses rencontres, Karima Bennoune explicite les raisons qui l’ont amenée à faire ce travail, les conditions dans lesquelles elle l’a réalisé, tout en précisant qu’elle prend la parole en son nom personnel et non en qualité de rapporteuse des Nations unies, son livre ayant paru en anglais en 2013. L’écriture de ce livre repose sur trois objectifs, selon son auteure. C’est d’abord un travail de documentation. «Il m’a paru important que la mémoire de ces luttes soit écrite pour qu’elle soit connue et ne se perde pas», dit-elle. A la féministe Ourida Chouaki, décédée il y a quelques mois, Karima Bennoune avait demandé quel souvenir faut-il garder de son frère, le syndicaliste Salah Chouaki assassiné par le GIA en 1994, «qu’on garde en mémoire que c’est le terrorisme fondamentaliste qui l’a tué», avait répondu Ourida. En second lieu, pour susciter plus de solidarité avec les hommes et les femmes qui refusent le diktat des fondamentalistes. Elle donne l’exemple de Chérifa Kheddar, la présidente de l’association des familles des victimes du terrorisme qui a perdu son frère et sa sœur, assassinés le 24 juin 1996. «Elle vient d’être empêchée de déployer sa banderole à Alger par la police le 8 mars. Ces personnes ont besoin de solidarité», notant que les fondamentalistes, eux, ont des structures, des moyens, des soutiens. e troisième objectif consiste à œuvrer à l’effacement des stéréotypes vis-à-vis des musulmans en apportant une autre vision, différente que celle véhiculée par les médias occidentaux. «Tout le monde, aux Etats-Unis et en Europe connaît l’histoire de Oussama Ben Ladden mais combien sont ceux qui connaissent celle des résistants au fondamentalisme musulman ?» «Il faut aussi lutter contre les discours qui justifient le fondamentalisme musulman.» «Aujourd’hui en Occident, particulièrement aux Etats-Unis on est face à deux discours inacceptables. A droite et à l’extrême droite, l’islam est représenté comme une religion intégriste. Une certaine gauche refuse de reconnaître la réalité de l’intégrisme qui instrumentalise la religion. En France, par exemple, on entend un discours qui fait l’apologie de l’intégrisme en utilisant la colonisation pour justifier l’injustifiable. J’ai voulu rejeter ces deux discours, trouver un juste milieu qui écoute les démocrates musulmans ou de culture musulmane.» Par conséquent, ce livre est «une petite contribution à un autre discours. C’est une troisième voix portée par un discours démocratique reflétant la complexité de ces expériences menées par des musulmans pratiquants ou non». «J’ai voulu offrir une tribune à des gens qui n’en ont pas.» «Ce livre est un travail de militantisme.» «Nous devons travailler davantage la communication.» «Il ne faut pas qu’on oublie les victimes du terrorisme.» Aux Etats-Unis où elle vit, les Américains ne savaient pas, ne comprenaient pas et ne s’intéressaient pas ce qui se passait en Algérie durant la décennie noire. «ça me faisait de la peine que tout ce courage ne soit pas connu à l’étranger. Vingt ans après, j’ai voulu reprendre ce combat et le faire porter à l’opinion anglophone. Il ne faut pas qu’on oublie les victimes.» «Je suis la deuxième génération de ma famille à militer contre le fondamentalisme religieux, à la suite de mon père Mahfoud Bennoune.» «Mon père, comme de nombreux démocrates algériens, n’a eu de cesse de dénoncer l’intégrisme islamique. Gravement menacé, il avait quitté la maison, mais il continuait à écrire, à faire des conférences.» D’un point de vue méthodologique, Karima Bennoune a pris le parti de raconter des histoires qui, estime-t-elle, ont parfois plus de force qu’une analyse socio-politique. Les personnes qu’elle a rencontrées sont d’une grande diversité, allant de religieux à des femmes au foyer, des femmes actives, des féministes, des intellectuels et des artistes. Comme, par exemple, la fille d’un imam, Aminatou Daouda au Niger, qui milite pour l’application de la Convention internationale contre les discriminations à l’encontre des femmes ; une militante pakistanaise à Lahore qui organise des manifestations contre la loi contre le blasphème, malgré les menaces qu’elle reçoit régulièrement ; une Iranienne, Roya Boroumand, qui a créé une fondation pour les droits humains en Iran portant le nom de son père assassiné, Abdorrahman Boroumand. Elle cite aussi l’exemple d’un mollah libéral afghan, Syed Ahmad Hosaini qui dispense à Herat des formations pour la promotion des droits des femmes et s’oppose publiquement aux mariages forcés. «Il m’accompagnait le soir après nos entretiens à mon hôtel pour me protéger, alors que lui-même courrait des risques sur sa personne.» Elle cite Lubna Hussain, journaliste soudanaise qui, avec d’autres femmes, avait refusé d’obéir à l’injonction d’interdiction de port du pantalon par les femmes. Elle a dû s’exiler comme d’autres activistes soudanaises .  Le titre du livre n’est pas anodin. «J’ai été influencée par un artiste pakistanais. Le titre vient d’une pièce de théâtre, Bulha, écrite par Shahid Nadeem. Pour moi, cela représente l’esprit de résistance des personnes opposées au fondamentalisme musulman», explique son auteure . Le «ici» du titre «c’est partout». «Mon sujet, ce n’est pas la religion en soi, ce n’est pas mon domaine, ce qui m’intéresse c’est l’impact politique de mouvements politiques qui manipulent la religion et l’utilisent comme un outil politique. Je suis professeur de droit.» Et de préciser qu’au concept islamisme, elle préfère celui de fondamentalisme musulman parce que le terme islamisme entraîne une confusion avec islam. «J’utilise la définition de la sociologue algérienne Mariame Helie- Lucas, fondatrice du Réseau Femmes sous loi musulmane qui a défini globalement les fondamentalismes comme des mouvements d’extrême-droite qui, dans un contexte de mondialisation,…manipulent la religion…dans le but de réaliser leurs objectifs politiques.» Et «à un mouvement politique comme le fondamentalisme musulman, il faut des réponses politiques». «J’ai compris que c’est un problème pour lequel il faut une réponse internationale.» «C’est un des grands défis dans le monde.» «En France, on dit islamisme, je n’aime pas ce terme, il donne une justification religieuse au terrorisme.» Les femmes en première ligne Pourquoi toutes ces histoires ne sont-elles pas connues ? Pourquoi ne demande-t-on pas l’avis de ces personnes quand il y a des attentats dans un pays occidental ?, s’est interrogée Karima Bennoune. Parmi toutes les histoires rapportées dans le livre, toutes aussi importantes les unes que les autres, en voici deux  que nous rapportons. L’une vient du Mali et l’autre du Pakistan : en 2012, alors qu’elle se trouvait à Bamako, Karima est «très touchée par la situation des femmes dans le nord du Mali sous le joug des groupes intégristes du Mujao. ça me rappelait l’Algérie des années 1990». M. Bodmar (un pseudonyme), professeur du second degré qui s’est retrouvé à la tête d’un lycée qui a été occupé par le Mujao, prend de grands risques pour que l’établissement continue de fonctionner et dispense un enseignement laïc à des filles et des garçons ensemble alors que le Mujao imposait ses règles aux habitants de la région. Il parcourait les 1200 km qui séparent Gao de Bamako pour aller percevoir son salaire. Il décrit à Karima la vie quotidienne sous le règne du Mujao. Il a assisté à des flagellations, des mutilations de mains ou de pieds de personnes qui n’avaient pas respecté la loi des intégristes, pour pouvoir témoigner ensuite des exactions de l’organisation terroriste contre la population. Karima lui a demandé pourquoi il retournait à Gao. «Ma présence fait naître de l’espoir chez mes élèves, je ne veux pas tuer cet espoir», lui a répondu M. Bodmar. L’autre histoire concerne Sabeen Mahmud, fondatrice du centre culturel T2F à Karachi. Sabeen Mahmud a défié le terrorisme pour défendre le droit à la culture et à la création. Elle avait organisé une activité autour de la réappropriation de la technologie, une autre contre la loi punissant le blasphème. «Ce genre de risque nous devons le prendre, pour avancer.» «Le changement des mentalités ne se produit pas en un jour», a dit cette militante à Karima Bennoune. Le centre T2F est une contribution à la libéralisation de la société pakistanaise. Sabeen Mahmud a été assassinée le 24 avril 2015 par un djihadiste qui assistait aux activités du centre. Pour Karima «elle a incarné l’un des vers du poète pakistanais Faiz Ahmed Faiz : ‘Les tyrans… ne peuvent éteindre la lune, donc aujourd’hui comme demain, aucune tyrannie ne triomphera’».  «Voilà pourquoi il faut multiplier les solidarités avec les luttes démocratiques contre tous les fondamentalismes dans le monde. L’envoi de messages de soutien est un acte symbolique appréciable pour ceux qui sont sur le terrain. «C’est dur de vivre cela dans la solitude», dit Karima aux personnes venues l’écouter à Paris, Lille, Lyon, Rennes et Marseille. Il y a des réseaux musulmans progressistes qu’il faut aussi soutenir qui font un travail de déconstruction du discours fondamentaliste, avance Karima Bennoune. Et elle cite la communauté Muslims for Progressive Values dirigée par la musicienne américano-malaisienne, Ani Zonneveld, qui travaille à une «alliance mondiale de musulmans ouverts». Lors d’une conférence de presse à Genève en juin 2014, ce nouveau «collectif de musulmans progressistes de toutes nationalités, toutes origines et tous courants religieux» a promis de «combattre les justifications théologiques de haine…à l’aide des valeurs progressistes (qu’ils pensent) être inhérentes à l’islam». Citant une féministe nigérienne qui a confié à l’auteure que «chaque pas dans l’avancée des droits des femmes est un pas dans la lutte contre l’idéologie intégriste», Karima Bennoune relève que les femmes sont en première ligne, ce qui explique aussi qu’elles sont la cible privilégiée des fondamentalistes musulmans, elles qui symbolisent la transmission culturelle, la famille transmission, de la famille. Le plus grand chapitre du livre leur est consacré. Et elle reprend une autre citation, celle d’une féministe américaine : «Le féminisme c’est le contraire du fondamentalisme.» Ce qui l’amène à dire devant l’auditoire invité par le Fonds des femmes en Méditerranée – qui accompagne, soutient des projets, met en lien des associations pour qu’elles soient une force, cette association soutient aujourd’hui 260 projets dans 19 pays du pourtour de la Méditerranée - qui marque ses dix ans d’existence, qu’elle a beaucoup appris des féministes. Ajoutant  : «Le féminisme m’a appris le réseautage. Les réseaux féministes internationaux m’ont beaucoup aidé à faire ce travail.» Le chant des rêves brisés qui renaissent Le livre de Karima Bennoune se termine toutefois par une vision optimiste de l’avenir, de «la jeunesse qui commence à prendre la relève», souligne-t-elle en conclusion de ses interventions orales non sans rapporter l’histoire de cette jeune Afghane de 19 ans, Noorjahan Akbar, fondatrice du mouvement Young Women For Change (YWC) qui avait en 2011 organisé des manifestations de rue contre le harcèlement sexuel à Kaboul à une période difficile en matière de sécurité. Les manifestantes ont été violemment prises à partie par une télévision et par des passants. Quand les policiers ont été témoins de cette hostilité, ils ont eux-mêmes distribué les tracts. «Nourrir le rêve est le premier pas pour le faire advenir» et «l’optimisme est essentiel à la survie», a dit cette fille à Karima. Elle cite aussi une nouvelle primée, Le chant des colombes écrite en 2009 par des élèves du lycée Tafsuth de Tizi Ouzou. Inspirée d’une histoire vraie, cette nouvelle raconte la vie de Noor, une lycéenne de Boufarik, dans le triangle de la mort. La jeune fille est contrainte de quitter le lycée après que des islamistes ont proféré des menaces à l’encontre de toute jeune fille poursuivant des études. Passant outre, la jeune fille est assassinée par un groupe armé. L’’histoire se termine quand même sur une note positive : «La nouvelle de la mort de Noor s’est répandue comme une traînée de poudre. Elle s’est répandue jusqu’aux régions les plus reculées d’une Algérie meurtrie. Après la cérémonie funéraire, dans chaque village et dans chaque ville, les jeunes filles en pleurs ont entonné le chant des colombes et sont retournées à l’école par milliers.»  Ce «chant des colombes» ou «chant des rêves brisés qui renaissent» est «le chant de tous les militants pour la démocratie et la modernité dans tous les pays . Nous devons tous contribuer à raviver ces rêves brisés dont parlent ces élèves algériens car, comme ils l’ont écrit un rêve ne meurt jamais si d’autres lui redonnent vie», conclura Karima Bennoune.  

Festival de Annaba : Insyriated, dans le huis clos du drame syrien

Le coup d’envoi du 3e Festival de Annaba du film méditerranéen a été donné, mercredi soir, au théâtre régional Azzeddine Medjoubi avec le film belge Insyriated, de Philippe Van Leeuw. Le long métrage a été projeté en hors compétition. La Belgiq
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Festival de Annaba : Insyriated, dans le huis clos du drame syrien

Le coup d’envoi du 3e Festival de Annaba du film méditerranéen a été donné, mercredi soir, au théâtre régional Azzeddine Medjoubi avec le film belge Insyriated, de Philippe Van Leeuw. Le long métrage a été projeté en hors compétition. La Belgique est le pays invité d’honneur de l’édition de cette année qui se déroule jusqu’au 27 mars avec la projection d’une soixantaine de films. Là où ce film a été projeté, il a suscité de vives réactions du public invité à plonger brutalement dans le drame syrien dans toute sa cruauté. Insyriated ou Une famille syrienne, du Belge Philippe Van Leeuw, présent à Annaba, suit, avec une caméra interrogative particulièrement curieuse, le quotidien terrible d’une famille piégée par la guerre dans une ville syrienne. Depuis le début des violences sur les terres du Cham, plusieurs villes historiques ont été rasées par les bombardements intensifs de l’armée de Bashar Al Assad, des Russes et d’autres forces. Homs, Alep (l’une des plus anciennes villes de l’histoire), Daraa, Douma n’existent presque plus. Qui pleure ces cités, leurs vestiges, leurs cultures et les traces des anciennes civilisations qu’elles portaient  ? Philippe Van Leeuw, auteur du scénario aussi, a eu l’intelligence de ne pas situer le lieu, cela donc peut arriver dans n’importe quelle ville de la Syrie, à n’importe quelle famille et à n’importe quel moment. Il n’y a pas de limites à la folie des hommes. La Syrie est devenue un vaste territoire des douleurs muettes et des souffrances internes. Oum Yazan (Hiam Abbas) cherche par tous les moyens à protéger sa famille des dangers qui viennent de l’extérieur. Dans le quartier, un sniper tire sur tout ce qui bouge. Dans les guerres, les snipers, dont l’identité n’est jamais dévoilée, servent à semer la terreur parmi la population et à paralyser la vie sociale à des fins, inévitablement, militaires ou politiques. Samir (Mustapha Al Kar), voisin de l’étage supérieur, venu avec son épouse Halima (Diamand Bou Abboud) et son bébé se réfugier dans l’appartement de Oum Yazan après la destruction de la maison qu’ils habitaient, est ciblé par un sniper, le matin même où il a annoncé à sa femme que le voyage pour le Liban est enfin prêt. Delhani (Juliette Navis), une domestique, assiste à la scène du sniper ciblant Samir au dos, la signature de la lâcheté. Elle informe alors Oum Yazan qui lui demande de ne rien dire à Halima. Le secret devient de plus en plus lourd, alors que l’homme, étalé par terre dans un parking réduit en ruine, est probablement toujours en vie. Au milieu du parking, un arbre, qui paraît fleuri, résiste à la mort qui rode tout autour et qui peut sortir à tout moment montrer son visage hideux. Abou Monzer (Mohsen Abbas), un vieillard mélancolique, qui essaie de noyer son chagrin en fumant cigarette sur cigarette, se rend compte que Delhani cache quelque chose. Comment garder un secret dans un espace réduit où le seul programme du jour est de tout faire pour échapper aux fourches de la mort et où les rideaux tirés empêchent l’entrée de la lumière du jour ? Le grand-père s’amuse parfois avec son petit-fils, alors que les trois adolescents de la maison cherchent à meubler les vides autant qu’ils le peuvent, au gré d’une connexion internet instable et d’un réseau téléphonique aléatoire. Dehors, les tirs d’armes et des explosions de bombes se font entendre. Une ambiance morbide. «Le monde dehors ne vaut plus rien !» Oum Yazan, qui refuse de quitter sa maison malgré les menaces et les bombardements sporadiques, gère la situation d’une main de maître en économisant l’eau, devenue rare, en maîtrisant, autant que faire se peut, sa propre peur et sa propre colère et en oubliant presque le grand-père, jusqu’au jour où des hommes frappent à la porte. Des tactiques de défense sont adoptées. Mais jusqu’à quand ?«Laisse le monde dehors, il ne vaut plus rien», tranche le patriarche qui semble le plus serein dans l’attente de la mort. On comprend vite que Philippe Van Leeuw, par souci de neutralité, n’a pas cherché à comprendre les raisons de la guerre et des atrocités qu’elle charie. On devine que Oum Yazan est peut-être mère et épouse d’opposants qui auraient pris les armes contre le régime. Le réalisateur et scénariste n’a pas voulu trancher pour ne pas tomber dans le piège de la propagande, dans le conflit syrien quelle que soit la position que l’on prenne, on sera toujours mis dans une case, un camp ou un sphère d’influence. Insyriated montre, en fait, la capacité d’être humains, avec leurs craintes et leurs fragilités, à surpasser le réel et à se montrer digne face au rouleau compresseur de la terreur et de l’incertitude. Comment ne pas être égoïste et se cacher lorsque la menace entre par effraction à la maison  ? Halima a résisté à son corps défendant aux assauts de la haine, alors que les autres, reclus, s’étaient montrées lâches. Lâches par leur silence et par le passivité. Mais où est donc passée la solidarité de groupe  ? Le film, qui dévoile les horreurs de la guerre à basse échelle et qui met à nu les déchirures psychologiques des personnes mises sous haute pression en raison des violences, se veut parfois démonstratif en suggérant que la guerre peut être une fatalité dans un Moyen-Orient toujours en flammes (le film a été tourné entièrement en arabe). La Palestinienne Hiam Abbas et la Libanaise Diamand Bou Abboud ont donné beaucoup de puissance au film avec un jeu intense marqué par beaucoup de réalisme et de sincérité. Les deux comédiennes viennent de pays ayant connu la guerre, les bombardements, les tueries, les seigneurs de la guerre, les viols, les snipers, la peur... Elles savaient exactement ce que le réalisateur voulait d’elles. La Libanaise Juliette Navis s’est également bien installée dans son personnage, courageux et peureux à la fois, enchaîné et cherchant à se libérer de l’enfermement d’une famille voulant aller jusqu’au bout de la nuit. Insyriated, déjà primé aux Festivals de Berlin, du Caire et d’Angoulême, est sans doute l’un des films les plus puissants sur le drame et les tourments de la Syrie qui, malgré les apparences, continuent à évoluer, chaque jour, dans le sang et les larmes, chaque jour dans l’indifférence de l’humanité. Philippe Van Leeuw s’est intéressé par le passé à un autre drame, entouré également par les oublis et les mensonges : le génocide des Tutsis au Rwanda. Il a développé l’idée dans le film Le jour où Dieu est parti en voyage (2009). «La fleur d’Alep» et «La pluie de Homs» Le long métrage était le deuxième à aborder frontalement cette thématique en usant des ressorts de la fiction après Hôtel Rwanda, de Terry George (2004). Au Festival de Annaba, deux autres longs métrages abordent la question de la Syrie sous deux angles différents. Il y a d’abord Zahrat Alep (La fleur d’Alep) du Tunisien Ridha Behi, projeté hier soir jeudi, en hors compétition. Et, il y a aussi, Pluie de Homs du Syrien Joud Saïd, dont les films défendent souvent les thèses officielles de Damas. Alep et Homs, les villes devenues fantômes, sont donc des espaces où se déroulent toujours des histoires déchirantes que le cinéma tente de capter. Péniblement encore, puisque l’histoire est toujours en mouvement. En compétition officielle, l’Algérie, pour rappel, sera représentée par le premier long métrage de Yasmine Chouikh, Jusqu’à la fin du temps (projeté lundi 19 mars en avant première algérienne à Alger et qui sera distribué, par l’ONCI, à partir du 26 mars) et par En attendant les hirondelles, de Karim Moussaoui. Les sept remparts de la citadelle, le nouveau long métrage d’Ahmed Rachdi (3 heures), projeté également en avant première, mardi 20 mars, à l’Opéra d’Alger, sera présenté en session spéciale, en présence du réalisateur. Une autre session spéciale sera consacrée au réalisateur tunisien Taïeb Louhichi avec le film La rumeur de l’eau. C’est le dernier long métrage de Taïeb Louhichi, décédé le 21 février 2018.Annaba.

Les vraies fleurs de Mohamed Aouane ne fanent pas

On le surnomme «le prince des poètes». Une appellation qui lui été décernée par ses milliers de fans sur les réseaux sociaux. Lui, c’est Mohamed Aouane dit Slimane. Il est tout simplement poète. Les vraies fleurs ne fanent pas, un recueil de po
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Les vraies fleurs de Mohamed Aouane ne fanent pas

On le surnomme «le prince des poètes». Une appellation qui lui été décernée par ses milliers de fans sur les réseaux sociaux. Lui, c’est Mohamed Aouane dit Slimane. Il est tout simplement poète. Les vraies fleurs ne fanent pas, un recueil de poésie sorti dernièrement des éditions La pensée et dédié exclusivement à la poésie sentimentale. Il écrit des poèmes courts. L’enfant d’El Esnam, dans la région de Bechloul, est aussi un membre très actif du mouvement associatif. Après l’indépendance, il était membre de l’association dite Jeunesse du Front de libération nationale. Pour Mohamed Aouane, la poésie est un moyen d’«extérioriser et manifester ses sentiments». Ce registre poétique lui permet d’exprimer l’authenticité de sa sensibilité et surtout de ses émotions. Slimane, qui avait déjà publié dans un passé récent un recueil intitulé le Rêve, travaille déjà sur d’autres chantiers. «Je travaille sur quatre recueils qui vont sortir prochainement», nous a-t-il indiqué. Selon de nombreux lecteurs, fans de Mohamed Aouane, la première collection, le Rêve, a connu un succès.   

Analyse de l’infidélité

Narimane Chentouf-Yakhlaf vient d’éditer aux éditions Necib son roman Les Foulées troubles. Il s’agit un récit qui retrace le destin de plusieurs femmes confrontées à un moment de leur vie à la trahison et à l’infidélité de leurs conjoints
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Analyse de l’infidélité

Narimane Chentouf-Yakhlaf vient d’éditer aux éditions Necib son roman Les Foulées troubles. Il s’agit un récit qui retrace le destin de plusieurs femmes confrontées à un moment de leur vie à la trahison et à l’infidélité de leurs conjoints. A travers le personnage principal de ce roman, l’auteure nous décrit le quotidien d’une mathématicienne chercheuse promise à un avenir radieux. Entre les laboratoires de recherche qui la prédestinent à un avenir radieux et ses chiffres analyses et voyages. La réussite professionnelle de cette femme n’est qu’une partie du portait de la  femme sensible qu’elle est. L’auteure nous propose plusieurs récits, dont les personnages sont liés.   L’histoire peut se lire comme un décryptage des tracasseries qui minent les relations dans le couple, entre amis, entre parents et enfants ...   C’est une leçon sur la vie que la narratrice tire de chaque revirement de situation et de chaque rebondissement. «Une véritable offrande dédiée au plaisir du texte» Présenté en plusieurs parties, le roman nous propose certes l’histoire d’une mathématicienne qui sera confrontée à l’infidélité de son compagnon, mais le récit aborde aussi les destins d’autres personnages frappés par le même mal. Les tentations de la vengeance, les souvenirs d’enfance, le coup de foudre et les sentiments contradictoires qui hantent les personnages sont racontés avec une précision digne d’une psychanalyste. L’éditeur de ce premier  livre  publié de Narimane  Chentouf-Yakhlaf le présente comme «une véritable offrande  dédiée au plaisir du texte. Elle nous embarque dans un créneau de la vie sociale et psychologique, avec un regard d’une extraordinaire sensibilité soutenu par une intelligence littéraire très fertile».   Les Foulées troubles /Narimane Chentouf Roman (2018-03-21) Editions Necib 286 pages

Nouvel ouvrage en tamazight

 Tafghulit est le titre du deuxième album de caricatures en tamazight que vient d’éditer Kamel Bentaha aux éditions Asirem. Dans cet ouvrage, vendu à 500 DA l’exemplaire et préfacé par Fahim Messaoudene, l’artiste-bédéiste, natif de Cheurfa
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Nouvel ouvrage en tamazight

 Tafghulit est le titre du deuxième album de caricatures en tamazight que vient d’éditer Kamel Bentaha aux éditions Asirem. Dans cet ouvrage, vendu à 500 DA l’exemplaire et préfacé par Fahim Messaoudene, l’artiste-bédéiste, natif de Cheurfa, dans la commune d’Azazga, (Tizi Ouzou), porte son regard sur la société algérienne, décortiquant divers thèmes qui nous renvoient avec humour aux comportements du citoyen, les relations conjugales, le code de la famille, la politique, l’intégrisme et autres planches croustillantes en couleurs légendées dans sa langue maternelle. Le choix n’est pas fortuit pour l’auteur, qui milite pour le développement du tamazight dans tous ses aspects. «C’est pour l’enrichir, d’autant plus qu’il est devenu langue nationale et officielle. Pour le faire vivre, nous devons le travailler, produire davantage afin d’étoffer  la bibliothèque de la langue amazighe.  Je me fais un devoir de donner la priorité à ma culture avant toute autre», nous dit Kamel Bentaha, dont la bande dessinée (BD) Azzi akked Azzul (Le rouge-gorge et le protégé de sa mère), une histoire pour les enfants, avait décroché le premier prix du Jeune talent au Festival international de la bande dessinée d’Alger (FIBDA) en 2016. Un bonheur pour les «kids» Selon lui, l’histoire est mieux assimilée par les chérubins quand elle est racontée dans leur langue maternelle. «L’enfant s’y retrouve facilement et le message arrive à la première lecture, car il découvre dans la BD en tamazight ce qu’il vit, sa société, son environnement. C’est également une façon de lui faire aimer sa langue et sa patrie», ajoute le jeune artiste, en évoquant ses œuvres. Autodidacte, Kamel Bentaha a débuté dans cet art au journal Le Pays (Tamurt), premier hebdomadaire ayant introduit le tamazight dans ses colonnes dans les années 1990. Il collabore également au journal Les nouvelles confidences, le magazine pour enfants Nanou, avant de se lancer dans l’édition, avec Amicalement vôtre (2013), Akejmamar et deux  BD en arabe pour des campagnes de sensibilisation à la demande de la DJS et de l’Algérienne des eaux. En projet, une BD en tamazight intitulée Ouchen dumekssa (Le chacal et le berger), en collaboration avec le chanteur Zayen.

L’université scrute le renouveau du cinéma algérien

La faculté des sciences sociales et humaines de l’université Larbi Ben M’hidi d’Oum El Bouaghi a organisé, hier, un séminaire national sur le nouveau réalisme du cinéma algérien. Les professeurs en audiovisuel sont issus des universités d’A
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L’université scrute le renouveau du cinéma algérien

La faculté des sciences sociales et humaines de l’université Larbi Ben M’hidi d’Oum El Bouaghi a organisé, hier, un séminaire national sur le nouveau réalisme du cinéma algérien. Les professeurs en audiovisuel sont issus des universités d’Alger, Constantine, Batna, Sétif, Sidi Bel Abbès, Biskra,  Khenchela et Oum El Bouaghi. Plus d’une vingtaine de communications ont été programmées autour d’une thématique axée sur le réalisme du cinéma algérien et son renouveau. Comment est né le cinéma algérien, alors que le pays était sous le joug colonial ? Quels sont les premiers cinéastes qui ont su porter à l’écran la réalité de la société algérienne ? Au tout début, nos jeunes cinéastes ne pouvaient produire que des documentaires sur le quotidien de la société, aidés en cela par des réalisateurs étrangers, dont le Français René Gautier, à qui on doit la formation de jeunes combattants. L’indépendance recouvrée, le pays a envoyé un grand nombre de jeunes pour suivre une formation en cinématographie, notamment dans les pays de l’Est européen, avec lesquels l’Algérien entretient des relations plus que cordiales. Le vrai cinéma algérien est né dans cette période. De grands films relatant la lutte armée sont sortis sur les écrans des salles obscures du pays. Toutes les villes algériennes disposaient d’au moins une salle. Le réalisme du cinéma algérien était à l’opposé de ce que distillait la propagande du pays colonisateur et qui montrait les combattants algériens comme des rebelles qui s’élevaient contre l’ordre établi. La période la plus féconde reste sans conteste celle des années 1970 et 1980, où le pays se distingua grâce à une production filmique de qualité. L’Opium et le Bâton, d’Ahmed Rachedi, Chronique des années de braise, de Mohamed-Lakhdar Hamina, et tant d’autres films, constituent des chefs-d’œuvre dont tout amoureux du 7e art se souvient. La période des années 1980 a vu naître d’autres cinéastes, beaucoup plus tournés sur la société algérienne. Ce sont surtout des films qui portent un regard nouveau sur notre société. Le cas le plus illustratif reste celui de Omar gatlato, qui raconte la vie d’un jeune Algérois. La décennie noire, malgré la peur, a été aussi prolifique en films qui traitent de sujets beaucoup plus dramatiques. Les professeurs communicants ont tous axé leur intervention sur le réalisme du cinéma algérien, depuis sa naissance jusqu’à nos jours. Assisterons-nous à un nouveau décollage du cinéma algérien, d’autant que l’on s’apprête à rouvrir les salles obscures, comme promis par le ministre de la Culture, Azeddine Mihoubi.    

Un hymne à la solidarité et à la tolérance

Avec un jeu de guitare spécifique, Eugenio Bennato a sans doute tous les atouts pour faire partie de la lignée prestigieuse des grands chansonniers du 20e siècle. Mais l’auteur-compositeur-interprète italien a plus d’un tour dans son sac, et ses co
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Un hymne à la solidarité et à la tolérance

Avec un jeu de guitare spécifique, Eugenio Bennato a sans doute tous les atouts pour faire partie de la lignée prestigieuse des grands chansonniers du 20e siècle. Mais l’auteur-compositeur-interprète italien a plus d’un tour dans son sac, et ses compositions parfois déroutantes s’étalent sur plusieurs registres. C’est en tout cas ce qu’il a démontré avec brio sur la scène du TRO, accompagné de son groupe, des musiciens en général polyvalents. Polyglotte, il chante aussi bien dans sa langue maternelle qu’en français, en portugais, en anglais ou en espagnol. La langue arabe déclinée en maghrébin est aussi présente dans son répertoire présenté à l’occasion. Les contenus embrassent un large éventail de thématiques et l’artiste italien n’oublie pas, dans ses élans d’artiste engagé, les marginaux, d’une part, et les drames qui se jouent en Méditerranée, d’autre part. Mais le monde décrit n’est pas uniquement sombre et une certaine joie de vivre se dégage de l’ambiance créée sur scène et rehaussée par une symbiose qu’il a su créer avec le public qui, pourtant, le découvre pour la toute première fois.  Une de ses choristes s’avère être une excellente percussionniste, notamment à la batterie, et l’autre vocaliste exécute des pas de danse qui semblent parfois remonter à l’aube de l’Antiquité romaine. Son complice, qui chante en arabe, est en même temps rappeur, mais aussi violoniste, tenant l’instrument, une marque de fabrique, sur son genou, à la manière des musiciens maghrébins traditionnels (andalou, chaâbi, etc.) A la guitare électrique, un autre membre de son groupe exécute autant des riffs, avec des distorsions issues de la tradition du hard rock, que des solos, apparentés au jazz, le tout soutenu par un bassiste qui s’essaye parfois au besoin à la guitare rythmique. On devine aisément l’atmosphère qui peut se dégager d’un tel mélange des genres, entrecoupé par des chansons à l’ancienne, avec parfois des instruments traditionnels, comme la mandoline. Bennato privilégie ainsi, dans un élan de solidarité, les échanges, comme s’il voulait à tout prix élaborer une équation unificatrice d’un monde qui ne cesse de se diviser. Malgré l’harmonie, il ne faut peut-être pas trop chercher une logique à toute cette démarche artistique, motivée beaucoup plus par l’intuition et le feeling que par une volonté de donner un sens ou une orientation stricte à sa musique. Non logic song est, en effet, un des titres phares du spectacle, sans doute un écho au Logical song des Supertramp, le groupe qui a marqué toute une génération des années 1970/1980, mais le clin d’œil s’arrête au titre. N’empêche, Bennato mêle aussi parfois des passages types de la tradition rockabilly représentant la culture américaine des années 1950, à la manière de faire latine, un mélange détonant qui a fait vibrer le public. Le spectacle entre dans le cadre global d’une série d’événements culturels internationaux se limitant au bassin méditerranéen et organisés sous l’intitulé «Italia culture mediterraneo». Ceux-ci devraient s’étaler sur toute l’année 2018, «une année de culture et de dialogue dans la Méditerranée». Le programme pour l’Algérie est confectionné par le ministère des Affaires étrangères italien et son département  de la coopération internationale, en collaboration avec le ministère algérien de la Culture, ainsi que l’ONCI. Il concerne plusieurs événements mêlant spectacles de danse classique, de théâtre, rencontres et projections cinématographiques, échanges littéraires et débats sur l’histoire, mais aussi gastronomie, design, etc. Référence à un thème d’actualité, l’Italie n’oublie par ailleurs pas son passé de pays d’émigration à travers un spectacle en chansons, images et réflexions, prévu à la salle El Mougar en juin et intitulé Italiens, quand les émigrés c’étaient nous. Cette initiative est considérée comme «un hymne à la solidarité et à la tolérance» comme l’est, dans une large mesure, le spectacle d’Eugenio Bennato. La prestation de ce dernier est l’une des manifestations programmées en dehors de la capitale. «Nous essayons de décentraliser nos activités vers des villes (Oran, Annaba, Béjaïa) qui ne disposent pas d’antenne du centre culturel italien basé uniquement à Alger et nous allons voir comment, à l’avenir, étendre nos activités en fonction de l’accueil du public», explique Maria Battaglia, directrice de l’Institut italien, agréablement surprise par la réussite du spectacle et le bel accueil qui lui a été réservé.

Hommage aux frères d’armes

Le nouveau film d’Ahmed  Rachedi, les Sept remparts de la citadelle, a été étrenné, hier matin, par une avant-premiere presse, à l’Opéra Boualem Bessaïeh, à Alger. Ahmed  Rachedi, qui n’est plus à présenter l’Aube des damnés, l’Opiu
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Hommage aux frères d’armes

Le nouveau film d’Ahmed  Rachedi, les Sept remparts de la citadelle, a été étrenné, hier matin, par une avant-premiere presse, à l’Opéra Boualem Bessaïeh, à Alger. Ahmed  Rachedi, qui n’est plus à présenter l’Aube des damnés, l’Opium et le Bâton, Ali au pays des mirages, le Moulin de Monsieur Fabre, Mostefa Benboulaïd, ou encore Colonel Lotfi-, a prouvé, encore une fois, qu’il est un vieux briscard du cinéma algérien. Mais il est toujours vif, alerte, et surtout très vert. Car il jure avec la gérontologie. Il vient de signer un autre film sur la Révolution algérienne de Novembre 1954 contre la présence coloniale française. Certains vont dire que c’est un «ixième» film sur la guerre d’Algérie. Mais la conception, la vision et l’approche d’Ahmed Rachedi se veulent, on l’aura compris, un travail  de mémoire. Pour s’y coller, cette fois-ci, il a adapté  le roman éponyme historique de Mohamed Maârfia, les Sept remparts de la citadelle, paru en deux tomes en 2013. Ce nouveau film de guerre a été filmé à hauteur d’homme, se démarquant des figures historiques de la Révolution. Ces anonymes, ces civils, ces petites gens qui ont pris les armes conte l’occupant. L’indu-occupant, les colons et l’armée coloniale. L’EFFET  «SAM PECKINPAH» Car le film s’ouvre sur l’expropriation d’une terre. Celle de Thebti. Par Lucien. Aussi, Thebti, déraciné de son humus natal, prendra les armes, tout seul. Contre l’ordre français établi. Mais il ne pouvait guère s’insurger tout seul. Des compagnons d’armes, des frères d’armes viendront le raisonner. Pour une cause commune, juste et noble. Une guerre de libération. «Tu ne peux pas faire la guerre tout seul», lui fera-t-on observer. Car il ne s’agit pas de défendre, de se réapproprier une parcelle de terre, mais tout un territoire, un pays. Et c’est ce qui est méritoire dans l’œuvre initiale de Mohamed Maârfia et par conséquent, revisitée, bonifiée et stylisée. Et ce, galvanisée par une brillance filmique d’Ahmed Rachedi. Une débauche de plans, 1000. Des effets spéciaux, des images de sa marque déposée, des vues aériennes et des captations panoramiques inédites issues de 14 wilayas du pays -exprimant la beauté diverse et multiple de l’Algérie-,  une direction d’acteurs déclinant une application, des échanges et autres dialogues éloquents, un travail laborieux… Et puis, cette épure. Et ces clins d’œil, ces référents cinéphiles de Sam Peckinpah et ses ralentis comme dans le film de guerre Croix de fer (avec James Coburn et  Maximillina Schell) ou encore dans la Horde sauvage (avec William Holden et Ernest Borgnine). Un effet, une ponctuation marquant ou mettant l’emphase sur une dramaturgie, comme les scènes de combat, exactions et exécutions sommaires de la population civile…   UN PROJET DATANT DE 20 ANS Comment a germé l’idée d’adapter l’ouvrage les Sept remparts de la citadelle de Mohamed Maârfia ? «Cela fait 20 ans que je projette de porter à l’écran ce bouquin. Je l’ai lu. Cela me sort un peu de ces personnages historiques. Là, vous avez une liberté totale. Ce sont des anonymes, des combattants de la Révolution de Novembre 1954. J’ai montré dans la symbolique du film, à la fin, que ce sont souvent des personnages qui meurent. Cela veut dire qu’on n’a pas encore établi la liste de tous les martyrs…», présentera Ahmed Rachedi. Evitant de tomber dans le «manichéen», il précisera : «On ne peut pas faire dans le manichéen. Souvent, nous commettons une erreur grave. Celle de montrer que l’adversaire était facile à vaincre. C’était la France. Ce n’était pas rien. Et nous avons tenu à le dire dans ce film. C’est un devoir que de rendre hommage à cette extraordinaire Révolution. C’est un peuple en armes qui a fait face à cette armée française coloniale pour abattre ces sept remparts de la citadelle. La citadelle, c’est le colonialisme…» Mention spéciale pour la justesse de jeu des acteurs Hassan Kachach (Thebti), Youcef Sehaïri, Mustapha Laâribi, Ahmed Rezak, et bien sûr, celui de Jean-Christophe Rauzy, très crédible en colon-loser.  

«J’écris pour partager

Première sortie, premier succès, pour Leïla Aslaoui-Hemmadi à Constantine, où elle a entamé samedi sa tournée pour la promotion de son recueil de nouvelles Raison garder, paru aux éditions Media Plus. L’auteure est venue rencontrer un public nomb
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«J’écris pour partager

Première sortie, premier succès, pour Leïla Aslaoui-Hemmadi à Constantine, où elle a entamé samedi sa tournée pour la promotion de son recueil de nouvelles Raison garder, paru aux éditions Media Plus. L’auteure est venue rencontrer un public nombreux, curieux et surtout chaleureux. L’exiguïté de la librairie Media Plus, située rue Abane Ramdane, a permis une intimité culturelle, une promiscuité qui a d’emblée rapproché les esprits et aboli les tutoiements superflus. Bien entendu, il a été question (longuement) de la personnalité de l’invitée, de son parcours de magistrat, de ministre sous le règne éphémère du défunt Mohamed Boudiaf, de son deuil aussi, et de cette décennie 1990 qui a fait d’elle une victime et une icône de la résistance à l’obscurantisme et plus tard contre l’oubli et la trahison. Disponible, Aslaoui répondait avec pédagogie aux questions posées par ces échantillons d’Algériens très nombreux pour lesquels ce passé n’est pas encore soldé, parce que les blessures sont toujours ouvertes. Elle répondait aussi avec humilité aux interrogations sur l’avenir de l’Algérie : «Je ne sais pas !», répétait-elle. Aslaoui, qui n’est pas retournée à Constantine depuis 18 ans, a eu droit à plusieurs témoignages parmi l’assistance, qui ont spontanément tenté de lui rendre hommage et souligner les traits qui font d’elle l’une des rares à avoir fréquenté les cimes du pouvoir sans avoir vendu son âme. «S’il fallait refaire ce parcours qui est le mien, avec tous les dommages subis, je le referais», a affirmé Leïla Aslaoui. Chez Media Plus, il était question surtout de littérature et de Raison garder, que la journaliste Hayet Kerboua a présenté en ouverture de la rencontre. Comme nous l’avons écrit dans une précédente édition, il s’agit en effet d’«un ensemble homogène de chroniques de l’absurde ordinaire, une mise à nu de la société algérienne enfermée dans un Absurdistan  désarmant.… Des fictions adaptées de la vraie vie et où nous pouvons tous nous reconnaître». Un constat largement partagé par les intervenants d’ailleurs. «J’écris pour partager, sinon je me contenterais d’écrire un journal intime», nous dit-elle, pour expliquer ce qui motive sa nouvelle occupation. «J’aurais pu écrire un livre indigeste avec 100 nouvelles, car le quotidien des Algériens est rempli de ces situations», souligne encore l’invitée, qui précise cependant que sa littérature ne prétend pas s’insurger ou dénoncer ces situations, au sens de l’engagement (un mot qu’elle dit ne pas aimer), mais de tourner en dérision ces fléaux. Ceux ayant lu déjà le recueil n’ont pas manqué d’exprimer le plaisir qu’ils en ont tiré. Armand Vial, lui aussi auteur, a déclaré avoir lu trois fois le livre. Mais quelle est la place de l’artiste aujourd’hui ? s’interrogera-t-il. A quoi Aslaoui a répondu en disant : «Les conditions dans lesquelles se débat l’artiste aujourd’hui laissent peu de place à l’engagement.» L’auteure a dédicacé par la suite son recueil aux très nombreux admirateurs qui ont afflué chez Media Plus.  

Partage et échanges

L’ambassade de la République de Corée et Koras Foundation ont coorganisé, hier, à l’hôtel Sofitel d’Alger, une rencontre littéraire Corée-Algérie, en coopération avec l’Association d’amitié algéro-coréenne. Une pléiade de romanciers
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Partage et échanges

L’ambassade de la République de Corée et Koras Foundation ont coorganisé, hier, à l’hôtel Sofitel d’Alger, une rencontre littéraire Corée-Algérie, en coopération avec l’Association d’amitié algéro-coréenne. Une pléiade de romanciers, poètes et essayistes, ainsi que des spécialistes de la littérature algéro-coréenne se sont succédé pour présenter des conférences de haute facture. Dans son allocution de bienvenue, Son Excellence l’ambassadeur de la République de Corée, Park Sang-Jin, a indiqué que 2018 marque le 28e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Corée et l’Algérie.   «Je considère, dit-il, que cette rencontre d’intellectuels d’aujourd’hui est très significative et opportune, compte tenu des relations bilatérales qui  ne cessent de se développer entre nos deux pays. La  Corée et l’Algérie partagent plusieurs choses en commun, à savoir une longue histoire, avec une culture enrichie et une population hautement instruite. La Corée et l’Algérie se sont développées pour façonner leurs propres histoires, cultures et sociétés». De son côté, Lee Gil-Won,  poète coréen et membre du conseil d’administration du Pen International, a abordé la thématique de la compréhension de la littérature coréenne et ses caractéristiques. Il a expliqué que le système d’écriture coréen, dénommé Hangul, est basé sur des principes phonétiques au nombre de 28 lettres. Les Coréens ont vénéré la littérature tout au long de leurs 5000 ans d’histoire. Au Moyen âge, la plupart des pays d’Europe et occidentaux, et même du  monde entier, étaient dirigés par des officiers de l’armée, mais la Corée était, par contre, dirigée par un service civil. Toujours selon notre interlocuteur, avant l’invention du Hangul, les Coréens utilisaient les  caractères chinois pour écrire. L’invention du Hangul apporta du changement à la littérature coréenne. Le nouveau système d’écriture a commencé à jouer un rôle important. La littérature commença à se vulgariser, passant de la classe supérieure au peuple. Les œuvres littéraires commençaient à gagner un nouveau lectorat parmi le grand public. «Lorsque la Corée, dit-il, s’ouvrit au monde extérieur en 1876, la littérature coréenne subit alors un autre changement. Diverses cultures et divers styles littéraires du monde entier sont introduits. Cependant, le siècle qui suivit cette période de réformes fut très difficile pour la littérature coréenne, principalement en raison de la  politique coloniale du Japon, qui a dirigé la Corée pendant 36 ans. De l’annexion de la Corée, en 1908, jusqu’à sa libération, en 1945, les Japonais ont limité l’usage du Hangul et la littérature coréenne a été lue en secret, apportant ainsi réconfort aux Coréens en temps d’affliction».   Après la libération de la Corée, la nation a été divisée en Corée du Nord et Corée du Sud,  entraînant l’évolution de deux littératures coréennes. Si la littérature sud-coréenne s’est développée d’une manière remarquable grâce à la démocratie libérale de cette société, la littérature nord-coréenne a accusé un retard, dû à son idéologie politique. De son côté, le poète et essayiste Amin Khan a donné une brillante approche de la littérature algérienne. Sa première appréciation s’appuie sur la colonisation française de 1830 à 1962,  qui  a détruit les institutions fondamentales, les chaînes de transmission du savoir, en détruisant les écoles, les bibliothèques, les manuscrits et les archives. «Une fois le pouvoir colonial installé, il a interdit l’enseignement en langue arabe et a permis l’accès à l’école française à une infime minorité de la population algérienne», dit-il. Amin Khan note que jusqu’à l’indépendance, les écrivains se comptaient en petit nombre. Portés par le souffle de la Révolution, certains, à l’image de Kateb Yacine, ou de Moufdi Zakaria, produiront des œuvres majeures, qui participeront à la naissance de l’Algérie en tant qu’Etat-Nation. Il note également que «la guerre de Libération nationale est le moment de la première cristallisation d’une littérature algérienne. Dans les années 1960, les Algériens et les étrangers découvrent Mohamed Dib, Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri, Assia Djebar». En guise de conclusion, Amin Khan a estimé que la création d’un véritable champ littéraire algérien ne peut naître que de son émergence parmi les champs littéraires des autres pays du monde à la suite de la confrontation des écrivains algériens au problème de leurs sociétés et dans le même temps de leur fréquentation des écrivains du monde, de leurs expériences, de leurs soucis, de leurs cultures et de leurs visions.

Julien Lepers, maître de cérémonie

Julien Lepers, l’ancien présentateur de l’émission de jeu télévisée «Questions pour un champion», sur France 3, animera le Grand Quiz de la francophonie, cet après-midi à 15h, à la salle El Mougar, à Alger . Invité de marque, Julien Lepers
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Julien Lepers, maître de cérémonie

Julien Lepers, l’ancien présentateur de l’émission de jeu télévisée «Questions pour un champion», sur France 3, animera le Grand Quiz de la francophonie, cet après-midi à 15h, à la salle El Mougar, à Alger . Invité de marque, Julien Lepers, de l’Institut  français d’Algérie, organisant, pour  la  4e  année, Le Printemps francophone et gastronomique  baptisé «Goût (good) de France», du 17 au 25 mars 2018, à travers ses cinq instituts (Alger, Oran, Tlemcen, Annaba et Constantine), à travers un programme alléchant, divers  et  ambitieux, a  tenu à rendre visite à la rédaction d’El Watan. Julien Lepers,  ce sont 900 000 questions posées en 28 ans de carrière dans Questions pour un champion, l’émission la plus regardée dans le monde grâce à TV5 Monde, 365 jours de l’année, 40 000 candidats, 4 Sept d’or (récompenses de la TV française), 3 du meilleur jeu TV et 1 du meilleur divertissement. Aussi avons-nous découvert le sosie de l’acteur américain Michael Keaton (Batman, Birdman…), un personnage  spontané, jovial, accessible, hilarant et pas du tout dépaysé. C’est sa troisième visite en Algérie. «Je suis heureux de revenir. Ma récente visite, c’était lors du Salon international du livre d’Alger (SILA). C’est mon troisième voyage. J’aime l’Algérie. J’anime le Grand Quiz de la francophonie. C’est un quiz questions-réponses. ‘‘Questions pour un champion’’, on n’en parle plus. D’ailleurs, je tiens à remercier l’ambassadeur de France en Algérie, S.E. Xavier Driencourt, pour m’avoir convié au Printemps francophone et gastronomique ‘‘Goût (good) de  France’’,  ainsi que Grégor Trumel, conseiller à la coopération et l’action culturelle et directeur de l’Institut français d’Algérie… Ce sera un quiz convivial, bienveillant  et amusant». Le Grand Quiz de la francophonie verra la participation de 600 personnes, toute la salle El Mougar. Les 16 meilleurs  seront sélectionnés et scindés en 4 groupes de quatre, qui monteront sur scène. Dont il émanera 4 finalistes. Et il n’en restera qu’un, ou une. Les questions  sur la culture, l’histoire et la géographie de l’Algérie Le champion, ou la championne, de la francophonie recevra des cadeaux conséquents. Les questions du quiz  porteront sur la culture générale, l’histoire, la géographie, la gastronomie de l’Algérie, les arts,  la musique, notamment le raï. Et cela, durant 1h30, top  chrono. «Je suis très ouvert à la francophonie. J’aime beaucoup la langue française. Elle est tellement riche ! Nous ne pouvons pas la posséder, nous Français, tellement elle est difficile et belle. J’ai  écrit un livre intitulé les Fautes de français? Plus  jamais. ‘‘J’habite Alger’’. Et non pas ‘‘J’habite à Alger ou à Paris’’. Je faisais cette erreur pendant 20 ans. Du coup, je recevais un courrier fou. Les gens, les professeurs de français déploraient : ‘‘Mais non, pas vous M.Lepers qui êtes un exemple à la télévision. Ne faites pas des fautes aussi élémentaires que cela…’’ La langue française est magnifique. La francophonie, pour moi, c’est l’avenir. C’est très important. Je pense que dans les  vingt ans à venir, grâce à l’Afrique,  il y aura de plus en plus de locuteurs francophones…».   L’estampille Lepers Côté actualité, Julien Lepers vient de lancer une application, B1-Bethewone- la seule application permettant  de jouer  24h/24, 7 jours sur 7 en direct contre des milliers d’autres joueurs sur des questions de culture générale et de gagner du cash! 900 compétiteurs par jour (https://bethewone.com). «Bethewone, c’est du délire et ça décolle», promouvra Julien Lepers. Contrairement à ce qu’on croit, il s’intéresse beaucoup à l’économie, ses indices, ses indicateurs… Son journal de chevet, c’est Les Echos. Il est aussi l’égérie de plusieurs marques. «S’il y a des marques algériennes, je pense à Cévital, qui aurait besoin de l’image, un porte-drapeau,  de quelqu’un comme moi pour se lancer sur le marché international, je serais heureux d’y contribuer. Travaillons ensemble, serrons-nous la main…».  

Théâtre : 'Hugo de père en filles' ce lundi 19 mars à 18 h

Avec Laurianne Baudouin et Soizic Gourvil, et la voix de Daniel Mesguich. Texte et mise en scène de Filip Forgeau. Une création de la compagnie du désordre. Filip Forgeau raconte une vie et une œuvre emplie de personnages et de fantômes (Adèle, Léo
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Théâtre : 'Hugo de père en filles' ce lundi 19 mars à 18 h

Avec Laurianne Baudouin et Soizic Gourvil, et la voix de Daniel Mesguich. Texte et mise en scène de Filip Forgeau. Une création de la compagnie du désordre. Filip Forgeau raconte une vie et une œuvre emplie de personnages et de fantômes (Adèle, Léopoldine, Shakespeare, Liszt…), une œuvre de combat, inclassable – tantôt romantique, lyrique, tragique, historique, épique, réaliste, mystique, fantastique… Victor Hugo avait deux filles : Léopoldine, morte noyée à dix-neuf ans, et Adèle, devenue folle, enfermée dans une «maison de folles» dont elle ne sortira que pour assister à quelques représentations des œuvres théâtrales de son père. Après La chambre de Milena (d’après la vie de Milena Jesenskà et Franz Kafka), La chambre d’Anaïs (d’après la vie d’Anaïs Nin), et Rosa Liberté (librement inspiré de la vie et du combat de Rosa Luxemburg), Hugo de père en filles est le quatrième volet d’un projet intitulé Les Chambres, comportant plusieurs autres portraits «fictionnés». Inspirés par les journaux, biographies et correspondances. Les chambres présentent des femmes qui ont marqué leur époque…